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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 19:50

Valpo a le charme suranné de ces villes portuaires qui ont trop vécu, abandonnant à d’autres l’essentiel d’un trafic maritime sensible aux exigences de la modernisation. Ingrate, la Marine elle-même, abandonnera d’ici peu, ce site historique désormais jugé insuffisamment protégé. La baie, siège de tant d’échanges, de conflits et de soulèvements, a le calme modeste et assuré de celles qui se savent parmi les plus belles au monde. Côté ville, on se réjouit des envolées d’escaliers, des rues mal pavées qui se font tour à tour côtes ou descentes, des ascenseurs, des habitations colorées toutes de bois et de tôle ondulée. Une atmosphère subtile et indescriptible qui se propage comme une vague entre les ondulations des quarante deux cerros, ces collines où les maisons s’imbriquent comme autant de belvédères au regard tourné vers la mer.  Un lieu où on se dit « j’y suis » tant est grand le plaisir de se sentir y être et y vivre des moments privilégiés. Le tout gravement troublé par un incendie criminel qui, dans la nuit du 14 février, ravage 150 maisons et dépossède plus d’un millier de personnes de tous leurs biens. La grande voisine de Viňa del Mar est une immense station balnéaire très prisée, tout en contraste avec le laisser-aller de la besogneuse Valpo.

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La côte abonde en escarpements rocheux sur lesquelles explosent en effervescences les vagues émeraude du Pacifique. Un spectacle saisissant qui, observé des micros, ces petits bus qui nous transportent jusqu’à Valpo, gagne encore en splendeur à l’heure du soleil couchant.  Le Club de Yates de Higuerillas est un beau club de voiliers où 25 beaux bateaux de course se préparent pour la régate de 800 milles qui partira le 20 février vers l’île de Robinson Crusoé. Un accueil très ouvert nous est réservé par nos voisins de ponton qui nous offrent leur aide et nous invitent aux festivités de la soirée de présentation de la régate. Les marineros ne cessent de laver et rincer ponts et voiles ; les propriétaires qui arrivent en week-end s’étonnent de ces français qui bricolent par eux-mêmes… et le dimanche en plus. Le wi-fi ne marche pas mais l’ordinateur des socios est gentiment mis à notre disposition, sous réserve de disponibilité... Le club de bon standing s’étend sous les immeubles de vacances qui peuplent les surplombs de la colline. Goélands et pélicans sont installés à demeure alors qu’un couple de perroquets bleus, très civilisé et infiniment amoureux, fait au club une apparition  inattendue. Les bains de mer se font vite bain de soleil et bain de foule dans les longs rouleaux du Pacifique. Les écoles d’Optimist et de kayak des jeunes vacanciers évoluent dans des conditions météorologiques à faire pâlir d’envie leurs petits homologues normands…

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Nous visitons les trois maisons idylliques -la Sebastiana (Valparaiso), la Chascona (Santiago) et Isla Negra (au sud de Valparaiso)- de l’immense Pablo Neruda dont la poésie, forte et magnifique comme le Pacifique, est une ode à l’amour, à la liberté, à la générosité, à la passion de la vie.

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A 1h45 de bus au travers des vignes de la région de Casablanca, Santiago se découvre du haut du Mont Cristobal qui domine la ville et met en valeur l’encorbellement magnifique des montagnes. Tradition oblige, nous consacrons nos premiers pas au tourisme technique qui donne à connaître les quartiers des ferreterias et des ateliers en tout genre. Nous jouons un peu les envahisseurs chez Valérie et Jérôme qui, dans leur maison exquise, nous auront fourni dans le quartier de Vitacura une plaque tournante fort accueillante durant les trois semaines de notre présence à Valparaiso.

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La ville très paysagée et agréablement désertée en cette période d’été nous invite à la découverte des œuvres des artistes chiliens, de son histoire et de  ses récentes années de dictature qui, étonnamment pour les étrangers que nous sommes, divisent encore largement les Chiliens.

Si vous allez à Santiago retenez l’adresse du Bocanariz, le restaurant de Jérôme, où nous avons le plaisir d’être invités pour une soirée grandiose de senteurs et de saveurs. Ouvert depuis quelques mois seulement, le lieu qui a bénéficié des talents de décoratrice de Valérie, est déjà très couru tant des Santiaguinos que des touristes avertis. L’excellente des vins jointe à la qualité des mets qui les accompagnent en font une adresse hors du commun. N’hésitez pas non plus à passer dans le quartier de Bellavista une soirée très animée de cuisine parisienne et de bohême chilienne au Jazz Club du Fournil Bistrot, sans oublier les différents Fournil de la ville qui vous permettront de faire une étape agrémentée de pains ou croissants si délicieux que vous rêverez de trouver leurs semblables à votre retour en France !

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C’est aussi, de Valparaiso à Santiago, le temps des très agréables retrouvailles avec Ximena et Andrea rencontrées la saison dernière à Puerto Consuleo, chez la famille Eberhard, près de Puerto Natales.  Ximena nous emmène à la découverte de la très belle Zapallar, la Saint Tropez chilienne située à 100km au nord de Valparaiso, et nous reçoit chez elle à Santiago, pour une soirée mémorable en compagnie de Maria Paz et Alberto, ses enfants, qui nous réservent un accueil  exceptionnel tout en parlant un excellent français. Andrea et Alessandro nous font le plaisir de nous rejoindre à bord et de nous inviter à une visite commentée du musée de la Marine chilienne et du port de Valparaiso dans lequel, Alessandro, Officier de l’Aéro-Navale, a ses petites entrées.

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Mais c’est aussi le moment des rencontres franco chiliennes avec Loreto Corvalan artiste renommée dont nous aimons le travail et qui a exposé au Musée des Beaux Arts de Santiago en 2004. Loreto vit dans la région du Havre depuis 1973 mais vient de passer un mois dans l’archipel de Juan Fernandez en appui du travail de production d’un film réalisé par son amie Sophie. Nous passons avec elles et deux de leurs amis, Laurence et Franck, un excellent déjeuner dans une charmante petite maison d’étudiantes louée à Valparaiso, et parcourons la route des cerros à bord du bus 612, la plus longue ligne de bus de la ville. Si vous avez autour de vous de jeunes enfants, savourez avec eux « Horacio ne veut plus aller à l’école », une histoire sur la différence magnifiquement écrite et illustrée par Loreto. Deux rendez-vous manqués et très regrettés, celui de Mony, une amie franco chilienne de longue date,  dont la rencontre à Santiago sera rendue impossible en raison d’un lourd souci familial ; celle aussi de Bethou (notre co-équipière argentine !) et Bernard qui n’ont pu, comme ils l’avaient espéré, venir nous rejoindre de France pour découvrir la mythique Valparaiso.

