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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 18:53

Campagne : le règne des estancias

Nous aurons séjourné trois bonnes semaines à Puerto Consuelo (Port Consolation) dans la très jolie crique de l’estancia Eberhard au paysage serein et dépouillé. Le vent subi durant nos quinze premiers jours était froid et cinglant : venu du Pacifique, il se heurte aux Andes, dévale des glaciers et tombe en williwaws en faisant considérablement chuter la moyenne de 12° de la température estivale.

Les toutes dernières journées que nous venons d’y vivre y sont en revanche plus douces, sans doute parfois caniculaires pour les locaux, lorsque la température diurne s’élève  -exceptionnellement - à 15-18°C. LE VENT EST EN EFFET TOMBÉ depuis le 17 février ce qui est un évènement pour l’équipage et pour Alioth qui s’est encore offert un joli dérapage avant d’aller solidement s’amarrer au corps mort d’un pêcheur bien opportunément absent pour quelques semaines.

La personnalité du Capitaine Hermann Eberhard, le fondateur de l’exploitation, et la pérennisation due à ses descendants, font de l’estancia Eberhard (5 200ha de nos jours) une composante majeure de l’histoire de Puerto Natales et de son développement. Pour l’anecdote, c’est Hermann Eberhard qui découvrit, à 8km d’ici, les restes d’un animal qui vécut dans la région il y a quelque 12000 années, le Milodon, un grand herbivore devenu le symbole de la Ville de Natales et du district d’Ultima Esperanza.

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Les estancias sont la composante fondamentale de l’organisation paysagère, économique et sociale de la Patagonie, argentine ou chilienne. Celles qui se développèrent dans le secteur d’Ultima Esperanza[1] représentaient une surface totale d’environ 500 000ha avec une moyenne d’un ovin par hectare. Elles furent essentiellement créées par des allemands, des anglais, et des espagnols à la fin du XIXème et au début du XXème en vue de développer un élevage extensif des moutons dont les premières espèces furent importées des Malouines[2] puis de Nouvelle Zélande.

Les ressources en eau étaient un facteur déterminant dans le choix d’implantation des estancias. Un grand hangar construit sur pilotis destiné à la tonte et au traitement de la laine, la maison des maîtres, des équipements collectifs type cuisine, ateliers et logements pour les ouvriers agricoles, de grands enclos destinés à regrouper et sélectionner les moutons caractérisent ces exploitations faites de bois et de tôles galvanisées. L’élevage ovin argentin et chilien, donna naissance à Puerto Natales[3] à deux gros abattoirs et frigorifiques parmi les plus importants des deux pays. Le plus grand d’entre eux, FrigorÍfico Natales, détenu par les grands propriétaires terriens, abattait 300 000 bêtes par an à destination de la Grande Bretagne et ses bâtiments sont une des fiertés historiques de la ville.

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                                                                                A la estancia Eberhard

L’actuelle famille Eberhard, composée des frères Hermann et Rudi et de leur sœur Karin, mais aussi d’une jeune génération représentée par Erick et Carolina Eberhard et de leur petit garçon Rolph, accueille avec beaucoup de courtoisie les voiliers de passage : nous avons l’heureuse surprise de pouvoir faire de l’eau et même du gas-oil au minuscule ponton de l’estancia et de nous voir offrir du mouton grillé à la suite d’un asado généreusement pourvu .

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Reconverti dans l’agro-tourisme, Erick Eberhard restaure en effet les voyageurs tandis que sa femme Carolina, ingénieure agronome, travaille dans une entreprise frigorifique et développe, à quelques kilomètres de là, une exploitation de fraises et de groseilles sous serres sur une surface de 5ha.

C’est de cet univers que notre excellent compagnon et équipier Laurent nous a quittés le lundi 13 février, non sans avoir préalablement apporté sa contribution efficace à divers travaux d’entretien et de réparation et participé avec enthousiasme à un programme de découverte des beautés naturelles environnantes, argentines et chiliennes.

Montagne : les Andes argentines et chiliennes

Comptant sur des conditions climatiques plus clémentes, le quatuor Alioth dirige tout d’abord ses pas vers le parc des glaciers argentins. Les départs se font en bus de Puerto Natales, à la mode sud américaine où les petites compagnies de transport se répartissent les destinations et le marché des voyageurs. Après le passage de la frontière à Dorotea (le nom d’une des filles d’Hermann Eberhard), nous traversons les immensités de la pampa sèche, véritable steppe parsemée, sur fonds de montagnes, de quelques nandus (autruches), guanacos, flamants roses et moutons. Dans ce cadre immense et austère, les très rares estancias, tout comme la petite ville d’El Calafate située aux bords du lac Argentino, sont métamorphosées en oasis de verdure par l’irrigation.

Nous séjournons 48h à El Calafate et découvrons les splendeurs du Perito Moreno[4]. Long de 30km et large de 5km, le glacier est, en son épaisseur la plus importante, égal à deux fois et demie la hauteur de la Tour Eiffel. S’il n’est pas le plus grand du secteur, le Perito Moreno est un des très rares glaciers au monde à progresser encore et, au rythme d’une avancée de 2m par jour, le spectacle est garanti ! Lorsqu’en descendant des montagnes, l’énorme serpent gelé atteint la surface du lac Argentino, il se met à flotter. La remontée de la glace produit alors une rupture et un éclatement de la structure du glacier en de multiples arêtes et arcades d’un bleu intense. Sous la pression de la masse, les premiers rangs qui dominent le lac semblent vouloir résister à une chute pourtant irrémédiable en criant « ne poussez pas derrière », mais il est déjà trop tard : des craquements épars suivis d’un grondement sourd envahissent l’espace et dans un fracas invraisemblable des colonnes de 40 à 60m sombrent dans le lac. Epoustouflant !

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Après cette fin de journée inoubliable, nous poursuivons notre périple vers le nord en ralliant le petit village d’El Chalten situé au pied du mont Fitz Roy. Un arrêt à La Leona, au beau milieu de la pampa, nous fait découvrir l’ambiance western d’une auberge historique qui vit passer, entre autres brigands de grand chemin, Butch Kassidy, en compagnie de Sundance Kid et de son épouse Ethel Place qui cherchèrent à se faire oublier là, mais sans succès, entre attaque de banque à Rio Gallegos (Argentine) et fuite espérée vers le Chili.

Deux journées à El Chalten doivent compléter notre séjour argentin. L’une nous mène à proximité du Fitz Roy : la marche est splendide et le paysage exceptionnel mais malgré le beau temps et le grand vent, le sommet ne se départit pas de son épais voile de nuages. Ce n’est qu’à notre redescente à El Chalten que nous l’apercevrons, magistral, en rejoignant le petit chalet  restaurant « la Tapera » que nous choisissons en souvenir des bons moments passés chez nos amis Alicia et José-Luis dont la maison porte le même nom.

Petite satisfaction apportée à nos egos français, le Fitz Roy[5] (3405m) est encadré d’un côté des monts Saint-Exupéry et Poincenot et de l’autre des monts Mermoz et Guillaumet. L’alpiniste Poincenot est mort noyé dans un torrent en participant en 1950 à une expédition française partie à l’assaut du Fitz Roy. Quant à l’aviateur Guillaumet, déjà cité par notre ami Armel dans un de ses commentaires, il fut un des meilleurs pilote de l’Aéropostale. En 1950, par suite du mauvais temps, il s’écrasa lors de sa 92ème traversée des Andes avec son Potez 25. Parti à pied et dépourvu d’équipement, il marcha 5 jours et 4 nuits avant d’atteindre un village, exploit que les habitants jugeaient impossible. C’est alors qu’il déclara à Saint Exupéry, venu le chercher : « Ce que j’ai fait, je te le jure, aucune bête ne l’aurait fait ». Son aventure surhumaine inspirera à Saint-Exupéry son roman  « Terre des hommes ».

Pour revenir à notre modeste expédition, le temps du lendemain s’avérant exécrable, nous renonçons à notre marche vers le mont Torre et retournons plus tôt que prévu vers El Calafate aux conditions météorologiques plus souriantes.

Après un bref retour sur Alioth pour vérifier le mouillage et prendre le temps de saluer Resolute qui lève l’ancre pour Valdivia, nous partons pour quelques jours, côté chilien, dans le parc national del Paine. Logés au refuge de las Torres, nous entamons sous un beau soleil une marche un peu éprouvante qui nous mènera tous les quatre, chacun à son rythme, face aux superbes Torres del Paine. Le lendemain est marqué par la diversité des conditions physiques de l’équipe : Dominique et Laurent partent pour trois jours, vers le refuge de los Cuernos, sur l’autre face des Torres del Paine, tandis que Christiane et Luc restent au premier refuge pour un programme plus modeste. Outre les beautés des paysages, les vents de plus de 100km/h et les pluies diluviennes qui accompagnèrent leur première nuit sous la tente resteront sans doute, pour nos deux grands marcheurs, un souvenir mémorable ainsi qu’une chute très solidaire dans un torrent qui les fera revenir dans un état d’humidité inattendu.

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Dominique et Laurent sur le départ

Campagne : un week-end équestre

Notre dernier week-end à Puerto Consuelo est placé sous le signe de l’équitation avec des pensées toute particulières pour Hubert, notre récent équipier, par ailleurs cavalier émérite. Le cheval, introduit par les colons, fait intimement partie de la culture patagonienne et fut longtemps le seul « véhicule » à pouvoir parcourir l’immensité de la pampa. Le samedi 18, qui fut la plus belle journée de notre séjour, sera consacré à une promenade à cheval sur le domaine de l’estancia sous la houlette de Carolina et de Karin Eberhard : c’est une grande première pour le team et une belle chevauchée à dos des juments Sofia, Dorotea et Valerosa qui ont su se montrer dociles. Dominique, le spécialiste des réglages, a réussi à s’offrir un petit coup de gite à tribord : rien à voir avec l’arrivée d’un williwaw mais avec les rondeurs de Sofia, difficilement compatibles, semble-t-il, avec une bonne tenue de la selle.

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Dimanche, nous avons en compagnie de Dina, notre chauffeure attitrée, et de sa famille, assisté à un spectacle très étonnant de Jineteadas. Il s’agit, à une dizaine de kilomètres de là sur un terrain dédié et perdu dans l’infini de la pampa, de compétitions équestres qui, une fois par an, en février, réunissent des représentants de l’Argentine, du Brésil, du Chili et de l’Uruguay. Rien à voir avec le déroulement policé de notre tiercé hexagonal : chaque compétiteur se voit à tour de rôle attribuer un cheval. Celui-ci une fois attaché, la tête bloquée le long d’un poteau (ce qui peut prendre un certain temps), se voit monté par le cavalier désigné (les plus hardis montent à cru), et lorsque cavalier, préparateurs et jury (lui-même à cheval) sont prêts (ce qui peut prendre à nouveau un certain temps, certains se trouvant désarçonnés avant même le signal de départ) le coup d’envoi est donné : le cavalier cravache sévèrement sa monture d’une main tandis qu’il tente de rester en selle en tenant les rênes de l’autre. Un peu rude pour le cheval, mais éminemment spectaculaire et profondément ancré dans la culture de la pampa. Le spectacle est aussi autour du terrain : les silhouettes, les habits, les attitudes révèlent un univers muy tipico que nous sommes heureux d’avoir eu la chance de découvrir. 

