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20 juillet 2015 1 20 /07 /juillet /2015 22:39

« Petit crachin, n’effraie pas le bon marin», voici un joli dicton sérieusement mis à l’épreuve, en ce 14 juillet, de la rade embrumée de Cherbourg aux quais bruineux de Saint-Vaast-la Hougue. Inscrits au rôle d’équipage : Michel, parrain d’Alioth, Laurence, la professeure de CM1 de Quettehou qui, avec ses élèves successifs a suivi notre voyage durant cinq années, et trois jeunes moussaillons recrutés parmi nos petits enfants.

Cherbourg-Saint-Vaast : l'équipageCherbourg-Saint-Vaast : l'équipageCherbourg-Saint-Vaast : l'équipage
Cherbourg-Saint-Vaast : l'équipageCherbourg-Saint-Vaast : l'équipageCherbourg-Saint-Vaast : l'équipage

Cherbourg-Saint-Vaast : l'équipage

Passé le phare de Gatteville,  les bateaux amis de Barfleur et de Saint-Vaast, ont entamé une escorte dont la flotte, stoïque face à la météo hostile, s’est progressivement étoffée au cours de notre avancée. Quelle haie d’honneur ! Emotion à l’entrée du port de Saint-Vaast, puis au ponton face à la foule qui se presse… Nous n’oublierons jamais cette quasi-arrivée de Vendée Globe qui s’est déroulée sur le strict registre de l’amitié : BRAVO & MERCI !

 

Alioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encoreAlioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encoreAlioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encore
Alioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encoreAlioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encoreAlioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encore

Alioth accompagné de Zephyr, Black Shark, Cocher, Karaboudjan et bien d'autres encore

A l’étape logique et logistique de Cherbourg, nous nous devions en effet d’ajouter un hommage à Saint-Vaast qui fut, dans les années soixante, le plan d’eau de nos premiers bateaux, de nos premières régates et qui reste un formidable port de l’amitié…

Un accueil aux accents inestimablesUn accueil aux accents inestimablesUn accueil aux accents inestimables
Un accueil aux accents inestimablesUn accueil aux accents inestimablesUn accueil aux accents inestimables

Un accueil aux accents inestimables

Saint-Vaast où, d’ici deux à trois jours, nous attendons Resolute, le petit bateau rouge de nos amis allemands Hans et Barbara que nous reconnaîtrions entre mille. Alioth a partagé avec lui bien des moments de navigation en Amérique du Sud, dont le tour de l’île de Horn et le franchissement de son célèbre cap, et c’est dans la joie et la stupeur que les deux compères se sont retrouvés il y a quelques semaines aux Açores dans la minuscule marina de Florès.

Resolute au Cap Horn (2012) et aux Açores (2015)Resolute au Cap Horn (2012) et aux Açores (2015)Resolute au Cap Horn (2012) et aux Açores (2015)

Resolute au Cap Horn (2012) et aux Açores (2015)

Comme vous pouvez en juger, cet article n’est qu’une nouvelle façon de prolonger l’écriture du mot FIN…

J’y adjoins des mots de remerciements chaleureux au blog d’Alioth qui fut un grand compagnon de voyage et un lien fantastique avec vous toutes et tous. Quoiqu’il advienne à l’avenir, votre assiduité et vos encouragements ont été les vrais leviers de son existence ! Sachez qu’avec le présent article, la barre des 30 000 visites et des 115 000 pages lues sera franchie. D’autres sujets thématiques surviendront sans doute dans les mois qui viennent ainsi que de probables informations sur la destinée future de notre Azzurro 53 auquel nous souhaitons de repartir rapidement vers un grand large qui lui va si bien.

Je retiendrai de notre long voyage une immense reconnaissance  à notre cher Alioth et à la quatrième dimension apportée par la précieuse participation de nos co-équipières et co-équipiers.  

A l'arrivée, Alioth et ses équipiers : et ils étaient loin d'être tous sur la photo !

A l'arrivée, Alioth et ses équipiers : et ils étaient loin d'être tous sur la photo !

Voici un lien vers les superbes photos de Gilles :

https://www.dropbox.com/sh/676c4dffqddp3mq/AADHYL9XHnElmGxNKGHt_Izja?dl=0

 

Attention : lien provisoire.

Je clôturerai enfin cet article d’un petit mot personnel sur notre étonnant trio, car l’aventure était essentiellement humaine et le team Alioth était tout entier inscrit dans cette dimension là. Si les jours riants furent parfois traversés de jours plus ternes, si la vie à trois, six mois par an dans 35m², excuse à elle seule quelques accrochages ou impatiences,  me resteront toujours  de cette formidable navigation la noblesse et la puissance que j’attribue désormais au mot « équipage » et je n’ai de meilleurs termes pour conclure qu’en disant : BRAVO LES BROTHERS, VOUS ETES FORTS !

 

Hommage aux BrothersHommage aux BrothersHommage aux Brothers
Hommage aux BrothersHommage aux BrothersHommage aux Brothers

Hommage aux Brothers

Ch qui se fit, avec plaisir et en relation avec ses lectrices et ses lecteurs, le porte plume de la vie d’Alioth et de son team.

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27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 14:54
Lajes de Flores : son bar, sa marina, son phareLajes de Flores : son bar, sa marina, son phareLajes de Flores : son bar, sa marina, son phare

Lajes de Flores : son bar, sa marina, son phare

Prélude d’un retour programmé, nos trois escales de la saison sept se placent sous le signe de l’exclusivité européenne : Sainte-Hélène (Grande-Bretagne), Guadeloupe (France) et Açores (Portugal) où notre navigation se prélasse entre Flores, Faial et… Terceira, la troisième bien sûr. Le temps, lui, s’accélère. Cécile nous a quittés de Horta le 23 et Jean-Michel a atterri sur la même piste aéroportuaire le 25 juin.

A Lajes de Flores : barbecue sur la plageA Lajes de Flores : barbecue sur la plageA Lajes de Flores : barbecue sur la plage

A Lajes de Flores : barbecue sur la plage

Loin du tourisme de masse, les îles se dressent, braves et sauvages, au milieu de l’Atlantique. De création récente à l’échelle de la construction du monde -4 millions d’années-, leur apparente tranquillité voile pudiquement un permanent qui-vive. Car ici le volcanisme s’active, témoin l’émergence en 1957-58, à la pointe nord-ouest de Faial, du volcan dos Capelinhos dont l’éruption a fait gagner plus de 2km² à la surface de l’île.  Le phare du lieu, depuis lors déclassé, conserve fière allure au cœur d’une géologie lunaire cernée par l’océan. Partout ailleurs ce sont les fleurs, les troupeaux de bovins et les hortensias ; les petits champs en bocage pour se protéger du vent, les cratères et les chutes d’eau qui sculptent le paysage. La propreté des sites et l’hospitalité austère des portugais s’inscrivent dans la droite ligne de la rude harmonie des lieux.

 

 

 

 

 

S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores
S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores

Les Açores sont bien sûr le pays des baleines et des cachalots que l’on ne chasse désormais plus qu’à la jumelle ou à la caméra lors d’une de ces expéditions d’observation dont  Cécile est revenue le souffle coupé.

 

 

 

 

 

 

 

S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores
S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores

Petit port perdu au milieu de l’Atlantique -doté de 300 places dans la marina malgré tout- Horta voit se croiser, dans un mouvement incessant, les routes des navigateurs du monde entier. Les Açores sont un incroyable terrain de retrouvailles et c’est avec une immense surprise et une grande joie que nous avons vu entrer dans le petit port de Lajes de Flores nos amis de Resolute avec lesquels nous avons viré le Cap Horn et partagé tant de bons moments en Amérique du Sud ! Malgré tout, certains ne font pas halte ici pour les raisons les plus candides, tel ce beau maxi qui vient de se faire arraisonner le long du quai de Horta pour trafic de drogue à l’issue d’une saisie d’une tonne de cocaïne à son bord.

 

Le mont Pico vu de HortaLe mont Pico vu de HortaLe mont Pico vu de Horta

Le mont Pico vu de Horta

La coutume veut ici que chaque bateau tague sa trace, sur les sols ou les murs des quais qui bordent le port. La tradition semble peu à peu se teinter de superstition, d’une de ces croyances qui rôde sans en avoir l’air en s’ancrant solidement dans les âmes des voileux : dessiner sur le quai, protégerait les marins qui reprennent le large. Grâce à l’énergie et au talent de Cécile, Alioth n’a pas dérogé au rituel à Flores, puis à Horta où la pluie ayant détourné un projet bien préparé par l’artiste du bord, j’ai bien maladroitement tenté de prendre la relève.

 

S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores
S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores
S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores

Durant le temps de notre escale, nous suivons la Solitaire du Figaro et les résultats du jeune havrais Charlie Dalin, fils d’une bonne amie de Cécile, qui au classement final se place second à 25mn de Yann Eliès. Une belle performance : bravo Charlie !

