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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 19:34

 

Le 15 janvier, le bateau mis au sec, nous laissons avec nostalgie Arnaud repartir pour l’hiver moscovite et reprenons à quatre -Zabou et Laurent, Luc et Christiane- notre vie de terriens.

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                                                                         Les volcans de l'île nord

Train, ferry, voiture, nous nous sommes donnés une vingtaine de jours pour traverser la Nouvelle Zélande jusqu’à 45° de latitude sud. Côté île nord, vue imprenable de notre Kiwi Rail sur les volcans Tongariro et Ngauruhoe, et sur les innombrables moutons qui peuplent le territoire ; puis visite de la capitale Wellington, de ses incontournables musées Te Papa et Maritime and City Museum, de la discrète maison de la célèbre écrivain Katherine Mansfield, des jardins botaniques en pleine floraison qui dominent la ville, du Parlement et de la cathédrale Saint Paul.

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                                                                                    Te Papa Museum

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                                                              La maison d'enfance de Katherine Mansfield

La traversée du détroit de Cook se fait par vent fort et mer agitée mais nous n’avons pas grand-chose à craindre du 7ème niveau de notre paquebot, et le Queen Charlotte Sound, le fjord grandiose qui mène à la petite ville de Picton resplendit sous le soleil.

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                                                         Vue de Picton sur le Queen Charlotte Sound

Côté île sud, ce sera tout d’abord la visite du Marlborough, de ses vignobles fameux pour leur sauvignon blanc, de ses bonnes tables et d’une première expérience d’hébergement en back-packers pour Laurent ! Une halte à Saint Arnaud, au cœur du Nelson Lakes National Park cerné de brume, s’égaiera d’un barbecue pantagruélique ; une autre à Christchurch, dévasté par le tremblement de terre de 2011, laisse un réel sentiment de désespoir malgré quelques reconstructions dont une très symbolique cathédrale en carbone.

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                                                              Dans les vignes du Marlborough

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                                                             Dégustation & concentration

La traversée des Alpes du sud est vertigineuse et la plate-forme avant du Transalpine nous offre une vue directe sur le paysage fantastique qui sépare Christchurch (côte est) de Greymouth (côte ouest). Nous effectuons une halte aux glaciers de Saint Joseph et du Fox que domine le Mont Cook et dont les pieds côtoient la végétation subtropicale.

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                                                                Mont Cook au coucher du soleil

Au lendemain d’un bel anniversaire fêté dignement (et délicieusement) grâce à Laurent, nous enchaînons le même jour, dans un mouchoir de poche, une promenade au pied du Fox Glacier, le tour du lac Matheson à la végétation luxuriante offrant à nos yeux ébahis des champignons « bleu schtroumf » puis une escapade sur la plage envahie de bois flottés tombés en avalanche des montagnes et chahutés par les rouleaux de la mer de Tasman.

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                                                        Pieds dans l'eau dans la mer de Tasman

Notre voyage s’achève sur les rives du lac Te Anau et la visite des célèbres Doubtful Sound* (par très mauvais temps) et Milford Sound (sous un soleil éclatant) avant de nous rendre, sur les bords du lac Wakatipu, à Queenstown, une ville joyeusement animée, entourée des vignobles les plus sud du globe et de célèbres stations de sports d’hiver.

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                                                                      Doubtful Sound

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                                                                      Milford Sound

Nous reviendrons ivres de nature et de verdure, marqués par la force des éléments qui règnent dans ces contrées : mers hostiles mais aussi poussées volcaniques et tremblements de terre qui secouent ce petit pays situé à la rencontre des plaques Australienne et Pacifique. Zabou s’est laissé envoûter par le charme de la forêt primaire et par le tempo des concerts à deux temps « forte crescendo à fortissimo » livrés par  les criquets dans les forêts sèches et ensoleillées.

Laurent, qui a l’amitié bougonne et la tendresse ronchonne, n’a pas manqué de souligner sa préférence pour la navigation en Bay of Islands mais a trouvé quelque consolation dans les équipements de golf qui sont roi dans ce pays.

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Quelques belles marches, interdites au pied endolori de Luc, ont ponctué le parcours mais le manque de charme de nombre de villes et de villages a souvent manqué aux vieux Européens que nous sommes. Nous retiendrons que la Nouvelle-Zélande est le pays du superlatif en marketing touristique et que, sur ce chapitre, il ne craint pas le paradoxe : aux côtés des très écologiques « tracks » de randonnée, véritables paradis des marcheurs,  le pays sert à profusion des vols en hélicoptère ou en hydravion, des bateaux de loisir à sensations fortes, des sites de sauts à l’élastique.

Quant à la pluie qui nous accueillera en abondance à notre retour, elle est aussi le lot des habitants des antipodes, témoin ce petit poème écrit par un randonneur et glané à Te-Anau :

It rained and it rained and rained and rained

The average fall was well maintained

And when the tracks were simply bogs

It started raining cats and dogs.

 

After a drought of half an hour

We had a most refreshing shower

And then most curious thing of all

A gentle rain began to fall.

 

Next day was also fairly dry

Save for a deluge from the sky

Which wetted the party to the skin

An after that the rain set in.

 

Anon – Fiordland Tramper – NZ 1984

 

Le vol vers la France s’est effectué via Hong-Kong pour les uns et via Tokyo pour les autres. Pour le team, la halte sera courte puisque les retrouvailles avec Alioth sont prévues le 1er avril pour 10 000 milles de traversée d’Auckland (Nouvelle-Zélande) au Cap (Afrique du Sud).

Je suis heureuse de co-signer ce 100ème article du blog** avec la connivence et la co-écriture de ma grande amie Zabou. Toutes deux, nous le dédions à Katy notre amie Néo-Zélandaise qui après quelques années françaises s'est depuis longtemps expatriée en Italie.

 

 

* le Doubtful Sound tient son nom du Capitaine Cook qui n'osa s'y aventurer, craignant de se trouver piéger dans ce fjord hostile, laissant ainsi la place de la première exploration à un espagnol qui en fera la cartographie.

** grâce à vous tous, lectrices et lecteurs, le blog a atteint près de 20000 visites depuis sa création en décembre 2009.

 

 PS : Les photos sont sur l'album Saison 5 6 - Nouvelle Zélande 4

 

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 04:45

28 décembre – Welcome on board !

Joyeuses retrouvailles à l’autre bout du monde. Au role du nouvel équipage, Zabou et Laurent, atterris le jour même de Paris, et Arnaud, revenu détrempé de sa randonnée dans le Tongariro. Pour fêter l’évènement, dîner de gala composé d’un red snapper, le poisson fétiche des néo-zélandais, et de cerises des vergers kiwis pour épater les nordistes.

29 décembre – Auckland, visite express

Voici une veille de départ qui se vit en accéléré : toilettage aux bains-douches de Tepid Baths (une vraie première pour Zabou !) , capuccino sur les bassins de Viaduct Harbour, visite au Sailor’s Corner avec achat d’une rafale de Crocs dernière tendance -à chacun ses crocs Madame ou ses crocs Monsieur-, derniers préparatifs nautiques, visite au musée maritime et  dernier pot à terre… avant quelque temps.

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                                                            Crocs, nouvelle collection, fabrication chinoise of course

30 décembre – Passage du Horn

Lever matinal et temps maussade. Le gardien de la marina, originaire de Poole (GB), qui nous considère en voisins depuis qu’il nous sait venus du Havre, nous rejoint  à bord pour le petit déjeuner.  Viaduct Harbour lève son pont en guise de grand au-revoir au son de la petite sirène qui a bercé notre séjour. Zabou n’est pas au mieux de sa forme durant la traversée qui nous mène à l’île de Great Barrier mais elle reprend bonne figure sous le soleil qui nous accueille dans le splendide décor de la baie de Kaiarara. Au passage, notre franchissement du Horn est une grande satisfaction, tant pour Arnaud qui avait manqué le Horn chilien que pour Zabou qui voit là un enrichissement considérable de son CV nautique.

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                                                                                Passage du Horn

31 décembre – Echos de Marseillaise à Great Barrier

Nous nous faisons un point d’honneur à clôturer l’année par une baignade en eau fraîche. En début de soirée, une centaine de bateaux occupent la baie mais le mouillage ne s’anime qu’à minuit : lumières, musique, feux d’artifice, pour replonger très rapidement dans un calme absolu. Laurent ressert par trois fois une Marseillaise qui ne manque pas d’attirer des néo-zélandais francophiles sur notre bord.  Ils sont fort sympathiques mais il nous faudra un peu de persuasion pour les inciter à rejoindre leur annexe vers deux heures du matin.