100 0275  Ambiance gauchos aux Jineteadas

En ville

Le 23 février, après un long périple Le Havre-Paris-Santiago-Punta Arenas-Puerto Natales, arrivent nos amis Gérard et Fred avec lesquels nous nous réjouissons de poursuivre le voyage. Nous utilisons ce temps de transition pour effectuer quelques travaux, réparations et entretiens mais aussi pour profiter de l’environnement ambiant. Nous aimons Puerto Natales pour les services qu’elle nous procure mais aussi pour son ambiance de ville du bout du monde, ses maisons traditionnelles  et son adaptation touchante à un marché émergent du tourisme fait d’une clientèle motivée de voyageurs et de trekkeurs.

Comme à chaque escale, nous prenons rapidement nos habitudes : la bonne boulangerie, le point internet (bravo à l’hôtel Natales pour la qualité de sa connexion !), la laverie tenue par un couple d’écossais-canadiens, la petite hôtellerie qui nous donne accès à ses douches, le supermarché local loin d’être aussi dépourvu qu’annoncé etc. Dina, citée plus haut, assure nos aller et retours réguliers entre Puerto Deseado et Puerto Natales avec une ponctualité et une gentillesse sans limite. Une petite soirée sur Alioth réunissant Dina et son mari et des membres de la famille Eberhard permet d’écluser les dernières bouteilles de champagne du bord et d’entonner en chœur l’hymne chilien -plus poétique que notre chant guerrier- : un moment que Laurent aurait hautement apprécié de vivre ! Mercredi soir nous sommes invités à dîner chez Karin et son amie Ximene : ce sont toujours des moments très appréciables et enrichissants que ceux que nous pouvons partager avec les amis de rencontre.

Côté mer

Abrazo, le bateau américain de Richard, rencontré précédemment à Puerto Williams, a rejoint Puerto Consuelo. Ce matin nous sommes allés conforter son mouillage car c’était à son tour de déraper sur le fond. L’équipage de Richard et de Victor est le fruit d’une rencontre étonnante : Victor a perdu tous ses biens –maison, bateau et voiture- dans le tremblement de terre chilien de 2010 tandis qu’Abrazo était un des seuls bateaux rescapés de la marina qui faisait face à la maison de Victor. Associant l’infortune de l’un à la fortune de l’autre, ils sont tous deux partis à bord d’Abrazo pour faire un bout de route ensemble. 

Fin de saison

Notre départ pour Puerto Montt est prévu le vendredi 24 février au matin. La route est longue -900 milles dans les canaux- mais, bonne nouvelle, le vent s’annonce au sud pour les premiers jours. Pourvu que ça dure ! Notre risque majeur est de nous voir bloqués par des vents de nord à l’entrée du golfe des Peines ouvert sur le Pacifique (pas si fique que cela… mais bien mal nommé par Magellan qui découvrit l’océan un jour de grand beau temps). Il nous faut arriver à Puerto Montt pour le 13 mars compte tenu des dates de retour respectives vers la France de Frederick et Gérard (14 mars), puis de Dominique (16 mars) pour participation à l’assemblée générale de la FF Voile. Christiane et Luc projettent de leur côté un retour pour le début avril.

Tout ceci est un peu long mais il se passe tant de choses dans cet espace immobile… et tant de situations inédites :

100 0322 Dominique reviendra-t-il en France en compagnie du chien de Dina ?

Bien amicalement à tous avec une pensée toute particulière de Christiane et Luc pour Mony, leur amie chileno-havraise.

Le team Alioth

 

PS1 : Des photos sur le passage du Cap Horn ont été ajoutées à l’album S3 – 4 – Au sud du sud avec tous nos remerciements à Franck pour les photos qu’il a bien voulu prendre de Resolute. Et si certains ont envie de vivre une année au Cap Horn, ils peuvent suivre le lien qu’a eu la bonne idée de nous communiquer Nicolas du service des phares et balises du Cotentin :

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Cette-famille-a-garde-un-an-le-phare-du-Cap-Horn-_3639-2016722_actu.Htm 

PS2 – Les photos concernant le présent article se situent sur l’album S3-6 – Puerto Natales et une vidéo sur les Jineteadas a été mise en ligne sur Facebook (compte Tincelin-Alioth).

 



[1] Le district d’Ultima Esperanza fut ainsi dénommé par le capitaine espagnol Juan Ladrilleros, premier européen à accéder à cette zone (1558), dans ses recherches désespérées d’un accès au détroit de Magellan.

[2] Les Iles malouines, Islas Malvinas, font l’objet d’une guerre de communication : sur les cartes, aux postes frontière, elles sont délibérément affichées propriété argentine.

[3] Ainsi dénommée car la rivière Natales qui longe la ville fut découverte un 24 décembre.

[4] Perito Moreno est un grand explorateur et savant argentin très populaire dans son pays. Il consacra sa vie à la science et à l’éducation mais aussi à la pacification entre Argentine et Chili en proposant une frontière géographique raisonnée entre les deux pays.

 

[5] Fitz Roy, tout d’abord en qualité de second, puis de capitaine, navigua à bord de HMS Beagle (1826-1830), le bateau qui découvrit la célèbre voie maritime et qui porte son nom.

 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 14:13

Les grandes vacances brésiliennes terminées, il s’agit, avant  de rentrer en ‘oreretama’, de procéder à l’hivernage de notre cher Alioth que nous allons laisser en Argentine pour six mois. La période se décline pour nous sur trois registres :

San Isidro et San Fernando

Barlovento et Puerto Chico

Théo, Jutta et Osvaldo

L’hivernage débute par une longue période prospective de marches et de démarches à la recherche d’une marina. Ici la question est particulièrement complexe car les Argentins sont des marins et des voileux et dans les banlieues chics de l’ouest de Buenos Aires, sur le Rio Lujan, se situe une bonne trentaine de marinas concentrées entre les deux petites villes de San Isidro et San Fernando. C’est ainsi que, de Buenos Aires où nous résidons dans un premier temps dans les eaux du  superbe Yacht Club Argentino, nous consacrons de longues journées depuis la gare ferroviaire de Retiro, jusqu’aux gares de San Isidro, Vittoria ou San Fernando, à visiter les clubs et marinas qui se succèdent le long du fleuve sur des dizaines de kilomètres. En dépit d’une sélection rigoureuse faite en amont, nous entreprenons un nombre significatif de visites afin de trouver le compromis optimal combinant potentiel d’accueil d’un 53 pieds, travel-lift ou grue ad hoc et plate-forme technique de qualité, le tout à un coût abordable et dans une ambiance de course contre la montre à une époque où les bateaux affluent : ceux -dont nous sommes- qui venus du Brésil préparent leur descente vers le sud ou les autres qui, de Patagonie,  remontent hiverner tranquillement vers le nord.  Nous aboutirons finalement à une conclusion satisfaisante et en juste à temps : un hivernage à San Fernando au charmant club de voiliers de Barlovento dont nous concluons la liste des inscriptions et une mise au sec du 4 au 8 avril sur le terre-plein voisin de la marina de Puerto Chico.

13- Club de veleros de Barlovento

           Club de Veleros de Barlovento

 

Hivernage rime avec carénage, nettoyage, décapage, ponçage, déballage, matelotage, accastillage, remue-ménage …  Autant dire que la période est fastidieuse même si elle s’opère, sinon dans la joie, au moins dans la bonne humeur. La « to do list » est longue et nécessite le recours à de nombreux fournisseurs et prestataires dont la recherche ressemble à un savant jeu de pistes. Par chance le site de San Fernando est du meilleur niveau depuis les grandes boutiques nautiques qui ont pignon sur rue jusqu’aux petits ateliers cachés qui révèlent des trésors dans les endroits les plus reculés.

La période exige aussi huile de coude, réflexion et contorsions enrichies d’un brin de patience et de détermination. Les surprises bonnes ou mauvaises viennent bien sûr pimenter le parcours, tel le devis de carénage de Puerto Chico qui nous incite à compléter notre panoplie de combinaisons du bord de tenues intégrales de peinture pour nous attaquer vaillamment à l’ouvrage.

Pour nos nombreux  travaux, nous pouvons heureusement compter sur le soutien moral et effectif  de l’indéfectible caisse à outils Facom mais aussi des seaux de Catherine et François, des éponges de Marie-Ange et Thibaut, de l’acide pour inox d’Annie et Philippe et de la chemise décolorée de Marie (VSF – mars 2010 !) qui font tous… bon ménage.

Nous vous passons les détails de la liste fastidieuse des travaux entrepris, à l’exception de quelques éléments novateurs : l’installation d’un hydro-générateur ‘Watt & Sea’ qui  est à l’eau ce que l’éolienne est au vent et qui devrait, en mer, améliorer assez considérablement notre production électrique, et la création d’un superbe fichier informatisé de gestion des pièces détachées et consommables créé par Dominique qui permet au bord de passer à une gestion en inventaire permanent avec renouvellement quasi automatique des commandes… Classe !

34- Pintura

La vie de marins est aussi l’occasion de belles rencontres. Depuis notre passage à Piriapolis (Uruguay), Alioth s’est lié à Polarwind,  le voilier des très chaleureux et sympathiques Osvaldo, Jutta et Théo et les deux bateaux sont désormais voisins pour quelques mois à Barlovento. Jutta et Osvaldo* préparent actuellement leur bateau pour faire du charter en Patagonie et Antarctique et compte tenu de leur expérience, il n'est pas exclu que nos deux bateaux naviguent quelque temps de conserve au cours de la saison prochaine : belle perspective pour le team Alioth !

Interdits de vie à bord durant la mise au sec d'Alioth, c’est sur Polarwind que nous avons le plaisir de passer quelques soirées fort sympathiques et nuits tout à fait confortables. Le très attachant petit Théo, 2 ans et demi, outre son incroyable pied marin, parle couramment l’allemand et l’espagnol, comprend assez correctement l’anglais et sait répéter sans accent les mots ou expressions françaises que nous échangeons entre nous. Il vient de faire cette semaine sa rentrée dans un jardin d’enfants de San Fernando dont il porte fièrement l’uniforme : inutile de souligner que Théo sait  émouvoir nos âmes de grands parents.

37- Théo, Jutta et Osvaldo sur Polarwind

Nous ne passerons pas sous silence la visite à bord d’Alioth, à Buenos Aires, de Jenna et de Charlotte. Françaises tout juste diplômées  de leurs études en  design, elles débutent un grand tour d’Amérique du Sud pour le double plaisir du voyage et d’un travail de création de tissus à partir de modèles traditionnels sud américains. Elles ont tous nos encouragements et nous leur souhaitons une belle aventure en espérant que le blog qu’elles souhaitent créer nous permettra de rester en contact.  Suerte las chicas !

Cet article, le 24ème mis en ligne au cours de cette saison,  conclut sept mois magnifiques de la merveilleuse course Recife-Fernando de Noronha, à la belle ville de Buenos Aires et à l’accueillant site de San Fernando en passant par la ravissante Buzios, la merveilleuse Rio, les sites enchanteurs d’Ilha Grande et de Paraty, les vagabondages dans le Minas Gerais, la puissante Sao Paulo, les îles fabuleuses d’Anchieta, Vittoria et Ilha Bella, et le très attachant Uruguay.

