Le kiwi fait à tel point partie de l’identité néo-zélandaise et se décline de tant de manières qu’il nous a semblé, une fois les fêtes passées, un sujet éventuel d’intérêt et de distraction pour vos longues soirées d’hiver.
Le kiwi oiseau
Honneur à celui par lequel tout a commencé. Le premier né des oiseaux de Nouvelle-Zélande, le kiwi, appartient à la famille des Emu d’Australie. Espèce endémique, il constitue une singularité biologique. Son évolution l’a mené vers toutes sortes de records biologiques et en fait un animal plus proche des mammifères que des oiseaux.
Ce non-oiseau qui se donne des airs d’oiseau a en effet la peau coriace comme du cuir de chaussure, des plumes fines comme des cheveux, des moustaches de chat pour l’aide au déplacement, de lourds os emplis de moelle, des pattes très musclées, une griffe de chat à l’extrémité de chacune de ses ailes primitives, une température plus basse que celles des autres oiseaux, des coussinets charnus sous les pattes, un bec porteur de narines à son extrémité. Pour compléter le tout, le kiwi construit des terriers où la femelle, pourtant dotée de deux ovaires fonctionnelles, dépose un ou deux œufs annuels que le mâle couve pendant 72 à 84 jours. L’œuf, énorme, donne naissance à un oisillon totalement mature, couvert de ses plumes définitives et indépendant. Le kiwi semble ainsi être au monde des oiseaux ce que l’ornithorynque est au monde des mammifères.
Le kiwi vit de nuit. Il produit des sifflets de façon répétée et des appels gutturaux. Il possède un bon odorat ce qui est une qualité rare pour un oiseau. Il fait preuve aussi de bonnes qualités de vue et d’audition. Il se nourrit de vers qu’il va chercher profondément en terre grâce à son long bec, d’insectes et de baies rouges tombées au sol.
Dans la tradition Maori, le kiwi est le fils aîné de Tane, dieu de la forêt. Compte-tenu de cette croyance et de la proximité du peuple néo-zélandais avec Tane, les kiwis oiseaux sont considérés comme les protecteurs de la population. Les kiwis sont une icône nationale… en voie de disparition. Leur nombre est en effet tombé à 50 000 unités et une intense campagne de protection vise à permettre leur développement. Furets, belettes mais aussi rats, chats et chiens sont leurs prédateurs naturels. Un récent article du Herald évoquait, photo à l’appui, la situation d’un malheureux kiwi opéré à la suite d’une morsure de chien. Le lendemain, le Herald faisait part de son décès.
Sachant que peu de néo-zélandais peuvent se targuer d’avoir vu un kiwi dans son milieu naturel, nous avons pris le moyen le plus commun d’aborder l’animal en nous présentant à la maison du kiwi d’Otorohanga qui s’affiche fièrement comme « le meilleur endroit en Nouvelle-Zélande pour voir un kiwi ». La publicité n’a rien de mensonger : le lieu possède un kiwi, et un seul, dans la pénombre artificielle propice aux visites de jour. C’est une femelle de 2,5kg répondant au nom d’Atu ce qui signifie Autre en Maori. Atu est de la race la plus commune, le kiwi brun, sachant qu’existent deux autres grandes variétés de kiwis : le grand kiwi tacheté et le petit kiwi tacheté.
Le kiwi fruit
La deuxième place sur le podium revient au fruit emblématique du pays. La ville de Te Puke située à 200km d’Auckland se déclare la capitale mondiale du kiwi. Cernée par des milliers d’hectares de vergers exploités par des milliers de producteurs, il semble qu’elle le soit en effet. La culture du précieux fruit est à la base d’une industrie qui pèse plus d’un milliard de dollars NZ chaque année en exportations. Bénéficiant de la qualité du climat et des sols volcaniques, les arbres à kiwis s’épanouissent à l’horizontale sur d’immenses réseaux de fils métalliques situés à 1m50 du sol. Les exploitations sont protégées du vent par de très hautes haies de conifères qui fournissent un effet de serre.