1er janvier – Montée dans les nuages

Après les festivités du nouvel an, le réveil à 7h du matin est un peu difficile et le temps est couvert. Mais nous nous tenons à notre projet de monter au mont Hobson (679m) réputé exigeant pour les mollets. La végétation de l’île est constituée d’une forêt primaire époustouflante. Au bout de deux heures de marche nous nous arrêtons au Kaori Dam, un des grands barrages en bois du torrent qui permettait d’acheminer les kaoris[1] jusqu’à la mer.

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                                                                                                  Kaori

Nous poursuivons jusqu’au sommet équipé d’un bon millier de marches pour arriver sous la pluie et dans un brouillard à 360°. Nous regrettons que Laurent ait abandonné la partie au Kaori Dam car pour une fois il aurait eu une bonne et vraie raison de râler. Ambiance grosse fatigue au retour…. mais la journée n’est pas tout à fait finie. La météo, annonciatrice de vents favorables, nous incite en effet à partir le soir même, après quelques heures de repos.

2 janvier – Le thon c’est bon

Départ à minuit sous brise légère et vent portant. Au petit matin le temps est superbe : il est vrai que nous sommes un jour pair et que, selon  nos observations attentives, il fait beau un jour sur deux dans cette région nord de Nouvelle-Zélande. Laurent et Luc triomphent au petit matin au son du moulinet qui révèle la présence d’un superbe thon rouge. Non, non Dominique NOUS N’ETIONS PAS ENCORE DANS LES LIMITES DE LA RESERVE DES ILES POOR KNIGHTS !!! Petit déjeuner au soleil  dans le cockpit au milieu des îles et visite de la grotte où l’annexe danse au rythme de la houle du Pacifique. Nous jetons l’ancre un peu plus au nord dans la baie des baleiniers à Whangamumu et le soir dégustons la pêche du jour, préparé cru à la polynésienne. Il s’accompagne du dernier côte de Beaune blanc de la cave du bord promis par Luc pour « son » premier thon mais nous vaudra, posterieusement à la mise en ligne de cet article, un petit mot de notre ami Armel, nous reprochant que la protection du thon rouge soit le dernier de nos sushis...

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                                                                            Laurent à la barre... du banc de barre

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                                                                                    Zabou à la barre.... sous voile

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                                                                                 Zabou et Arnaud à l'envoi du spi

3 janvier – Des ris dans la grand-voile

Effets Venturi à la sortie de la baie de Whangamumu et passage du Cap Brett sous grand soleil. Mouillage à Paradise Bay dans l’après-midi.

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                                                                      Le matelot Arnaud sous gennaker

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                                                                        Le matelot Arnaud en haut du mat

4 janvier – Paradise day at Paradise Bay

Circuit pédestre autour de l’île sous un soleil resplendissant. Vues exceptionnelles sur la Bay of Islands, labyrinthes de verdure, entrelacs de terre et de mer, calanques vertigineuses, vestiges de Pas, les sites de défense maoris situés sur les sommets des collines. Mais le paradis n’est pas tout à fait parfait puisque nous manquons d’y perdre Zabou sur le chemin du retour…

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                                                              Et pourtant, elle semble attentive à sa route

5 janvier – Rendez-vous dans un lieu de perdition

Mouillage d’Alioth devant Russel où s’organisent branchements wi-fi, visites de l’église, du musée, de la mission Pompallier, mais aussi un magnifique déjeuner -bis repetita placent, vivent les équipiers !- au Duke of Marlborough, ce fameux restaurant de l’ancienne capitale Maori qui fut en son temps le plus grand bordel du Pacifique…

6 janvier – When I’m sixty-four

Destination Whangaroa, à 35 milles au nord de Bay of Islands. Encore un lieu inattendu, une baie placée sous la haute protection de son entrée étroite et de ses falaises élevées, un site de pêche et d’élevage d’huîtres. Mais les Néo-Zélandais semblent peu consommateurs de ce fruit de mer si apprécié des français puisque la serveuse du Luke’s café au Marlin Hotel nous déclare qu’ici on ne vend pas d’huîtres et qu’en tout état de cause, il suffit de les ramasser sur les rochers.

Le soir festivités de l’anniversaire de Laurent au son de la chanson des Beattles « When I’am sixty four », une année très particulière où il aura le bonheur de vivre deux étés et de porter les célèbres chaussettes rouges labellisées Peter Blake.

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                                                                               64 ans dont 45 d'une belle amitié

7 janvier – Sur les chemins de Saint-Paul

Ascension du petit mont Saint Paul (267M) qui, de sa forme en pain de sucre, offre une vue remarquable sur un dédale de baies et de bras de mer. Le soir, visite inattendue sur notre bord d’un conchyliculteur français et d’un éleveur d’huîtres locales qui nous offrent quatre douzaines d’huîtres qui font notre bonheur (ou plus exactement celui de Laurent et le mien qui sommes les seuls amateurs). Nous apprenons à cette occasion que les Kiwis apprécient fort peu les produits de l’ostréiculture  et que 95% de la production sont exportés, vers l’Australie essentiellement.

8 janvier – Chaud-froid de poissons

Lors de notre redescente sous spi de Whangaroa vers Bay of Islands, Arnaud et Luc sortent fièrement et concomitamment deux Kahawai, fort combattifs. Nous sommes alors aux îles Cavalli, zone où a été coulé le Rainbow Warrior pour créer un vivier artificiel : pour nous, français de passage, voici un appréciable retour d’un bien sinistre épisode.

Saison-5-5---Nouvelle-Zelande-3 2765                                                       Superbes Kahawais : Hawai signifie paradis en polynésien

Le soir une petite pensée pour Dominique et pour le 8 janvier 2010, date de notre « grand départ » de Cherbourg. Quatre ans déjà ! En festivité, un Kahawai version poisson chaud, qui nous divertit agréablement du morne mouillage de Kerikeri où nous avons jeté l’ancre.

9 janvier – Retour en lieu de perdition…

Revenus à Russel, nous ne résistons pas, malgré la vague et le vent qui tentent de compromettre notre traversée en annexe, au plaisir de retourner dîner au Duke of Marlborough. T-Bone et agneau confit sont un véritable régal dans ce salon cosy et chargé de mémoire, ce trou maudit du Pacifique, exhorté à la moralité par les maristes lyonnais et devenu de nos jours un lieu gastronomique réputé.

Nous ne pouvons passer sous silence, le Kahawai version poisson froid qui a fait notre déjeuner et l’acquisition par Arnaud d’un maillot de bain aux couleurs maoris assorti à son jeu de cartes, raffinement rare pour un marin, qui plus est moscovite.

10 janvier – The very end

Départ le matin même de Russel pour un retour programmé vers le chantier d’Opua. Nous sommes le vendredi et il nous reste une demi-journée, le week-end arrivant, pour faire la chasse aux prestataires. Défi relevé.

11 & 12 janvier – Désarmement

Deux journées au rythme très intense. Maintenance, nettoyage, préparation des travaux d’hivernage. Arnaud, entre autres, se fait spécialiste du démontage de la GV et se forme à la mécanique sous la conduite de Luc, notre chef de chantier ; Laurent est au nettoyage et à la technique, Zabou et Christiane se consacrent au ménage. En deux jours Alioth est « nickel » et nous sommes tous fiers du travail accompli.

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13 janvier – Mise à sec

Alioth fait sa sortie de l’eau en douceur, par un petit matin tranquille qui accentue le spleen de fin de croisière ressenti par l’équipage.

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14 janvier – On plie bagage

Zabou, Laurent et Arnaud profitent du dernier petit moment libre qui leur reste pour visiter le site de Whaitangi où fut signé, le 6 février 1848, le traité entre Anglais et Maoris. Pendant ce temps, Luc et moi bouclons sacs et bateau. Seule ombre au tableau, Luc se force la cheville dans des travaux de manutention et il repart du chantier le soir avec une marche un peu difficile.

15 janvier – Retour à Auckland

Départ le 15 au matin par bus pour Auckland (4h de route). Arnaud s’envole l’après-midi même pour Moscou, sans enthousiasme pour la chute des 40° C qui l’attend à l’arrivée. Nous nous séparerons avec regret de notre jeune matelot et le 16 janvier, nous partirons à quatre vers le sud, d’Auckland à Queenstown, à l’occasion d’un voyage de terriens alternant train, ferry, voiture et randonnées.

Conclusion d’une jolie croisière et d’une belle saison ! Ces quinze jours de navigation auront été marqués par l’instabilité du climat néo-zélandais, les parties de whist qui font rage à bord, la pêche au triple succès, les superbes journées en mer et les somptueuses randonnées à terre, les 'Voyages en absurdie' de Stephane de Groodt qui nous ont valu de franches parties de rigolade (merci Natacha et Alexis !). On pourrait par ailleurs écrire un article spécial « Lolo et Nono sont sur un bateau »… et saluer l’intrépide Arnaud qui a su, durant plus de deux semaines, supporter les quatre seniors que nous sommes.