 

A Horta, le Café Sport de Peter est une institution. Le rendez-vous incontournable des navigateurs. On y prend tranquillement son café le matin en égrenant ses mails, on y dîne dans une ambiance haute en paroles dans un décor de pavillons de clubs et de dents de cachalots gravées selon l’art local du scrimshaw.  On y rencontre des gens qui connaissent des gens que l’on connait et avec lesquels on a soi-même navigué… Et si le mythe de Peter n’a pas évité la surenchère commerciale et les produits dérivés, on se laisse prendre agréablement  au jeu en remarquant que, quoiqu’il arrive, Peter est là, manches retroussées et « mouille sa chemise » auprès de la clientèle…

 

S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores
S7 11 - Les AçoresS7 11 - Les AçoresS7 11 - Les Açores

Cette escale peut-être plus maritime que toute autre, nous la dédions à notre ami Jacques dont nous avons eu la profonde tristesse d’apprendre qu’il nous avait quittés le 23 juin. Ce fut un grand marin qui avait « l’élégance du cœur » comme l’écrit si parfaitement l’Amiral Laganne, Président du Yacht Club de France et past-président de la SNSM ; un passionné de la mer, incroyablement dévoué, entre autre, à la cause de la sécurité et du sauvetage en mer tant il était désireux de  « rendre au monde maritime, toutes les richesses qu’il nous a apportées ». Nous sommes de tout cœur auprès de Laure ; pensons affectueusement à Arnaud, Marie et Louis ; à Philippe aussi.

 

Pour JacquesPour Jacques

Pour Jacques

Dernière halte à Terceira, joyau final de notre circumnavigation, d’où nous partirons ce dimanche 28 juin, pour revoir notre Normandie. Arrivée prévue le 6 juillet à Cherbourg, selon météo bien sûr. 

 

 

Jean-Michel : l'équipier de la dernier manche.Jean-Michel : l'équipier de la dernier manche.Jean-Michel : l'équipier de la dernier manche.

Jean-Michel : l'équipier de la dernier manche.

Cécile, dont nous regrettons qu’elle n’ait pu prolonger son voyage jusqu’à notre ultime destination, a bien voulu reprendre la plume électronique pour donner la suite de ses impressions.

Merci à elles avec nos très amicales pensées de la belle Terceira !

 

Terre,

C’est un rocher noir, volcanique comme tout l’archipel des Açores. Il apparaît à peine brumeux en cet après midi où nous touchons sa terre les jambes légèrement sonnées.

La minuscule île de Florès abrite un port tout aussi minuscule, où s’amarrent les bateaux en transat venus des caraïbes. Sur ces bateaux voyagent et vivent toutes sortes de personnes, de familles de couples. D’étranges rêves glissent sur les mers, celui de la navigation en famille semble assez usant pour … les mères. Homme à la barre, homme à la voile, femme au foyer gîtant, un quotidien avec trois enfants dans un espace ou sol et mur ont parfois à jouer l’esquive et se confondre peut même devenir inquiétant. Le luxe c’est le quart de nuit, en solo et en silence.

La terre est belle sur cette île, côte noire, pentes vert-tendre et vert-olive, hortensias sauvages en pagaille, vaches et veaux bruns au beau destin animal, les yeux au dessus de l’océan toujours, partout, village silencieux en pierre et en fleurs encore, chants de merles au dessus de nos têtes nous marchons, nous marchons, et c’est parfait.

Dans le port de Florès y a des marins oui, même des femmes marins, baroudeuses aux cheveux longs roussis de soleil et de sel, baroudeuses musiciennes aussi, yeux frangés de rides, de nuits à veiller sur le noir et de jours à les plisser sous la lumière crue.

 

Savais tu que les baleines ne dormaient que d’un cerveau, la tête en bas ?

 

Dans le port de Florès nous croisons donc des navigateurs de tous bords, tous azimuts, toute origine sociale et cette mixité pétille, la mer nous fait croire dans un monde réconciliable.

Christiane, après un bain partagé dans l’allégresse, me dit que cet océan a bon goût.

Salé à point.

Je la soupçonne de plus en plus d’avoir en une autre vie habité les eaux profondes…

 

Savais tu que les cachalots de crient pas, ne sifflent pas,  mais qu’ils cliquent et décliquent , se caressent aussi?

 

Dans le port de Florès il y a aussi un minuscule bar, une vague taverne où crie parfois une moche télé, où le café réveille quelques marins venus prendre des nouvelles du monde internet et où quelques îliens semblent avoir tout leur temps.

Nous repartons un après midi trois jours plus tard pour rejoindre Faial, à quelques 120 milles de là.

 

Savais tu que les baleines rêvaient ?

 

Faial n’est pas minuscule, tout aussi noire et découpée, face à elle se dresse un pic noir enveloppé de brume, couvercle ou anneau selon les heures.

A la pointe ouest de l’ile se dressait un phare. Un pour guider les marins. Mais un jour, la terre a tremblé, et pendant huit mois le feu et la cendre ont rendu la zone infréquentable et aveugle.

Huit mois plus tard, 3 km² d’une nouvelle terre était apparue, perchant ses coulées noires et figées bien au dessus de la lumière du phare. Lorsque nous sommes allés sur cette montagne, nous étions rares les marcheurs. Langue de caillasse et de terre noire et grise, étalé comme un dos d’une baleine géante (dixit Christiane, la femme qui peut être parle à l’oreille des baleines), plongeant ses vertiges fracassés dans une eau bleue d’un bleu sauvage et profond. Quelques plantes commencent à pousser sur cette terre toute neuve. Des griffes de sorcières en l’occurrence.

Tout en haut de la partie la plus haute la mer à perte de vue, le disque terrestre comme je l’aime, quand il coupe le souffle et nous rappelle notre dimension réel, et en bas

 

Nagent des baleines, invisibles, mais elles sont là.

 

Le lendemain, j’ai craqué, suis partie chez Hortabalaneos, petite structure dans la marina tenue par deux Açoriens passionnés de cétacés, fils et petit fils de pêcheurs de cachalots, qui emmènent par petit groupes les touristes en zones où vivent et se nourrissent baleines et dauphins.

 

Je ne savais pas à quel point elles étaient calmes, lentes, puissantes, gracieuses, immenses, émouvantes, sans autre bruit qu’un souffle.

Contrairement à nous, autres mammifères, elles ne respirent pas par réflexe, mais en conscience, en décision.

 

Les baleines méditent elles ?

 

Sur le zodiac au moteur coupé, nous garderons aussi longtemps l’immobilité au milieu d’une tribu de dauphins mêlant adultes et petits, sautant en totale synchronicité hors de l’eau, puis se séparant et se retrouvant, comme si les petits avaient comme parents toute la bande …

 

Quelques jours plus tard

Je dois quitter l’équipage d’Alioth sans pouvoir dessiner d’ex-voto sur le quai de la marina, sans pouvoir terminer avec eux leur tour du monde, avec une gratitude et un respect aussi grand qu’une baleine pour l’amie Christiane et les deux frères capitaines en alternance, taiseux mais pas seulement, je repars à terre gonflée d’énergie, de beauté de mots nouveaux, de vents fous…

Merci Team Alioth

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 15:48

Nos transatlantiques semblent résolument placées sous le signe bienfaisant des résidences artistiques : après la venue de Monsieur QQ qui a partagé notre vie sur Alioth de Dakar à Salvador de Bahia en 2010, notre amie sculptrice[1] Cécile Raynal a mis son sac à bord le 28 mai pour faire route sur Alioth de la Guadeloupe aux Açores. Quant à Jean-Michel, qui nous rejoindra à Horta -île de Faial- pour l’ultime étape, son coup de crayon et sa maîtrise du pinceau feraient le bonheur de nombre d’amateurs.

Guadeloupe : entre les îlesGuadeloupe : entre les îlesGuadeloupe : entre les îles
Guadeloupe : entre les îlesGuadeloupe : entre les îlesGuadeloupe : entre les îles

Guadeloupe : entre les îles

Notre navigation s’engage en douceur le 29 mai avec une escale sous le pain de sucre des Saintes suivie d’une halte dans la charmante baie de Deshaies, au nord ouest de Basse Terre. Il s’agit de flâner encore un peu le long des îles, de permettre à Cécile de prendre ses marques puis de la mener sans trop de brutalité en milieu hauturier.

A DeshaiesA DeshaiesA Deshaies
A DeshaiesA DeshaiesA Deshaies

A Deshaies

Notons que si notre « matelote », novice en voile et un brin convalescente, revendique un petit temps d’adaptation pour s’amariner, elle n’en aborde pas moins sa traversée avec la détermination qu’on lui connaît. La manœuvre, la navigation, la météo, tout passe au crible de son désir d’apprentissage et en peu de temps adonner/refuser, lofer/abattre, border/choquer, viennent étoffer son langage marin. Quelques jours après notre départ, la voici aux commandes d’un quart de jour ; à quelques jours de l’arrivée, la voilà prête à assumer la responsabilité d’un quart de nuit. Tout ceci sans compter une implication sans limite dans tous les ateliers du bord : deux longues journées d’atelier couture de grand-voile, une fastidieuse journée de plomberie pas spécialement racontable et de manière beaucoup plus alléchante une main experte apportée aux préparatifs culinaires.