Finies les grandes vacances brésiliennes, sa musique, ses plages et ses baignades. La saison à venir, entre 40èmes et 56ème parallèles, nous donne d’avance un peu le frisson… de l’aventure et de la température. Nous aurons au cours de l’été, l’occasion de vous donner quelques informations rafraîchissantes mais le blog d’Alioth va se mettre au diapason de sa raison d’être et hiverner quelque peu. Merci de nous avoir suivis et encouragés. N’hésitez pas à nous faire part des suggestions qui pourraient améliorer les compte-rendus de notre parcours : nous essaierons d’en tenir compte dans la limite de nos capacités.

Amistad !

NB : l’album correspondant à cet article est enregistré sous l’intitulé AS12 - Hivernage

‘Notre terre, notre maison’ en indien Tupi

Cf. article ‘Uruguay’

* Si vous rêvez de Patagonie et d'Antarctique allez visiter le site : www.polarwind-expeditions.com

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 19:20

Nous nous permettons de mettre en ligne ce beau texte profond que nous ont adressé Aude Tincelin, photographe, et Cécile Raynal, sculptrice. Il déborde du cadre assez insouciant de nos communications habituelles, quoique...

Nous y sommes ...

 par Fred Vargas


Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
 Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marrés.
Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières ( la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui.
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi

Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.

Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est,  attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).
S'efforcer.
Réfléchir, même.

Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

 A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
 
Fred Vargas
Archéologue et écrivain

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 22:32

 

Curieuse histoire coloniale que celle de Buenos Aires : sa découverte en 1536 par Pedro de Mendoza, appuyé de 16 bâtiments et de 1600 hommes, se conclut par une gigantesque famine, l’arrivée tardive dans la saison ayant interdit l’entreprise de toute culture. L’hostilité des populations indigènes ne laissant aucun espoir de survie, la place fut délaissée au profit d’une remontée  du Parana jusqu’à Asuncion, l’actuelle capitale du Paraguay, où les Indiens Guaranis s’avérèrent plus accueillants.

Ce n’est qu’en 1580 que des Espagnols d’Asuncion vinrent réinvestir Buenos Aires. A leur grande surprise, le bétail abandonné avait largement proliféré dans la pampa avoisinante : cet épisode  donna naissance à l’activité de production et d’industrie de la viande si propre à l’univers argentin.

En 1806, les Anglais prirent pied à Buenos Aires mais la constitution d’une milice locale, renforcée par l’action des femmes jetant abondament eau et huile bouillantes de leurs fenêtres, permit de reconduire manu militari les indésirés vers le port.  La très vivante rue ‘Defensa’ perpétue la mémoire de cette valeureuse et insolite bataille dont le succès encouragea les Argentins à secouer le joug espagnol : le 25 mai 1810, le vice-roi d’Espagne était destitué. Ce ne sera malgré tout qu’en 1880 que Buenos Aires deviendra capitale fédérale.

Ce petit cadre historique campé, quelques jours à Buenos Aires nous ont permis, partiellement en l'excellente compagnie de Bethou, d’Elisabeth et de Dominique, de faire nos premiers pas dans cette ville réputée pour son caractère si ‘européen’ -ce qui, aux yeux des émetteurs, se veut bien sûr un qualificatif flatteur.

Elle l’est en effet dans son tracé et son architecture, ses quartiers chics et ses monuments. L’ensemble de la ville est aéré et d’immenses parcs accueillent les Portenos en foule durant les week-ends. Le Microcentro se distingue tout d’abord  par la présence de ‘la Casa Rosada’, le séduisant palais présidentiel que l’on visite sans difficulté aucune, bureau présidentiel et salle du conseil des ministres compris, à l’occasion des jours fériés ; en quasi vis-à-vis, la cathédrale métropolitaine déroute avec ses formes de temple grec et ces deux grands bâtiments, civil et religieux, dominent la tristement célèbre ‘Plaza de Mayo’ où le 24 mars dernier, à l’occasion de la 35ème commémoration de l’arrivée de la dictature au pouvoir,  50 000 Argentins se sont réunis pour entretenir le souvenir et réclamer justice pour les 30 000 disparus.  L’avenue de Mai qui joint la place de Mai à l’imposant Palais des Congrès réunit quelques uns des plus célèbres cafés : Tortoni, London City, Iberia... Les cafés de Buenos Aires participent intensément aux charmes tout particuliers de la ville, de même que ses nombreuses et superbes librairies qui traduisent élégamment  l’intensité de la vie culturelle argentine.

042- La Casa Rosada

La casa Rosada dont la couleur est due selon les uns au mélange des couleurs rouge des Fédéralistes et blanche des Unitaristes et, selon les autres,  à une tradition de peinture des façades des maisons avec du sang de boeuf.

Le quartier de San Telmo, père du tango, est un des plus chaleureux de Buenos Aires. Le dimanche matin, la place Dorrego et les rues avoisinantes accueillent un charmant marché d’antiquités où Argentins et touristes aiment flâner au son du tango. C’est à San Telmo également que, sous la houlette des Elisabeths, le restaurant DesNivel nous accueille pour notre dernière soirée en équipage : c’est un des hauts lieux de la vie de Buenos Aires où, dans un décor insolite et des salles pleines à craquer, on déguste de délicieuses « parilladas » sur de modestes toiles cirées. Toujours à San Telmo, le Bar Sur dans son décor chaleureux et intime nous permettra de vivre une magnifique  soirée portée par le rythme et la prestance du tango. Les essais de l’équipage, pourtant gouvernés par des experts, seront peu concluants : en bref, pied marin et pas argentin ne sont pas forcément  nés le même matin.

032- Bars Sur, les pros

Tango au Bar Sur

Flâner à la Boca, le quartier voisin,  permet de découvrir les quartiers portuaires traditionnels et les célèbres maisons métalliques, maintenant intensément colorées, qui accueillirent les immigrants Basques puis Italiens au XIXème siècle. L’intéressant musée des Beaux Arts de la Boca nous présente le grand peintre de la vie portuaire, Benito Quinquela Martin (1890-1970), dans sa propre demeure. Sa peinture, sombre, rude et colorée, ses grands formats concentrent une expression très engagée aux côtés des travailleurs du monde portuaire.

07- La Boca

A Buenos Aires, tous les débats sont dans la rue. Le débat politique traditionnel en premier lieu qui oppose les ‘pro’ aux ‘anti’ Kirchner. Le débat sur la mémoire et le souvenir entretenus par des expositions de photographies ou de peinture, notamment par la singulière œuvre du peintre Diego Perrotta qui, en cette date anniversaire, traduit au travers d’une galerie de portraits les concepts  porteurs du souvenir des Disparus. Ce sont aussi les revendications des immigrés exprimées par le mouvement MILES (Mouvement pour l’intégration latinoaméricaine d’expression sociale) qui manifeste dans la rue, le mouvement des vétérans qui réclame son dû, les Indiens -essentiellement boliviens- du Mouvement sans terre qui, sous la banière Wiphala revendique un acte de réparation historique.

Buenos Aires est avant tout ville d’art et de culture. Deux superbes expositions nous permettent de découvrir la vie artistique argentine ; tout d’abord au travers de l’extraordinaire collection de la Fondation d’art Amalia Lacroze de Fortabat qui porte notre regard sur  nombre de grands peintres argentins des XIXème et XXème siècles : Fernando Fader (1882-1935), Carlos Alonso (né en 1929), Antonio Berni (1905-1981), Emilio Pettoretti (1892-1971), Romulo Maccio (né en 1931) ainsi que le grand artiste Noé que nous avions découvert au MAM de Rio ; puis au Musée Eduardo Sivori qui réunit des œuvres des meilleurs artistes contemporains dans le cadre d’un grand concours annuel. Le quartier de la Boca nous invite à une visite inattendue d'une exposition de la franco-américaine Louise Bourgeois qui se tient à la Fondation PROA sur une sélection d’une petite centaine d’œuvres très appréciées du public.

Buenos Aires nous offre par ailleurs sa première ‘Nuit Blanche’. Le samedi 26 mars sont en effet orchestrés 150 spectacles dans l’ensemble de la ville de 19h à 7h du matin dans le cadre de « La noche en vela ». Sans avoir la prétention d’aller jusqu’au bout de la nuit nous nous construisons, en centre ville un joli programme débutant à l’Obélisque, place de la République, par l’audition de la grande chanteuse argentine Elena Roger suivie d’une impressionnante production d'un ensemble de Tambours Japonais ; pour se poursuivre ensuite avenue de Mai par un ‘tango, scénario vertical’, magnifique spectacle joué aux fenêtres illuminées de la maison de la culture, des vidéo-installations « zoo digital » implantées au niveau des kiosques de journaux, et un spectacle de carnaval uruguayen « La Clave »  incroyablement expressif et comique. Nous achèverons notre parcours par un magistral spectacle de flamenco au bar Iberia. Chapeau et merci Buenos Aires pour cette grande première !

Il faut préciser qu’Alioth bénéficie à Buenos Aires d’une résidence de choix. Accueilli -et même invité durant toute une semaine- à l’éminent Yacht Club Argentino, il tient son rang et les couleurs françaises devant les docks récemment rénovés et une envolée d’immeubles tout juste sortis de terre dans une belle recherche architecturale.

02- Le YC Argentino - YCA

Le Yacht Club Argentino 

Quant aux Argentins ils sont ‘classe’, élégants et charmants et rien ne vaut ces petits jokes repris par le guide Lonely Planet pour comprendre l’humour qu’ils savent avoir sur eux-mêmes :

 

« Comment procède un Argentin pour se suicider ? » «  Il lui suffit de tomber de son ego. »

 

« Un psychologue appelle un de ses collègues à 2h du matin. « C’est une urgence » dit-il.

« A 2h du matin ? Elle a intérêt à être sérieuse » répond le collègue.

« J‘ai un client très spécial » dit le premier. « C’est un complexe d’infériorité ! ».

« Un complexe d’infériorité ? Mais il n’y a rien de plus commun ! » s’exclame le collègue.

Et le psychologue de répondre « Oui, mais… c’est un Argentin ».

 

Bethou et Elisabeth sont reparties le 22 mars pour passer de l’automne argentin au printemps français. Bethou s’est réjouie de ce que « les trois capitaines ne l’aient pas appelée vilaine » et c'est avec beaucoup de plaisir que nous avons pu faire avec elles deux ce magnifique parcours du Brésil à l’Uruguay et à l’Argentine.

Dominique, absent une semaine pour obligations fédérales, est revenu le 27 mars de Paris et il ne nous reste plus à ce jour qu’à procéder à l’hivernage ce qui fera vraisemblablement l’objet du tout dernier article de la saison. Le retour sur Paris est programmé pour le 14 avril et, -pour Christiane et Luc surtout, partis durant sept mois-, c’est une grande joie que de pouvoir envisager de retrouver toutes et tous, petits et grands.

Hasta luego !

 

 

PS : les photos correspondant à  cet article figurent dans l'album AS11 - Buenos Aires 

 

 

 

Mot à mot, les habitants de la ville portuaire. A noter que le clavier français ne nous permet pas de faire figurer la « énié » sur le n.

La dictature durera de 1976 à 1983

Assortiment de viandes grillées

Le drapeau sud américain

Pasar una noche en vela = passer une nuit blanche

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 18:25

Le samedi  26 février marque un temps de changement d’équipage : Arielle, Delphine, Christophe et les enfants s’envolent  pour une nuit d’avion vers Paris à la suite d’un chassé croisé avec Christiane et Luc revenus du Minas Gerais par une nuit de car ; parallèlement,  Bethou et Elisabeth atterrissent à Rio pour participer à la dernière navigation de la saison  qui mènera Alioth à Buenos Aires.

