28 décembre – Welcome on board !
Joyeuses retrouvailles à l’autre bout du monde. Au role du nouvel équipage, Zabou et Laurent, atterris le jour même de Paris, et Arnaud, revenu détrempé de sa randonnée dans le Tongariro. Pour fêter l’évènement, dîner de gala composé d’un red snapper, le poisson fétiche des néo-zélandais, et de cerises des vergers kiwis pour épater les nordistes.
29 décembre – Auckland, visite express
Voici une veille de départ qui se vit en accéléré : toilettage aux bains-douches de Tepid Baths (une vraie première pour Zabou !) , capuccino sur les bassins de Viaduct Harbour, visite au Sailor’s Corner avec achat d’une rafale de Crocs dernière tendance -à chacun ses crocs Madame ou ses crocs Monsieur-, derniers préparatifs nautiques, visite au musée maritime et dernier pot à terre… avant quelque temps.
Crocs, nouvelle collection, fabrication chinoise of course
30 décembre – Passage du Horn
Lever matinal et temps maussade. Le gardien de la marina, originaire de Poole (GB), qui nous considère en voisins depuis qu’il nous sait venus du Havre, nous rejoint à bord pour le petit déjeuner. Viaduct Harbour lève son pont en guise de grand au-revoir au son de la petite sirène qui a bercé notre séjour. Zabou n’est pas au mieux de sa forme durant la traversée qui nous mène à l’île de Great Barrier mais elle reprend bonne figure sous le soleil qui nous accueille dans le splendide décor de la baie de Kaiarara. Au passage, notre franchissement du Horn est une grande satisfaction, tant pour Arnaud qui avait manqué le Horn chilien que pour Zabou qui voit là un enrichissement considérable de son CV nautique.
Passage du Horn
31 décembre – Echos de Marseillaise à Great Barrier
Nous nous faisons un point d’honneur à clôturer l’année par une baignade en eau fraîche. En début de soirée, une centaine de bateaux occupent la baie mais le mouillage ne s’anime qu’à minuit : lumières, musique, feux d’artifice, pour replonger très rapidement dans un calme absolu. Laurent ressert par trois fois une Marseillaise qui ne manque pas d’attirer des néo-zélandais francophiles sur notre bord. Ils sont fort sympathiques mais il nous faudra un peu de persuasion pour les inciter à rejoindre leur annexe vers deux heures du matin.
1er janvier – Montée dans les nuages
Après les festivités du nouvel an, le réveil à 7h du matin est un peu difficile et le temps est couvert. Mais nous nous tenons à notre projet de monter au mont Hobson (679m) réputé exigeant pour les mollets. La végétation de l’île est constituée d’une forêt primaire époustouflante. Au bout de deux heures de marche nous nous arrêtons au Kaori Dam, un des grands barrages en bois du torrent qui permettait d’acheminer les kaoris[1] jusqu’à la mer.
Kaori
Nous poursuivons jusqu’au sommet équipé d’un bon millier de marches pour arriver sous la pluie et dans un brouillard à 360°. Nous regrettons que Laurent ait abandonné la partie au Kaori Dam car pour une fois il aurait eu une bonne et vraie raison de râler. Ambiance grosse fatigue au retour…. mais la journée n’est pas tout à fait finie. La météo, annonciatrice de vents favorables, nous incite en effet à partir le soir même, après quelques heures de repos.
2 janvier – Le thon c’est bon
Départ à minuit sous brise légère et vent portant. Au petit matin le temps est superbe : il est vrai que nous sommes un jour pair et que, selon nos observations attentives, il fait beau un jour sur deux dans cette région nord de Nouvelle-Zélande. Laurent et Luc triomphent au petit matin au son du moulinet qui révèle la présence d’un superbe thon rouge. Non, non Dominique NOUS N’ETIONS PAS ENCORE DANS LES LIMITES DE LA RESERVE DES ILES POOR KNIGHTS !!! Petit déjeuner au soleil dans le cockpit au milieu des îles et visite de la grotte où l’annexe danse au rythme de la houle du Pacifique. Nous jetons l’ancre un peu plus au nord dans la baie des baleiniers à Whangamumu et le soir dégustons la pêche du jour, préparé cru à la polynésienne. Il s’accompagne du dernier côte de Beaune blanc de la cave du bord promis par Luc pour « son » premier thon mais nous vaudra, posterieusement à la mise en ligne de cet article, un petit mot de notre ami Armel, nous reprochant que la protection du thon rouge soit le dernier de nos sushis...