 

Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...
Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...
Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...

Manoeuvre, formation théorique, navigation, couture J1, couture J2, plomberie...

Ces deux semaines transatlantiques nous auront permis de pousser la gastronomie du bord à son meilleur niveau. Le giraumon de Monsieur Saint-Louis, les mangues de Véronique, les bonnes recettes d’Edith -dont la confection d’un gratin de cristophines pimentée par un vingt nœuds de vent au bon plein- ont contribué à prolonger la douce atmosphère guadeloupéenne.

 

Team AliothTeam AliothTeam Alioth

Team Alioth

A proximité des AçoresA proximité des AçoresA proximité des Açores

A proximité des Açores

Grand largeGrand largeGrand large

Grand large

Le 10 juin, la ligne de pêche a jeté son dévolu sur un espadon d’une beauté saisissante. Outre l’esthétique exemplaire de l’animal, le bleu outremer de sa peau, la transparence des nageoires du même bleu intense, l’œil d’une rondeur parfaite lui-même cerclé d’un bleu lumineux ont fait chavirer les cœurs sensibles - dont je suis. Dès sa sortie de l’eau, les couleurs de l’animal se départaient de leur brillance inouïe. Chavirant au gris, elles sonnaient l’issue du dur combat dont il sortait vaincu.

Voici, en raccourci et parmi tant d’autres, un moment qui porte à réflexion sur l’avidité de nos appétits humains et sur l’étendue des droits que nous nous arrogeons sur la nature[2]. Cécile me dit que son ami Jörg, de manière quasi-rituelle, remercie avant de l’abattre l’animal qu’il a sélectionné au sein de son élevage ; moi j’aurais volontiers sollicité auprès de l’espadon un impossible pardon. Bien sûr, on félicite le pêcheur et on s’efforce de dissocier le plat délicieux qui règne dans l’assiette du spectacle de la splendeur animale piégée à l’hameçon. Et comme Dominique lui aussi y met du sien, on cherche à se réconforter dans la dégustation moelleuse de son irrésistible fondant au chocolat…

 

La bête

La bête

Au milieu de l'océanAu milieu de l'océan
Au milieu de l'océanAu milieu de l'océan

Au milieu de l'océan

Le 11 juin, nos esprits sont proches de Martine qui représente Cécile à l’inauguration par le ministère des Affaires étrangères du parc des sculptures du château de la Celle Saint-Cloud. Celui-ci accueille de grands noms de la sculpture française contemporaine dont celui de Cécile qui y a installé Persona, une œuvre réalisée en 2009 au centre de détention de Caen.  Il n’y a pas qu’en mer qu’on mesure le chemin parcouru…

 

Persona au parc des sculptures de la Celle-Saint-CloudPersona au parc des sculptures de la Celle-Saint-Cloud
Persona au parc des sculptures de la Celle-Saint-Cloud

Persona au parc des sculptures de la Celle-Saint-Cloud

Encore faut-il ajouter une précision de taille : les sargasses beaucoup moins présentes au nord qu’au sud de la Guadeloupe, ont rapidement disparu de notre paysage. Ce fut un soulagement tant pour l’agrément de notre navigation que pour les craintes que nous formulions sur le niveau de pollution de cette partie de l’Atlantique.

Dimanche 14 juin au matin nous sommes arrivés à 7h30 dans l’île la plus occidentale des Açores et cette fois nous pouvons dire que si nous n’avons pas vu Cuba nous allons faire Flores !

 

[1] www.cecileraynal.net

[1] Lire « Le règne du vivant » d’Alice Ferney -merci Catherine ! – est une intéressante façon d’aborder le sujet.

Les copines d'à bordLes copines d'à bordLes copines d'à bord
Les copines d'à bordLes copines d'à bordLes copines d'à bord

Les copines d'à bord

Cécile, en vacances de sa terre, et en résidence sur Alioth vous confie quelques impressions passagères...

Cécile, en vacances de sa terre, et en résidence sur Alioth vous confie quelques impressions passagères...

L’air est collant, la moiteur toute tropicale, le soleil violent sur la peau tout juste débarquée de Normandie. Départ de Deshaies, petit port de Basse terre ou nous sommes restés une nuit au mouillage, soirée crabe farci au dessus de la baie très calme, Christiane, Luc et Dominique détendus, à la veille du départ pour une quinzaine de jours de traversée vers les Açores. Passée la joie des retrouvailles j’ai découvert entre Pointe à Pitre et Basse terre la désagréable nausée léthargique du dénommé mal de mer. …

J’ai rejoint les amis navigateurs il y a deux jours à Pointe à Pitre. Alioth est fin paré après la réparation du pilote et de la cuisinière qui défaillait. Je ne sais à quoi m’attendre, n’ai jamais navigué que sur un cargo. Entre sommeil coriace et accoutumance à la vie du bateau je m’initie au déséquilibre et au vocabulaire des voiles, des cordages et des corps, reconnaissante aux trois équipiers pour la patience et la sollicitude qu’ils réservent à la terrienne débarquée fatiguée sur leur grand voilier.

Border, aborder, larguer, choquer, hisser, affaler,  je m’affale sous l’effet soporifique du mal de mer lofer, lover, je l’aime celui là, lover les bouts, bout au vent et vent debout, arrimée à la proue, irriguer, harangueur , non là je m’égare. Prendre un ris, une risée, pas encore cela viendra, grand voile, haubans, winches, spi, trinquette, c’est pas l’homme qui prend la mer c’est la mer … chanta l’homme ivre et désespéré, abattre, tirer des bords, foc, fog, glisser, se retenir in extremis, toujours une main pour soi, une main pour le bateau me disent les amis, j’apprends à me servir de celle ci au plus vite, drisse, écoute, border l’écoute…

Border l’écoute ! Ok, je la borde.

Je suis accueillie par un équipage bien rodé aux imprévus de cet environnement organique pour le moins instable qui me semble toujours aussi étrange, posé en lisière des astres et de l’orange bleue qui héberge nos vies minuscules à deux pattes. Au près de l’infini cosmos.

Deux pattes. C’est insuffisant sur le petit bateau qui gîte. Point de tempête ni même de gros temps, simplement l’angle de l’habituel horizontal varie de seconde en secondes, et je n’ai pas encore intégré le différentiel.

Il en faut davantage pour se déplacer du cockpit au carré, de la cuisine au tableau de bord, de l’avant à l’arrière, de bâbord à tribord, il en faut quatre, c’est moins qu’une araignée ou qu’une pieuvre mais autant qu’un gibbon, donc deux pattes et deux bras le plus long possible, aux doigts agrippant et  solides, pour : suivre la vague, le roulis, le choc possible, tanguer, amortir, passer le poids d’une jambe à l’autre, passer le plat d’un convive à l’autre ou le verre sans le verser, boire dans le verre sans soi même verser, choquer un bout sans perdre pied, passer le fil dans le chat d’une aiguille sous le vent sous la grand voile en réparation…

De ma cabine située à l’arrière, le bateau de nuit se répand en bruits intimes, intérieurs, gémissements, cliquetis, flux de l’eau, bouillonnements, bulles, grincement d’un bout choqué et roulement de winch, petite mélodie sifflotante infatigable de l’éolienne tout à l’arrière, caresse opaque de la vague juste derrière ma couchette. Parfois selon la mer et le vent, des chocs viennent interrompre l’écho primitif d’un état fœtal, le ronron d’un roulis berceur, le flottement de l’esprit avant le sommeil, et là c’est Beyrouth!  C'est-à-dire coque d’alu contre montagnes de flotte, masse devenue dure et brutale, ça sonne comme mines qui sauteraient devant au hasard dans une ville déserte.

Le jour revenu, ces rencontres entre le petit bateau et le corps de l’obscurité marine perdent leur inquiétude archaïque. Le jour revenu toujours réapparaissent les trois navigateurs et leur sérénité indéfectible, les petits déjeuners

Le jour revenu j’apprends à tenir debout avec mes quatre pattes.

Le souvenir du cargo sur lequel j’ai embarqué 3 mois s’estompe peu à peu, à mesure que le corps fait corps avec le  voilier. Le porte-conteneurs ne connait pas les sensualités ni les saute d’humeurs du petit bateau, ni sa légèreté ni ses à coups explosifs, ni sa vulnérabilité ni sa paisible poésie. Mais tous les deux doivent s’incliner et se ployer aux accords de l’air et de l’eau, sans casser, tous les deux doivent suivre les mouvements de la mer, devenir la vague.

Hier encore, beau moment tout en légèreté, quand s’est installé un vent arrière, qui nous a permis de hisser le spi, ronde voile bleue donnant au petit bateau un air de fête. La nuit mouillée est sans étoile, sans direction autre que les écrans, sans profondeur, l’immensité se réduit à un espace borné de rien d’où peut surgir n’importe quel bateau non repérable, voire tout autre fantasme. Jamais  je n’entends une plainte des trois marins du bord. Comme les vagues, imperturbables, ils continuent de confier leur fatigue et leur éventuel découragement au vent et savent qu’ici se déroule un scénario qui ne repose que sur eux et sur les caprices du ciel.