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Les voyages des membres de l’équipage se succèdent vers l’île de Pâques, San Pedro de Atacama et le Machu Picchu.  Entre deux, l’ambiance travaux préside toujours à bord : fabrication d’une dérive d’éolienne plus efficace, révision complète des voiles, changement de la boîte de vitesse du moteur, difficile réaccastillage du charriot de grand voile et plein d’autres menus bricolages qui font l’envers du décor de nos escales….

Le vendredi 15 nous faisons nos adieux sud-américains à Elisabeth et Jean-François avec lesquels nous aurons vécu d’excellents moments sur mer comme sur terre. Le 20 février, Arielle et Dominique rentrent du Pérou et, après une semaine de séjour à Valparaiso, reprendront un vol pour Paris. Ce même mercredi 20, Christiane et Luc partent vers le nord pour un voyage d’un mois entre Chili, Argentine, Bolivie et Pérou. Le 26 mars, Dominique ainsi que Catherine et François  poseront leur sac à bord pour le début de la trans-Pacifique...

NB :

- Bocanariz (boca=bouche, nariz=nez), José Victorino Lastarria 276

- Le Fournil Bistrot, Jazz Club Patio Bellavista – Constituciōn 30, Local 102 ( Patio Bellavista)

- www.lefournil.cl

 

PS : Les photos correspondant à cet article sont sur l’album S4 -4 : Valparaiso & Santiago

Quelques micro vidéo essentiellement destinées à nos petits enfants et à nos moussaillons de Quettehou figurent sur le compte Tincelin Alioth de Facebook.

 

 

 

 

 

 

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 15:39

Alioth, à l’occasion de sa remontée de Puerto Montt à Concon (Valparaiso), affiche un équipage musclé puisque Jean-François, membre de l’équipe de Chiloé, Jérôme et son fils Léon (21 ans) sont venus en appui du trio du team.  Notre début de saison  s’avère une nouvelle fois placé sous le signe des destinées saint-vaastaises, notre rencontre chilienne avec Valérie et Jérôme s’étant préparée en Normandie en août dernier grâce à notre architecte et ami Michel que nous saluons tout particulièrement pour son initiative et dont la présence à bord, un moment envisagée, aurait joyeusement complété notre équipée.

                                      P1020802

Le dimanche 27 janvier au soir, le ton de la semaine est donné et les festivités s’ouvrent sur la note française apportée par  l’excellent champagne Bollinger d’ Elisabeth et Jean-François. Puis la phase chilienne, entre dans la danse grâce aux 11 nectars sélectionnés avec attention par Jérôme en vue de nous offrir un panel représentatif de la qualité et de la diversité des vins chiliens.  Chaque soirée de la semaine sera l’objet d’une dégustation commentée. Joli programme ! Il faut dire que Jérôme est un expert : gastronome, amateur éclairé et entrepreneur confirmé,  il s’est installé à Santiago il y a une quinzaine d’années avec son épouse Valérie, elle-même journaliste, pour y créer une activité de boulangerie, viennoiserie, pâtisserie française Le Fournil, puis ouvrir plusieurs restaurants et un bar à vins à Santiago. Ce dernier a reçu en 2010 une distinction rarissime : celle de « Meilleure carte de vins du monde » dont il est le seul détenteur en Amérique du Sud. Alors si vous allez à Santiago, ne manquez pas les bonnes adresses que nous vous communiquerons très prochainement et laissez vous envoûter par les vols de Jérôme, qui vous feront planer autour de merveilleux trios de dégustations, ou ses verticales, qui vous transporteront aux sommets des meilleurs crus du pays. Si comme Arielle ou Christiane, les plaisirs du vin vous sont refusés, consolez vous sur la gamme des pains délicieux du Fournil qui, entre autres qualités, ont  bonne mémoire ce qui, en langage de spécialiste, exprime la capacité d’une mie à revenir  à sa forme initiale lorsqu’elle a été marquée du doigt.

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En introduction à notre séminaire œnologique, nous nous initions à  la classification  des vins chiliens en trois appellations correspondant aux trois grandes zones géographiques et climatiques du pays :

 

             - Costa, les vins de la côte qui subissent l’influence maritime du Pacifique

             - Vallée centrale, les vins de l’entre deux Cordillères

             - Cordillère, les vins des contre-flancs de la Cordillère des Andes

Au  Chili se produisent des vins mono cépage -Sauvignon blanc, Chardonnay, Merlot, Carménère, Syrah, Cabernet Sauvignon- mais aussi  des vins d’assemblage tels que les Villard Ensamblaje, Facundo et Erasmo qui ont pris place à bord. Les fondements théoriques posés, l’ouverture solennelle du séminaire se déroule le dimanche soir autour :

  - d'un Merlot de la vallée centrale (vallée de Loncomilla). Très « confiture de mûre », il est produit par Daniella Gillmore et Andres Sanchez, à 50km du Pacifique

        - d'un Cabernet Sauvignon de la région de Santiago. Sous la dénomination Aquitania, il est produit par Felipe de Solminihac.

                                              P1020795

Côté navigation, un  double départ s’opère dès le lundi matin : Arielle et Elisabeth, épouses de Dominique et Jean-François, prennent par bus la route de Santiago via Valdivia tandis qu’Alioth sort avec un peu de retard de la baie de Reloncavi pour rejoindre l’océan par le canal Chacau, passage du nord entre Chiloé et le continent. Le vent est faible et nous sommes rapidement confrontés à une nouvelle nanniaiserie. Le moteur, atteint d’un bruit inhabituel, nous contraint soit à tirer des bords dans le petit temps, soit à nous propulser à régime réduit. A ce rythme ralenti nous atteignons le canal de Chacau en fin de journée et à contre courant entre un coucher de soleil et un lever de lune qui rivalisent de splendeur.

Encerclés de pélicans qui occupent le plan d’eau sans faire grand cas de notre présence,  nous dégustons un Chardonnay  Talinay de la vallée de Limari, zone désertique côtière du nord du Chili, dans laquelle la vigne, entourée de cactus, bénéficie d’une brume à 70% du temps. Minéralité et salinité caractérisent ce chardonnay. Le Syrah, la grande star des vins chiliens, prend élégamment sa suite sous la forme d’un Syrah Koyle  « fruité sans être trop fruit confit ».