Nous apprenons par voie de presse qu'un terrible cyclone s'est abattu sur les îles Hapai au nord des Tonga et que des vents de 280km/h ont tout detruit sur leur passage. Sur un autre registre, la presse néo-zélandaise, très friande des faits divers, se gausse allègrement du Président des français qui, sur le plan international, cumulerait les erreurs de protocole et qui, sur le terrain national, jouerait les jeunes premiers auprès d’une actrice française qui semble avoir soigné la mise en scène. Nous voici tristement rappelés à une ambiance quelque peu oubliée vers laquelle nous replongerons, avec plaisir mais pour d’autres raisons, tout début février.

Zabou & Christiane

PS : les photos sont sur l’abumS5 5  - Nouvelle Zélande 3



[1] Arbre endémique néo-zélandais au bois très dur et au tronc très droit. Matériau traditionnel des Maoris dans la fabrication des pirogues, il fut exploité si intensément par les britanniques que l'arbre est actuellement protegé dans le cadre d'un plan de sauvegarde intensif.

 

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 00:02

Le kiwi fait à tel point partie de l’identité néo-zélandaise et se décline de tant de manières  qu’il nous a semblé, une fois les fêtes passées, un sujet éventuel d’intérêt et de distraction pour vos longues soirées d’hiver.

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Le kiwi oiseau

Honneur à celui par lequel tout a commencé. Le premier né des oiseaux de Nouvelle-Zélande, le kiwi, appartient à la famille des Emu d’Australie. Espèce endémique, il constitue une singularité biologique. Son évolution l’a mené vers toutes sortes de records biologiques et en fait un animal plus proche des mammifères que des oiseaux.

Ce non-oiseau qui se donne des airs d’oiseau a en effet la peau coriace comme du cuir de chaussure, des plumes fines comme des cheveux, des moustaches de chat pour l’aide au déplacement, de lourds os emplis de moelle, des pattes très musclées, une griffe de chat à l’extrémité de chacune de ses ailes primitives, une température plus basse que celles des autres oiseaux, des coussinets charnus sous les pattes, un bec porteur de narines à son extrémité. Pour compléter le tout, le kiwi construit des terriers où la femelle, pourtant dotée de deux ovaires fonctionnelles, dépose un ou deux œufs annuels que le mâle couve pendant 72 à 84 jours. L’œuf, énorme, donne naissance à un oisillon totalement mature, couvert de ses plumes définitives et indépendant. Le kiwi semble ainsi être au monde des oiseaux ce que l’ornithorynque est au monde des mammifères.

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Le kiwi vit de nuit. Il produit des sifflets de façon répétée et des appels gutturaux. Il possède un bon odorat ce qui est une qualité rare pour un oiseau. Il fait preuve aussi de bonnes qualités de vue et d’audition. Il se nourrit de vers qu’il va chercher profondément en terre grâce à son long bec, d’insectes et de baies rouges tombées au sol.

Dans la tradition Maori, le kiwi est le fils aîné de Tane, dieu de la forêt. Compte-tenu de cette croyance et de la proximité du peuple néo-zélandais avec Tane, les kiwis oiseaux sont considérés comme les protecteurs de la population. Les kiwis sont une icône nationale… en voie de disparition. Leur nombre est en effet tombé à 50 000 unités et une intense campagne de protection vise à permettre leur développement. Furets, belettes mais aussi rats, chats et chiens sont leurs prédateurs naturels. Un récent article du Herald évoquait, photo à l’appui, la situation d’un malheureux kiwi opéré à la suite d’une morsure de chien. Le lendemain, le Herald faisait part de son décès.

Sachant que peu de néo-zélandais peuvent se targuer d’avoir vu un kiwi dans son milieu naturel, nous avons pris le moyen le plus commun d’aborder l’animal en nous présentant à la maison du kiwi d’Otorohanga qui s’affiche fièrement comme « le meilleur endroit en Nouvelle-Zélande pour voir un kiwi ». La publicité n’a rien de mensonger : le lieu  possède un kiwi, et un seul, dans la pénombre artificielle propice aux visites de jour. C’est une femelle de 2,5kg répondant au nom d’Atu ce qui signifie Autre en Maori. Atu est de la race la plus commune, le kiwi brun, sachant qu’existent deux autres grandes variétés de kiwis : le grand kiwi tacheté et le petit kiwi tacheté.

Le kiwi fruit

La deuxième place sur le podium revient au fruit emblématique du pays.  La ville de Te Puke située à 200km d’Auckland se déclare la capitale mondiale du kiwi. Cernée par des milliers d’hectares de vergers exploités par des milliers de producteurs, il semble qu’elle le soit en effet.  La culture du précieux fruit est à la base d’une industrie qui pèse plus d’un milliard de dollars NZ chaque année en exportations. Bénéficiant de la qualité du climat et des sols volcaniques, les arbres à kiwis s’épanouissent à l’horizontale sur d’immenses réseaux de fils métalliques situés à 1m50 du sol. Les exploitations sont protégées du vent par de très hautes haies de conifères qui fournissent un effet de serre.

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Le kiwi, si généreusement contributif à l’économie de son pays, vient pourtant de bien loin. Les néo-zélandais le doivent à Mary Isabel Fraser, une institutrice, qui, en 1904, revint d’une visite faite à sa sœur missionnaire en Chine, chargée d’une poignée de graines d’un fruit exotique, la groseille à maquereau chinoise. Elle les confia à un pépiniériste de Wanganui, Alexander Allison, auquel, quelque temps plus tard, un pépiniériste réputé d’Avondale, Hayward Wright, acheta une caisse de groseilles chinoises à partir desquelles il développa le kiwi fruit, qui devint rapidement la source d’une nouvelle fierté néo-zélandaise.

Le kiwi habitant

Sous le signe de ce double symbole animal et horticole, les néo-zélandais s’attribuent à eux-mêmes le nom de kiwis. Comme le kiwi oiseau et le kiwi fruit, la population kiwi est elle-même très hybride. Si on dénombre depuis peu 4,5 millions de néo-zélandais, ce qui est bien peu pour la taille du pays, 213 groupes ethniques ont été répertoriés sur le territoire alors que la planète ne compte que 196 pays. Une récente étude montre par ailleurs que la population augmente de 1 personne toutes les 7mn42s sur la base de :

-          Une naissance toutes les 8mn

-          Une mort toutes les 17mn 53s

-          Un nouveau migrant toutes les 14mn 20s

Je n’ai bien sûr rien vérifié de tout cela, mais on compte qu’à ce rythme il y aura plus de 5 millions d’habitants en 2026. Le record de progression revient malgré tout au bétail (ovins, bovins, biches, lamas) dont on compte actuellement 6,6 millions de têtes soit 1,5 tête par habitant.

Sur fond bi-culturel (maori et britannique) le monde kiwi a évolué sur un mode très multiculturel. Outre la très grande diversité des résidents issus de tous les pays d’Europe, on croise bien sûr grand nombre d’indiens et d’asiatiques. En se promenant dans le centre d’Auckland, on peut assister en quelques minutes à une démonstration chinoise de Falun Dafa, rencontrer un défilé d’adeptes de Krishna avant de croiser quelques femmes voilées très en contraste avec les néo-zélandaises qui aiment les tenues légères. Les jeunes français ne sont pas de reste et on ne compte pas un café ou un restaurant qui n’ait à son service quelque résident de notre beau pays.

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                                                                         Kiwis en procession

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                                                                 Une appellation qui ne date pas d'hier !

 

Côté Alioth, tout va bien. Arnaud est arrivé à bord le 24 décembre au petit matin ce qui nous a permis de fêter Noël en famille. Nous sommes grimpés le 25 au Mont-Eden qui offre une vue à 360° sur les baies qui cernent Auckland.

 

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                                                Le Père Noël est venu à bord chargé d'une délicieuse vodka russe...

                                                                        (on t'en garde Dominique !)

 

Arnaud est parti ce matin en bus pour le centre de l’île afin de parcourir demain le « Tongariro Alpine Crossing » une splendide randonnée volcanique que nous avons eu le plaisir de découvrir lors de notre voyage dans l’île nord. Le temps est frais pour la saison et les températures bien inférieures à celles que nous avons connues en novembre mais nous espérons que l’été va revenir pour l’arrivée de Laurent et Zabou et pour notre navigation de la première quinzaine de janvier.

Nous apprenons en ce 26 décembre que tempêtes et pluies ont sévèrement atteint la France et la Grande Bretagne. Nous espérons qu'elles vous ont épargnés et que vous avez passé une chaleureuse journée de Noël.

 

PS : des photos de notre voyage dans l’île nord ont été rajoutées sur l’album « S5 4 – Nouvelle Zélande 2 » grâce à l’aide d’Arnaud qui a su récupérer des photos que nous croyions perdues.

 



[1] Sources : Herald, le grand quotidien néo-zélandais, et différentes informations collectées au cours de notre périple.