Laurent à la barre... du banc de barre
Zabou à la barre.... sous voile
Zabou et Arnaud à l'envoi du spi
3 janvier – Des ris dans la grand-voile
Effets Venturi à la sortie de la baie de Whangamumu et passage du Cap Brett sous grand soleil. Mouillage à Paradise Bay dans l’après-midi.
Le matelot Arnaud sous gennaker
Le matelot Arnaud en haut du mat
4 janvier – Paradise day at Paradise Bay
Circuit pédestre autour de l’île sous un soleil resplendissant. Vues exceptionnelles sur la Bay of Islands, labyrinthes de verdure, entrelacs de terre et de mer, calanques vertigineuses, vestiges de Pas, les sites de défense maoris situés sur les sommets des collines. Mais le paradis n’est pas tout à fait parfait puisque nous manquons d’y perdre Zabou sur le chemin du retour…
Et pourtant, elle semble attentive à sa route
5 janvier – Rendez-vous dans un lieu de perdition
Mouillage d’Alioth devant Russel où s’organisent branchements wi-fi, visites de l’église, du musée, de la mission Pompallier, mais aussi un magnifique déjeuner -bis repetita placent, vivent les équipiers !- au Duke of Marlborough, ce fameux restaurant de l’ancienne capitale Maori qui fut en son temps le plus grand bordel du Pacifique…
6 janvier – When I’m sixty-four
Destination Whangaroa, à 35 milles au nord de Bay of Islands. Encore un lieu inattendu, une baie placée sous la haute protection de son entrée étroite et de ses falaises élevées, un site de pêche et d’élevage d’huîtres. Mais les Néo-Zélandais semblent peu consommateurs de ce fruit de mer si apprécié des français puisque la serveuse du Luke’s café au Marlin Hotel nous déclare qu’ici on ne vend pas d’huîtres et qu’en tout état de cause, il suffit de les ramasser sur les rochers.
Le soir festivités de l’anniversaire de Laurent au son de la chanson des Beattles « When I’am sixty four », une année très particulière où il aura le bonheur de vivre deux étés et de porter les célèbres chaussettes rouges labellisées Peter Blake.
64 ans dont 45 d'une belle amitié
7 janvier – Sur les chemins de Saint-Paul
Ascension du petit mont Saint Paul (267M) qui, de sa forme en pain de sucre, offre une vue remarquable sur un dédale de baies et de bras de mer. Le soir, visite inattendue sur notre bord d’un conchyliculteur français et d’un éleveur d’huîtres locales qui nous offrent quatre douzaines d’huîtres qui font notre bonheur (ou plus exactement celui de Laurent et le mien qui sommes les seuls amateurs). Nous apprenons à cette occasion que les Kiwis apprécient fort peu les produits de l’ostréiculture et que 95% de la production sont exportés, vers l’Australie essentiellement.
8 janvier – Chaud-froid de poissons
Lors de notre redescente sous spi de Whangaroa vers Bay of Islands, Arnaud et Luc sortent fièrement et concomitamment deux Kahawai, fort combattifs. Nous sommes alors aux îles Cavalli, zone où a été coulé le Rainbow Warrior pour créer un vivier artificiel : pour nous, français de passage, voici un appréciable retour d’un bien sinistre épisode.
Superbes Kahawais : Hawai signifie paradis en polynésien
Le soir une petite pensée pour Dominique et pour le 8 janvier 2010, date de notre « grand départ » de Cherbourg. Quatre ans déjà ! En festivité, un Kahawai version poisson chaud, qui nous divertit agréablement du morne mouillage de Kerikeri où nous avons jeté l’ancre.