                                            P1020829

Mais nous arrivons trop tardivement à l’entrée du canal Chacau que nous peinons à remonter, sous voile et moteur,  jusqu’à ne plus résister à la pression du courant. Sous l’effet d’une chute complète de vent et malgré une vitesse en surface de 7 nœuds, nous reculons au rythme de  1 à 2 nœuds sur le fond, ce qui ne manque pas de soulever quelques inquiétudes auprès de l’équipe de quart. Heureusement Eole compatit et, au prix de deux heures de patiente lutte contre le courant, nous parvenons à sortir de la passe pour entamer notre remontée océanique. En cours de journée, le spi s’offre une grande bouffée d’air pacifique jusqu’au début d’une nuit qui se fera sous solent.  

Le 29 janvier, alors que le vent peine à se lever et les côtes de la belle Chiloé à s’effacer, les grands albatros planent au dessus de la longue houle du Pacifique offrant à Jean-François, Jérôme et Léon leurs premières sensations de grand large.  Mais brisant la poésie de ces beaux moments, le moteur sollicité pour un chargement de batterie s’arrête et s’obstine dans un blocage irréversible… Le vent du sud qui domine sur ce secteur en saison estivale est heureusement présent et nous n’avons guère d’autre choix que de poursuivre jusqu’à destination.  Le spi se maintient dans les petits airs de l’après-midi durant laquelle un spectacle surprenant nous ravit : celui des dauphins au ventre immaculé engagés dans d’incroyables chasses au thon. Dans des alignements parfaits, tous bondissent hors de l’eau, les grands  delphinidés poursuivant les petits thonidés à un rythme endiablé. En revanche, au loin, une baleine nous frustre de sa trop grande discrétion. 

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Pour conclure cette première grande journée de mer, Jérôme ouvre un Castillo Molina, Sauvignon blanc 100% de la vigne San Pedro, issu d’une vigne  située dans la vallée de l’Elqui, zone située à 1000m d’altitude à hauteur de la zone semi-désertique de La Serena, à 650km au nord de Santiago. Il n’est pas rare qu’en hiver la  vigne s’y trouve enfouie sous 3m de neige.

Le 30 janvier, le vent monte à 25-30 nœuds.  Après une prise de ris, nous décidons, fait exceptionnel,  d’annuler la dégustation du soir pour cause de météorologie difficile. C’est l’occasion pour Jérôme de sortir son joker, un Glenlivet de 12 ans d’âge, la 12ème bouteille de son chargement, dont la concentration du contenu et la stabilité des contenants font un apéritif très marin, bien adapté aux conditions du moment.

Le 31 janvier est marqué par l’installation de l’hydrogénérateur, difficile à mener en pleine mer, mais réussiepar Dominique, à la rondelle près. Des essais de trinquette donnent par ailleurs des résultats relativement concluants.

En soirée, un Sauvignon Blanc Koyle Costa, vin élevé à 20km de la mer, près de Vichuquen où Jérôme et Valérie ont leur maison du lac, est bu à la latitude de la vigne ! Puis c’est le tour d’un Erasmo 2007, prix 2011 du meilleur vin d’assemblage -Cabernet et Merlot- du Chili, produit d’une vinification familiale de la vallée de Maule, vallée andine située dans la région viticole de Caliboro, réputée depuis le XIXème siècle pour la qualité de son sol et de ses vins. Et comme le vin (non excusez moi, le vent !) est revenu et que c’est fête à bord, un Facundo, vin d’assemblage de la Vallée centrale -Cabernet Sauvignon, Cabernet franc, Petit Verdot et Carignan- s’invite à la soirée.

Le 1er février, au petit matin, le vent est en berne car la mawada , le mauvais temps d’été qui sévit en bord de mer sous l’influence du courant de Humboldt, a envahi la zone côtière.  Le ciel est plombé, la mer d’huile, le vent inexistant. Seuls les mouvements léthargiques des queues d’otaries assoupies apportent une once de mouvement à la torpeur ambiante. L’inquiétude grandit car si ce mauvais temps s’établit sur plusieurs jours, il ne manquera  pas de compromettre  les programmes à venir des co-équipiers.  Pour se distraire, Jérôme tente une partie de pêche qui s’achève par la prise… d’un requin ! L’animal est puissant et sous l’effet de ses ébats,  la ligne se prend dans les fils électriques de l’hydrogénérateur.  Moment difficile d’autant que la seule brise de la journée vient nous narguer à ce moment précis.

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Les pêcheurs sont fiers de leur prise et la traditionnelle photo leur est consacrée mais le requin, pourtant préparé avec attention par Luc, s’avère peu gastronomique. Chacun y goûte par curiosité mais personne n’y revient. L’auteure de ces lignes, peu amatrice de pêche, souffre de  quelques états d’âme face à  cette inutile exécution. Jérôme se soucie de l’éventuel épuisement du stock de provisions du bord en cas de poursuite de la mawada et déclare le requin stade ultime avant le cannibalisme...  Heureusement les bonnes bouteilles sont là pour consoler les hommes d’équipage. Exception à la règle, ce soir c’est un Gewurtztraminer alsacien des sœurs Faller qui émerge de la cave d’Alioth, suivi d’un vin chilien d’assemblage de Thierry Villard qui associe Petit Verdot qui apporte l’astringence, Syrah qui donne la puissance, Cabernet Sauvignon et Merlot qui offrent arômes et rondeur.

Durant ces quelques jours, l’équipage était organisé en trois quarts (Jérôme et Dominique, Léon et Luc, Jean-François et Christiane) par roulements de trois heures. Léon a un peu souffert durant ces quelques jours : mal de mer marqué de réveils incertains où on ne sait plus si on a tenu tenu son quart de nuit… ou si on l’a  rêvé, tumultueux partage d’une couchette double entre père et fils dans des eaux agitées, avec regret déclaré d’une alternative féminine à ses côtés... Enfin une fois l’estomac calmé, apparition des affres de la mawada venue perturber les perspectives d’un week-end visiblement très désiré : dur apprentissage que celui de la vie de jeune marin ! Mais la complicité père fils a joué a  plein son rôle et Léon, Jean-François et Jérôme, ont fait tous trois preuve d’une remarquable adaptation aux manœuvres et à la navigation. Par ailleurs œnologie n’est pas orgie et chacun a pu -hors mal de mer- tenir son rôle dans les meilleures conditions. La chef de bord, honorée du titre de chef à bord, s'est réjouie de l'enthousiasme de si bons convives. Ajoutons que Jérôme s’est distingué dans la confection de délicieux canapés apéritifs et que Jean-François s’est fait le spécialiste du café en cafetière italienne, deux savoir-faire dont le team Alioth saura perpétuer le souvenir. 

