Le 15 janvier, le bateau mis au sec, nous laissons avec nostalgie Arnaud repartir pour l’hiver moscovite et reprenons à quatre -Zabou et Laurent, Luc et Christiane- notre vie de terriens.
Les volcans de l'île nord
Train, ferry, voiture, nous nous sommes donnés une vingtaine de jours pour traverser la Nouvelle Zélande jusqu’à 45° de latitude sud. Côté île nord, vue imprenable de notre Kiwi Rail sur les volcans Tongariro et Ngauruhoe, et sur les innombrables moutons qui peuplent le territoire ; puis visite de la capitale Wellington, de ses incontournables musées Te Papa et Maritime and City Museum, de la discrète maison de la célèbre écrivain Katherine Mansfield, des jardins botaniques en pleine floraison qui dominent la ville, du Parlement et de la cathédrale Saint Paul.
Te Papa Museum
La maison d'enfance de Katherine Mansfield
La traversée du détroit de Cook se fait par vent fort et mer agitée mais nous n’avons pas grand-chose à craindre du 7ème niveau de notre paquebot, et le Queen Charlotte Sound, le fjord grandiose qui mène à la petite ville de Picton resplendit sous le soleil.
Vue de Picton sur le Queen Charlotte Sound
Côté île sud, ce sera tout d’abord la visite du Marlborough, de ses vignobles fameux pour leur sauvignon blanc, de ses bonnes tables et d’une première expérience d’hébergement en back-packers pour Laurent ! Une halte à Saint Arnaud, au cœur du Nelson Lakes National Park cerné de brume, s’égaiera d’un barbecue pantagruélique ; une autre à Christchurch, dévasté par le tremblement de terre de 2011, laisse un réel sentiment de désespoir malgré quelques reconstructions dont une très symbolique cathédrale en carbone.
Dans les vignes du Marlborough
Dégustation & concentration
La traversée des Alpes du sud est vertigineuse et la plate-forme avant du Transalpine nous offre une vue directe sur le paysage fantastique qui sépare Christchurch (côte est) de Greymouth (côte ouest). Nous effectuons une halte aux glaciers de Saint Joseph et du Fox que domine le Mont Cook et dont les pieds côtoient la végétation subtropicale.
Mont Cook au coucher du soleil
Au lendemain d’un bel anniversaire fêté dignement (et délicieusement) grâce à Laurent, nous enchaînons le même jour, dans un mouchoir de poche, une promenade au pied du Fox Glacier, le tour du lac Matheson à la végétation luxuriante offrant à nos yeux ébahis des champignons « bleu schtroumf » puis une escapade sur la plage envahie de bois flottés tombés en avalanche des montagnes et chahutés par les rouleaux de la mer de Tasman.
Pieds dans l'eau dans la mer de Tasman
Notre voyage s’achève sur les rives du lac Te Anau et la visite des célèbres Doubtful Sound* (par très mauvais temps) et Milford Sound (sous un soleil éclatant) avant de nous rendre, sur les bords du lac Wakatipu, à Queenstown, une ville joyeusement animée, entourée des vignobles les plus sud du globe et de célèbres stations de sports d’hiver.
Doubtful Sound
Milford Sound
Nous reviendrons ivres de nature et de verdure, marqués par la force des éléments qui règnent dans ces contrées : mers hostiles mais aussi poussées volcaniques et tremblements de terre qui secouent ce petit pays situé à la rencontre des plaques Australienne et Pacifique. Zabou s’est laissé envoûter par le charme de la forêt primaire et par le tempo des concerts à deux temps « forte crescendo à fortissimo » livrés par les criquets dans les forêts sèches et ensoleillées.
Laurent, qui a l’amitié bougonne et la tendresse ronchonne, n’a pas manqué de souligner sa préférence pour la navigation en Bay of Islands mais a trouvé quelque consolation dans les équipements de golf qui sont roi dans ce pays.
Quelques belles marches, interdites au pied endolori de Luc, ont ponctué le parcours mais le manque de charme de nombre de villes et de villages a souvent manqué aux vieux Européens que nous sommes. Nous retiendrons que la Nouvelle-Zélande est le pays du superlatif en marketing touristique et que, sur ce chapitre, il ne craint pas le paradoxe : aux côtés des très écologiques « tracks » de randonnée, véritables paradis des marcheurs, le pays sert à profusion des vols en hélicoptère ou en hydravion, des bateaux de loisir à sensations fortes, des sites de sauts à l’élastique.
Quant à la pluie qui nous accueillera en abondance à notre retour, elle est aussi le lot des habitants des antipodes, témoin ce petit poème écrit par un randonneur et glané à Te-Anau :
It rained and it rained and rained and rained
The average fall was well maintained
And when the tracks were simply bogs
It started raining cats and dogs.
After a drought of half an hour
We had a most refreshing shower
And then most curious thing of all
A gentle rain began to fall.
Next day was also fairly dry
Save for a deluge from the sky
Which wetted the party to the skin
An after that the rain set in.
Anon – Fiordland Tramper – NZ 1984
Le vol vers la France s’est effectué via Hong-Kong pour les uns et via Tokyo pour les autres. Pour le team, la halte sera courte puisque les retrouvailles avec Alioth sont prévues le 1er avril pour 10 000 milles de traversée d’Auckland (Nouvelle-Zélande) au Cap (Afrique du Sud).
Je suis heureuse de co-signer ce 100ème article du blog** avec la connivence et la co-écriture de ma grande amie Zabou. Toutes deux, nous le dédions à Katy notre amie Néo-Zélandaise qui après quelques années françaises s'est depuis longtemps expatriée en Italie.
* le Doubtful Sound tient son nom du Capitaine Cook qui n'osa s'y aventurer, craignant de se trouver piéger dans ce fjord hostile, laissant ainsi la place de la première exploration à un espagnol qui en fera la cartographie.
** grâce à vous tous, lectrices et lecteurs, le blog a atteint près de 20000 visites depuis sa création en décembre 2009.
PS : Les photos sont sur l'album Saison 5 6 - Nouvelle Zélande 4