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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 23:48

En cette période bousculée de fêtes de fin d’année, nous nous permettons de nous immiscer pour vous adresser quelques nouvelles du Pacifique sud. Depuis le départ de Dominique & Family[i], puis de Fred et Gérard qui ont, bien malgré eux, joué les prolongations, nous avons, Luc, Jucy et moi entrepris un petit périple terrestre d’une douzaine de jours à la découverte de l’île nord. Keep left, keep cool... Changement de mobil home nous avons en effet troqué Alioth, sagement amarré à Auckland, contre la verte Jucy qui nous a offert transport et hébergement sur la route des sites Maoris, des paysages volcaniques, des sommets enneigés, des côtes de la mer de Tasmanie. 

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Nous sommes revenus fascinés par le sentiment d’immensité donné par ce petit pays aux baies et plages sans fin, aux campagnes quasi désertes, aux paysages d’altitude empreints de solennité et de solitude. Hardis les faux vieux campeurs, nous avons avec enthousiasme parcouru les montagnes, embrassé la verdure, respiré les vapeurs soufrées, exploré les musées, arpenté les rues aux petits airs de far-west et… découvert la vie des Holiday Parks, les campings-des-faux-campeurs, confortablement équipés et peu fréquentés en cette période de l’année.

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                                                                    La glace est au kiwi bien sûr...

 

L’heure est maintenant au retour à Auckland avec le sentiment de nous sentir back home dans l’agréable quartier de Viaduct Harbour.  Nous attendons avec joie notre neveu Arnaud le 23 décembre puis nos amis Laurent et Zabou le 28 de ce même mois, pour une croisière d’une petite quinzaine de jours d’Auckland à la Bay of Islands. Le 10 janvier, le bateau sera mis au sec à la marina d’Opua. Le 15 janvier Arnaud s’envolera pour Moscou où l’attend sa vie professionnelle, alors que nous autres, que la vie professionnelle n’attend plus, entreprendrons à quatre un voyage d’une quinzaine de jours d’Auckland à Queenstown conclu par un retour en France le 4 février.

Deux petits mois sur le sol français et le 1er avril, Dominique, Luc et moi retrouverons Alioth à Opua pour la longue route de notre « saison 6 » qui passera par la Nouvelle-Calédonie pour nous mener, en principe, en novembre en Afrique du sud selon un parcours qui n’est pas encore totalement défini.

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Voici photo du plus bel arbre de Noël de Nouvelle Zélande, le pohutukawa, chargé de vous souhaiter, depuis notre bout du monde, de très joyeuses fêtes de fin d’année.

Ch & Luc

PS : petite photo explicative à l’intention de Dominique, Gérard et Fred -et à toutes celles et ceux que ce genre d'anecdote amuse- qui comprendront pourquoi à Russell nous avons entendu un Tui qui chantait comme un téléphone !

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PPS : les photos sont sur l'album S5 4 - Nouvelle Zélande 2

[i] Vadim a publié sur Overblog « Vadim au pays des kiwis » le récit de son voyage néo-zélandais

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 06:51

Notre semaine d’escale à Opua s’est déroulée aussi agréablement qu’efficacement.

Nous sommes tout d’abord soulagés de l’arrivée de Anne et Alain qui, de mer, nous avaient informés d’un bien mauvais moment à bord. A 300 milles de la côte néo-zélandaise, le hublot de coque sous le vent, au près et par 18 nœuds, s’est en effet décollé provoquant une entrée d’eau dans le carré au niveau de la table à cartes. Le hublot symétrique à tribord commençait de son côté à tirer sa révérence… Heureusement l’accident s’est produit de jour, en fin de matinée, et Anne et Alain ont su maîtriser la situation avec tout le talent marin et technique qu’on leur connaît. Une fois arrivés à terre, il leur reste à gérer déclarations, réparations et récupération. Par chance, la plate-forme technique d’Opua est de tout premier rang et on pourrait féliciter Huambo (Huamblo ?) d’avoir su intelligemment choisir le moment de cette petite défaillance.

Nous partageons sur le territoire de la marina quelques cafés, moments apéritifs ou dînatoires en compagnie non seulement d’Anne et Alain mais aussi de Catherine et Marc (Jason) et Sylvie et Rémi (Belissima) dont nous sommes très heureux de faire la connaissance. Nul besoin de préciser que chaque équipage passe ses hublots à l’inspection… mais qu’Alioth ne donne, sur ce point, aucun sujet d’inquiétude. 

Dominique et Luc prennent durant la semaine tous les contacts techniques nécessaires à l’entretien du bateau : voilier, gréeur, électricien, électronicien, mécanicien… et procèdent aux travaux du moment. Entre deux nous faisons une escapade à Waitangi, lieu majeur de mémoire de la Nouvelle-Zélande, où fut signé le traité qui, le 6 février 1840, donna la souveraineté du « pays du grand nuage blanc » à la Grande-Bretagne. Le voisinage géographique du logis de l’émissaire britannique et de la maison commune Maori laisse imaginer les abysses d’incompréhension qui devaient présider aux échanges entre les deux peuples, il y a de cela un siècle et demi.

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                                        Demeure du représentant officiel de la Grande-Bretagne

                                            où Anne est la seule pièce à ne pas être d'époque

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                                                           Maison commune Maorie

Détail important, le Père Noël est passé avant l’heure et une canne à pêche est venue enrichir le coffre à jouets de Luc (ou plus exactement notre cabine de douche). Pour l’instant, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances mais peut-être faudra-t-il attendre le 25 décembre pour que le cadeau se montre totalement opérationnel.

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La semaine passe bien vite et le samedi 16 novembre nous accueillons avec bonheur les enfants de Dominique -Vincent, Alexis, Natacha et Vadim (4 ans)- qui viennent partager une semaine de la vie du bord.

Nous voici dans la perspective d’une courte mais très agréable croisière côtière qui prend son départ dans les îles de la Bay of Islands. Notre jeune moussaillon aime les spectacles de dauphins, les cailloux et les coquillages, mais aussi les promenades à terre où il s’avère un remarquable marcheur. S’il apporte beaucoup de créativité dans la rédaction de son journal de bord Vadim, après une rencontre terrestre émouvante avec un gastéropode, décide de limiter son registre de chant à un titre exclusif : « Petit escargot, porte sur son dos sa maisonnette… ».

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Le paysage est grandiose, vu de mer et vu de terre et, si le vent est absent, nous avons la chance, à quelques exceptions près, que le soleil soit des nôtres.  Le lundi, nous passons le Cap Brett et sa célèbre arche qui nous rappelle son homologue d’Etretat, pour découvrir, quelques milles plus loin, dans la baie de Whangamumu, un ancien site d’exploitation des baleines : treuillage, dépeçage, fonte de la graisse pour la fabrication du savon, cuisson des os et de la viande pour celle de l’engrais.

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Courte escale sans mouillage aux Poor Knights, une réserve située un peu au large regroupant un ensemble d’îlots où le débarquement n’est pas autorisé. La plongée y est réputée mais l’eau est encore fraîche et nous manquons de courage pour nous immerger. Un peu plus au sud, magnifique mouillage sur l’île de Kawau devant la très belle demeure de Mansion House, logis d’un haut responsable néo-zélandais épris de botanique qui au milieu du XIXième siècle a créé un parc de toute beauté à proximité d’une mine de cuivre sous-marine dont la cheminée se dresse encore sur le rivage.

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                                                                   Mansion House

Les petits incidents émaillant les grandes croisières, la redescente de la quille peine à s’effectuer à la sortie de la Bay of Islands et il faudra deux heures de travaux, l’appui efficace d’Alexis et l’utilisation de la « chèvre », un tout nouvel équipement récemment mis à bord, pour résoudre le problème lié à l’installation du nouveau bout de quille. Le guindeau, quant à lui, se met en grève nous obligeant à terminer la semaine sur l’ancre de secours.

Rien de tel qu’une petite navigation de nuit -entre Poor Knights et Kawau- pour intensifier les souvenirs. De façon inespérée, le vent se lève dans la soirée.  Le quart des filles -Natacha et Christiane- marche bon train sous 20 nœuds de vent et les garçons -Alexis et Dominique dans un premier temps, Vincent et Luc dans un second temps- n’auront de cesse de freiner le bateau pour ménager une arrivée au lever du jour.

Entrée de haut standing dans la baie d’Auckland où nous régatons avec Vertigo, un splendide voilier américain, et croisons Fly Emirates, un des bateaux compétiteurs de la Coupe de l’America. Auckland est un site nautique à couper le souffle et notre Alioth ressemble, ici, au petit autorisé à venir jouer dans la cour des grands.

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Pour conclure notre séjour Vincent, le chef étoilé du bord, nous cuisine un thon aux petits légumes à l’asiatique dont nous garderons longuement le souvenir. Après un court temps de visite d’Auckland, Dominique et les siens s’envolent le samedi 23 pour l’île du sud avant de regagner Paris le 2 décembre.