La début de nuit suivante est jubilatoire. Nous maintenons le spi jusqu’à 3h du matin à une allure moyenne de 9 noeuds, heure où le vent monte à plus de 25 nœuds et où des routes de collision avec des cargos deviennent possibles.  Au petit matin la mawada vient à nouveau envahir le plan d’eau, réveillant quelques inquiétudes. Nous longeons avec émotion la baie mythique de Valparaiso, embrumée et dominée par ses célèbres collines.  A 12h, le vent revenu, nous parvenons sans encombre au joli Yate Club de Higuerillas où nous retrouvons Valérie et sa fille Célestine accompagnées d’Arielle et Elisabeth qu’elles ont très chaleureusement accueillies à Santiago au cours de ces derniers jours.  Nous concluons cette croisière décidément œnologique et gastronomique par un excellent déjeuner de mariscos, fruit d’un pari relevé par Dominique : celui d’une arrivée au port ce samedi avant 20h, défi qui n’était pas tout à fait gagné d’avance.

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                                                              La marina de Huiguerillas (Concon)

Le soir nous nous laissons emporter par la magie de Valparaiso illuminé par un coucher de soleil resplendissant… A suivre

* Célèbre recueil de poèmes de Pablo Neruda

NB : reste dans la cave du bord un Carménère, cépage disparu il y a vingt ans à l’époque de l’épidémie de phyloxera  dont un ampélographe français a retrouvé la trace et qui représente actuellement 8% du volume de production du Chili. Nul doute qu’il attendra l’arrivée fin mars de François et Catherine pour fêter notre départ vers la Polynésie. Merci Jérôme !

PS : les photos correspondant à cet article figurent dans l’album « S4-3-Séminaire œnologique »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 15:39

Alioth, à l’occasion de sa remontée de Puerto Montt à Concon (Valparaiso), affiche un équipage musclé puisque Jean-François, membre de l’équipe de Chiloé, Jérôme et son fils Léon (21 ans) sont venus en appui du trio du team.  Notre début de saison  s’avère une nouvelle fois placé sous le signe des destinées saint-vaastaises, notre rencontre chilienne avec Valérie et Jérôme s’étant préparée en Normandie en août dernier grâce à notre architecte et ami Michel que nous saluons tout particulièrement pour son initiative et dont la présence à bord, un moment envisagée, aurait joyeusement complété notre équipée.

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Le dimanche 27 janvier au soir, le ton de la semaine est donné et les festivités s’ouvrent sur la note française apportée par  l’excellent champagne Bollinger d’ Elisabeth et Jean-François. Puis la phase chilienne, entre dans la danse grâce aux 11 nectars sélectionnés avec attention par Jérôme en vue de nous offrir un panel représentatif de la qualité et de la diversité des vins chiliens.  Chaque soirée de la semaine sera l’objet d’une dégustation commentée. Joli programme ! Il faut dire que Jérôme est un expert : gastronome, amateur éclairé et entrepreneur confirmé,  il s’est installé à Santiago il y a une quinzaine d’années avec son épouse Valérie, elle-même journaliste, pour y créer une activité de boulangerie, viennoiserie, pâtisserie française Le Fournil, puis ouvrir plusieurs restaurants et un bar à vins à Santiago. Ce dernier a reçu en 2010 une distinction rarissime : celle de « Meilleure carte de vins du monde » dont il est le seul détenteur en Amérique du Sud. Alors si vous allez à Santiago, ne manquez pas les bonnes adresses que nous vous communiquerons très prochainement et laissez vous envoûter par les vols de Jérôme, qui vous feront planer autour de merveilleux trios de dégustations, ou ses verticales, qui vous transporteront aux sommets des meilleurs crus du pays. Si comme Arielle ou Christiane, les plaisirs du vin vous sont refusés, consolez vous sur la gamme des pains délicieux du Fournil qui, entre autres qualités, ont  bonne mémoire ce qui, en langage de spécialiste, exprime la capacité d’une mie à revenir  à sa forme initiale lorsqu’elle a été marquée du doigt.

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En introduction à notre séminaire œnologique, nous nous initions à  la classification  des vins chiliens en trois appellations correspondant aux trois grandes zones géographiques et climatiques du pays :

 

             - Costa, les vins de la côte qui subissent l’influence maritime du Pacifique

             - Vallée centrale, les vins de l’entre deux Cordillères

             - Cordillère, les vins des contre-flancs de la Cordillère des Andes

Au  Chili se produisent des vins mono cépage -Sauvignon blanc, Chardonnay, Merlot, Carménère, Syrah, Cabernet Sauvignon- mais aussi  des vins d’assemblage tels que les Villard Ensamblaje, Facundo et Erasmo qui ont pris place à bord. Les fondements théoriques posés, l’ouverture solennelle du séminaire se déroule le dimanche soir autour :

  - d'un Merlot de la vallée centrale (vallée de Loncomilla). Très « confiture de mûre », il est produit par Daniella Gillmore et Andres Sanchez, à 50km du Pacifique

        - d'un Cabernet Sauvignon de la région de Santiago. Sous la dénomination Aquitania, il est produit par Felipe de Solminihac.

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Côté navigation, un  double départ s’opère dès le lundi matin : Arielle et Elisabeth, épouses de Dominique et Jean-François, prennent par bus la route de Santiago via Valdivia tandis qu’Alioth sort avec un peu de retard de la baie de Reloncavi pour rejoindre l’océan par le canal Chacau, passage du nord entre Chiloé et le continent. Le vent est faible et nous sommes rapidement confrontés à une nouvelle nanniaiserie. Le moteur, atteint d’un bruit inhabituel, nous contraint soit à tirer des bords dans le petit temps, soit à nous propulser à régime réduit. A ce rythme ralenti nous atteignons le canal de Chacau en fin de journée et à contre courant entre un coucher de soleil et un lever de lune qui rivalisent de splendeur.

Encerclés de pélicans qui occupent le plan d’eau sans faire grand cas de notre présence,  nous dégustons un Chardonnay  Talinay de la vallée de Limari, zone désertique côtière du nord du Chili, dans laquelle la vigne, entourée de cactus, bénéficie d’une brume à 70% du temps. Minéralité et salinité caractérisent ce chardonnay. Le Syrah, la grande star des vins chiliens, prend élégamment sa suite sous la forme d’un Syrah Koyle  « fruité sans être trop fruit confit ».