9 janvier – Retour en lieu de perdition…
Revenus à Russel, nous ne résistons pas, malgré la vague et le vent qui tentent de compromettre notre traversée en annexe, au plaisir de retourner dîner au Duke of Marlborough. T-Bone et agneau confit sont un véritable régal dans ce salon cosy et chargé de mémoire, ce trou maudit du Pacifique, exhorté à la moralité par les maristes lyonnais et devenu de nos jours un lieu gastronomique réputé.
Nous ne pouvons passer sous silence, le Kahawai version poisson froid qui a fait notre déjeuner et l’acquisition par Arnaud d’un maillot de bain aux couleurs maoris assorti à son jeu de cartes, raffinement rare pour un marin, qui plus est moscovite.
10 janvier – The very end
Départ le matin même de Russel pour un retour programmé vers le chantier d’Opua. Nous sommes le vendredi et il nous reste une demi-journée, le week-end arrivant, pour faire la chasse aux prestataires. Défi relevé.
11 & 12 janvier – Désarmement
Deux journées au rythme très intense. Maintenance, nettoyage, préparation des travaux d’hivernage. Arnaud, entre autres, se fait spécialiste du démontage de la GV et se forme à la mécanique sous la conduite de Luc, notre chef de chantier ; Laurent est au nettoyage et à la technique, Zabou et Christiane se consacrent au ménage. En deux jours Alioth est « nickel » et nous sommes tous fiers du travail accompli.
13 janvier – Mise à sec
Alioth fait sa sortie de l’eau en douceur, par un petit matin tranquille qui accentue le spleen de fin de croisière ressenti par l’équipage.
14 janvier – On plie bagage
Zabou, Laurent et Arnaud profitent du dernier petit moment libre qui leur reste pour visiter le site de Whaitangi où fut signé, le 6 février 1848, le traité entre Anglais et Maoris. Pendant ce temps, Luc et moi bouclons sacs et bateau. Seule ombre au tableau, Luc se force la cheville dans des travaux de manutention et il repart du chantier le soir avec une marche un peu difficile.
15 janvier – Retour à Auckland
Départ le 15 au matin par bus pour Auckland (4h de route). Arnaud s’envole l’après-midi même pour Moscou, sans enthousiasme pour la chute des 40° C qui l’attend à l’arrivée. Nous nous séparerons avec regret de notre jeune matelot et le 16 janvier, nous partirons à quatre vers le sud, d’Auckland à Queenstown, à l’occasion d’un voyage de terriens alternant train, ferry, voiture et randonnées.
Conclusion d’une jolie croisière et d’une belle saison ! Ces quinze jours de navigation auront été marqués par l’instabilité du climat néo-zélandais, les parties de whist qui font rage à bord, la pêche au triple succès, les superbes journées en mer et les somptueuses randonnées à terre, les 'Voyages en absurdie' de Stephane de Groodt qui nous ont valu de franches parties de rigolade (merci Natacha et Alexis !). On pourrait par ailleurs écrire un article spécial « Lolo et Nono sont sur un bateau »… et saluer l’intrépide Arnaud qui a su, durant plus de deux semaines, supporter les quatre seniors que nous sommes.
Nous apprenons par voie de presse qu'un terrible cyclone s'est abattu sur les îles Hapai au nord des Tonga et que des vents de 280km/h ont tout detruit sur leur passage. Sur un autre registre, la presse néo-zélandaise, très friande des faits divers, se gausse allègrement du Président des français qui, sur le plan international, cumulerait les erreurs de protocole et qui, sur le terrain national, jouerait les jeunes premiers auprès d’une actrice française qui semble avoir soigné la mise en scène. Nous voici tristement rappelés à une ambiance quelque peu oubliée vers laquelle nous replongerons, avec plaisir mais pour d’autres raisons, tout début février.
Zabou & Christiane
PS : les photos sont sur l’abumS5 5 - Nouvelle Zélande 3
[1] Arbre endémique néo-zélandais au bois très dur et au tronc très droit. Matériau traditionnel des Maoris dans la fabrication des pirogues, il fut exploité si intensément par les britanniques que l'arbre est actuellement protegé dans le cadre d'un plan de sauvegarde intensif.