Pendant que ‘leselisabeths’ s’offrent 48h de visite de Rio, le team fait une courte escapade à Sitio Forte (Ilha Grande) pour un moment tranquille agrémenté d’une opération de carénage. Le 1er mars, retrouvailles du quintet à Angra dos Reis, suivies des incontournables démarches de formalités de sortie du territoire et d’avitaillement. Le temps est assez déplorable mais, une petite halte à Ilha Grande, au Saco de Longa, permet à Bethou d’enrichir sa récente découverte du Brésil d’une rapide prise de contact avec la mythique Ilha Grande.

Le jeudi, les nuages lourdement accrochés aux montagnes ne nous laissent aucun espoir d’ensoleillement. Nous prenons le temps d’une baignade-carénage, d’une prudente installation des trinquette et foc de route et d’une tentative de  dépannage du bateau de pêche  ‘Tambalang’ qui nous fournira l’occasion d’un très chaleureux dernier contact brésilien. Puis l’ancre est levée pour près de 24h de moteur sous ciel gris, cap au 220°.

Le vendredi, soleil et vent de secteur Est s’annoncent magnifiquement et ne nous quitteront quasiment plus jusqu’à notre arrivée à Piriapolis le mercredi 9 mars. Moins de six jours de mer, tranquilles comme nous les aimons, au rythme paisible des ‘grandes’ traversées nous suffiront pour franchir les 1000 milles de notre route. La navigation se fait sous solent mais aussi sous gennaker et sous spi. Les jours sont moins chauds et les nuits splendides nous incitent à apprivoiser le firmament : Orion, le Lièvre, le Grand chien et le Petit chien, mais aussi le Scorpion, le Sagittaire, la Balance, la Croix du Sud, la Mouche , l’Autel, le Loup…  deviennent peu à peu les familiers de notre vie nocturne.

Nous franchissons la frontière Brésilo-Uruguayenne sans difficulté, puis, in extremis, pêchons un poisson-sabre pour sauver l’honneur de la pêche avant une dernière nuit tout en lumières le long de la célèbre station balnéaire de Punta del Este. Nous arrivons au petit matin du 9 mars, un peu plus à l’Ouest, à Piriapolis que nous souhaitons explorer pour une éventuelle  mise à sec d’Alioth pour l’hivernage.

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L'Uruguay vu et dessiné par J. Torres Garcia

Notre courte halte nous permet de découvrir le ‘Normandy’ local : le grand hôtel Argentino créé dans les années 1930 par Monsieur Piria pour attirer la clientèle argentine.  Lors de notre visite, nos pensées convergent vers Vincent qui,  s’il avait mené à bout le projet de nous rejoindre, nous aurait non seulement causé grand plaisir mais aurait pu avantageusement mener une mission conseil de revitalisation de ce grand bâtiment un peu désuet et endormi.

Nous sommes surpris par l’abondante et fréquente consommation de maté par les Uruguayens, qui en pleine rue arborent  leur thermos et leur ‘bombilla’, sorte de petite gourde munie d’une paille.

Chaque jour, nous remercions Bernard d’avoir accepté -avec une grandeur d’âme que tous les Saint-Vaastais lui connaissent- de se départir de la très appréciable compagnie de Bethou et c’est avec émotion que nous détectons, semés sur notre route, des indices ravivant chaque fois le douloureux sentiment de la cruelle absence du skipper de Lolita :

En premier lieu et  sous une pluie battante, Bethou à la barre d’Alioth, a dû habilement négocier entre Angra dos Reis et Ilha Grande, le terrible danger isolé de Mestre  Bernardo…

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A notre arrivée à Piriapolis, une certaine jaguar verte camouflée sous immatriculation uruguayenne n’a pas échappé à notre vigilance…

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Et sur les ‘ramblas’ de la même ville, nous avons découvert la 263ème boutique Lolita dont la célèbre enseigne couvre maintenant la planète entière….

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Il faut ajouter que grâce à Bernard, nous avons dignement fêté notre arrivée en Uruguay d’un merveilleux Château Pavie et que nous savourons d’avance l’idée de renouveler le cérémonial lors de notre arrivée en Argentine.

Nos pensées vont également aux dévoués organisateurs de la Roue-pi, Bethou et Elisabeth commençant à s’entraîner âprement sur les ramblas pour la saison prochaine.

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Enfin un clin d’œil à Gérard, lors d’une pause pour une photo que seuls les Saint-Vaastais savent qualifier.

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La photo est prise non pas sur Alioth mais sur le 'Captan Mirandar', bateau école de la Marine Uruguayenne

Bref, en priant nos lectrices et lecteurs de bien vouloir excuser ces ‘private jokes’ inhabituels, nous revenons au vif de notre sujet. Une fois arrivés en Uruguay, il nous a semblé courtois d’aller saluer la capitale. Notre voyage en car nous révèle un  pays apparemment fort pauvre ; quant à la ville de Montevideo, un peu désuète, elle paraît figée dans un décor et une atmosphère du début des années 60.  La grande place de l’Indépendance dominée  par Artigas, le héros national leader de la révolte est le haut lieu de la ville et le musée voisin consacré à Joaquin Torres Garcia nous permet de découvrir un peintre exceptionnel, autodidacte devenu ardent théoricien du constructivisme universel et du symbolisme qui a su partir de sa pampa natale pour  rejoindre Barcelone, New York, Paris avant de revenir finir sa vie en Uruguay.

Le Musée des arts lui aussi s’est arrêté dans le temps mais nous offre quelques très belles toiles, de Rafael Barradas notamment. S’ils ne sont pas riches, les Uruguayens sont cultivés et le nombre et la qualité des librairies que nous croisons en centre ville en dit long sur leur amour de la lecture. En milieu de journée, un solide déjeuner dans l’ambiance animée du ‘Mercado del Puerto’ nous initie abondamment à la très célèbre ‘parrillada’ uruguayo-argentine.

Revenus à Piriapolis, l’annonce d’un violent coup de vent, notre premier « pampero », nous oblige à rester à quai mais nous offre le plaisir d’une très belle soirée -un peu perturbée par les ajustements d'amarres au fort de la tempête- en compagnie de nos voisins de ponton : un couple d’allemands déjà croisé aux Iles du Cap Vert et à Bahia, un couple de Danois et un couple Germano-Chilien accompagné d’un petit Théo de deux ans et demi. Osvaldo, le Chilien, durant quatre ans gardien de phare au Cap Horn, nous raconte comment, à 19 ans, il fut saisi d'un certain vertige en survolant d'hélicoptère « le caillou » sur lequel il allait passer pour la prmeière fois deux mois dans la plus grande solitude. Osvaldo compte par ailleurs à son actif sept ou huit saisons de charter vers l’Antarctique  et nous nous réjouissons de pouvoir retrouver ‘Polarwind‘ dans les mois à venir, son programme vers la Patagonie étant similaire au nôtre. Le même jour les Brothers se distinguent : Luc en effectuant une réparation quasi-inespérée de la pompe des ballastes, Dominique plongeant dans l'eau du port à 23h pour renforcer les amarres en prévision du 45 noeuds de vent annoncé pour la nuit. 

Notre journée de dimanche devenue disponible, nous décidons d’une escapade en car à la réputée Punta del Este qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable.

Les nouvelles de la détéroriation de la situation lybienne et du tsunami japonais sont arrivés jusqu'à nous...

Notre départ pour Buenos Aires est prévu aujourd’hui lundi en début d’après-midi… si la Préfecture maritime veut bien 'rouvrir' le port ce que Dominique est parti de ce pas vérifier. A bientôt en Argentine !

Fils de Dominique et expert de l’hôtellerie haut de gamme

Mix de viande grillée 

PS : les photos de l'article sont sur AS10 - Uruguay

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 22:17

Nous sommes  aujourd’hui le 7 mars et sur Alioth filons vers le sud et au portant,  le long des  côtes brésiliennes. 350 milles restent à parcourir sur les 1000 qui séparent Ilha Grande, quittée  le 3 mars, de Piriapolis, notre destination uruguayenne située à mi-chemin entre Punta del Este et Montevideo que nous allons atteindre effectivement le 9 mars. Il est donc temps,  à quelques heures du franchissement de la frontière brésilo-uruguayenne, de consacrer un dernier mémo à notre très attachante vie de Cariocas. 

Cet article nous ne pouvons le rédiger sans citer les amitiés très appréciables qui se sont créées à l’occasion de nos différents séjours à Rio :

Vera, Alain, Fernanda et Pierre qui nous ont réservé un extraordinaire accueil dans le club de Buzios, accordé le privilège rare de séjourner dans le prestigieux Iate Clube de Rio de Janeiro et ouvert si agréablement les portes de leur belle maison de Sao Conrado,

Sarah et François-Xavier qui, sur ‘Sea Dragon’ nous avaient superbement précédés sur la ligne d’arrivée de la Refeno et qui ont eu la gentillesse de nous associer à divers bons moments  et de nous introduire auprès de leurs amis, au titre desquels :

Liza et Serge qui, après nous avoir reçus magnifiquement à Buzios, nous ont fait vivre des moments inoubliables à Rio dont une splendide nuit de réveillon à Copacabana,

Vanessa, fille de Liza, qui achevant  sa formation de skipper professionnel, a bien voulu se joindre à nous à l’occasion d’une sortie en mer,

Alain, représentant de l’association ‘Sail The World’ au Brésil, qui a développé une énergie considérable dans la résolution de nos problèmes de moteurs, et son fils Eric, jeune sculpteur, maintenant reparti dans le grand froid de la Suède,

Eric, Journaliste, qui a bien voulu confier deux de ses articles à notre modeste blog avant de se fracasser le crâne sur son aileron de planche dans les rouleaux de la plage de Lopes-Mendes -en réalité une bonne série de points de suture a heureusement suffi à soigner la blessure,

Christian, Journaliste-Documentariste, grâce auquel nous avons pu passer une journée passionnante à la découverte de la favella Rocinha,

Christine qui nous a fait vivre une soirée inattendue autour d’une fameuse galette des Rois dans la tradition brésilienne des soirées ‘amigos ocultos’,

mais aussi Bertille et Thomas, Gorden et Damien qui ont accompagné nos sorties nautiques.

‘Notre Rio’ à nous débute tout d’abord par une prise de mouillage dans la baie de Botafogo où Alioth a somptueusement séjourné entre Pain de Sucre et Corcovado pendant quelque trois à quatre semaines fractionnées au rythme des quinzaines de navigation. Le Iate Clube Rio de Janeiro est une vraie ville à lui seul : dans un cadre magnifique, nous y rencontrons un excellent accueil, une assistance technique de très bonne qualité et des conditions de vie particulièrement confortables. Le bateau-taxi Cocoroca assure notre liaison avec le club et le canal 67 de la VHF accueille à rythme mesuré notre  « Cocoroca, Cocoroca, Alioth aqui », Sésame qui nous permet de rejoindre la terre -à la seule exception d’un fameux 30 décembre où Cocoroca,  resté sourd à nos appels, a privé Guillaume, Marie-Ange et Thibaut d’une très espérée soirée dans le quartier de Lapa.

Si les exigences techniques d’ Alioth ont sérieusement entamé nos  temps de visite et de découverte, nous avons passé à Rio, le plus souvent en compagnie de nos chers co-équipiers de passage, des moments passionnants et intenses.