Le jour donc s’est levé sous le gris, sous une eau rafraîchie  et sur une mer en noir et blanc. Même les poissons volants se planquent.

En début d’après midi le bleu était de retour, mer belle ciel dégagé nous avons salué un petit voilier de 10m qui croisait à quelques centaine de mètres pendant qu’un cargo découpait sa silhouette à tribord, soudain nous n’étions plus seuls, il y avait foule sur cette mer. Longtemps nous avons regardé l’autre voile blanche, je suppose que longtemps sur l’autre bord les voyageurs ont fait de même, liés par la même conscience de nos fragilités réciproques dans cet infini qui peut t’avaler ou te délivrer ses splendeurs, liés en silence par la joie de voir l’autre exister aussi. Inatteignable certes mais là dans les mêmes vagues. 

Je suis de quart maintenant, remerciant Luc de me laisser une heure seule à veiller sur les écrans, nous sommes à 580 milles de Flores, belle île des Açores que nous devrions atteindre d’ici quatre jours ; nous sommes partis de la Guadeloupe il y a une dizaine de jours, Christiane me dira précisément quand, ici plus encore qu’à terre je perds le compte du temps.

Je retrouve les constellations et les masses fluorescentes du plancton qui glissent le long de la coque, trainant derrière des masses médusées. La nuit borde ses étoiles, parfois l’une se défile au dessus, parfois une autre tombe dans l’horizon noir. Être seule en mer sous la nuit étoilée, s’oublier dans la contemplation est une grâce dont on  se remet avec lenteur.

Depuis ces dix jours Luc tend ses lignes à l’arrière du bateau, en vain, Christiane prépare de véritables  festins sans autre poisson que celui fumé acheté aux Antilles.

Ce soir soudain le fil s’est tendu, rapidement  Dominique a enroulé le solent pendant que Luc enroulait sa ligne et remontait un sillage délicat, puis un aileron vif argent bleuté découpant l’eau sans une écume, une bête se précisait, élégante, bleue, longue, fine, les deux frères ont remonté un espadon magnifique de deux mètres,  qui n’en voulait pas de cet air, de ce bateau, de cette mort.

Perdant son sang il a perdu son bleu, un bleu roi sans hésitation qui s’est transformé en gris anthracite métallique, seul l’œil vert océan du poisson a conservé sa couleur et sa brillance, j’ai pensé que les poissons mourraient les yeux ouverts, comme Zénon dans L’œuvre au noir, mais ce fut une pensée bien étrange  à l’arrière du petit bateau, près de Christiane silencieuse, manifestement bouleversée par la mort en direct de cette prise qui donne à Luc seul un sourire épanoui. Plus tard, après la photo, après le découpage, nous partagerons un repas sans ogm, sans trace d’élevage de quelque forme que ce soit, en sushi et en grillade. Nous mangerons de l’espadon cru cuit frit en salade et à satiété jusqu’à notre arrivée à Florès. Nous en offrirons à l’équipage d’un catamaran en panne de gasoil en pleine mer un après midi sans vent. Gardant en tête l’œil plein d’océan qui nous regarda longuement avant de se fixer.

Mais qu’il était beau vivant.

Christiane vient de prendre son quart, la nuit est calme, je fais le point, l’inscris sur une carte, hésitant toujours un peu entre latitude et longitude, c’est idiot, récurrent, faire le point demande un long entraînement, d’autant qu’il change sans cesse. Une fois de plus, l’amie navigatrice me resitue les axes appropriés.

Enfin je la laisse sous le ciel, un de ces dômes qui nous fait croire que la paix existe sur cette planète. Que la profondeur de l’un se fait reflet de l’autre.

Après quelques jours de jeu d’esquive avec l’anticyclone des Açores, nous voilà à 400 milles de Florès, la première île où nous souhaitons mouiller trois jours, la plus à l’ouest de l’archipel. Vent de 13 nœuds, Alioth  vogue à 7 nœuds. Tout est bleu de nouveau, enfuis les cauchemars des premiers jours, le gâteau d’anniversaire de Christiane concocté avec soin par Dominique augure d’une soirée très douce, je vais donc illico préparer de l’espadon à la créole, selon une recette de la cuistote qui fête aujourd’hui un âge de cachalote ! Il me semble que le cachalot est le comble de la classe comme animal totem pour la grande dame qui à la fois tient ce blog à jour depuis huit ans, tient avec les deux frères la barre du grand voilier de jour comme de nuit, par tous les temps, tient le bleu du cordon culinaire en toutes circonstances, tient la bonne humeur à jour tel un cap existentiel, tient une bibliothèque à disposition des hôtes du bord, dans laquelle je viens de piocher un bijou d’intelligence, de colère, de sensibilité et d’incitation à l’action écrit par Alice Ferney qui fait dire à un certain Magnus Wallace: avant de revenir dans la chambre de mon enfance, dans la maison de ma mère à K, j’ai vu le monde. J’ai couru les océans sans loi, ces pâturages liquides pour lesquels je n’étais pas fabriqué. Je ne m’y trompais pas, l’homme appartient à la terre, les eaux vivantes n’ont pas besoin de lui. J’avais pourtant besoin d’elles, comme on désire l’éternité au lieu de la mort, le ciel au lieu de l’enfermement, et sentir au lieu de penser…

La suite est splendide, lumineuse, généreuse, sauvage et… révoltante comme le sort fait aux espèces vivantes aujourd’hui par notre civilisation si globalement assassine.

Cette nuit j’ai pris mon premier quart en solo, étrangement le vent tombé à 10 nœuds depuis quelques jours a terminé sa chute au lever du jour, me laissant fort désemparée sur le petit bateau flottant immobile, à chercher un souffle autour à insuffler aux voiles. Seule une houle ample et quelques poissons volants dans la lumière fragile m’ont confirmé l’inanité de ma quête. Point de vent, point de souffle, juste une infime brise annonciatrice d’une matinée paisible, et n’étant ni fille d’Eole ni sirène, je n’ai su qu’attendre le capitaine Dominique qui à 6 heures, aussitôt levé a mis le moteur en marche, histoire de remettre un sillage à l’arrière du grand voilier.

Deux jours plus tard se profile l’archipel par la lueur d’un phare et celle plus féroce de chaluts éclairés. Christiane m’indique les codes de repérages de la position des bateaux de nuit par leur couleur : rouge sur rouge , rien ne bouge, vert sur vert tout est clair, on dirait une ritournelle, suis pas certaine que les chaluts aient le sens chromatique avisé. Mais bientôt la terre, ses lacs intérieurs, ses fleurs ses oiseaux, ses hommes et ses volcans éteints…

… Les voix des sirènes

 

 

 

 

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 20:51
A Pointe à Pitre, l'esprit de Honfleur et celui de Florence ArthaudA Pointe à Pitre, l'esprit de Honfleur et celui de Florence Arthaud

A Pointe à Pitre, l'esprit de Honfleur et celui de Florence Arthaud

Voici trois semaines qu’Alioth séjourne à la marina de Pointe à Pitre, après avoir abandonné tout espoir d’aborder les rivages des îles voisines. Le puzzle des réparations et livraisons enferré dans le dédale des longs week-ends de ce joli mois de mai à la française a en effet rapidement eu raison de nos projets de sortie vers les Saintes et Marie Galante.  Dominique en a justement profité pour prendre une dizaine de jours de grand air en métropole dans l’attente d’un départ des Antilles pressenti pour le 29 mai.

 

A Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John PerseA Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John PerseA Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John Perse
A Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John PerseA Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John PerseA Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John Perse

A Pointe à Pitre - Immeubles et musée Saint John Perse

Cette station un peu forcée aurait pu se faire longue d’autant que le temps est chaud et humide à la marina de Bas du Fort. La proximité entre les bateaux s’y mesure à l’épaisseur de la défense dans une ambiance animée en cette période où les uns descendent vers le sud pour fuir le risque de cyclones alors que d’autres, dont nous sommes, préparent leur retour vers les Açores et la vieille Europe.

 

Beautés tropicalesBeautés tropicalesBeautés tropicales
Beautés tropicalesBeautés tropicalesBeautés tropicales

Beautés tropicales

Mais nos disponibilités temporelles se faisant généreuses, nous  savourons le merveilleux accueil de nos cousins Christiane et Arnaud nichés dans un petit paradis de verdure tropicale caressé par la brise rafraîchissante des hauteurs de Saint-Claude (Basse-Terre). Nous immisçant sans scrupule dans leurs emplois du temps étoffés de créatrice-cheffe d’entreprise et de radiologue public-privé-Basse-Terre-Grande-Terre, nous aurons usé et abusé de leur hospitalité durant trois longs week-ends placés sous le signe de la culture, de la musique, du tourisme, de la plongée, de la marche, des baignades et de la gastronomie : ti-punch et boudins antillais, poissons et langoustes grillées, sans oublier les spécialités d’Edith au nombre desquelles la daurade créole, les gratins de christophines… et le fameux colombo autour duquel nous avons joyeusement célébré le mariage des petits cousins Anne et Louis-Marie à quelque soixante degrés de longitude des festivités officielles.

