Notre semaine d’escale à Opua s’est déroulée aussi agréablement qu’efficacement.
Nous sommes tout d’abord soulagés de l’arrivée de Anne et Alain qui, de mer, nous avaient informés d’un bien mauvais moment à bord. A 300 milles de la côte néo-zélandaise, le hublot de coque sous le vent, au près et par 18 nœuds, s’est en effet décollé provoquant une entrée d’eau dans le carré au niveau de la table à cartes. Le hublot symétrique à tribord commençait de son côté à tirer sa révérence… Heureusement l’accident s’est produit de jour, en fin de matinée, et Anne et Alain ont su maîtriser la situation avec tout le talent marin et technique qu’on leur connaît. Une fois arrivés à terre, il leur reste à gérer déclarations, réparations et récupération. Par chance, la plate-forme technique d’Opua est de tout premier rang et on pourrait féliciter Huambo (Huamblo ?) d’avoir su intelligemment choisir le moment de cette petite défaillance.
Nous partageons sur le territoire de la marina quelques cafés, moments apéritifs ou dînatoires en compagnie non seulement d’Anne et Alain mais aussi de Catherine et Marc (Jason) et Sylvie et Rémi (Belissima) dont nous sommes très heureux de faire la connaissance. Nul besoin de préciser que chaque équipage passe ses hublots à l’inspection… mais qu’Alioth ne donne, sur ce point, aucun sujet d’inquiétude.
Dominique et Luc prennent durant la semaine tous les contacts techniques nécessaires à l’entretien du bateau : voilier, gréeur, électricien, électronicien, mécanicien… et procèdent aux travaux du moment. Entre deux nous faisons une escapade à Waitangi, lieu majeur de mémoire de la Nouvelle-Zélande, où fut signé le traité qui, le 6 février 1840, donna la souveraineté du « pays du grand nuage blanc » à la Grande-Bretagne. Le voisinage géographique du logis de l’émissaire britannique et de la maison commune Maori laisse imaginer les abysses d’incompréhension qui devaient présider aux échanges entre les deux peuples, il y a de cela un siècle et demi.
Demeure du représentant officiel de la Grande-Bretagne
où Anne est la seule pièce à ne pas être d'époque
Maison commune Maorie
Détail important, le Père Noël est passé avant l’heure et une canne à pêche est venue enrichir le coffre à jouets de Luc (ou plus exactement notre cabine de douche). Pour l’instant, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances mais peut-être faudra-t-il attendre le 25 décembre pour que le cadeau se montre totalement opérationnel.
La semaine passe bien vite et le samedi 16 novembre nous accueillons avec bonheur les enfants de Dominique -Vincent, Alexis, Natacha et Vadim (4 ans)- qui viennent partager une semaine de la vie du bord.
Nous voici dans la perspective d’une courte mais très agréable croisière côtière qui prend son départ dans les îles de la Bay of Islands. Notre jeune moussaillon aime les spectacles de dauphins, les cailloux et les coquillages, mais aussi les promenades à terre où il s’avère un remarquable marcheur. S’il apporte beaucoup de créativité dans la rédaction de son journal de bord Vadim, après une rencontre terrestre émouvante avec un gastéropode, décide de limiter son registre de chant à un titre exclusif : « Petit escargot, porte sur son dos sa maisonnette… ».
Le paysage est grandiose, vu de mer et vu de terre et, si le vent est absent, nous avons la chance, à quelques exceptions près, que le soleil soit des nôtres. Le lundi, nous passons le Cap Brett et sa célèbre arche qui nous rappelle son homologue d’Etretat, pour découvrir, quelques milles plus loin, dans la baie de Whangamumu, un ancien site d’exploitation des baleines : treuillage, dépeçage, fonte de la graisse pour la fabrication du savon, cuisson des os et de la viande pour celle de l’engrais.
Courte escale sans mouillage aux Poor Knights, une réserve située un peu au large regroupant un ensemble d’îlots où le débarquement n’est pas autorisé. La plongée y est réputée mais l’eau est encore fraîche et nous manquons de courage pour nous immerger. Un peu plus au sud, magnifique mouillage sur l’île de Kawau devant la très belle demeure de Mansion House, logis d’un haut responsable néo-zélandais épris de botanique qui au milieu du XIXième siècle a créé un parc de toute beauté à proximité d’une mine de cuivre sous-marine dont la cheminée se dresse encore sur le rivage.
Mansion House
Les petits incidents émaillant les grandes croisières, la redescente de la quille peine à s’effectuer à la sortie de la Bay of Islands et il faudra deux heures de travaux, l’appui efficace d’Alexis et l’utilisation de la « chèvre », un tout nouvel équipement récemment mis à bord, pour résoudre le problème lié à l’installation du nouveau bout de quille. Le guindeau, quant à lui, se met en grève nous obligeant à terminer la semaine sur l’ancre de secours.
Rien de tel qu’une petite navigation de nuit -entre Poor Knights et Kawau- pour intensifier les souvenirs. De façon inespérée, le vent se lève dans la soirée. Le quart des filles -Natacha et Christiane- marche bon train sous 20 nœuds de vent et les garçons -Alexis et Dominique dans un premier temps, Vincent et Luc dans un second temps- n’auront de cesse de freiner le bateau pour ménager une arrivée au lever du jour.
Entrée de haut standing dans la baie d’Auckland où nous régatons avec Vertigo, un splendide voilier américain, et croisons Fly Emirates, un des bateaux compétiteurs de la Coupe de l’America. Auckland est un site nautique à couper le souffle et notre Alioth ressemble, ici, au petit autorisé à venir jouer dans la cour des grands.
Pour conclure notre séjour Vincent, le chef étoilé du bord, nous cuisine un thon aux petits légumes à l’asiatique dont nous garderons longuement le souvenir. Après un court temps de visite d’Auckland, Dominique et les siens s’envolent le samedi 23 pour l’île du sud avant de regagner Paris le 2 décembre.
Comme nous l’avions envisagé, Catherine, Fred et Gérard viennent nous rendre visite à bord avant de décoller le vendredi 22 novembre mais seule Catherine pourra prendre son envol, en tenue d’été et avec son seul sac à mains. Durant notre déjeuner, le camping-car a été cambriolé et Fred et Gérard privés de leurs papiers sont contraints de prolonger leur séjour. Il est vrai que Gérard avait consigné sur le livre bord d’Alioth « Séjour trop bref »… et que selon le dicton britannique, un peu dévoyé pour la circonstance « There is no free lunch »…
Alioth vous salue d'Auckland !
PS : Les photos sont sur l'album S5 3 - Nouvelle Zélande 1 (au passage un grand merci à Fred qui a bien voulu coacher ma gestion photographique un peu déficiente)