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Mais nous arrivons trop tardivement à l’entrée du canal Chacau que nous peinons à remonter, sous voile et moteur,  jusqu’à ne plus résister à la pression du courant. Sous l’effet d’une chute complète de vent et malgré une vitesse en surface de 7 nœuds, nous reculons au rythme de  1 à 2 nœuds sur le fond, ce qui ne manque pas de soulever quelques inquiétudes auprès de l’équipe de quart. Heureusement Eole compatit et, au prix de deux heures de patiente lutte contre le courant, nous parvenons à sortir de la passe pour entamer notre remontée océanique. En cours de journée, le spi s’offre une grande bouffée d’air pacifique jusqu’au début d’une nuit qui se fera sous solent.  

Le 29 janvier, alors que le vent peine à se lever et les côtes de la belle Chiloé à s’effacer, les grands albatros planent au dessus de la longue houle du Pacifique offrant à Jean-François, Jérôme et Léon leurs premières sensations de grand large.  Mais brisant la poésie de ces beaux moments, le moteur sollicité pour un chargement de batterie s’arrête et s’obstine dans un blocage irréversible… Le vent du sud qui domine sur ce secteur en saison estivale est heureusement présent et nous n’avons guère d’autre choix que de poursuivre jusqu’à destination.  Le spi se maintient dans les petits airs de l’après-midi durant laquelle un spectacle surprenant nous ravit : celui des dauphins au ventre immaculé engagés dans d’incroyables chasses au thon. Dans des alignements parfaits, tous bondissent hors de l’eau, les grands  delphinidés poursuivant les petits thonidés à un rythme endiablé. En revanche, au loin, une baleine nous frustre de sa trop grande discrétion. 

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Pour conclure cette première grande journée de mer, Jérôme ouvre un Castillo Molina, Sauvignon blanc 100% de la vigne San Pedro, issu d’une vigne  située dans la vallée de l’Elqui, zone située à 1000m d’altitude à hauteur de la zone semi-désertique de La Serena, à 650km au nord de Santiago. Il n’est pas rare qu’en hiver la  vigne s’y trouve enfouie sous 3m de neige.

Le 30 janvier, le vent monte à 25-30 nœuds.  Après une prise de ris, nous décidons, fait exceptionnel,  d’annuler la dégustation du soir pour cause de météorologie difficile. C’est l’occasion pour Jérôme de sortir son joker, un Glenlivet de 12 ans d’âge, la 12ème bouteille de son chargement, dont la concentration du contenu et la stabilité des contenants font un apéritif très marin, bien adapté aux conditions du moment.

Le 31 janvier est marqué par l’installation de l’hydrogénérateur, difficile à mener en pleine mer, mais réussiepar Dominique, à la rondelle près. Des essais de trinquette donnent par ailleurs des résultats relativement concluants.

En soirée, un Sauvignon Blanc Koyle Costa, vin élevé à 20km de la mer, près de Vichuquen où Jérôme et Valérie ont leur maison du lac, est bu à la latitude de la vigne ! Puis c’est le tour d’un Erasmo 2007, prix 2011 du meilleur vin d’assemblage -Cabernet et Merlot- du Chili, produit d’une vinification familiale de la vallée de Maule, vallée andine située dans la région viticole de Caliboro, réputée depuis le XIXème siècle pour la qualité de son sol et de ses vins. Et comme le vin (non excusez moi, le vent !) est revenu et que c’est fête à bord, un Facundo, vin d’assemblage de la Vallée centrale -Cabernet Sauvignon, Cabernet franc, Petit Verdot et Carignan- s’invite à la soirée.

Le 1er février, au petit matin, le vent est en berne car la mawada , le mauvais temps d’été qui sévit en bord de mer sous l’influence du courant de Humboldt, a envahi la zone côtière.  Le ciel est plombé, la mer d’huile, le vent inexistant. Seuls les mouvements léthargiques des queues d’otaries assoupies apportent une once de mouvement à la torpeur ambiante. L’inquiétude grandit car si ce mauvais temps s’établit sur plusieurs jours, il ne manquera  pas de compromettre  les programmes à venir des co-équipiers.  Pour se distraire, Jérôme tente une partie de pêche qui s’achève par la prise… d’un requin ! L’animal est puissant et sous l’effet de ses ébats,  la ligne se prend dans les fils électriques de l’hydrogénérateur.  Moment difficile d’autant que la seule brise de la journée vient nous narguer à ce moment précis.

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Les pêcheurs sont fiers de leur prise et la traditionnelle photo leur est consacrée mais le requin, pourtant préparé avec attention par Luc, s’avère peu gastronomique. Chacun y goûte par curiosité mais personne n’y revient. L’auteure de ces lignes, peu amatrice de pêche, souffre de  quelques états d’âme face à  cette inutile exécution. Jérôme se soucie de l’éventuel épuisement du stock de provisions du bord en cas de poursuite de la mawada et déclare le requin stade ultime avant le cannibalisme...  Heureusement les bonnes bouteilles sont là pour consoler les hommes d’équipage. Exception à la règle, ce soir c’est un Gewurtztraminer alsacien des sœurs Faller qui émerge de la cave d’Alioth, suivi d’un vin chilien d’assemblage de Thierry Villard qui associe Petit Verdot qui apporte l’astringence, Syrah qui donne la puissance, Cabernet Sauvignon et Merlot qui offrent arômes et rondeur.

Durant ces quelques jours, l’équipage était organisé en trois quarts (Jérôme et Dominique, Léon et Luc, Jean-François et Christiane) par roulements de trois heures. Léon a un peu souffert durant ces quelques jours : mal de mer marqué de réveils incertains où on ne sait plus si on a tenu tenu son quart de nuit… ou si on l’a  rêvé, tumultueux partage d’une couchette double entre père et fils dans des eaux agitées, avec regret déclaré d’une alternative féminine à ses côtés... Enfin une fois l’estomac calmé, apparition des affres de la mawada venue perturber les perspectives d’un week-end visiblement très désiré : dur apprentissage que celui de la vie de jeune marin ! Mais la complicité père fils a joué a  plein son rôle et Léon, Jean-François et Jérôme, ont fait tous trois preuve d’une remarquable adaptation aux manœuvres et à la navigation. Par ailleurs œnologie n’est pas orgie et chacun a pu -hors mal de mer- tenir son rôle dans les meilleures conditions. La chef de bord, honorée du titre de chef à bord, s'est réjouie de l'enthousiasme de si bons convives. Ajoutons que Jérôme s’est distingué dans la confection de délicieux canapés apéritifs et que Jean-François s’est fait le spécialiste du café en cafetière italienne, deux savoir-faire dont le team Alioth saura perpétuer le souvenir. 