Tandis que je me familiarise avec la cuisine créole auprès d’Edith qui fait mourir[2] ses petits légumes au fond de la cocotte, Luc, sous l’œil averti de Monsieur Saint-Louis, affronte la végétation tropicale machette à la main. En bref, nous voici tombés sous le charme inédit d’une escale placée sous les bonheurs conjugués du bateau de plaisance et de la maison de vacances familiale...

 

En compagnie d'Edith et de Monsieur Saint-LouisEn compagnie d'Edith et de Monsieur Saint-Louis

En compagnie d'Edith et de Monsieur Saint-Louis

Les bulles dans la piscine et dans la piscine à bullesLes bulles dans la piscine et dans la piscine à bulles

Les bulles dans la piscine et dans la piscine à bulles

Un petit coin de paradisUn petit coin de paradisUn petit coin de paradis
Un petit coin de paradis

Un petit coin de paradis

Ces journées de loisir nous ont offert le plaisir de découvrir les talents de Claire, harpiste (et ancienne vice-championne du monde de 420 !) et de Raymond, guitariste. De retour d’une série de concerts en Haïti, ils font une courte halte chez Christiane et Arnaud sur leur route vers la métropole -avant un nouveau départ pour le Brésil. Bonheur des rencontres de passage, plaisir des notes égrenées entre deux valises et espoir de l’audition d’un vrai concert un jour, quelque part, au hasard des voyages et des calendriers.

 

En compagnie de Claire et de RaymondEn compagnie de Claire et de Raymond

En compagnie de Claire et de Raymond

Arnaud a su, lui aussi, nous réjouir de belles heures musicales : guitare en solo à domicile ou répétition en groupe, ou encore concert de son mentor au Bar sans nom sur la marina de Rivière-Sens. Après ces prémisses prometteuses, nous manquerons de peu et avec grand regret le concert donné par les Spitfaya[3], dans le même lieu le 29 mai au soir… Côté musique, Christiane n’a pas été de reste et m’a embarquée sans résistance et à deux reprises au cours de chant animé par Guenaëlle. Voici une expérience qui m’a fait naître des envies de création d’un petit groupe barfleurais du même acabit (avis aux amatrices et amateurs du Val de Saire !).  La scène nationale de l’Artchipel (Basse-Terre) nous a enfin envoûtés de ses « Musiciennes en Guadeloupe », un grand festival de voix et de musiciennes caribéennes, et époustouflés à l’occasion de la performance remarquable de la chorégraphe, Catherine Dénécy, qui dans «Mi-chaud, Mi-froid», dresse un portrait oh combien énergique de la grande figure politique locale, ex-ministre de la francophonie, Lucette Michaux-Chevry.

 

Heures musicalesHeures musicales
Heures musicalesHeures musicales

Heures musicales

Pour me faire politiquement plus correcte que dans l’article précédent, je n’oublierai pas de souligner la venue très officielle du président Hollande et de sa suite, le 10 mai 2015, à l’occasion de l’inauguration du Mémorial ACTe, bâtiment aussi ambitieux qu’élégant  érigé dans l’avant-port de Point à Pitre. Si, du cockpit du bateau, nous bénéficions du spectacle du feu d’artifice qui clôture brillamment la journée d’inauguration, nous regrettons de ne pouvoir accéder aux expositions de ce splendide espace dédié à la mémoire de l’esclavage : compte-tenu de sérieux retards de construction, ses portes n’ouvriront qu’au mois de juillet. Après un tour du monde dont la quasi-totalité des escales fut marquée par ce douloureux sujet, nous aurions apprécié une visite qui se présentait comme un point d’orgue historique à notre cheminement. Dans l’île, la réalisation de ce magnifique projet n’est pas sans susciter de nombreux débats, certains s’agaçant d’un investissement de 83 millions d’euros totalement inapte à résoudre les problèmes d’alimentation en eau potable qui frappent un grand nombre des habitants de l’île.

 

 

Le dos du Mémorial encore très peu accessible

Le dos du Mémorial encore très peu accessible

Arnaud et Christiane nous auront chacun fait l’honneur de venir saluer Alioth qui, faute d’avoir pu tirer quelques bords en chœur, en fut fort honoré. Le 26 mai Dominique rentre de métropole et le 27, grand jour de commémoration de l'abolition de l’esclavage en Guadeloupe, c’est notre amie Cécile qui nous rejoint pour nous accompagner jusqu’aux Açores. Non pour sculpter les Hommes d’équipage comme elle l’a fait sur un cargo de la CMA-CGM il y a quelques années, mais pour revisiter la route des Antilles à la voile et tester les plaisirs de la navigation. Gageons que les conditions météorologiques et nautiques lui permettront de profiter au mieux de cette expérience.

 

 

L'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- BananeraieL'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- Bananeraie
L'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- BananeraieL'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- Bananeraie
L'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- BananeraieL'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- Bananeraie

L'université de Saint Claude - Flamboyant - La pointe de la Vigie- Bananeraie

Car, fait inhabituel, nous ne partirons pas, cette fois-ci, sans quelques préoccupations. Les informations que nous recueillons sur le phénomène des algues jaunes, dites sargasses, sont en effet inquiétantes. Un skipper récemment arrivé d’Europe, nous a dit avoir été bloqué par une nappe de trois mètres d’épaisseur et avoir mis trente heures à s’en dégager… Tous ses systèmes électroniques sont à cette occasion tombés en panne. L’H2S dégagé par les algues en décomposition, non contente d’intoxiquer les humains, corrode en effet très sérieusement le cuivre et l’or dont les circuits électroniques sont abondamment composés.

Aux Antilles, l’inquiétude croit de jour en jour face à la montée du phénomène et en Guadeloupe, les plages de la côte est sont submergées d’algues en décomposition aux odeurs nauséabondes. La faune et la flore marines sont très sérieusement menacées et, la semaine passée, les plages de Gosier et de Sainte Anne ont été fermées. C’est dire à quel point l’activité touristique de l’île est en situation d’alerte majeure.  Et comme les ennuis s'annoncent rarement seuls, le paysage est encombré d’une épaisse brume de sable venue du Sahara qui irrite les yeux et empoussière tout sur son passage. Ce phénomène d’une ampleur inhabituelle qui a marqué toute la dernière semaine de notre remontée, n’en finit pas de prolonger ses effets nocifs sur la population des îles.

 

 

En famille aux AntillesEn famille aux Antilles
En famille aux AntillesEn famille aux AntillesEn famille aux Antilles
En famille aux AntillesEn famille aux Antilles

En famille aux Antilles

Pour conclure, nous aurions aimé évoquer les nombreux amis de Christiane et Arnaud que nous avons eu le plaisir de rencontrer au cours de nos séjours mais la place nous manque pour toutes et tous les citer. En les remerciant des bons moments que nous avons pu partager, nous leur disons très amicalement « A dans d’autres soleils ! » en métropole ou aux Antilles, selon.

 

[1] Au-revoir (jolie expression créole que nous devons à  Arnaud)

[2] Faire revenir en créole

[3] Nom du groupe d’Arnaud - FAYA pour Fred, André, Yannick et Arnaud

 

 

 

Et puisque vous êtes nombreux à apprécier les dessins et peintures de Monsieur QQ, j’ai le plaisir de vous informer que mon cher neveu, co-auteur d'Alioth, du rêve à l'Atlantique sud, expose à Rennes début juin.

S7 9 – A dans d’autres soleils ![1]S7 9 – A dans d’autres soleils ![1]
S7 9 – A dans d’autres soleils ![1]

PS : Celles et ceux qui suivent assidûment le blog, n’auront pas de difficulté à identifier au moins l’un de ces trois personnages.

Who are they ? and what are they drinking ?

Who are they ? and what are they drinking ?

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 16:35

L’océan  s’ouvre à nous pour la seconde partie de cette longue remontée-traversée d’un total de 5500 milles qui doit maintenant nous conduire de Sainte Hélène à la Guadeloupe sur 3850 milles. Départ est donné le 11 avril à 18h avec le sentiment d’avoir, en si peu de temps, tissé un lien fort avec cette petite île si touchante de son si grand isolement du reste du monde.