Comme nous l’avions envisagé, Catherine, Fred et Gérard viennent nous rendre visite à bord avant de décoller le vendredi 22 novembre mais seule Catherine pourra prendre son envol, en tenue d’été et avec son seul sac à mains. Durant notre déjeuner, le camping-car a été cambriolé et Fred et Gérard privés de leurs papiers sont contraints de prolonger leur séjour. Il est vrai que Gérard avait consigné sur le livre bord d’Alioth « Séjour trop bref »… et que selon le dicton britannique, un peu dévoyé pour la circonstance « There is no free lunch »…

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                                                                               Alioth vous salue d'Auckland !

 

PS : Les photos sont sur l'album S5 3 - Nouvelle Zélande 1 (au passage un grand merci à Fred qui a bien voulu  coacher ma gestion photographique un peu déficiente)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 08:53

Les 1100 milles qui nous séparent de la Nouvelle-Zélande, la dernière île polynésienne de notre périple Pacifique, se jouent plein sud du 1er au 8 novembre. Pas de gros temps à proprement parler mais des conditions météo perpétuellement instables. Une quarantaine d’heures de moteur, un brin de spi ou de gennaker dans les meilleurs moments, des ris inlassablement envoyés puis repris puis renvoyés, un solent qui commence à s’essouffler face à tant de milles parcourus, une trinquette toujours consignée dans le peak avant et un ORC qui consent à intervenir quand le vent se fait plus sévère.  La houle du Pacifique mène toujours la danse, la pluie se répand en averses et le vent inconstant impose une attention permanente et des réglages fréquents. Soleil et chaleur, nuages et grains, ne nous détourneront pas d’une réalité annoncée : moins 20° de latitude, moins 20° de température.

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                                                              Pot de départ des Fidji

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                                                                    Fred à la manoeuvre

Mais que diable peut-on bien faire en pleine mer à bord d’un voilier durant huit jours ?

Honneur à l’essentiel, on discute météo et navigation, sujets de débats soutenus et continus. Dans le cas présent, si l’unanimité se fait rapidement sur le besoin de prendre de l’ouest pour se diriger vers le nouveau vent de sud-ouest, le tracé de la cuillère risque, aux dires de certains, de se transformer en louche voire même en écumoire… Tout est question de proportion… et de perception.

On prend ses quarts, on dort, on se repose, chacun selon son programme et son rythme personnel. Si le réveil en pleine nuit reste une désagréable contrainte du système de veille, on ne dira jamais assez le plaisir, après trois heures de bons et loyaux services, de replonger dans sa couchette pour une seconde partie de nuit, voire de se laisser aller dans la journée à une sieste réparatrice.

On tente de pêcher, ou plus précisément, Fred et Luc s’y essaient, sans succès. La faute incombe bien sûr au matériel et Fred, de manière totalement déloyale, fait miroiter à son compagnon d’armes les mérites d’une canne à pêche, poussant la perfidie jusqu’à suggérer la rédaction d’une lettre argumentée au père Noël… L’un et l’autre s’affrontent par ailleurs  en longues parties de Gin Rummy dont Fred sortira -de justesse- vainqueur. Côté cartes, on joue également au Shit Head, parfois au bridge, à l’exception de Gérard qui, sous couvert d’un manque d’appétence pour les jeux de société, passe de longs moments solitaires à tester notre AIS atteint de signes évidents de faiblesse. Pour en finir avec la description de notre tripot, précisons que la gente masculine du bord excelle dans la pratique du Sudoku.

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                                                        Gérard procède à des tests électriques

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On écoute à l’occasion de la musique et l’i-pod offre à ce sujet le double plaisir d’une audition individuelle ou d’une écoute partagée via la radio du bord. On tient à jour tant le très officiel livre de bord que ses notes personnelles. On savoure bien sûr les longues heures de lecture que nous offrent nos journées de mer. Personnellement, j’ai eu grand plaisir à revenir vers la littérature sud-américaine, des mémoires du chilien Pablo Neruda, aux textes poignants de l’argentine Elsa Osorio ou de l’uruguayen Carlos Liscano en passant par les romans épiques du colombien Gabriel Garcia Marquez. Les livres circulent, s’échangent, se commentent.

On cuisine avec plaisir, dans la limite de l’approvisionnement du bord et des conditions météos. Fred, spécialiste de la saucisse-purée a fait l’acquisition à Nadi d’un superbe presse pommes de terre et nous régale de mashed potatoes, une première sur un bord cantonné jusqu’alors à la purée en flocons. Soucieux de développer son savoir-faire, il confectionne pour notre soirée d’arrivée en Nouvelle-Zélande un remarquable cake salé, structuré en forme de sifflet sous l’effet de la gîte. Son ascendance britannique fait par ailleurs de lui le spécialiste des eggs & bacon et ses affinités antillaises en font le maître en cocktails apéritifs que l’on déguste le soir dans le cockpit sous l’œil complice du soleil couchant. Gérard, très complémentaire, se dédie à la confection des toasts apéritifs mais aussi à la course à la vaisselle dont il est expert.

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                                                         A quelques secondes du rayon vert

On s’émerveille surtout ! De connivence avec les îles Fidji qui, le week-end de notre départ, fêtaient Diwali -la fête hindoue de la lumière devenue la plus grande fête fidjienne-, notre traversée s’est distinguée par des arcs-en-ciel gigantesques, des éclairs de chaleur en rafales, des rayons verts de lever et de coucher de soleil, des effervescences nocturnes de plancton scintillant, une nuit étoilée aux records de luminosité, d’émouvantes retrouvailles enfin avec la belle lumière du sud. En point d’orgue, le 8 novembre, les côtes du pays du long nuage blanc, nous livrent un spectacle d’une intensité inattendue : le vol d’un grand albatros, une cavalcade de dauphins aux sauts énergiques, une myriade d’oiseaux, de manchots, d’otaries investissent la douceur du soleil couchant. Les falaises verdoyantes et découpées laissent quant à elles pressentir la beauté de ce pays qui se présente à nos yeux impatients.

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                                                                                 Terre !

Après une longue et délicate remontée de nuit dans le chenal Veronika nous arrivons vers 23h à Opua au fond de la Bay of Islands, terrain privilégié du nautisme néo-zélandais.  Les formalités d’arrivée à la réputation sévère se déroulent sans encombre et les responsables de l’hygiène ne confisqueront qu’une boîte d’œufs (à vrai dire un peu périmés) et un kilo de pommes néo-zélandaises coupables de transit via les îles Fidji. Nous voici de retour dans un monde un peu oublié. Bien loin du dépaysement poétique de nos précédentes escales, nous reprenons pied dans un confort occidental agréablement optimisé.

Nous marquons notre dernier jour de croisière et notre premier jour en terre néo-zélandaise d’une visite du petit village de Russell qui fut un haut lieu historique. Capitale du peuple Maori, il fut découvert par Cook à bord de l’Endeavour en 1769, il vit mourir Marion Dufresne et un certain nombre de ses hommes en 1772 puis passer Darwin sur le Beagle en 1835 et Dumont d’Urville en 1837. Dans le petit cimetière est enterré Tamati Waka Nene, le grand chef Maori qui essaya de défendre au mieux les intérêts de son peuple à l’occasion de la signature du traité de souveraineté britannique auquel il adhéra en 1840. Le lieu fut longtemps une très importante  base de la pêche à la baleine. Il attira l’ordre des Maristes dont une délégation lyonnaise menée par l’évêque Pompallier s’installa en 1841 à 200m du célèbre pub Duke of Malborough, longtemps réputé comme le bouge le plus mal famé du Pacifique. Le Duke of Malborough s’est depuis refait une dignité et gouverne de nos jours un hôtel et un restaurant de tout premier rang. Régalés par Fred et Gérard, nous avons fait là un déjeuner dominical mémorable dont des huîtres à rendre jalouses leurs collègues saint-vaastaises et du vin néo-zélandais propre à nous consoler de feu notre cave chilienne.

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                                                               Le bouge a pris du galon

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                                                           La maison de la mission Pompallier

En ce jour de 11 novembre, on pense dans toutes les îles de la Polynésie à ceux qui sont venus en Europe se battre pour des combats qui ne les concernaient guère.

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                                                     Monument aux morts de Russell

Jour de mélancolie à bord : Fred et Gérard ont quitté Alioth ce matin pour rejoindre Auckland et accueillir Catherine arrivée ce jour à 14h à l’aéroport. Changement de mobil-home, ils partent en camping-car poursuivre leur découverte de la Nouvelle-Zélande et nous espérons les revoir tous trois le 22 novembre avant leur envol pour la France. Nous avons passé avec eux deux mois splendides de navigation et de découverte durant lesquels ils ont su apporter leur bonne humeur, leurs compétences et beaucoup d’eux-mêmes jusqu’à bichonner Alioth comme ils l’auraient fait d’Ortac ou de Iemanja.