La début de nuit suivante est jubilatoire. Nous maintenons le spi jusqu’à 3h du matin à une allure moyenne de 9 noeuds, heure où le vent monte à plus de 25 nœuds et où des routes de collision avec des cargos deviennent possibles.  Au petit matin la mawada vient à nouveau envahir le plan d’eau, réveillant quelques inquiétudes. Nous longeons avec émotion la baie mythique de Valparaiso, embrumée et dominée par ses célèbres collines.  A 12h, le vent revenu, nous parvenons sans encombre au joli Yate Club de Higuerillas où nous retrouvons Valérie et sa fille Célestine accompagnées d’Arielle et Elisabeth qu’elles ont très chaleureusement accueillies à Santiago au cours de ces derniers jours.  Nous concluons cette croisière décidément œnologique et gastronomique par un excellent déjeuner de mariscos, fruit d’un pari relevé par Dominique : celui d’une arrivée au port ce samedi avant 20h, défi qui n’était pas tout à fait gagné d’avance.

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                                                                          Arrivée sur la marina de Huiguerillas

 

Le soir nous nous laissons emporter par la magie de Valparaiso illuminé par un coucher de soleil resplendissant… A suivre...


* Nom d'un célèbre recueil de poèmes de Pablo Neruda

NB : reste dans la cave du bord un Carménère, cépage disparu il y a vingt ans à l’époque de l’épidémie de phyloxera  dont un ampélographe français a retrouvé la trace et qui représente actuellement 8% du volume de production du Chili. Nul doute qu’il attendra l’arrivée fin mars de François et Catherine pour fêter notre départ vers la Polynésie. Merci Jérôme !

PS : les photos correspondant à cet article figurent dans l’album « S4-3-Séminaire œnologique »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 05:04

Trois couples, soit six protagonistes, Arielle et Dominique, Elisabeth et Jean-François, Christiane et Luc, ont embarqué à bord le vendredi 18 janvier,  pour une semaine aux petits airs de location nautique hebdomadaire. Au programme quelques uns des plus jolis sites de la baie d’Ancud qui, située entre Chiloé et le continent, offre un espace de navigation très protégé.

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                                                            Chiloé et la baie d'Ancud

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                                               Arielle, Elisabeth, Dominique et Jean-François

La météo se met en quatre pour nous offrir une période de chaleur et d’ensoleillement exceptionnels. Seul le vent manque au rendez-vous mais, trop heureux d’échapper aux pluies réputées diluviennes de la région, nous ne boudons pas notre plaisir et nous livrons aux facilités de la propulsion motorisée.

Nos premiers milles nous mènent vers la côte continentale en vue d’explorer les estuaires déserts de Quintupeu et de Cahuelmo. Nous y retrouvons toutes les caractéristiques de la Patagonie : rives abruptes et boisées, sommets enneigés, cascades d’eau fraîche, et, opportunité inattendue, nous nous régalons de baignades dans une eau à 18°.  Seules les Tabanos, ces gros taons dont l’agressivité redouble sous l’effet de nos gestes véhéments,  viennent perturber la perfection de ces mouillages de rêve. Nous abordons là  le parc Pumalin, propriété de Douglas Tompkins, richissime fondateur de la marque North Face, dont 250 000 ha ont été ouverts au public.  Ce gigantesque espace, ainsi que son alter ego de Chiloé, semblent témoigner d’une gestion environnementale équilibrée qui, tout en redonnant ses droits à la nature, fournit des ressources appréciables aux habitants.  Nos espoirs de pêche au saumon sont vite déçus mais un spécimen fumé en provenance du petit marché d’Angelmo (Puerto Montt) nous permet d’apprécier cette spécialité régionale -malgré tout très décriée pour son taux d’antibiotiques.  Un troc avec un petit bateau pêcheur nous amène à déguster des cholgas, les bonnes grosses moules locales, savoureuses mais combien résistantes à la cuisson.

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                                                           Derniers bords en Patagonie

Délaissant le continent, nous croisons vers les îles où le changement de décor est radical. A la nuance près de l’habitat, la navigation vers le mouillage d’Apiao donne l’illusion d’une remontée sur la très  anglaise Hamble River. Cette île fort peu peuplée vit de l’agriculture et de la pêche sous la protection d’une jolie petite église en bois et de son cimetière coloré. Nous y croisons une vieille paysanne qui convient que l’entretien de son potager et la culture des papas, sans doute essentiels à sa survie,  lui coûtent beaucoup d’effort et de travail.

Puis nous abordons la belle île de Chiloé pour nous positionner à Castro, face aux palafitos, ces maisons sur pilotis qui, autrefois lot des plus pauvres, passent progressivement entre les mains des acteurs du tourisme et des habitants aisés.  

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                                                Vue du mouillage sur les palafitos

Chiloé a une part très spécifique dans l’histoire chilienne. Domaine des Indiens Mapuches et Chonos, elle a été découverte en 1540 par Martin Ruiz de Gamboa. Sa capitale, Castro, est la troisième ville créée au Chili, après Santiago et La Serena. Très atteinte par les effets de la colonisation, l’île, quasi abandonnée par la vice-royauté du Pérou, se replia sur elle-même dans un très grand état de pauvreté. Est-ce cet effet d’isolement et de solitude ? L’île est en proie aux mythes et la sorcellerie y reste très présente, même dans les milieux les plus éduqués. Rappelons que la légende du Vaisseau Fantôme dont Wagner a fait son célèbre opéra est née et erre encore ici sur les côtes froides et brumeuses de Chiloé.

Au début du siècle dernier, les Jésuites, dans leur détermination évangélique, ont convaincu chaque petit village de se doter d’un lieu de culte. D’où ce joyau de l’île constitué des 180 chapelles et églises en bois coloré qui figurent dorénavant au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il faut souligner enfin que les marins Chilotes ont beaucoup donné à leur pays lorsque le Président O’Higgins les envoya à la conquête du sud -la région actuelle de Magallanes- afin de devancer les Argentins et de s’assurer la primauté sur ces territoires inhabités.