 

Le petit port de Saint James (Sainte-Hélène) vu du haut de la falaise

Le petit port de Saint James (Sainte-Hélène) vu du haut de la falaise

L’Atlantique a ses bonnes surprises en ce que la vie animale y est beaucoup plus riche que dans l’Indien ou le Pacifique. Un couple de baleines au souffle si caractéristique se manifestera à proximité du bateau par de larges tourbillons et, quelques jours plus tard, nous nous trouverons étonnamment encerclés par un banc d’orques indolents -une centaine ?  Oiseaux et poissons volants -ces derniers, véritables projectiles, nous percutant parfois rudement dans leur course aveugle- nous assurent de leur présence quasi quotidienne. Un couple de pétrels nous accompagne sur plusieurs jours et  s’héberge la nuit sur le pont d’Alioth transformé en aire de repos. Des chasses de poisson par les dauphins offrent des moments de lutte spectaculaires et Luc, qui n’est pas de reste dans le clan des prédateurs, réussit à prélever sa part aux flots en extrayant un nouveau thon rouge dont la photo est de rigueur. La nuit, le ciel étoilé chavire au-dessus de nos têtes et alors que la Croix du Sud n’est pas loin de nous quitter sur bâbord arrière, la Grande Ourse et la brillante Alioth semblent nous indiquer notre route sur tribord avant.

 

Triste fin de poisson volant

Triste fin de poisson volant

Le plus beau sourire de Luc

Le plus beau sourire de Luc

Banc d'orques

Banc d'orques

Hébergement nocturne

Hébergement nocturne

Le dimanche 19 avril, nous laissons l’île de l’Ascension sur notre droite. Sur ses 91km² vivent 1100 résidents, citoyens britanniques engagés dans les services de câblage sous-marins ou  expatriés américains qui exploitent  la station d’observation établie là par la NASA. Puis, ce seront successivement l’île de Fernando de Noronha (auréolée des bons souvenirs de l’année 2010 !), et les rochers de Saint Paul et Saint Pierre, que nous laisserons à bâbord. Après cinq années d’hémisphère sud, nous refranchissons  l’équateur pour croiser peu de temps après notre propre route aller, point qui sonne la véritable fin géographique de notre tour du monde.

 

Souvenir, souvenir : l'équipage de la course Refeno (Recife-Fernando de Noronha) 2010 Souvenir, souvenir : l'équipage de la course Refeno (Recife-Fernando de Noronha) 2010

Souvenir, souvenir : l'équipage de la course Refeno (Recife-Fernando de Noronha) 2010

Lendemain de fête

Lendemain de fête

Petit embrouillamini de spi

Petit embrouillamini de spi

Il nous a fallu bien sûr affronter « les embarras bien connus des zones équatoriales[1] ». Le fameux « Poteau noir » cher à Grégoire, alias Monsieur QQ,  nous attend avec ses vents erratiques, ses orages et ses grains, sur un mode néanmoins moins capricieux que sur notre chemin aller. Cette fois les ciels se font plus ternes, les levers et couchers de soleil perdent toute flamboyance : ambiance retour sans doute.
 

Alioth entre deux continents

Alioth entre deux continents

Le "poteau noir" d'après Monsieur QQ

Le "poteau noir" d'après Monsieur QQ

Coucher de soleil (un des rares un peu lumineux)

Coucher de soleil (un des rares un peu lumineux)

 

Sur ce fond climatique malgré tout atypique, deux évènements viennent troubler notre navigation. Le 20 avril, le pilote automatique tombe en panne alors qu’il nous reste… 2500 milles à parcourir. Dominique, assisté de Luc, fait preuve d’une implication de tout premier ordre pour tenter de résoudre le problème en vérifiant, connexions, circuits électriques, fonctionnement du vérin. Au bout de quatre demi-journées de travaux, chaudes et inconfortables, assistées au téléphone, samedi et dimanche compris, par les fournisseurs NKE et Lecomble & Schmitt, le coupable est identifié en la personne du calculateur qui fera l’objet d’un transfert vers la métropole dès notre arrivée à Pointe-à-Pitre. En conclusion, nos heures de quart, poursuivies au rythme de trois heures chacun, se transforment en heures de barre ininterrompues, de jour comme de nuit jusqu’à l’escale guadeloupéenne.

 

Pas facile, facile, l'accès au pilote

Pas facile, facile, l'accès au pilote

 

Le soir de l’arrêt du pilote, en vue d’éviter les ennuis de la navigation vent arrière, nous tentons un dispositif de voilure suggéré par Patrick Eliès -Eglantine- lors de notre rencontre à La Réunion. Nous croisons ainsi  solent et gennaker, grand-voile affalée. Le bateau passe sans encombre d’une panne sur l’autre, cap sur cap, et, vaille que vaille, nous entamons à bonne allure notre première nuit de pilotage manuel, la lune accrochée au tangon et la barre de flèche dardée vers le bouclier d’Orion.

 

Voiles croisées

Voiles croisées

La panne de pilote se complique avec l'émergence d'un évènement environnemental étonnant et… déplaisant. A deux ou trois jours de l’équateur et jusqu’à la Guadeloupe -soit un total de 20° de latitude-  d’immenses bancs d’algues entravent notre navigation. L’ampleur du phénomène est ahurissante et tout à fait inattendue. Sous forme d’énormes tapis qu’il nous faut contourner, ou d’immenses rubans dorés qu’il faut sectionner, ou encore de touffes semi-immergées, ils ralentissent notre progression,  perturbent notre système de barre, nous obligent à des arrêts bout au vent fréquents (et bruyants ce qui ne facilite pas le sommeil !) pour débarrasser les safrans. Il faut dire qu’avec sa quille centrale et ses deux safrans latéraux, Alioth, côté dessous, offre à cette flore envahissante un râteau de tout premier ordre.   L’hydro-générateur doit quant à lui être maintenu hors d’eau ce qui affecte notre production électrique et, sanction suprême, Luc, sauf à encombrer ses lignes de quantité de salades exotiques, doit suspendre la pêche, privant l’équipage de la dorade coryphène tant convoitée.

 

 

Pas une petite affaire l'algue jaune !Pas une petite affaire l'algue jaune !Pas une petite affaire l'algue jaune !
Pas une petite affaire l'algue jaune !Pas une petite affaire l'algue jaune !

Pas une petite affaire l'algue jaune !

A ceci s’ajoutent, loi inévitable des longs parcours,  quelques casses et pannes qui apportent leur lot de petits tracas à la vie quotidienne. La rupture du point d’amure du gennaker le 2 mai au soir n’est pas la moindre et avec notre belle voile d’avant c’est un nœud à un nœud et demi de moyenne qui part en drapeau.

 

Nous nous adaptons à ce rythme un peu exigeant en organisant au mieux nos temps de vie individuels et collectifs. Heureusement les alizés du nord-est de 20 – 25 nœuds s’établissent assez vite et nous poursuivons notre route avec bonne humeur et détermination.  Dominique s’est accaparé le record du quart le plus exécrable (grains, vent…) et, outre ses qualités de chef pâtissier, se fait le roi de la boulange. Luc s’est abimé une côte ce qui ne l’empêche pas le 4 mai au matin de jeter une ligne entre deux bancs d’algues, invitant dame coryphène, accompagnée de son collier de petits légumes, à faire enfin son entrée en scène. Quant à moi qui craignais le manque d’exercice physique de ces longues semaines, le stage de remise en forme est bien au-delà de toute espérance. Rien n’étant plus pratique qu’une bonne théorie, je profite par ailleurs de ce temps d’exercice de longue durée pour solliciter de mes coachs régatiers quelques conseils destinés à affiner mon coup de barre.

 

A la barre, à chacun sa tenue, selon les conditions météo ! A la barre, à chacun sa tenue, selon les conditions météo ! A la barre, à chacun sa tenue, selon les conditions météo !

A la barre, à chacun sa tenue, selon les conditions météo !

Côté pêche et côté cuisine.
Côté pêche et côté cuisine.

Côté pêche et côté cuisine.

Nous n’oublions pas Laurent B. qui devait partager notre route en pensant qu’au moins tous ces petits ennuis lui auront été épargnés…

 

Le 5 mai nous nous trouvons à la latitude de Sainte-Lucie. Nous aurions  aimé virer le cap Moule à Chique, prendre le mouillage d’Ortac et grimper en haut de la falaise où Catherine et Fred ont aménagé un petit paradis. Mais nos calendriers sont malheureusement discordants et la visite se fera à une autre occasion que nous ne manquerons pas de provoquer.

 

Au large de Sainte Lucie

Au large de Sainte Lucie

 

Nos deux dernières journées se feront un peu « rock’n roll » sous spi et sur vagues croisées de vent arrière mais l’arrivée par la pointe des Châteaux est calme et superbe. A notre grand étonnement, nous arrivons à Pointe à Pitre la veille du jour prévu et c’est le 7 mai  en fin d’après-midi que nous nous amarrons au ponton visiteurs  de la marina de Bas du Fort. Une douche abondamment délicieuse, des ti'punch à volonté, un agréable dîner à terre au restaurant « La route du rhum » précèdent une nuit sans quart ni barre qui nous plonge dans un sommeil profond et réparateur.

 

Terre !

Terre !

Face à l’adversité, il nous faut abandonner l’idée un peu ambitieuse de remonter jusqu’à Cuba pour nous consacrer à nos travaux à Pointe-à-Pitre. Ce sera l’occasion de flâner un peu entre les Saintes et Marie-Galante et de profiter de la proximité de nos cousins Christiane et Arnaud qui habitent Basse-Terre depuis de nombreuses années. Fin mai, notre amie Cécile nous rejoindra et nous entamerons alors notre traversée vers les Açores.