Dès l’arrivée à Rio, le parcours des formalités permet une exploration inusitée de la ville : aller de la police fédérale (terminal des paquebots), à la douane (quartier des docks en cours d’une magnifique rénovation) pour revenir vers la Capitainerie, lieu d’un joli musée maritime, donne un bel aperçu des quartiers portuaires et une vue spectaculaire sur la baie de Guanabara.

Plus classiquement, nous avons aimé parcourir le quartier fourmillant de Saara aux rues agrémentées de nombreuses façades coloniales pour peu qu’on puisse lever le regard au-dessus des boutiques de bazar dont les plus folkloriques sont dédiées au carnaval. Le quartier voisin de Lapa est aussi séduisant : c’est le secteur traditionnellement bohême et à la mode où la musique et la samba ont leur place plus qu’ailleurs encore et où des lieux magiquement excentriques tels que le Rio Scenarium font fureur. Urca, quartier voisin du mouillage, est plein de charme avec son petit port et son pont de pierre, ses tranquilles maisons bourgeoises et son très couru ‘bar d’Urca’ où chacun déguste sa bière, sa caipirinha et ses empadas le long du parapet qui donne sur la baie.

Etonnant aussi le vieux quartier de Santa Teresa situé à flanc de coteau auquel on accède par le ‘bondinho’, le petit tramway qui franchit les célèbres Arches de Lapa. Cette partie de la ville est un haut lieu traditionnel de la vie des artistes et des intellectuels. Nous y avons particulièrement apprécié le Parc des Ruines, villa –effectivement en ruines- de la très riche Laurinda Santos Lobo qui réunissait  artistes et intellectuels au cours de la première moitié du XXème siècle et qui nous offre une belle exposition consacrée au travail de l’artiste contemporaine Yolande Freyre, courageusement engagée à l’époque de la dictature ; voisin du Parc des Ruines,  le Musée ‘Chacara do Ceu’, ‘la ferme du ciel’, est l’ancienne demeure du mécène Raymundo Ottoni. Au sein d’une  magnifique collection, elle nous permet de découvrir deux artistes majeurs, le peintre Brésilien Candido Portinari et le dessinateur d’origine française Jean-Baptiste Debret que nous retrouverons avec bonheur à bien d’autres occasions.

Le centre ville est doté de monuments très diversifiés : la belle place du 15 novembre et son charmant palais impérial investi par l’intéressante exposition ‘Bem do Brasil’, le théâtre municipal, réplique de son confrère parisien, le palais Garnier, la bibliothèque nationale et le musée des Beaux Arts, tous deux de facture néo-classique. Le programme de décembre ‘Musique dans les musées’ nous  conduit vers l’excellente exposition d’art arabe contemporain de la Fondation « Banco do Brasil ».  Plus sage, l’historique ‘royal cabinet portugais de lecture’ affiche une impressionnante collection de titres français parmi ses 350 000 ouvrages ; la monumentale et conique cathédrale ‘Metropolitana’, apte à accueillir 20000 fidèles, n’est pas sans rappeler -toute proportion gardée- l’Eglise Saint Joseph du Havre avec ses quatre vertigineux vitraux de 60 m de haut déclinés en arc en ciel. Et lorsque les jambes sont fatiguées, un petit arrêt au café Colombo, véritable institution de Rio, permet de reprendre délicieusement la forme.

Le musée d’Art Moderne (MAM) après un incendie destructeur des années 70  se consacre à des expositions temporaires qui nous  permettent  de découvrir le très créatif artiste Argentin, Noé.  La visite du Musée d’Art Contemporain (MAC) requiert une agréable traversée de la baie sur un ferry qui longe la singulière ‘Ilha Fiscal’ avant de rejoindre la ville de Niteroi, située au nord de la Baie de Guanaraba, face à Rio. En bordure de baie, l’architecte Niemeyer a conçu pour le MAC une magnifique soucoupe qui à elle seule vaut le déplacement, mais dont la collection, comme annoncé dans les guides, est assez décevante. Le Musée historique national, en revanche, mériterait plusieurs visites mais un parcours unique a le mérite d’enrichir quelque peu nos basiques.

Les promenades dans les grands espaces soulignent les particularités géographiques d’une ville extraordinairement insérée dans de splendides décors naturels de plages, forêts, lacs et montagnes. Les montées en altitude au Pain de Sucre ou au Corcovado relèvent de  l’incontournable, les promenades le long de la plage de Copacabana sont un must, les hauteurs de Santa Teresa ou les profondeurs de la Forêt de Tijuca (merci Liza !) sont de toute beauté et le jardin botanique est un lieu d’exploration sans fin. Les sorties en mer en compagnie de nos amis Cariocas furent de bons moments de plaisir également : la sortie aux  îles Cagarras fut un peu tonique mais  plonger au mouillage face à la grande plage d’Ipanema est un moment assez savoureux et voir Rio de la mer est un spectacle dont nous n’avons pas eu le temps de nous lasser.

Et  puis nous avons vécu de merveilleuses soirées grâce à nos amis Cariocas et à nos chers co-équipiers. Repas aux excellents ‘Restaurant d’Urca’, ‘Marius’,  ‘Garota da Urca’, ‘Yoruba’, ‘Manoel et Joaquim’ ou au ‘ICRJ’, mise en lumière du gigantesque sapin de Noël de la Lagoa Rodrigo de Freitas, soirées dans Lapa, délicieuse galette des Rois chez Christine et, bien sûr, très mémorable réveillon entre Lémé et Copacabana grâce à Liza et Serge et à leurs amis qui nous invitent très généreusement à débuter avec eux l’année 2011, non sans nous être entièrement habillés de  blanc pour satisfaire à la coutume et avoir rendu hommage à Iemanja, déesse de la mer, en lui faisant l’offrande de quelques fleurs blanches. Magnificence du feu d’artifice, extraordinaire déploiement d’orchestres, liesse générale, délicieux réveillon : une ambiance indescriptible et  bon enfant qui traduit la joie de vivre brésilienne et un optimisme a priori à toute épreuve à l’aube de cette nouvelle année. Le jour même, au cours d’une longue journée officielle à Brasilia, Dilma Roussef prend ses fonctions de Présidente du Brésil.

Mais si nous avons tant aimé cette face très privilégiée et séduisante de la ville de Rio, c’est toujours sur fond d’une réalité évidente, celle de la pauvreté qui enserre les quartiers riches dans ses gigantesques  favelas.² A ce sujet, Christian, Journaliste, a bien voulu nous accompagner et c’est, sous sa précieuse conduite et avec ses commentaires, que nous avons pu parcourir Rocinha avec notre amie Catherine.

La ‘favela’ est, paraît-il, le nom d’une petite fleur qui s’épanouit sur le flanc des montagnes brésiliennes et c’est lui qui a été retenu pour désigner les ensembles de logements qui fleurissent aussi illégalement qu’anarchiquement sur les coteaux de Rio où est née la première favela dans un contexte historique bien particulier.  C’est en effet à l’issue de la guerre des Canudos que les soldats démobilisés et leurs femmes cantinières de troupes, faute du règlement de leurs soldes militaires, vinrent à Rio camper aux portes du Ministère de la Défense. Le paiement tardant à venir, les campements en toile se transformèrent peu à peu en cabanes et bâtiments en dur. Après deux années de pression, soldats et cantinières obtinrent satisfaction et quittèrent les lieux offrant  par là-même aux esclaves récemment libérés une opportunité de refuge : le principe de la favela était né et la pauvreté restant une des marques de la société brésilienne, ce mode de logement n’eut de cesse de se développer.

Après un aperçu sur la favela voisine du très chic quartier d’Ipanema, et sur le tout récent ascenseur qui relie physiquement les deux quartiers, Christian nous dirige par minibus vers Rocinha, la plus grande favela de l’Amérique du Sud : 250 à 350 000 habitants selon les estimations…  Il serait trop long de décrire tous les moments de cette journée mais nous retiendrons les quelques prises de contact par lesquelles Christian, lors de notre arrivée, informa de notre venue ; puis la qualité des toutes récentes installations sportives et l’élégance du pont piéton -signé Niemeyer- qui marquent l’entrée de la favela : ils  sont, ainsi que les installations de TV Roc et des services vétérinaires et de santé qui sont au sein de la favela, le résultat de la politique de pacification et des développements contractuels programmés à ce titre entre Etat et favela. L’immersion dans la favela nous  confronte à l’extrême densité de sa population, au grouillement de la vie qui s’opère en tout sens  et à l’imbrication des logements et boutiques autour de rues pentues, étroites et mal dessinées qui rendent la circulation automobile extrêmement difficile.

Dans ce contexte, la moto taxi, parait-il interdite mais ostensiblement pratiquée, est le seul moyen de parcourir Rocinha et de monter jusqu’en haut de la colline. De là, la vue est époustouflante et, à l’heure du déjeuner, nous découvrons de la lanchonete ‘Mirador’ une perspective inédite s’étendant du Pain de Sucre à Sao Conrado, le très sélect quartier qui jouxte la favela.

La violence est sensible, ne serait-ce que dans la tension liée au trafic de drogue pratiqué quasi ouvertement dans certaines rues bien spécifiques. Les nombreux enfants abandonnés sont largement issus de ces quartiers et ‘pour être tranquilles’, les filles ont un enfant dès l’âge de 15 ans, le statut de mère ayant ’le mérite’ de les rendre intouchables. Trois commandos ‘tiennent’ ici la favela en dictant leur loi et en s’affrontant sur le même terrain ; ce sont ces commandos que le Gouvernement cherche à éliminer par les opérations de pacification réalisées en premier lieu par l’envoi de troupes d’élite puis en implantant sur place des cellules de police spécialisées et en développant, entre autres,  des programmes de santé et de scolarisation. En bref une journée forte dont nous remercions tout particulièrement Christian qui nous a consacré beaucoup de temps dans une période chargée.

Faute d’avoir pu participer au carnaval qui actuellement bat son plein, une soirée de répétition à l’école de samba des Salgueiros nous aura donné une bonne note d’ambiance. Carnaval et favelas restent deux réalités très liées car, si à ses débuts, le carnaval relevait du plaisir exclusif de la bonne société carioca, il fut rapidement plagié par les populations essentiellement noires des favelas. La qualité de leur musique, la beauté de leurs danses et de leurs danseuses ont rapidement balayé le carnaval traditionnel et c’est pourquoi les écoles de samba qui rivalisent de créativité chaque année sur le ‘Sambodromo’ sont en fait les représentantes des différents  quartiers de favela dont elles sont chacune issue.

Ainsi s’achève notre histoire brésilienne 2010-2011.

Si l’avenir nous permet de mener à ce point notre parcours… nous rêvons déjà de participer dans quelques années à la course Le Cap-Rio qui arrive à destination…  à quelques jours du carnaval…

Ate logo, Rio de Janeiro !

NB : pour celles et ceux qui auront eu le courage de lire cet article jusqu’au bout nous joignons,  en remerciant Sarah, un lien avec la très sportive video éditée par la ville de Rio à l'occasion de sa candidature aux Jeux Olumpiques.     Les photos correspondant à cet article sont par ailleurs sur l'album de photos AS9- 'Notre' Rio de Janeiro.

link http://www.youtube.com/watch?v=Z00jjc-WtZI
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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 22:46

Tandis que l’équipe sud[1] , à bord d’Alioth, se déploie entre Rio et Paraty sur les « terminaux » historiques de la route de l’or,  l’équipe nord, soit Christiane et Luc, remonte la Estrada Real -la voie royale-  qui mène jusqu’à Ouro Preto -la ville de l’or- et Diamantina- la ville des diamants.  C’est en autocar que le déplacement est prévu compte tenu des performances reconnues et confirmées des ‘Rodovarias’, les  gares routières brésiliennes.