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                                    Les clochers fraîchement repeints de la cathédrale de Castro

Outre un petit périple en voiture à la découverte de quelques uns des plus beaux sites de l’île, notre halte à Castro nous a valu le plaisir de deux rencontres, l’une, improvisée, avec Philippe Poupon qui à l’occasion de son tour du monde en famille partageait notre mouillage. Etrange coïncidence, le très beau livre « Fleur Australe » qu’il a écrit avec son épouse Géraldine Danon fit partie de nos trésors de Noël.

L’autre rencontre, très attendue, nous a permis de passer une soirée amicale et passionnante chez Catherine, amie d'un autre Jean-François, chercheur au CNRS et spécialiste des civilisations pré-colombiennes qui nous a généreusement documentés en vue de nos balades à venir en Bolivie et au Pérou. Catherine, en compagnie de sa fille Isabelle et de sa petite fille Emilie nous a magnifiquement reçus dans sa superbe maison un peu perdue dans les hauteurs du campo, à une petite dizaine de kilomètres de Castro. Il est bien difficile de résumer sa vie de pionnière en quelques lignes sauf à dire qu’elle et son mari furent d’étonnants  entrepreneurs dans cet incroyable bout du monde. Après s’être investis dans l’exploitation du bois, leur activité fut dévolue à la sphaigne, une mousse à l’origine de toute la vie botanique de notre planète et très prisée pour la culture des orchidées ou la création de murs végétaux.  Nous avons reçu un accueil délicieux dans une maison pleine de charme et de lumière, merveilleusement ouverte sur la chaîne des Andes et sur l’entrelacs des îles et des bras de mer parcourus la veille. Nous avons beaucoup appris sur le Chili et les Chiliens, Chiloé et les Chilotes, les conditions de vie dans le campo, la beauté de la carretera austral qui sillonne la Patagonie du sud, les vertus de la sphaigne ; mais aussi ressenti quelle énergie et quelle détermination se cachaient derrière l’aboutissement de telles entreprises… L’un des bonheurs du voyage est celui de la rencontre et de la découverte et cette soirée fut à ce titre un moment doublement privilégié. Attention touchante : Elisabeth, amoureuse des orchidées, s’est vue livrer le lendemain matin, des mains mêmes de Catherine, un bon kilo de sphaigne à destination de ses plantes favorites...     

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                                                              Chez Catherine

Vendredi, nous achevons notre périple nautique par une escale à Quemchi au coucher de soleil flamboyant et quittons Chiloé en saluant les pélicans, loups marins, dauphins, manchots, canards vapeurs  qui ont animé notre parcours de leurs démonstrations, ainsi que les hortensias au bleu si profond, les rosiers exubérants, les acanthes et les guneras géantes qui nous ont réjoui de leurs présences épanouies. A bord, il se lit Isabel Allende, Coloane et les mémoires de Pablo Neruda, les vies de Madeleine Castaing et d’Hélène Castel, le célèbre Valparadis d’Alain Jaubert et les aventures maritimes signées O’Brian, sans oublier les récits des mythes et légendes de Chiloé. On écoute de la musique chilienne ou chilote tout en anticipant déjà les sonorités de l’île de Pâques.

 

                                    Pélican

Elisabeth s’est très vite adaptée aux conditions de sa toute première croisière qui se voulait placée sous le signe d’Eole et nous espérons que Jean-François vivra quelques journées sous voile lors de notre remontée  vers Valparaiso.  Quant à Arielle gageons qu’après sa dure expérience de la Refeno en 2010, elle a pu apprécier la clémence des conditions météo. En bref une croisière, toute en chaleur et en douceur pour clôturer notre vie de Patagons. 

Samedi, cette belle semaine se conclut par une promenade le long du lac Llanquihué puis des somptueux Saltos du Rio Petrohué, au pied du volcan Osorno. Puis, les noces d’émeraude d’Elisabeth et de Jean François se fêtent dignement au Fogon de Pepe où la viande est, qu'on se le dise, une des meilleures de l'Amérique du Sud. Dimanche, Jérôme et son fils Léon viendront nous rejoindre de leur résidence de Santiago pour nous accompagner dans les jours qui viennent de Puerto Montt à Viňa del Mar (Valparaiso).

PS : les photos correspondant à cet article figurent dans l'album : S4-2 A la poursuite du Vaisseau Fantôme.

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 19:04

Le 6 janvier 2013, nous avons rebasculé de l’autre côté de notre vie.  Alioth nous attendait à Puerto Montt sur le terre-plein du club Reloncavi où, sous la vigilance d’Oscar, les effets  de l’humidité de la région de Los Lagos lui ont été épargnés. La végétation est en fête en ce début d’été et la nature a fait le plein de chlorophylle. Le temps est capricieux : pluie, vent, ciel gris alternent avec de belles périodes d’ensoleillement qui font subitement grimper des températures  plutôt fraîches et dardent nos peaux de leurs rayons acérés.  La baie Reloncavi, au fond de laquelle loge la ville de Puerto Montt, nous joue la revue de ses magnificences : volcans aux sommets enneigés, îles en chapelets, magie des espaces maritimes… un décor tout en contraste avec  la pauvreté des habitations.

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                                            Alioth sur le travel lift au club nautico de Reloncavi

Nous retrouvons ici le petit monde des circumnavigateurs. Parmi eux, l’américain Richard (Abrazo) qui se fait désormais dénommer Ricardo et ne parle plus qu’espagnol tant sa détermination à obtenir un visa de longue durée est grande ; mais aussi son compatriote Denis qui vient de vendre son Karma (et oui, c’est possible !) en saisissant  les opportunités du marché local. Les pavillons français restent malgré tout majoritaires dans la population des bateaux de passage. Stéphanie et Fred ont achevé leurs travaux pharaoniques et guettent la météo pour entamer leur traversée du Pacifique sur Sérénité, enfin à même d’assumer un nom décidément bien ambitieux. Catherine et Bernard, sur Cypraea, préparent un départ prochain qui les mènera en Polynésie (selon Bernard) ou en Patagonie (selon Catherine) : décision dans les tous prochains jours…  Quant à Dominique et Marie-Edith, les propriétaires de  Pégase avec lesquels nous avons partagé quelques aventures lors de la saison passée, ils doivent atterrir de Paris dans quelques jours.