 

Bon week-end du 8 mai en vous le souhaitant aussi ensoleillé que le nôtre.

 

 

PS : nous apprenons à notre arrivée que les algues jaunes qui ont envahi l’Atlantique seraient celles qui, jusqu’alors contenues par le courant de la mer des Sargasses, se sont trouvées dispersées à la suite de l'atténuation de ce dernier. Elles sont de nature pélagique, c'est à dire qu'elles prolifèrent au large. Cette invasion, qui remonterait au-delà de la Floride, est très préoccupante pour tous les territoires concernés. Un sommet des pays Caraïbes a lieu la semaine prochaine en Guadeloupe et ce point est un des tout premiers à l’ordre du jour. François Hollande en sera : voici raison d'être optimiste sur la résolution du problème.

 

 

[1] Selon les termes d’Alexandre George Findley dans « Memoir of the Northern Atlantic Ocean » publié au XIXème siècle, véritable encyclopédie des systèmes de vent de l’Atlantique Nord.

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 15:08

Le 31 mars au soir, au Royal Cape Yacht Club, nous accueillons Tim[1] au milieu du déballage des courses d’approvisionnement à peine embarquées. Il est âgé, Tim, et passablement cassé par un demi-siècle de rugby de compétition, mais il réussit à se hisser courageusement à bord et nous discutons avec plaisir autour d’une de nos dernières bouteilles de vin français. Doté du précieux flacon de calvados -de chez Gosselin- amené par Dominique, il s’émeut encore qu’une rencontre de hasard dans les montagnes perdues de Groenfontein lui ait valu une livraison si improbable.

[1] Cf article S7 4

Le Cap de Bonne Espérance

Le Cap de Bonne Espérance

Le Royal Cape Yacht Club

Le Royal Cape Yacht Club

La régate des Seniors au RCYC : le doyen des skippers a 104 ans !

La régate des Seniors au RCYC : le doyen des skippers a 104 ans !

Le 1er avril au matin, les derniers petits travaux s’achèvent à bord grâce à l’efficacité de l’équipe d’Action Yachting. Saluts chaleureux aux acteurs de ce club, si accueillants et performants. Au-revoir et à bientôt peut-être à Alibi, Yovo et Excalibur qui, en attente d’un moteur pour les uns, d’une météo plus avenante pour l’autre, vont prendre respectivement leur route pour la Namibie et pour Sainte-Hélène. Au passage, un merci tout spécial à Armelle (Alibi) qui a bien voulu se défaire de son stock de levure pour pallier mon oubli de la veille au supermarché. A 13h nous effectuons le plein de fuel et à 13h30 nous quittons les bassins du Cap en esquissant au passage une petite manœuvre d’homme à la mer à l’adresse d’une défense fugitive.

Très vite la montagne de la Table s’estompe dans la brume, l’île de Robben Island défile à tribord et, en deux à trois heures de temps, nous voici replongés dans la grande solitude marine. 1700 milles, soit une dizaine de jours de mer, s’offrent à nous d’ici le mouillage de l’île de Sainte-Hélène. Un vent de sud-est 25 nœuds nous accompagnera durant une semaine placée sous l’influence du courant froid de Benguela et sous un ciel à la couverture plutôt ombrageuse. 

Dernière vue sur Table Mountain

Dernière vue sur Table Mountain

La vie à bord reprend ses droits dans toute sa simplicité et sa fluidité. Le vent tonique mais stable et le rythme des quarts à trois nous autorisent de grands moments de liberté. La lecture est encore très sud-africaine et les petits évènements se fêtent : les 40000 milles de notre Alioth, le franchissement du méridien de Greenwich avec ses petits airs de retour à la maison, les fêtes pascales gratifiées d’un gâteau-au-chocolat-de-Dominique…

Tout va bien à bord mais le bateau sans problème est un bateau en situation précaire… et après quelques jours de tranquillité nous sommes amenés, bien malgré nous, à faire appel de manière répétée à notre service maintenance.

Le dimanche 5 avril, le jour de Pâques qui plus est, la pompe des toilettes de la cabine avant joue des siennes (comme quoi, en mer, les préoccupations restent parfois très terre à terre). En quelques minutes, le service plomberie est là, équipé de la pièce de rechange ad hoc et prêt à consacrer quatre heures de beau soleil à opérer les fastidieuses contorsions exigées par la réparation du mécanisme.

Le mardi l’attache de la chaise de la table à cartes, mal réparée au Cap,  casse à nouveau donnant à Luc l’occasion de rejouer le scénario du vol plané de Guillaume (novembre dernier), dans une version heureusement beaucoup moins violente. Là aussi quatre heures de réflexion et d’exécution seront nécessaires pour réparer la précieuse assise, la version table à cartes en mode prie-Dieu restant une option un peu trop aléatoire.

Version chaise (photo dédiée à Guillaume)

Version chaise (photo dédiée à Guillaume)

Version prie-Dieu

Version prie-Dieu

Le mercredi, le vent a molli, et nous trouvons enfin l’opportunité d’envoyer notre nouveau spi. A peine avons-nous félicité le nouveau venu de la qualité de ses atours que la drisse casse en tête de mât nous obligeant à brasser au plus vite, et heureusement sans dégât, les 160m² de toile tombés à la mer. Retour au bon vieux temps, on croise solent et trinquette qui joueront un duo très appréciable tout au long de la nuit.

Nouveau spi

Nouveau spi

Duo de solent et trinquette

Duo de solent et trinquette

Le jeudi matin, une alarme de la centrale de navigation se déclenche inopinément à 5h30. Le bip-bip est lancinant mais dès 6h, le service électronique est sur place et en une demi-heure de temps fait le nécessaire pour détecter la panne et débrancher la sonnerie. Mais la journée se veut décidément grincheuse : au lever du jour la grand-voile se révèle décousue sur une longueur de 2m50. L’équipe voilerie est immédiatement sur pied pour procéder à l’affalage et consacrer deux bonnes paires d’heures à recoudre le lais, au rythme de deux points par centimètre… 

Et un point à l'envers, et un point à l'endroit

Et un point à l'envers, et un point à l'endroit

Réparation de la drisse

Réparation de la drisse

Le vent est tombé ;  le bateau, « en vrac », bouchonne piteusement sur l’eau au milieu de nulle part mais on reconnaîtra que ce grand calme nous aura pour le moins offert des conditions d’intervention confortables. Encore faut-il, en fin d’après-midi, réinstaller la grand voile, plier le spi rentré en bouchon la veille pour le réenfiler dans sa chaussette, puis réparer la drisse qui exige pour le technicien de service une station un peu prolongée en haut du mât. A 19h, le  tout est rangé et l’apéritif est, plus que jamais, le bienvenu. Sans doute faudra-t-il réfléchir d’ici peu aux moyens de faire labelliser notre service entretien par une certification jugée  bien méritée...

Saluons les fous de Bassan qui ont longuement et noblement accompagné notre départ, la malheureuse tortue empêtrée dans un filet de pêche et végétant sans grand espoir de survie à la surface de l’eau, les dauphins qui nous ont offert en soirée exceptionnelle, le jour de Pâques, un incroyable spectacle de chasse de poissons. Nous n’oublierons pas de signaler  la sortie de l’eau par Luc du-plus-beau-thon-de-sa-carrière. L’animal nous fera… sept repas… sans en perdre une miette. Quant aux poissons volants, ils nous confirment sur les derniers jours, au cas où la température, le GPS et la couleur du ciel n’y auraient pas suffi, notre retour en zone tropicale.

Luc et son plus beau sourire...

Luc et son plus beau sourire...

Le samedi 11 avril au matin au fur et à mesure que se profilent les contours du rocher de Saint-Hélène, se dégage le sentiment toujours un peu grisant des arrivées en terra incognita. L’île, tout à la fois massive et découpée, se laisse longer par sa côte est et c’est juste à la tombée de la nuit que deux jeunes navigatrices viennent fort aimablement nous aider à attraper notre coffre.

Sud de l'île de Sainte-Hélène

Sud de l'île de Sainte-Hélène

Arrivée au mouillage

Arrivée au mouillage

Fortifications sous la pointe du Pain de Sucre

Fortifications sous la pointe du Pain de Sucre

Un petit mot pour Lolo qui aurait dû être à nos côtés. Sa bonne humeur marine nous manque et chaque jour nous prive de la note personnalisée qu’il aurait apporté à la vie du bord. Nous pensons tout particulièrement à lui et vous adressons nos amitiés à toutes et à tous.

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 11:26

Dominique est arrivé à bord, Alioth est retourné à l'eau, les travaux sont terminés : le départ c'est demain et pas plus tard car le vent menace sur le Sud durant le week-end et il sera plus confortable de prendre un peu de distance d'ici là. Si le coeur vous en dit, nous vous accueillons avec plaisir sur notre route grâce au lien avec la balise de "tracking" :

http://www.stw.fr/localisation/show-position-bateau.cfm?user_id=29041

Quant à celles et ceux qui seraient tentés de prendre le relais de l'aventure à partir de juillet, le site concocté par Dominique peut leur donner toutes les informations souhaitées :

www.vente-alioth.com

Excellent week-end de Paques !

