Quelques jours de découverte de la très belle île de Moorea, des bains à volonté, une rencontre internationale prévue de longue date avec Sue et Alan, couple anglais ami de nos amis Sabine et Gérard en cours de tour du monde sur leur flambant Oyster « Sulana », et nous prenons tous les cinq la direction de Tahiti et du port de Papeete, destination finale de notre traversée.
Catherine et François, entre pliage de bagages et nettoyage du bateau s’évadent pour une escapade au cœur de l’île. Tout laisse à penser que, dans quelques mois, ils pourraient bien reprendre le chemin d’une Polynésie dont ils n’ont que trop peu profité.
Le 14 mai au soir, chassé croisé à l’aéroport de Papeete où Catherine et François disparaissent derrière la porte des départs avant qu’Elisabeth ne sorte, quelques minutes plus tard, le sas des arrivées. Après la longue et parfois éprouvante traversée du Pacifique, c’est une ambiance grandes vacances qui s’annonce au cœur de l’archipel des Iles de la Société* entre Iles du Vent (Tahiti et Moorea) à l’est et Iles sous le Vent à l’ouest, au programme desquelles Huahine et Maupiti, les authentiques, Bora-Bora, la mythique, Raiatea, la sacrée, Tahaa, sa belle et sauvage voisine.
Notre découverte de Tahiti se limite dans un premier temps à la ville de Papeete, ses petits restau-roulottes sur le quai, ses yachts ambiance défiscalisation, sa cathédrale très coloniale, son hôtel de ville de style deauvillais, son marché de petits producteurs locaux, son exposition de « tifaifai », les élégantes nappes à dessins botaniques, harmonieuse évolution des « patchworks » enseignés aux Tahitiennes par les premiers colons britanniques.
Avec consternation, nous apprenons à notre arrivée à Papeete la disparition en mer de Jean, le skipper solitaire de Steven, qui avait quitté Valparaiso deux jours avant nous et qui a connu des problèmes de pilote automatique 750 milles avant son arrivée à l’île de Pâques. N’ayant pu réparer, il est reparti et s’est épuisé sous les mauvais coups de vent qui se sont succédés sur cette période. Son bateau a été retrouvé sans personne à bord au large des Gambier et cette nouvelle est un choc dans le petit monde des navigateurs.
A Tahiti, nous retrouvons l’ambiance électorale. Le 17 mai, Gaston Flosse, 81 ans, grand ami de Jacques Chirac (donateur de généreux subsides en échange de la prorogation des essais nucléaires dans le Pacifique sud), un passé sulfureux et plusieurs condamnations à son actif, retrouve son fauteuil à la présidence de la Polynésie française. Il est membre du parti orange indépendantiste, favorable au rattachement à la France, dont le leader à l’assemblée est son propre gendre Edouard Fritch. Car ici tout est dans la nuance, c’est le parti des autonomistes, les socialistes proches d’Oscar Temaru, le président sortant, qui, sous l’emblème de son pavillon bleu ciel et blanc, prône une sortie de la Polynésie du giron métropolitain. Au point que Temaru, s’il a perdu les élections le 17 mai, a connu une grande victoire le même jour en réussissant à faire inscrire la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes de l’ONU. A la grande stupeur des votants, il se trouvait à New York le jour des élections. Histoire(s) à suivre…
De la belle Huahine, nous retiendrons le charme d’une petite île qui se refuse à jouer à fond la carte touristique. Là nous achetons poisson et légumes sur le quai, Luc plonge avec les requins gris (pas très impressionnants, paraît-il), nous mouillons dans le sud du lagon dans le cadre idyllique de la baie d’Avea et à l’occasion d’un tour de l’île nous alternons visite des Marae** et snorkeling à la suite d’un déjeuner traditionnel polynésien Chez Tara qui restera un grand souvenir.
Cuisson dans le four traditionnel "Chez Tara"
Marae
Bora-Bora est un peu l’île de la déception. Si les couleurs du lagon sont plus extraordinaires ici que partout ailleurs, si le tour de l’île à vélo permet de se refaire les mollets sous les hauts sommets de l’île et de découvrir un minuscule musée de jolies maquettes marines, l’envahissement des hôtels de luxe construits sur un modèle standard de paillottes sur pilotis sature l’atmosphère. Le navigateur Alain Gerbault***, ardent défenseur des Polynésiens et farouche combattant du régime imposé par la colonisation française, doit plus que jamais maugréer dans sa tombe de Bora-Bora face aux développements inconsidérés de ce paradis détruit.
Maquette du bateau d'Alain Gerbault
Musée de la marine de Bora-Bora
Bonne nouvelle, après une longue période de doute, le pied de Dominique s'améliore.
Nos deux dernières semaines seront consacrées aux îles de Maupiti, Tahaa et Raiatea où nous laisserons le bateau au sec avant d’effectuer une escale estivale en métropole du 12 juin au 6 septembre.
Exceptionnellement, grâce au « Yacht Club » de Bora-bora nous avons pu bénéficier d’une bonne connexion : les photos correspondant à cet article sont sur S4-9 Iles de la Société.
Nana !
*Nom donné par les premiers occupants britanniques issus d’une Société missionnaire protestante
** Marae : lieu de culte polynésien
***Lire ‘Un paradis se meurt’ d’Alain Gerbault.