De notre côté la semaine est bien occupée puisqu’il nous faut organiser nos travaux, l’hivernage de fin de saison et notre séjour en Nouvelle Zélande avant l’arrivée samedi de Vincent, Alexis, Natacha et Vadim, enfants et petit-fils de Dominique, qui nous font le plaisir de nous rejoindre pour une semaine de navigation de la Baie des Iles à Auckland. 

PS : les photos sont sur l'album S5 3 - Nouvelle Zélande 1

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30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 10:40

Nous effectuons la traversée Tonga-Fidji par un vent de sud-est soutenu de 20 à 25 nœuds. Le rythme des quarts reprend en respectant l’ordre en cours, les veilles de 18-21h, 21-24h ou 6-9h restant naturellement mieux cotées que leurs homologues de 0-3h ou de 3-6h. Pour nous épargner une arrivée de nuit à Vanua Levu, la grande île nord des Fidji, nous effectuons une courte halte dans le lagon de Vanua Balavu, île du Lau Group, lui-même situé à l’est de l’archipel. Le temps est couvert mais nous aimons cette belle escale, occasion d’une courte pause avec baignade.

Une nouvelle nuit de mer nous amène à franchir les 25000 milles au compteur et à nous amarrer en fin de matinée à Copra Shed, la marina de la petite ville de Savusavu où nous pénétrons dans un nouvel univers. La population  massivement "importée" d’Inde à la fin du XIXème par les exploitants de canne à sucre a, un siècle plus tard, pris une part considérable dans la vie sociale, économique et politique des Fidji. C’est d’ailleurs dans un contexte de fortes tensions multiculturelles, que les Fidjiens vivent actuellement sous un régime de dictature, a priori promis à un retour à la démocratie en 2014.

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                                                                             Alioth à la marina Coprashed

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                                                          Au marché de Savusavu : caution, dangerous lion !

A Savusavu, nous apprécions la fréquentation conjuguée d’une petite ville assez traditionnelle où les habitants, toujours prêts à entamer la conversation, ne manquent pas de vous saluer d’un souriant Bula -bonjour-, et d’une marina très confortable : douches, laverie, café, restaurant… La cuisine indienne (notamment celle de "Surf and Turf") est délicieuse, le marché haut en couleurs, la connexion internet efficace. La saison des cyclones a débuté marquant l’entrée officielle de la période des pluies, un peu tôt à notre goût. On sort les cirés, on achète un grand parapluie, ou on circule en T-shirt, selon, en se promettant que le « ciel bas et lourd » ne gâchera pas les plaisirs de l’escale.

A la suite de la visite de la ferme perlière voisine nous pouvons affirmer, foi de capitaines, que la perle noire fidjienne est beaucoup moins belle et beaucoup plus onéreuse que sa sœur de Polynésie française : qu’elles s'y préparent, malgré les recherches obstinées de Fred et de Gérard, ni Catherine, ni Marie France ne se verront pendre la perle au cou…

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                                                                                      Nacre fidjienne

Le samedi, la location d’une Toyota pas du tout fantastique (un pneu et un radiateur crevés), nous mène péniblement jusqu’à Labasa, la grande ville du nord de l’île. Nous arrivons en juste à temps avant la fermeture du garage pour achat d’un pneu neuf et remplissage du radiateur en pleine effervescence. S’en suivent un coup de cœur pour le marché local, plus indien que jamais, et un délicieux poisson à l’"Oriental Food" d’où nous repartons munis d’une bouteille d’eau en prévision des petites soifs du moteur sur le chemin du retour. Dans la campagne, nous découvrons le spectacle des kilomètres de trains et de camions chargés de tiges de canne à sucre qui patientent dans la longue file d’attente qui les mène à la distillerie. L’usine ferme fin octobre et semble ne plus pouvoir gérer le flot des livraisons qui se pressent à sa porte. Le retour at home en fin de journée se fait avec un certain soulagement après quelques haltes anxieuses destinées à rafraîchir le moteur dans la grisaille des montagnes embrumées.

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                                                                      Retour à vide du train de canne à sucre

Le lundi 21 octobre, sous la pluie, nous quittons Savusavu pour nous diriger à l’ouest vers les îles Yasawa. Les très fortes différences de précipitations entre le versant oriental et le versant occidental des Fidji nous laissent en effet espérer un peu plus d’ensoleillement de ce côté de l’archipel. « Attention, le beau temps menace ! » annonce Fred et le mercredi, le soleil est revenu sur l’île de Sawa-I-Lau où nous explorons les grottes marines, visitons le petit village de Nabukeru et rencontrons le directeur de l’école locale (50 élèves) qui nous reçoit dans son établissement. Nous l’invitons à venir prendre l'apéritif le soir, car si Michael a une passion pour les voiliers il n’a que peu souvent l’occasion de franchir un bastingage. Sa venue à bord accompagné de sa femme, de ses trois filles et de son beau-frère prend des allures de fête rapidement  teintées d’aventure car nous sommes assez éloignés du village, la nuit tombe, le vent se lève et le moteur de l’annexe tombe en panne à mi-parcours. Par chance notre voisin de mouillage, un italien attentif, les rejoint pour les prendre en remorque et Fred, notre chef mécano, assisté de Gérard et Luc, met tout en œuvre pour que le retour à terre puisse, deux heures, plus tard s’effectuer dans la nuit noire en deux bordées agitées mais à peu près sécurisées.

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                                                                     Michael et sa famille à bord d'Alioth.

                                                             Natacha, Emily et Grace les trois filles de Michael.

                                                                              Jolie cour de récré !

De Nabukeru, nous descendons vers le sud pour l’île de Matacawa qui malgré sa baie « blue lagoon » ne fera pas partie de nos favorites puis pour la superbe Waya Island où Fred et Luc partiront courageusement à l’assaut d’un sommet atteint en un temps optimum par une pente abrupte et tortueuse tandis que Gérard semble déterminé à battre son record personnel de natation.

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                                                                             Hommes au sommet

A notre arrivée dans chaque village, nous sommes tenus d’effectuer la démarche traditionnelle du Sevu-Sevu pour laquelle Dominique fait un parfait chef de protocole. Il s’agit de rencontrer le chef du lieu, de lui offrir un cadeau -en principe des racines de kava avec lesquelles se fabrique une boisson hallucinogène- et de lui demander de bien vouloir nous accueillir sur son territoire. Le chef de village fait alors un petit discours d’accueil en langue fidjienne et conclut en anglais sur un message de bienvenue. Le chef de village est dans la tradition un homme de concertation, de médiation et d’arbitrage chargé du bien être de sa communauté (en général constituée de quelques centaines d’habitants). La fonction, souvent héréditaire, est respectée et la mission menée, à ce qu’il nous semble, avec un souci réel de l’intérêt collectif.

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                                                                                 Après le Sevu-Sevu

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                                                                       Dans le village

Après les îles si diverses et les rencontres si richesde notre voyage depuis Raiatea, nous touchons le port de Nadi sur la côte ouest de Vitu-Leva la grande île sud des Fidji, en vue de faire notre sortie et de préparer notre descente vers la Nouvelle-Zélande. Nous nous retrouvons projetés le 28 octobre dans un retour à la civilisation un peu rude et dans un monde partiellement oublié : super-yachts, villas somptueuses, hordes de vacanciers, grands hôtels en pagaille, centres commerciaux, pauvreté des populations locales… une vulgarité criante comparée au mode de vie traditionnel des îles. Nous détournant de l'effervescence de ce hub touristique, nous tentons notre chance à la porte d'une des quatre distilleries de canne à sucre du pays. A la suite de notre demande de visite exprimée à l’entrée de l’usine, quelques contacts s’enchaînent et l’adjoint à la sécurité de l’usine se libère d’une réunion pour nous consacrer plus de deux heures de son temps. Dans un cadre industriel peu concevable dans notre univers européen propret et hautement certifié, nous découvrons le processus appliqué au million de tonne de canne à sucre annuellement traité par le site, de la livraison au produit fini. L’industrie de la canne à sucre reste un pôle important de la vie économique de ce petit pays même si elle ne représente in fine que 2% de la production mondiale. La saison de récolte et de distillation du sucre se déroule sur six mois et 2013 marque un record absolu de production pour le pays.

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                                                                                A l'usine

Aujourd’hui jeudi nous procédons aux dernières étapes d’avant départ : approvisionnement, rangement, lessive, préparation du bateau, coupes de cheveux, internet… Vendredi matin nous remontrons vers la marina de Lautoka pour effectuer nos formalités et partirons l’après-midi même vers la Nouvelle Zélande afin d’être à même d’accueillir Catherine qui rejoint Fred à Auckland le jour de l’Armistice. La météo nous annonce pour les premiers jours de la traversée un vent faible et de secteur sud qui devrait se renforcer et évoluer vers le sud-est les jours suivants.