Le team Alioth

S7 5 - Cap Nord
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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 09:58

Notre séjour en Afrique du Sud se résume à dix jours de tranquille remise en route à la marina V&A Waterfront, dix jours de tourisme dans la province de Western Cape et dix jours de travaux et de préparation de départ au Royal Cape Yacht Club.

Nous sommes actuellement dans la dernière phase de notre vie sud-africaine : la période de carénage nous a valu quelques émotions (poids limite du bateau pour la grue et longueur limite pour le terre-plein, aggravés d’une pratique locale du just in time qui frise l’exercice de style…). La station sur ber n’est pas du meilleur confort pour notre cher Alioth qui, piquant un peu du nez et gîtant légèrement sur tribord, se fait de plus harceler par les williwaws dévalant en chute libre des hauteurs de la montagne de la Table. Mais, pour la sortie sur le terre-plein, l’équipe du RCYC, qui enregistrait là son record de grutage, a exécuté sa mission avec beaucoup de compétence et d’application. La voilerie North Sails a, de son côté, produit un excellent travail : spi flambant neuf et garde robe entièrement révisée. Le Cap est le lieu où se refaire faire une toilette sur la route du tour du monde. Enfin, pour la faire courte sur ce sujet répétitif, grand bien nous a pris de faire faire le carénage par une entreprise locale car la coque, couverte d’envahissantes berniques, a nécessité de longues heures de karcher et de ponceuse électrique.

Côté tourisme, nous nous sommes très agréablement laissé guider par un programme tout spécialement concocté par Elisabeth et Jean-François que nous avions eu le plaisir de retrouver au Cap l’an dernier. Au gré des jours, se sont enchaînés randonnées ardues et douceurs de la route des vins, paysages tourmentés et jardins enchanteurs, manoirs huguenots et townships, vue côté mer ou côté montagne, sans oublier un hommage au grand Bartelemo Dias, découvreur du Cap des Tempêtes/’Espérance. Diversité, découverte et rencontres furent au rendez-vous et d’étape en étape, nous n’étions plus si éloignés de Port Elizabeth qui fut notre port d’entrée en novembre dernier.

Ce périple, enrichi de littérature locale,  nous a permis de progresser dans notre appréhension de l’univers sud africain qui ne cesse de nous troubler par ses extrêmes, ses blocages et sa complexité. Une revendication de rentrée universitaire apparemment symbolique -la demande par les étudiants de l’Université de CapeTown de la suppression du campus de la statue de Cecil Rhodes- a pris en quelques jours une ampleur considérable et gagné l’ensemble des universités du pays. Le corps professoral s’est joint au mouvement étudiant pour que cesse la ségrégation rampante ressentie au quotidien par le monde de l’enseignement supérieur. L’apartheid a changé de champ : sorti du contexte politique, il poursuit sa course sous forme d’une différentiation sociale extrêmement marquée et nous ne pouvons que souhaiter un avenir meilleur à ce peuple qui mérite d’autres horizons.

Côté bateaux, le RCYC, qui souffre un peu de son éloignement du centre ville, offre en revanche une vraie vie de club. Surprise : nous y rencontrons Francine et François (Yovo) et Armelle et Jean-Pierre (Alibi, un bateau qui a connu les quais du port du Havre) après avoir, quelques jours plus tôt, fait connaissance en touristes lambda sur la lagune de Knysna. L’admiraler Corum fait la fierté du club mais c’est aux confins des montagnes que nous avons rencontré Darty, un de ses copropriétaires au CV nautique tout à fait impressionnant. C’est aussi dans ce lieu hors du monde, à Groenfontein, que nous avons fait connaissance de Tim, un amoureux de calvados, auquel nous avons promis d’ici peu, grâce à la complicité logistique de Dominique, un petit flacon de notre bon nectar normand. Ici, comme partout ailleurs, les amis de nos amis sont nos amis et, samedi, nous devrions passer la soirée avec Louise et Peter des amis sud-africains d’Anne et Alain (Uhambo) qui ont eux-mêmes vécu au Cap durant plusieurs années. Et puisque nous parlons d’eux, précisons qu’Anne et Alain partiront en principe à la mi-avril de Nouvelle-Zélande pour le Vanuatu dont nous avons appris avec tristesse qu’il avait été très durement frappé par le cyclone Pam[1] il y a quelques semaines.

Dominique qui semble boucler en France un programme chargé, nous rejoindra à bord le 29 mars.  Il aura le plaisir de participer à la remise à l’eau qui, prévue ce jour,  a été reportée à lundi matin pour cause de vents de 35 noeuds.  

Un peu de déception dans ce départ maintenant très proche puisque nous espérions depuis de longs mois la compagnie de notre « vieil » ami Laurent B. du Cap à la Guadeloupe. Mais les petites mesquineries de la vie, toujours si productives en contraintes et obligations, ont eu raison de son désir de rejoindre Alioth. Nous regretterons tant l’excellent marin que le bon compagnon de route… et reprendrons à trois notre cheminement nautique qui devrait nous guider, dans un premier temps, vers Sainte-Hélène.

Sous réserve que le bateau soit prêt et que le temps le permette, le 1er avril devrait nous projeter out of Africa.

 

 

 

 

[1] Anne m’a appris qu’à la suite de revendications féministes, les noms de cyclones jusqu’alors exclusivement féminins sont dorénavant alternativement masculins et féminins. Je salue la justesse de cette mesure tout en pensant que les champs de l’égalité sont décidément incommensurables.

NB : la prise en main du blog sur sa nouvelle plate-forme se fait un peu à tâtons... L'imbrication des photos dans le texte est plus compliquée qu'avant : j'ai donc séparé les deux mais essaierai de mieux faire la prochaine fois...

Un spi tout neuf et toujours tout bleu. Livraison des voiles.
Un spi tout neuf et toujours tout bleu. Livraison des voiles.
Un spi tout neuf et toujours tout bleu. Livraison des voiles.

Un spi tout neuf et toujours tout bleu. Livraison des voiles.

Maison de type Cape Dutch - Domaines Vergelegen et Boschendal
Maison de type Cape Dutch - Domaines Vergelegen et Boschendal
Maison de type Cape Dutch - Domaines Vergelegen et Boschendal

Maison de type Cape Dutch - Domaines Vergelegen et Boschendal

Déjeuners, balades et tenues de rêve...
Déjeuners, balades et tenues de rêve...
Déjeuners, balades et tenues de rêve...

Déjeuners, balades et tenues de rêve...

A chacun sa devise.
A chacun sa devise.
A chacun sa devise.

A chacun sa devise.

Monument en l'honneur des Huguenots (Franschoek) - Vendanges et vignification
Monument en l'honneur des Huguenots (Franschoek) - Vendanges et vignification
Monument en l'honneur des Huguenots (Franschoek) - Vendanges et vignification

Monument en l'honneur des Huguenots (Franschoek) - Vendanges et vignification

Babouins et pingouins si humains et autruches en fanfreluches.
Babouins et pingouins si humains et autruches en fanfreluches.
Babouins et pingouins si humains et autruches en fanfreluches.

Babouins et pingouins si humains et autruches en fanfreluches.

S7 - Out of Africa
S7 - Out of Africa
S7 - Out of Africa
Protea. la fleur nationale - Luc le jardinier
Protea. la fleur nationale - Luc le jardinier
Protea. la fleur nationale - Luc le jardinier

Protea. la fleur nationale - Luc le jardinier

A chacun son Alioth sur la côte sauvage.
A chacun son Alioth sur la côte sauvage.A chacun son Alioth sur la côte sauvage.

A chacun son Alioth sur la côte sauvage.

Au township de Knysna
Au township de Knysna
Au township de Knysna

Au township de Knysna

Une adoption bien provisoire - Luc en Bartolomeo Dias
Une adoption bien provisoire - Luc en Bartolomeo Dias
Une adoption bien provisoire - Luc en Bartolomeo Dias

Une adoption bien provisoire - Luc en Bartolomeo Dias

Au jardin botanique
Au jardin botanique
Au jardin botanique

Au jardin botanique

Sculpture sud africaine
Sculpture sud africaine
Sculpture sud africaine

Sculpture sud africaine

Sortie de l'eau au RCYC
Sortie de l'eau au RCYC
Sortie de l'eau au RCYC

Sortie de l'eau au RCYC

Corum -  Neptune veille sur le RCYC - Alibi en attente désespérée de moteur
Corum -  Neptune veille sur le RCYC - Alibi en attente désespérée de moteur
Corum -  Neptune veille sur le RCYC - Alibi en attente désespérée de moteur

Corum - Neptune veille sur le RCYC - Alibi en attente désespérée de moteur

Les jolies maisons colorées du quartier malais du Cap
Les jolies maisons colorées du quartier malais du Cap
Les jolies maisons colorées du quartier malais du Cap

Les jolies maisons colorées du quartier malais du Cap

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