Malgré quelques approches d’orpailleurs et grattages de cailloux dans les montagnes, point d’or ni de diamant ramené de ce périple prometteur mais quantité de trésors qui ont jalonné ce magnifique parcours.

Histoire passée, histoire actuelle

S’il est besoin de citer des lieux où la géographie, ou plus précisément ici la géologie, joue un rôle déterminant dans l’Histoire, le Minas Gerais peut figurer dans les tout premiers rangs de la liste, l’attrait de l’or et des pierres précieuses ayant fourni la clé de pénétration de ce territoire.  A noter que  si les conquêtes de la côte incluaient les risques de la traversée océanique, les conquêtes de l’intérieur y ajoutaient les dangers liés à la rencontre des populations indigènes, aux animaux sauvages, à une nature exubérante dans un espace montagneux (1300m d’altitude moyenne dans le Minas Gerais). 

Le charme et la beauté des villes coloniales renvoient à la rudesse et à la richesse de l’histoire. Cette dernière se raconte notamment au travers du célèbre Antonio Dias qui découvrit le site aurifère d’Ouro Preto ; de Chico Rei, le roi congolais capturé au début des années 1700 avec sa tribu, qui à force de travail acharné parvint à acheter sa liberté, celle de son fils puis celle de ses sujets pour finalement reprendre l’exploitation minière dont ils étaient les esclaves et rétablir richement royaume et traditions africaines au cœur de la ville d’Ouro Preto, ce qui ne fut pas du goût de la couronne portugaise ; ou de Joaquim José da Silva Xavier , dit Tiradentes –du fait de sa fonction de dentiste- le leader d’une des plus célèbres importantes rébellions contre la couronne portugaise, l’Inconfendencia mineira (1788-1789), qui fut arrêté puis exécuté en 1792.

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Ouro-Preto, Musée de l'Inconfidencia mineira

Mais ce voyage fut aussi l’occasion de rencontres avec différents personnages qui ont fait l’histoire plus récente du Brésil : les 6ème et 12 ème Présidents de la République, Alfonso Pena qui fut Président de 1906 à 1910 et Artur Bernardes de 1922 à 1926 qui ont tout deux fait leurs études dans le célèbre collège de Caraça évoqué ci-après.  Juscinio Kubitschek, l’enfant du pays de Diamantina qui fut un président très aimé des brésiliens et dont le ‘règne’ s’étendit de 1955 à 1964, date d’arrivée des militaires au pouvoir et qui inaugura la nouvelle capitale de Brasilia en 1960. Et enfin Tancredo Neves, également né dans le Minas Gerais et grande personnalité brésilienne qui, après avoir mené l’alliance démocratique en lutte contre la dictature, fut élu président du Brésil en janvier 1985 et provoqua le déarroi de son peuple en mourant  d’une crise cardiaque en avril de la même année, avant même la prise officielle de ses fonctions.

Art baroque, art contemporain

Ce voyage fut l’occasion de grandes découvertes artistiques.

Au titre de l’art baroque, nous citerons essentiellement celle de l’artiste Antonio Francisco de Lisboao, dit l’Aleijadinho - le petit estropié né à Ouro Preto en 1738.  Ayant contracté une maladie évolutive, vraisemblablement la lèpre, il souffrit en effet d’un handicap qui l’atteignit d’abord aux jambes et évolua jusqu’à la fin de sa vie obligeant, dans ses dernières années, ses assistants à lui attacher les outils aux mains pour lui permettre de continuer à sculpter. L’Aleijadinho était le fils naturel d’un sculpteur réputé Manuel Francisco Lisboa et d’une esclave. Mais rapidement le fils dépassa le père et devint le maître incontesté d’un mouvement connu sous le nom de ‘Barroco mineiro’ qui fit évoluer le style baroque européen étudié sur plan et sur peinture vers un style très élégant et propre au Brésil. L’Aleijadinho était tout à la fois architecte, peintre et sculpteur et travaillait en compagnonnage avec un groupe de grands artistes dont  le plus connu est le peintre Manuel da Costa Ataide.

Le Brésil doit à l’Aleijadinho bon nombre de chefs d’œuvre dont les églises de Saint François d’Assise d’Ouro Preto et de Sao Jao del Rei et les œuvres du remarquable site de Congonhas qui comprend en extérieur et en contrebas de la basilique Bom Jesus de Matosinhos douze extraordinaires  sculptures en pierre des Prophètes ainsi que six petites chapelles abritant des sculptures en bois mettant en scène la Passion du Christ.  Les unes comme les autres sont d’une très grande expression artistique et si la gravité est de mise du côté des Prophètes, l’ironie n’est pas absente du chemin de Croix : les Romains y abritent des caricatures des Portugais et la Passion du Christ semble transposer le martyr de Tiradentes.

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Congonhas - Le Prophète Jonas (et sa baleine)

Mais le Minas Gerais ne s’enferme pas sur son passé et porte un grand intérê à l’art contemporain. Le somptueux et récent Palais des Arts de Belo Horizonte nous a permis de visiter l’exposition des œuvres de la 29ème biennale d’art contemporain de Sao Paulo.  Le titre de cette biennale est d’ailleurs savoureux et nous le livrons à la réflexion de nos lectrices et lecteurs :

« Ha sempre un copo de mar por un homen navegar » soit, faute d’avoir trouvé une traduction française satisfaisante : « There is always a cup of sea to sail in ».

Du côté de l’art contemporain, nous sommes éblouis par la beauté du parc d’Inhotim qui, à une cinquantaine de kilomètres de Belo Horizonte, présente dans un cadre paysagé de toute beauté un ensemble d’œuvres remarquables, les unes en extérieur, les autres sous forme d’installations dans des pavillons parfaitement intégrés au paysage.

Ressources minières d’hier et d’aujourd’hui 

L’Etat du Minas Gerais est un territoire de montagne richement doté en minerais. L’or et les diamants ont fait la fortune des conquistadors portugais d’où la richesse de cette région en demeures coloniales, églises, palais…  On considère qu’au XVIIIème siècle, le Minas Gerais produisait le tiers de l’or du monde.

Les Ecoles des Mines y sont très présentes et par affinité familiale, nous avons particulièrement apprécié les visites des très belles et intéressantes Ecoles d’Ouro Preto qui, face à l’ancien palais du gouvernement domine la place Tiradentes, et de Diamantina installée dans la magnifique ‘Casa da Gloria’.

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Ecole des Mines - Ouro Preto

Ces écoles sont aujourd’hui d’importants centres de recherche et d’enseignement car l’histoire minière du  Minas Gerais ne s’est pas éteinte avec l’épuisement de ses ressources aurifères.  Des pans entiers de montagne et de gigantesques mines  à ciel ouvert permettent de récolter le fer, la bauxite, le manganèse. Ceci pour ne  parler que des richesses du Minas Gerais : l’équipe sud, de son côté, prend toute la mesure entre Ilha Grande et la côte de l’Etat de Rio de l’importance des développements  de l’exploration pétrolière.

Architecture, coloniale et moderne

L’architecture coloniale et le baroque brésilien sont le rendez-vous attendu de ce voyage et l’urbanisme des villes coloniales d’Ouro Preto, Mariana, Diamantina, Serro, Sao Jao del Rei, Tiradentes présente dans la diversité une belle unité de style qui n’est pas sans rappeler celle de la jolie ville de Paraty.

Mais dans ce domaine également, la modernité est là pour nous surprendre. Nous citerons à ce sujet la ville de Belo Horizonte, capitale de l’Etat depuis la fin du XIXème siècle en relais de la ville d’Ouro Preto devenue trop inaccessible. Belo Horizonte est construite sur la base d’un double quadrillage -en carrés et diagonales- qui donne une véritable originalité à cette ville escarpée dans laquelle Juscinio Kubitschek, maire de 1940 à 1945, fit appel au tout jeune architecte diplômé Oscar Niemeyer pour la réalisation de plusieurs projets.

Le Maire, Juscinio Kubitschek décida également de la création d’un quartier nouveau à Pampulha au nord-ouest de Belo Horizonte, où il impulsa la réalisation de quelques constructions saisissantes également de facture Niemeyer: le Musée d’art, la ‘Casa do Baile’ -la salle de bal maintenant reconvertie en salle d’exposition- et surtout la merveilleuse petite Eglise Saint François d’Assise œuvre de trois grands maîtres : l’architecte Oscar Niemeyer, le peintre Candido Portinari et le paysagiste Karl Burle Marx.

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Azulejos de Portinari - Eglise Saint François d'Assise - Pampulha

Espaces naturels, espaces paysagés

Le Minas Gerais est aussi, à la dimension du Brésil, une terre de grands espaces naturels : les montagnes qui le parcourent, quoique de faible altitude, offrent des paysages grandioses. Notre visite au Parc naturel de Caraça nous a valu l’étonnante immersion dans un territoire de 12000ha  humainement occupé par les seuls église et bâtiment monastique de la communauté qui gère le Sanctuaire. Au programme, chemins déserts et cascades et le majestueux spectacle nocturne des superbes loups à crinière, apprivoisés par les moines, qui viennent chaque soir sur le parvis de l’église se régaler -timidement- des reliefs de nos repas.

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Le parc d'art contemporain d'Inhotim

Mais le Brésil sait aussi admirablement maîtriser la nature et aménager des espaces  exceptionnels, tel fut le cas du remarquable jardin d’Inhotim qui sur près de 100ha offre un espace où vivent 1300 espèces de plantes dans une harmonie qui relève du paradis.

PS : les photos correspondant à cet article se situent dans l’album ‘AS - les chemins de l’or et des diamants : l’équipe nord sur la voie terrestre’ 

Pendant cette période se déroule la tragédie du Moyen Orient que la presse brésilienne traite avec le plus grand sérieux mais aussi avec humour 

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         Kadhafi :  Comment cela, "game over" ?

 

Cf. articles "deux voies royales" et "équipe sud"

Cf. article "équipe sud"

Le Sanctuaire de Caraça fit longtemps office de collège sous la conduite des Frères Maristes mais en 1968 un gigantesque incendie mit fin à cette activité.

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 22:38

 

18 – Les chemins de l’or et des diamants : l’équipe ‘sud’ aux avant-postes maritimes 

Arrivée de l’équipe ‘sud’, à Rio de Janeiro, le samedi 12 février : Arielle équipée de 50kg de pièces détachées judicieusement réparties dans les bagages des plus jeunes, Delphine, béquille à l’appui en position de contrôle d’une récente entorse de la cheville, Christophe montagnard averti et marin en devenir, Margaux (9ans), Martin (6 ans) et Romane (4 ans) si excités de rejoindre Dominique sur Alioth pour des vacances de baignade, de plage et de soleil.

Les trois premiers jours de visite de Rio permettent entre autres :

d’identifier Alioth du haut du Pain de Sucre

de repérer le parcours maritime du haut du Corcovado

de se rouler dans l’Atlantique…  Sud sur la belle plage d’Ipanema.