Nous conclurons par un mot à l’intention de nos petits amis de Quettehou. Tout d’abord car nous pensons à eux à chaque fois que se présente l'opportunité de visiter une école. L'éducation est un sujet important dans les îles du Pacifique, nous avons toujours été très bien accueillis dans les établissements et les rires et les voix des enfants sont pour nous d'une grâce universelle. Lesécoliers de Savusavu que nous avons rencontrés avec leur maîtresse ont envoyé un petit salut spécial aux élèves de Laurence que nous avons plaisir à envoyer ci-dessous :

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Par ailleurs, nous avons reçu tout récemment des poèmes écrits par des élèves de Quettehou que nous sommes fiers de partager avec nos lectrices et lecteurs :

C’était un beau matin,

Un voilier au loin sur la mer.

Joli bateau,

Quel monstre marin

Te promène dans l’océan

Sur la mer glissante et malveillante ?

Matteo

N’es-tu rien qu’une bouteille à la mer

Qui, comme un voilier sans voile et sans mât,

Flotterait au loin ?

Ou un cerf-volant,

Un bout de tissu,

Qui pourrait voler jusque dans mes cheveux ?

Héloïse, Morgan, Joséphine et Marjorie

Qui t’a bousculé ? T’es-tu fait mal sur ces rochers escarpés ?

Maurane

Je viens voir sur le sable,

Au coucher du soleil,

Un voilier,

Au loin sur l’océan.

Nolan

Bravo et merci les enfants ! Grâce à Laurence qui organise nos échanges, vous avez toute votre place à bord.

Pour les élèves de CP de cette année, voici enfin une photo de Nelson prise dans le contexte de l'époque !

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A bientôt, en Nouvelle Zélande.

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 03:59

 

Sept2013 CRaynal Docks Totems 14

 

Hommes d’équipage est une œuvre issue de la résidence de 90 jours vécue d’avril à juin 2012 par Cécile Raynal, sculptrice, à bord du Fort Saint Pierre, porte container de la compagnie maritime CMA-CGM. Cécile a consacré une année de son travail à scruter et sculpter la vie des marins, ces hommes (et femmes) d’équipage qui, bien loin du monde des terriens, de la passerelle à la salle des machines, animent les monstres d’acier qui font brièvement escale dans nos ports à l’occasion de leurs longs et incessants voyages.

Le projet de création des Hommes d’équipage est né au Havre où s’ancre légitimement cette première exposition d’une cinquantaine de pièces comprenant des portraits de marins du bord, de marins imaginés, d’oiseaux du grand large ainsi qu’une vidéo en triptyque montée par les professionnels de W&CIE à partir des images tournées par l’artiste durant sa résidence sur le Fort Saint Pierre.

 

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L’exposition inaugure le nouvel espace culturel des Docks Vauban du Havre et s’ouvre à l’occasion du départ de la Transat Jacques Vabre. Le catalogue de l’exposition reprend des photos et des extraits du journal de bord réalisés par l’artiste durant sa résidence sur le Fort Saint Pierre.

Cécile est une grande sculptrice, elle est aussi une amie très chère. Je suis touchée que les photos de ses œuvres soient réalisées par Aude, notre fille, qui porte avec beaucoup d’acuité son propre regard artistique sur les sculptures.

Si vous avez un peu de temps et de curiosité, n’hésitez pas à venir découvrir ce lieu, cette œuvre, ce regard porté avec une grande humanité sur l'univers des marins.

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HOMMES D’EQUIPAGE

Espace culturel des Docks Vauban

Quai des Antilles (1er étage) – Le Havre

du 18 octobre au 29 novembre 2013

de 12h30 à 18h30 du lundi au vendredi et le dimanche

de 12h à 19h le samedi

Contacts 

Les Docks - 02 35 11 33 60

Association Regards croisés – regardscroises.76@gmail.com

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Cecile Raynal - Premier jour à bord du Fort saint Pierre

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                               Portrait de marin dans la cabine servant d'atelier de sculpture à bord du Fort Saint Pierre

Des îles Fidji, malgré l’excellente compagnie de "mes" quatre hommes d’équipage, je regrette immensément de ne pouvoir venir vivre ce grand moment aux côtés de Cécile, de Aude, de Denis et de mes amis de Regards croisés. Mais j'ai bon espoir que Cécile puisse un jour rejoindre Alioth afin de donner suite à sa jeune vie de marin.

 

Christiane

 

 

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 00:08

Niue dans le sillage, Vava’u, île nord des Tonga, à 250 MN, un peu plus de deux jours de nav avec un temps à grains, des fonds variant de 200 à 9000m, le ‘’clapot’’ pacifique qui va avec et le passage de la ligne de changement d’horaire qui de – 12h à + 12h nous fait perdre le lundi 7 oct. Heureusement ce n’était pas un dimanche et ses douceurs ! Pour le reste rythme habituel, quelques manœuvres, repas comme à la maison grâce à Christiane, douche sur la plage arrière -quand elle n’est pas transformée en pêcherie-, cartes, domino, sieste…

Les joies de l'alize du sud est.                                                                           Les joies de l'alize du sud-est

 

Arrivés mardi 8 octobre à Néiafu, capitale de Vava’u, Dominique reprend son rôle de contact avec les autorités et demande la clearance. Passage d’un premier douanier plus intéressé par le contenu de la cave du bord que par les formalités et qui s’éclipse à la vue d’un de ses collègues. Puis arrivée des fonctionnaires de l’immigration, santé et agriculture chacun avec son lot de formulaires à renseigner. Café pour tout le monde ce qui n’empêche pas l’un d’entre eux de s’endormir sur place. Après les formalités, la conversation tombe naturellement sur le rugby et la victoire du Tonga sur la France lors de la coupe du monde 2011. Ils en rigolent encore mais ignorent que le match retour est programmé au Havre le 18 novembre prochain!

terrain-de-rugby-des-Tonga--vainqueurs-de-la-France.en-2011.jpg                                            Terrain de rugby aux Tonga, vainqueurs de l'equipe de France en 2011


Le Tonga est un archipel qui s’étend sur 400MN. C’est un royaume indépendant depuis 1970 sous King Taufa’ahau Tupou IV reconnu, avec ses 210 kg, comme étant le plus gros monarque au monde ! Le roi King Georges Tupou V a, lors de son couronnement en 2008, promis la démocratisation des institutions… mais sa mort subite en 2012 ne lui a pas laissé le temps de concrétiser totalement ses promesses.

Enfin autorisés à débarquer les premiers contacts ont lieu au marché bien pourvu en fruits, légumes et poissons ainsi qu’en artisanat local, petits objets en os de baleine ou tressés en feuilles de pandanus, peintures sur écorce d’eucalyptus, rostres d’espadons… Les vendeuses font gentiment l’article mais sans insister. A côté de la tenue mondialisée, bermuda et T-shirt, le costume traditionnel reste courant : paréo pour hommes, femmes et écoliers parfois complété d’un pagne tressé. Même les fonctionnaires ont un paréo d’uniforme et la couleur de ceux des écoliers distingue l’école, d’état ou confessionnelle, et la religion.  

Le mrche                                                                                           Le marche

 

 

Enterrement en fanfare

                                                                               Enterrement en fanfare

Costumes traditionnels pour son dernier voyage

                                                                Costumes traditionnels pour son denrier voyage

Gérard

Arrivés au petit matin dans ce Royaume, nous y resterons jusqu’à dimanche. Pas de réel souci à bord : juste le démarreur du Nanni Diésel à vérifier, son fonctionnement pouvant parfois être qualifié d’aléatoire. Après les hésitations et discussions qui s’imposent en pareil cas, et surtout l’avis d’Alain (Uhambo est arrivé le lendemain), il est convenu de « l’ouvrir ». Lui en a décidé autrement : les deux boulons inox sont soudés au carter en aluminium… Le modus operandi s’en trouve réduit à une injection de WD40 le long de l’écrou d’alimentation ; homéopathie, placebo ou magie ? L’avenir le dira ; toujours est-il que nous sourions tous lorsque le moteur démarre  toujours après remontage ! En dehors de quelques petits matelotages, cela résume les ‘soucis’ de ce bord optimisé. Alors il nous restait pas mal de temps : le deuxième jour, balade en vélo : à déconseiller : les vélos sont chinois, lourds, sans changement de vitesse ou freinage significatif dans ce pays chaud et pas du tout plat ! A défaut de grandes distances, nous nous sommes bien amusés, avons eu quelques frayeurs avec les chiens Tongais (lire ‘cochons’)  qui traversent brusquement sans regarder, avons rencontré un paysan-pêcheur, une épicière, des femmes dans un atelier de tressage d’écorce (un vrai métier), d’autres dans une cour d’église chantant des cantiques (aussi un full time job par ici), une surfeuse australienne,- charmante-,  un hôtelier-guide alpin canadien… bref, des locaux ! Le soir, une’tape sur les fesses et bannette' ! 

no pictures

                                                                                                   No pictures !