Le kiwi, si généreusement contributif à l’économie de son pays, vient pourtant de bien loin. Les néo-zélandais le doivent à Mary Isabel Fraser, une institutrice, qui, en 1904, revint d’une visite faite à sa sœur missionnaire en Chine, chargée d’une poignée de graines d’un fruit exotique, la groseille à maquereau chinoise. Elle les confia à un pépiniériste de Wanganui, Alexander Allison, auquel, quelque temps plus tard, un pépiniériste réputé d’Avondale, Hayward Wright, acheta une caisse de groseilles chinoises à partir desquelles il développa le kiwi fruit, qui devint rapidement la source d’une nouvelle fierté néo-zélandaise.
Le kiwi habitant
Sous le signe de ce double symbole animal et horticole, les néo-zélandais s’attribuent à eux-mêmes le nom de kiwis. Comme le kiwi oiseau et le kiwi fruit, la population kiwi est elle-même très hybride. Si on dénombre depuis peu 4,5 millions de néo-zélandais, ce qui est bien peu pour la taille du pays, 213 groupes ethniques ont été répertoriés sur le territoire alors que la planète ne compte que 196 pays. Une récente étude montre par ailleurs que la population augmente de 1 personne toutes les 7mn42s sur la base de :
- Une naissance toutes les 8mn
- Une mort toutes les 17mn 53s
- Un nouveau migrant toutes les 14mn 20s
Je n’ai bien sûr rien vérifié de tout cela, mais on compte qu’à ce rythme il y aura plus de 5 millions d’habitants en 2026. Le record de progression revient malgré tout au bétail (ovins, bovins, biches, lamas) dont on compte actuellement 6,6 millions de têtes soit 1,5 tête par habitant.
Sur fond bi-culturel (maori et britannique) le monde kiwi a évolué sur un mode très multiculturel. Outre la très grande diversité des résidents issus de tous les pays d’Europe, on croise bien sûr grand nombre d’indiens et d’asiatiques. En se promenant dans le centre d’Auckland, on peut assister en quelques minutes à une démonstration chinoise de Falun Dafa, rencontrer un défilé d’adeptes de Krishna avant de croiser quelques femmes voilées très en contraste avec les néo-zélandaises qui aiment les tenues légères. Les jeunes français ne sont pas de reste et on ne compte pas un café ou un restaurant qui n’ait à son service quelque résident de notre beau pays.
Kiwis en procession
Une appellation qui ne date pas d'hier !
Côté Alioth, tout va bien. Arnaud est arrivé à bord le 24 décembre au petit matin ce qui nous a permis de fêter Noël en famille. Nous sommes grimpés le 25 au Mont-Eden qui offre une vue à 360° sur les baies qui cernent Auckland.
Le Père Noël est venu à bord chargé d'une délicieuse vodka russe...
(on t'en garde Dominique !)
Arnaud est parti ce matin en bus pour le centre de l’île afin de parcourir demain le « Tongariro Alpine Crossing » une splendide randonnée volcanique que nous avons eu le plaisir de découvrir lors de notre voyage dans l’île nord. Le temps est frais pour la saison et les températures bien inférieures à celles que nous avons connues en novembre mais nous espérons que l’été va revenir pour l’arrivée de Laurent et Zabou et pour notre navigation de la première quinzaine de janvier.
Nous apprenons en ce 26 décembre que tempêtes et pluies ont sévèrement atteint la France et la Grande Bretagne. Nous espérons qu'elles vous ont épargnés et que vous avez passé une chaleureuse journée de Noël.
PS : des photos de notre voyage dans l’île nord ont été rajoutées sur l’album « S5 4 – Nouvelle Zélande 2 » grâce à l’aide d’Arnaud qui a su récupérer des photos que nous croyions perdues.
[1] Sources : Herald, le grand quotidien néo-zélandais, et différentes informations collectées au cours de notre périple.