NB spécial destiné à Alexandre de la part de ses cousins : le grand homme en blanc est toujours là-haut sur le Corcovado, les pompiers l’ayant convaincu DE NE PAS SAUTER.

100 2100

Après ces opérations de repérage géographique et une navigation de nuit habilement menée par Dominique, l’équipe sud s’offre quelques vacances bien méritées à Ilha Grande.  De la plage de Lopes Mendes, ses rouleaux, ses petits singes ‘micos’ et son sable fin, au charmant village d’Abraao où Martin déclenche les  encouragements et applaudissements enthousiastes des Brésiliens à l’occasion de ses glissades sur les toboggans naturels des cascades,  en passant par les snorkelling et le très sérieux match de foot opposant Martin et Christophe à Margaux et Dominique et dont le score se conclut sur un très impressionnant 10-7 –malgré tout contestable dans la mesure où les vainqueurs semblent avoir bénéficié de l’aide inopinée du chien du propriétaire du bistrot de la plage.  Les éphémères châteaux de sable font tout particulièrement la joie de Romane et Margaux se trouve immortalisée sous l’eau en position du lotus, grâce à la toute récente caméra waterproof.

La part culturelle n’échappe pas à l’équipage qui mène une étude sociologique approfondie sur le comportement des plaisanciers brésiliens en week end :

churrasco -barbecue- à bord en non stop de 11h du matin à 17h

baignade avec ‘frites’ (flottantes et souvent rouges, sans doute pour des raisons de sécurité), le verre à la main

musique, de préférence forte !

L’arrivée dans la baie de Sitio Forte est particulièrement grandiose : tortues, banc de dauphins habilement accompagné par Dominique en zodiac pendant deux bons quarts d’heure,  le tout conclu par un délicieux dîner de ‘lulas’ (calamars) au restaurant ponton du Bacana’s Bar ; autre démarche culturelle de l’équipage : l’apprentissage du brésilien passe par l’assiette.

Puis il s’agit d’explorer le second port d’arrivée de la route de l’or et de rejoindre Paraty.  Double ligne à l’arrière du bateau : les bouts destinés à se rafraîchir en pleine mer et les fils de pêche qui s’accaparent deux dorades coryphènes en moins d’une heure ! Du jamais vu à bord d’Alioth ! Seule la taille des poissons peut permettre à Luc de maintenir son statut, jusqu’alors incontesté, de pêcheur du bord.

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Le carnaval de Paraty est manqué d’une journée mais le spectacle des rues par grande marée,  la dégustation de glaces chez Pistache et l’achat de ‘lulas’ accompagné des bonnes recettes  du poissonnier  consoleront les membres de l’équipe. Pour confirmer sa réputation, Paraty délivre un grain de pluie généreux le 22 après-midi et pour le départ, la visibilité est réduite à 30m pendant une 30 bonnes minutes. Petit tour par les fjords du sud de Paraty et mouillage à la délicieuse Ilha da Cotia où les pêcheurs consentent à  vendre leur pêche.  Le concours de châteaux de sable n’exclut pas un efficace carénage de la coque par Margaux, Delphine, Christophe et Dominique. Martin lâche sa ‘frite’ et effectue plusieurs tours du bateau à la nage en fermant bien la bouche pour ne pas trop boire la tasse. Romane se lance également pour le grand tour, avec bouche fermée, mais avec frite, en accompagnant sa progression de cris de baleineau.

Puis c’est la remontée en zodiac du rio Cairuçu et les rafraîchissantes baignades en eau douce, la dégustation de goyaves trouvées en chemin, le spectacle curieux des crabes rouges qui peuplent la mangrove.

Enfin c’est le départ pour Angra, lieu programmé des retrouvailles des équipes nord et sud. Alioth, soucieux d’une dernière démonstration de ses talents file  fièrement à 7,5 nœuds sous 20 noeuds de vent mais, dans un appréciable élan de préservation,  se résout  à rentrer la toile à temps afin de ne pas atterrir sur l’héliport de la marina. Les travaux de fin de séjour s’enchaînent dont un mémorable nettoyage de frigo par Margaux qui entreprend courageusement le fastidieux  nettoyage du réfrigérateur -devenu simple glacière depuis quelque temps- en entrant entièrement à l’intérieur : qu’on se le dise les capacités de stockage de vivres à bord d’Alioth laissent penser qu’il sera difficile d’y mourir de faim !

En conclusion, les membres de l’équipage vous livrent leurs ‘tops’ respectifs:

Romane : la musique de l’I-Pod de Christiane ou à défaut, celle des voisins brésiliens !

Martin : la conduite du zodiac par Dominique « à fond la caisse avec zig-zag»,

Margaux : les baignades avec poissons multicolores, les glaces de chez Pistache, les dauphins et les tortues… mais aussi faire ‘la bombe’ de l’avant du bateau,

Delphine : le concept global du ‘réveil-en-baie-paradisiaque-avec soleil-encore-doux-et-baignade’, les caipirinhas au coucher du soleil accompagnées  des incontournables noix de cajou brésiliennes, les dauphins,

Christophe : 1- la Caipirinha, 2- le Miolo, 3- le Rio Seco et, plus aquatiques, les baignades quotidiennes en toute liberté,

Arielle : le bonheur de vacances familiales dans un contexte plus reposant que celui de la rude Refeno,

Dominique : particulièrement heureux de ces 15 jours magnifiques passés à sept sur Alioth.

margaux

 

La rédaction du team Alioth remercie sa correspondante spéciale Delphine qui, avec l’appui de l’équipe sud, a permis l’écriture de  ces lignes.

PS : les photos correspondant à cet article se situent dans l’album ‘AS : les chemins de l’or et des diamants : l’équipe sud aux avant-postes maritimes’  

 

 

 

 

 

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 22:35

 

 

Pour comprendre la suite de notre petite histoire, nous vous invitons à partager une époque de la grande Histoire du Brésil et à suivre avec nous la « Estrada Real » -la Voie Royale- que le team Tincelin s’est proposé d’explorer en se répartissant  activement en deux équipes :

l’une maritime, et par la suite dénommée l’équipe sud,  est composée d’Arielle, Dominique, Delphine, Christophe, Margaux, Martin et Romane. Elle est en charge des avant-postes aux débouchés maritimes de Rio de Janeiro et de Paraty (voir article suivant : Les chemins de l’or et des diamants : l’équipe ‘sud’ aux avant-postes maritimes )

l’autre terrienne, dénommée par la suite l’équipe nord et composée de Christiane et Luc partis à l’intérieur des terres suivre les chemins de l’or et des diamants de Rio à Ouro Preto et Diamantina (voir article : Les chemins de l’or et des diamants : l’équipe nord sur la voie terrestre ).

Comme chacun sait, le continent Amérique a été découvert par hasard, à la poursuite de la recherche vers l’Ouest et en confirmation des rondeurs tout juste reconnues de notre globe, des fameuses Indes appréhendées par voie pédestre par Marco-Polo , puis confirmées par voie maritime, au sud, par Vasco de Gama via le cap des Tempêtes, rapidement rebaptisé Bonne Espérance…  afin de moins effrayer les marins.  Christophe Colomb (pour le compte des Espagnols), Francisco Cabral (au nom du Portugal) et Jean de Verrazane (au service de notre Roi François Ier) figurent parmi les plus prestigieux découvreurs du continent américain.  Mais leurs fabuleuses découvertes retinrent  alors peu l’intérêt : nul ne ramenait de ces terres les richesses attendues.

Même si le « Pau Brasil » et la canne à sucre furent rapidement exploités sur les côtes de l’actuel Brésil, les Portugais s’investirent peu dans leurs découvertes sud-américaines, les Indes et les côtes africaines restant les territoires statégiques de leur colonisation. Les fabuleux trésors ramenés par les Espagnols, des territoires Incas et des mines d’argent de Potosi notamment, les rendaient malgré tout fort jaloux et les persuadaient que des richesses fabuleuses les attendaient dans les profondeurs de leur nouveau monde Outre-Atlantique. C’est ainsi qu’en 1531, Martin Alfonso de Sousa conduisit une première expédition vers l’intérieur.  Mais ce n’est qu’en 1693 que fut découvert l’or dans le Minais Gerais et en 1698 qu’Antonio Dias découvrit dans un ruisseau, camouflé sous forme de petits cailloux noirs apparemment insignifiants,  l’or si désiré.  Ce site allait rapidement devenir la capitale du futur Etat du Minas Gerais en prenant le nom de Vila Rica qui deviendra plus tard Ouro Preto  - ‘Or Noir’.  En 1729, c’est le diamant qui sera découvert plus au nord dans un site qui prit naturellement le nom de Diamantina.

Ces ressources,  sans doute parmi les plus importantes au monde dans leurs catégories respectives, attirèrent beaucoup de convoitises. La couronne portugaise facilita l’installation des Bandeirantes en exigeant en retour le cinquième  des extractions et mit rapidement en place un système politique constitué de gouverneurs chargés de contrôler l’administration des biens et la fiscalisation des ressources, d’assurer le développement des villes et de procéder à la construction des routes permettant l’acheminement  vers les ports les plus proches : Paraty dans un premier temps, puis Rio de Janeiro ensuite. C’est ainsi que naquirent les trois premières voies officielles du Brésil :

Les chemins de l’or :

de Ouro Preto à Paraty, la voie ancienne

de Ouro Preto à Rio de Janeiro, la voie nouvelle, qui procurant un gain de 15 jours sur la voie précédente, entraîna rapidement le déclin de Paraty.

Le chemin des diamants qui relie Diamantina au nord, à Ouro Preto

Ouro Preto et Diamantina se situent respectivement à 300 et 650km au nord de Rio de Janeiro et font partie de l’Etat du Minas Gerais, dépourvu de côtes. Paraty et Rio relèvent de l’Etat de Rio de Janeiro constitué, lui,  d’une étroite bande de terre maritime.

La convoitise de toutes ces richesses accentua considérablement le besoin de main d’œuvre déjà exigé par les exploitations agricoles côtières. D’où l’intensification de l’acheminement des esclaves Africains et de la capture des Amérindiens qui furent, les uns et les autres,  contraints à l’extraction minière, à la réalisation des routes, à la construction des demeures et des églises…

La voie routière qui permet de voyager sur cet axe se dénomme dorénavant Estrada Real – Voie Royale. Parallèlement, les chemins de l’or et des diamants, lourdement pavés de pierres  gigantesques et souvent appelés route des esclaves en mémoire de ceux qui ont tant donné pour leur mise en oeuvre, cheminent dans  les montagnes d’une altitude moyenne de 1300 m. Chargés de la mémoire de l’histoire et, progressivement remis en état jusqu’à Paraty, ils ouvrent le tourisme aux randonneurs et aux cavaliers.

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Les deux articles suivants vous détailleront la réalité des explorations des équipes ‘nord’ et ‘sud’. Ces deux grands séjours concluront en quelque sorte notre longue et passionnante épopée brésilienne puisque, rejoint le 1er mars par notre bonne amie saint-vaastaise Elisabeth, dite Bethou,  et Elisabeth, dite Zabeth, déjà clairement identifiée à l’occasion de ses séjours précédents sur le bord, nous partirons immédiatement vers l’Uruguay et l’Argentine pour cause de péremption de visa et de recherche active de nos bases pour l’hivernage 2011. La nostalgie du départ se marie à l’impatience des découvertes à venir …

 

 

Pau Brasil = arbre rouge dont le bois donnait des teintures extrêmement prisées et qui donna son nom au pays

Minas Gerais = Mines Générales

Bandeirantes = Aventuriers de l’époque qui partaient à la recherche de nouvelles richesses et capturaient les indigènes

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 14:37

Catherine et François nous ayant délaissés pour  le froid hivernal de la Bretagne, nous évacuons notre nostalgie au cours d’une session opérationnelle intense ; car la technique ne nous lâche pas, ou plus exactement elle nous lâche régulièrement… on ne sait plus très bien comment le dire…

L’équipage se retrouve, quasiment pour la première fois, en configuration de trio, et se réjouit  d’une escapade en boucle vers le sud du Brésil. Au programme de la descente : Ubatuba, Ilha Bela, Santos/Sao Paulo, Sao Francisco do Sul, Florianopolis.