 

Le lendemain, plus sagement, balade à pied jusqu’au Mt Talau qui domine la ville. La légende raconte que les ‘Esprits’ sont venus des Samoa pour le décapiter afin qu’ils puissent mieux voir les Tonga, expliquant son sommet plat et l’îlot qui se trouve à ses pieds…

a l assaut du mont Talau

                                                                                      A l'assaut du mont Talau

les Bons marcheurs ont des compensations

                                                                       Les bons marcheurs ont des compensations

 

Ce séjour connut aussi d’autres évènements marquants : la pêche jusque là peu productive (d’aucuns prétendront qu’il s’agit d’un euphémisme !), a assuré deux repas avec d’excellents poissons rouges, - pas ceux du bocal-,  (spécialité Luc) et des poissons argentés façon maquereau, en plus gros mais moins ‘goutteux’ (spécialité Frederick). Nous avons aussi fait un repas de langoustes (spécialité du marché) arrosé d’un Vine Sutil Reserve Chardonnay 2012 de la Limari Valley – Chile ; est-il nécessaire d’en dire plus ?

Après ma pèche, la conserverie

                                                                            Apres la peche, la conserverie

Diner ordinaire sur Alioth

                                                                                Diner ordinaire sur Alioth

 

Deux coups de vent enfin émaillèrent notre séjour : le premier sans dégât nous permit simplement de vérifier la qualité du coffre par 40 Nds. Le second dont je ne suis pas tout à fait remis : j’ai pensé apprendre à Luc à jouer au Gin-Rummy : manifestement il savait déjà ! Mais la route est encore longue, comme nous le souffla une baleine qui salua notre départ dimanche après-midi le long de la coque bâbord. Good bye Tonga ; good morning Fiji…

good bye Tonga                                                                                       Bye, bye Tonga !

Fred

La nouvelle equipe de redaction                                                                Bravo a la nouvelle equipe de redaction !

Talihua beach                                                                  avec toutes les amities de l'equipage


PS : les photos sont sur l’album S5 2 – Cook, Tonga, Fiji

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 23:18

 

Mercredi 2 octobre : arrivée au petit matin devant l’île de Niue après une nuit pluvieuse et relativement ventée qui nous oblige à « freiner » pour éviter l’atterrissage nocturne. A 9h, nous nous amarrons sur le coffre n°10 du Yacht Club de Niue, « le plus grand des petits yachts clubs du monde ». Géré par des bénévoles, il met à disposition des plaisanciers une vingtaine de mouillages parfaitement entretenus, un club, une bibliothèque, un accès wi-fi, des douches… tous services fort appréciés et assez inattendus dans une île aussi petite et isolée.

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Nous partons à la reconnaissance de la petite ville d’Alofi, parcours qui intègre la maison particulière qui fait office de laverie, le banquier qui ne fait pas de change, le loueur de voitures qui ne loue pas de voiture mais qui fait du change, l’office de tourisme flambant neuf qui trouve une voiture et fournit une documentation digne des meilleures stations balnéaires, le supermarché qui accueille le client avec le dicton du jour, le « Crazy Uga » (uga = crabe de cocotier) qui sert des cafés d’une saveur inespérée. PA020512

Fred dans le rôle du chauffeur en raison de ses aptitudes toutes britanniques[1], nous voici partis à la découverte des curiosités volcaniques et coraliennes qui font de Niue une île fort différente de ses consoeurs polynésiennes. Grottes et arches de pierre, abîmes et précipices, stalactites et stalagmites, eaux bouillonnantes et gerbes d’écume, enserrent le périmètre de l’île dépourvue de lagon. Le snorkeling est ici particulièrement spectaculaire. Dans un cadre très accidenté porteur de coraux de belle couleur, des eaux cristallines permettent d’observer, à plus de quinze mètres de profondeur, une multitude de poissons bariolés dont de splendides poissons perroquet. Seule ombre à ce remarquable théâtre aquatique, les serpents de mer noirs et blancs que nous tentons dans un premier temps de traiter par le mépris mais dont nous apprenons, un peu tardivement, qu’ils ont la morsure rare mais mortelle.  Gérard décide dès lors de se baigner, non plus sur le mode plongeon mais sur le mode descente en douceur par l’échelle arrière du bateau.

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Au cours de notre visite de Niue, nous sommes frappés par le nombre des tombes qui s’alignent le long des routes et par la quantité incroyable de maisons abandonnées. Il s’avère que l’île comptait 6000 habitants il y a encore dix à vingt ans et qu’elle n’en dénombre plus que 1200 aujourd’hui. De toute évidence, la vie ici est austère et l’évasion démographique en direction de la Nouvelle Zélande et de l’Australie difficile à enrayer. Niue a été par ailleurs lourdement touchée en 2004 par un ouragan qui n’a fait que deux morts mais entraîné de très nombreux dommages matériels.

Uhambo arrive juste à temps jeudi pour effectuer ses formalités d’entrée avant l’heure de fermeture des bureaux. Le vendredi matin nous faisons nos adieux à Benjamin, et à Régis muni du précieux sac qui contient le futur reportage sur Palmerston. Trois semaines de montage lui seront nécessaires pour produire la version finale du documentaire qui pourrait passer sur Thalassa en mai prochain.

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Dans la rue, nous croisons dans une bonne humeur toute polynésienne -chants, sourires, T-shirts roses, colliers et couronnes de fleurs- une cinquantaine de manifestants affichant leurs revendications sur des sujets aussi essentiels que l’amélioration du système éducatif ou le respect de la citoyenneté et de la différence culturelle.

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Uhambo qui veut repartir samedi alors que nous pensons partir dimanche, partira finalement dimanche alors que nous repartirons samedi. En tout état de cause, rendez-vous est pris aux Tonga sur l’île de Vava’u, si le vent et la mer le permettent. Au fil des milles, les connivences entre Uhambo et Alioth s’affinent et les échanges de petits services se multiplient. Côté Alioth, nous apprécions tout particulièrement la dextérité d’Alain qui change la rotule usée de notre pilote en un tour de main et la livraison par Anne d’un excellent poisson perroquet tout droit offert par nos amis de Palmerston.

Vendredi soir, veille du départ, chacun se repose ou lit dans sa cabine quand vers 22h des coups insistants frappés sur la coque et des interpellations vocales impératives nous extraient brutalement de nos couchettes. Nos voisins allemands de Voyager, venus en annexe, nous signalent que nous sommes à la dérive, loin du mouillage. Si la bouée est toujours solidement fixée à nos aussières, l’orin du corps mort a en effet été rompu. Nous choisissons un autre mouillage non sans l’aide de Uhambo qui, prévenu par VHF, éclaire son mât pour nous guider sur le plan d’eau. Il s’avèrera le lendemain, au jour, que l’orin a sans doute été endommagé et fragilisé par l’hélice d’un voilier précédent. Prévenu, le Commodore tient à venir à bord pour s’excuser au nom du yacht club et en un tour de bière, nous fait tous membres d’honneur du Yacht Club de Niue ! De notre côté nous remercions chaleureusement l’équipage de Voyager et retenons l’idée de brancher désormais notre alarme de mouillage quelle que soit l’estime portée a priori au corps mort auquel nous confions le sort d’Alioth.

La route pour Vava’u est morne et pluvieuse. Le bleu Pacifique s’est éclipsé et, comme sur toutes les océans du globe, à ciel gris, mer grise et à nuit noire, mer noire… Nous franchissons la ligne de changement de date : le lundi 7 octobre 2013 restera pour nous tous le jour que nous n’aurons pas vécu et c’est donc le mardi 8 au matin que nous parvenons à Vava’u.

Et, puisque Fred nous y autorise, nous avons le plaisir de publier le petit poème qu'il a rédigé durant ses heures de quart à l'intention de Catherine :

Hier je me couchais dimanche, Et ce matin serait mardi !?
Mais qui m'a volé mon lundi ?!
C'eût pu être pire et tomber un jeudi !
Mais j'ai pris de l'avance : c'est ma consolation;
Aujourd'hui le soleil se lève avec moi
Et au monde entier annonce un nouveau jour,
Ce soir, bien plus tard, il se couchera avec toi...
Retard est mort ! Je suis maintenant d'avance !

 

Belle nuit à vous tous de la part de nous cinq.

 

 

 

 



[1] Fred n’est pas peu fier du permis de conduire de Niue qu’il a dû solliciter pour l’occasion et qu’il recevra en principe à son domicile havrais d’ici trois mois…

* Niue est un des plus petits états du monde. Il fait néanmoins partie, comme les îles Cook, des états associés à la Nouvelle Zélande

PS :les photos sont sur l'album S52 Cook, Tonga, Fidji

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