En bateau, il y a les heures merveilleuses, celles  où vous ne voudriez d’aucun autre ailleurs et où vous semblez vivre les jours les plus doux qui soient. Il en est ainsi de notre escale dans le Saco de Longa à Ilha Grande qui nous réjouit de ses fonds sous-marins, du charme de son microscopique port de pêche et des ses cascades rafraîchissantes ; ou de la gracieuse île d’Anchieta si lourdement réputée pour son pénitencier déserté.

Il en est de même de notre descente vers Ubatuba où nous passons deux journées délicieuses en compagnie de Felippe, skipper de Kalymeira et qui, doté d’un excellent français, nous fut d’une grande aide lors de notre arrivée tardive à Recife pour la régate Refeno. Tifany, sa fille, et lui nous invitent avec beaucoup de chaleur et d’amitié, dans leur très sympathique maison du bord de la baie de Lagoinha dominée par la montagne crochue dénommée  ‘Nez du Corcovado’ sur laquelle passe discrètement  le Tropique du Capricorne.  Nous y dégustons de délicieux -petit- requins et ‘pescadas’ accompagnés d’un riz que Tifany est fière de réussir pour la première fois. Nous découvrons avec eux la merveilleuse île de Vitoria située à 15 milles de la côte où nous mouillons par 30 m et où les fonds sous-marins sont d’une clarté et d’une magie fascinantes.

Et puis il y a la descente vers l’île de Sao Francisco et son charmant petit village d’Ilha Bella d’où nous repartons par une soirée idyllique, suivie d’une nuit somptueuse d’illuminations célestes et d’un lever de soleil enchanteur sur la baie de Santos.

Il y a aussi Sao Paulo auquel il faut bien sûr accéder par voie terrestre mais qui ne se trouve éloigné que de 80 km du port de Santos.  Nous y passons deux journées intenses dans une atmosphère bien différente de celles de Bahia ou de Rio. Son caractère cosmopolite s’impose dès notre installation dans le quartier de Liberdade qui fut le lieu d’implantation des émigrants Japonais arrivés en masse au début du siècle dernier à la grande époque du café. C’est maintenant plus généralement le quartier asiatique de la ville qui nous vaut de dîner dans un vrai de vrai restaurant chinois où, seuls étrangers à la communauté,  nous nous sentons, durant quelques heures,  transportés très loin du Brésil, en Cathay. C’est de plus le week end du nouvel an chinois : ‘l’année du lapin, n’est pas l’année du marin’ exprime Dominique avec une nuance de regret mais nous ne cèderons pas à la superstition, nous qui avons accueilli, à bord et sans souci, le doudou lapin d’Alexandre durant quinze excellents jours.

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Ce sont deux journées intenses que nous passons dans cette immense ville de 20 millions d’habitants. Nous concentrons bien sûr notre agenda à la découverte du ‘centro’ pour sentir vivre un peu ce grand poumon économique et historique créé par deux Jésuites au XVIème siècle. Nous y visitons de magnifiques musées :

la Pinacoteca do Estado essentiellement consacrée aux artistes brésiliens. Merveilleuses toiles de Candido Portinari, di Cavalcanti, Almeida Junior, Tarsila do Amaral, Anita Malfatti, Lasar Segall. Belles sculptures de Victor Brecheret. Très belles expositions de photos argentiques : Ricard Teles et ses merveilleux clichés d’Afrique ;  Graciela Iturbide, photographe mexicaine dont le travail artistique dégage beaucoup de subtilité et d’émotion .

le MASP -Musée d’Art de Sao-Paulo-, situé sur la majestueuse  Avenida Paulista, en vis-à-vis du charmant parc Trianon, nous ramène à nos fondamentaux  européens : Lucas Cranach, Frans Halls, Toulouse-Lautrec, Manet, Rembrandt, Gauguin, Van Gogh, Renoir, Modiglinani, Picasso, Cézanne…  entre autres… alliés à quelques rares Brésiliens  Lasar Segall, Candido Portinari, di Cavalcanti ou au célèbre Mexicain Diego Rivera. Le tout distribué en deux grandes expositions extrêmement bien structurées et pédagogiques, l’une sur le portrait, l’autre sur le romantisme.  Deux appréciables  expositions temporaires également : ‘photos de Wim Wenders’ -avec une pensée pour Aude, ‘notre’ photographe, qui aurait particulièrement apprécié- et ‘contemporains allemands’ dont le sobre et percutant Tim Eitel, le très profond Anton Henning ou l’humoristique Martin Kippenberger et son savoureux « I hate you » :

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le musée Afro-Brasil situé dans le grand parc d’Ibirapuera nous replonge dans le foisonnement de la culture africaine, des rites candomblé, et du choc toujours oppressant de l’esclavage. Riche et dense jusqu’à l’épuisement ; beau, touchant et indescriptible.

Au fil de notre promenade, rencontre avec l’émouvante sculpture de « La mère noire » qui allaite un enfant blanc et pleure sur le sort de ses propres enfants affamés. Croisement également avec les œuvres d’Oscar Niemeyer dont notamment le Copan, gigantesque immeuble tout en ondulations, le musée Afro-Brasil qui, faute d’une esthétique particulière traite superbement la lumière, et l’auditorium, situé dans le même parc, qui fait preuve d’une créativité et d’une élégance rares. L’avenida Paulista offre quant à elle des perspectives architecturales saisissantes dans une atmosphère malgré tout un peu déshumanisée.

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Il y a aussi les bonnes touches de pêche et ce magnifique et excellent poisson sabre que Luc sort de l’eau, sans doute pour nous réconforter par antoicipation des difficultés à venir. 

Et puis il y a les moments exécrables, ceux où vous regretteriez presque de ne pas, comme tout un chacun, dormir d’un sommeil profond dans votre lit favori. Ce fut le cas au cours de la nuit qui suivit notre départ de Sao Paulo. A 2h du matin, alors que nous naviguons tranquillement sous gennaker, par petit temps, un grain d’orage lève des vents supérieurs à 30 nœuds et un implacable enchaînement d’incidents se met en place : moindre réactivité liée à la nécessité d’éveiller  le reste de l’équipage, difficile enroulement du gennaker provoquant défaut de vigilance à la barre et empannage involontaire, arrachement conséquent de l’extrémité de la barre d’écoute, écoute du gennaker prise dans l’hélice du moteur et bateau en vrac pour le reste de la nuit… Le quart de 3h à 6h, sous solent seul, les bouts de ris suspendus au milieu du cockpit, a un caractère assez lugubre mais rien de tel qu’un peu de musique sur les oreilles pour agrémenter les heures passives et difficiles… Plus de peur que de mal globalement : Luc crée le lendemain un relais de barre d’écoute de fortune et réunissant ses compétences de plongeur et de bricoleur parvient en une longue séance d’une demi-heure à débloquer le bout de l’hélice. Après ce premier vrai incident de voile depuis notre départ de Cherbourg, un debriefing aussi serein que sérieux nous permet d’identifier nos erreurs et de nous fixer quelques lignes de conduite supplémentaires.

Comme nous le verrons lors de nos escales à venir, les orages sont extrêmement violents sur toute la semaine et nous nous inquiétons lors de notre remontée des passages de tornades que nous identifions très nettement sur la côte.

Rapidement, nous abandonnons toute idée de poursuivre notre escapade vers le sud et décidons de reprendre notre route vers le nord en nous interdisant toute utilisation du moteur ce qui nous vaudra près de trois jours de navigation par vents faibles et contraires pour parcourir les 66 milles qui nous séparent d’Ubatuba, ou plus précisément de la baie de Lagoinha où nous retournons mouiller avec plaisir. Un petit tour à terre sur le charmant chemin des Indiens Tamaios qui suit la côte jusqu’à Santos, quelques courses suivies de tests moteurs et d’un vrai soulagement : l’épisode du bout dans l’hélice se conclut sans séquelle. Mais le lendemain, au moment de quitter la baie, nous établissons un triste constat : l’importante réparation de la génératrice à laquelle nous avons procédé à Rio un mois plus tôt n’a pas tenu. Nous nous interdisons donc à nouveau toute utilisation du moteur -qui lui est solidaire- et remontons très péniblement jusqu’à Angra dos Reis où nous devons récupérer… le moteur de l’annexe.  Cette fois ce sont quelque 42h qui nous seront nécessaires pour franchir la soixantaine de milles qui nous relient à Angra : globalement notre patience est mise à rude épreuve et nous n’osons pas penser au calcul de nos moyennes… Départ et arrivée au mouillage à la voile, annexe à la rame : les Brésiliens, rois de la vedette à moteur dans cette région oubliée d’Eole, doivent s’interroger sur la navigation « à la française »…

Pendant ce temps, nous savourons les services de Manfred que nous n’avons pas eu encore l’occasion de vous présenter. Manfred est notre tout nouveau groupe électrogène qui a rejoint le bord il y a quelques semaines en vue de parer les éventuelles défaillances de notre production électrique. Nous devons son existence, et le nom dont il est baptisé, aux vigilants conseils de notre ami navigateur Manfred Marktel qui garde toute notre reconnaissance pour nous avoir, lors de notre escale à Bahia, si précieusement alertés.

Dans ce contexte, le moral de l’équipage reste excellent ; détermination, humour et solidarité sont plus que jamais de règle à bord. Notre regard est obstinément fixé sur la date du samedi 12 février, jour d’arrivée d’Arielle, de Delphine, Christophe et leurs trois enfants. Il nous faut faire l’impossible pour que leurs vacances à bord restent tout simplement possibles. A six jours de l’échéance et avant une remontée sans doute bien lente sur Rio, nous restons confiants…

D’autant qu’en dernière nouvelle, notre moteur d’annexe a réintégré le bord en parfait état de marche : il s’avère que le mécanicien de Rio chargé de la révision avait, avec originalité, déversé de l’huile dans le réservoir d’essence… Autre excellente nouvelle : grâce à l’aide indéfectible de notre ami Alain Lemaresquier, correspondant de STW au Brésil, Nanni, fournisseur de notre moteur, joue le jeu et nous informe ce jour, 7 février, de la livraison d’une génératrice complète. Voici 33kg supplémentaires qu’Arielle va devoir joindre, entre autres, à ses bagages… Son très efficace appui logistique parisien, relayé jusqu’à Nantes, nous permet de progresser vers la résolution de nos problèmes du moment. Nous lui  rappelons que ses palmes, masque et tuba sont déjà à bord mais qu’un équipement minimal d’un maillot de bain et de deux tee-shirts devrait rester compatible avec la  livraison attendue.

 

PS : photocopies mises -sans doute à Rio seulement- sur l'album Rio-Sao Paulo- Rio.    

 

 

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