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                                                    La marina du club nautico Reloncavi

Pour Alioth, la période est celle des travaux de reprise et de remise en route. Délaissés, les Alioth bis et Alibendoudou du Vendée Globe virtuel : l’heure a sonné du retour à la vie réelle. Pour satisfaire notre éternelle quête du Graal (la mise au point de la trinquette), Luc s’est livré à un judicieux étarquage de l’étai pour une amélioration de performance que nous espérons confirmer en mer. Moteur, cuisinière, chauffage, groupe électrogène, dessalinisateur -bichonné en fin de saison passée par Fred et Gérard-, ont très docilement repris du service.

 

La mise à l’eau, fut, en revanche, cause d’une forte frayeur.  Après une nuit passée en suspension sur le travel lift pour raisons de peinture de quille, l’opération s’est déroulée le 10 janvier, jour de grande marée. A la mise en route, le câble arrière tribord est sorti de sa gorge, pour porter sur le seul axe de la poulie…  Les quelques longues minutes qui nous séparaient de la surface de l’eau,  nous ont laissé craindre le pire, et pour Dominique qui, très exposé, versait de l’eau en continu pour refroidir le câble, et pour le bateau qui se serait écrasé au sol en cas de rupture. Tout s’est heureusement bien terminé, mais l’aventure aurait pu tristement s’arrêter sur les quais de Puerto Montt …

 

Ces derniers jours le beau temps établi évoque les belles journées de juillet en Normandie. Dimanche 13, sur le registre des amis d’amis jusqu’alors inconnus, Chantal, Philippe et leur fils Nicolas qui a entrepris depuis un an le périple de la panaméricaine, sont venus à bord où nous avons passé un agréable moment à faire connaissance.  Une escapade à Puerto Varas, sur les bords du lac Llanquihue, nous a permis de conclure la journée  par un circuit touristique : plages envahies, volcans immuables et typiques maisons coloniales allemandes.

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                                                 A bord avec Chantal, Philippe et Nicolas

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                                               Maison coloniale allemande à Puerto Varas

Pour notre plus grand plaisir, un quatrième chef de bord, miniature d’un des portraits sculptés des Hommes d’équipage offerte par Cécile Raynal, nous gratifie de sa présence. Placé à un poste stratégique, il veille tant sur l'horizon que sur la table à cartes : bienvenue à bord Commandant !  

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      Enfin, à l’intention des écoliers qui suivent notre voyage, nous précisons qu’ici c’est l’été et les grandes vacances. Tous les petits chiliens se précipitent sur les plages et se baignent dans l'eau très fraîche du Pacifique ou plus tempérée des lacs de la région.  Par ailleurs le Père Noël nous a démontré que dans l’hémisphère sud, il se tenait  tête en bas et pieds en l’air :

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Vendredi, Arielle accompagnée  d’Elisabeth et Jean-François, amis d’Arielle et Dominique, nous rejoignent pour  une semaine de navigation du côté de Chiloé. A bientôt la joie de les accueillir et de reprendre la mer !

PS - Les photos (peu nombreuses en raison d'une mauvaise connexion) correspondant à cet article figurent dans l'album "S4-1-Puerto Montt" 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 18:50

Nos vœux les plus chaleureux accompagnent les prémices de l’année 2013 : bonheur et  santé pour vous-même et tous vos proches et souhaits de paix et de bien être pour tous les habitants de notre petite planète.  

Pour nous, s’annonce le plaisir d’un nouveau départ, le 5 janvier 2013, destination Puerto Montt – Chili. Voici l’occasion pour notre fidèle blog de reprendre du service et c’est avec plaisir que, par son intermédiaire nous continuerons à partager écrits et photos de notre voyage et à rester en relation avec vous tous.

Quelques petits conseils :

Si vous voulez que vous soit communiquée chaque nouvelle publication d’article, inscrivez-vous en bas de la colonne de droite de la page d’accueil du blog www.team-alioth.fr : à la rubrique Newsletter, indiquez votre adresse e-mail, cliquez sur ok, c’est fait !

Pour ce nouveau périple, les albums photos du blog seront classés en S4 (pour Saison 4) et seront successivement numérotés en S4-1, S4-2 etc… Sauf oubli, chaque article vous indiquera en post-scriptum le n° de l’album correspondant.

Si vous voulez suivre la position du bateau, portez dans vos favoris le lien suivant : http://www.stw.fr/localisation/show-position-bateau.cfm?user_id=29041. D’un simple clic, vous pourrez nous rejoindre !  Pas d'impatience, notre vrai départ pour la traversée du Pacifique se fera  fin mars.

Bon réveillon à vous toutes et tous et à bientôt !

Le team Alioth

                                contact 11 alioth[1]

                                        Une photo qui date un peu...

                                          (crédit photo : Gérard P)

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:30

Les informations tardent sur le blog mais c’est que, comme prévu, le team prolonge son escale française avant de reprendre un vol Paris-Santiago-Puerto Montt fixé au 5 janvier.  Les nouvelles du bateau sont quant à elles excellentes : bichonné par Oscar et par Christophe (Vénus) au centre nautique de Reloncavi, il a reçu, comble du luxe,  la visite amicale de nos amis bretons Catherine et François en périple pédestre autour de la Patagonie.

Les préparatifs sont en cours : choix de cartes et guides nautiques, renouvellement d’accastillage et de pièces détachées, sélections destinées à la bibliothèque du bord…  A la suite de consultations croisées, les problèmes de trinquette semblent trouver leur solution grâce aux propositions habiles de USHIP Saint-Vaast la Hougue pour des travaux qui trouveront leur terme à Valparaiso.

En ce qui concerne le programme, la saison 4 débutera par une mise à l’eau du bateau le 10 janvier 2013 suivie d’une navigation prévue fin janvier en compagnie d’Arielle, mais aussi d’Elisabeth et de Jean François, dans le secteur de Puerto Montt :  île de Chiloé, golfes d’Ancud et de Corcovado…. Fin janvier le bateau remontera vers Valparaiso en compagnie de Jean-François (et de Valérie et Jérôme ?). S’ensuivront découverte de Valparaiso et Santiago (en compagnie de Bethou et Bernard ?), visite de l’île de Pâques par voie des airs pour ceux qui ne pourront lui rendre visite par voie de mer, exploration du désert d’Atacama mais aussi travaux de voilerie et autres bricolages, les traditionnels impératifs des nouveaux décollages.

Fin février, Arielle et Dominique rentreront sur Paris tandis que Christiane et Luc partiront pour un périple en Bolivie et au Pérou. Le 25 mars rendez-vous au bateau pour la première partie de la -transpacifique  en compagnie des fidèles Catherine et François qui se sont inscrits pour partager notre route vers les îles de Robinson Crusoé, de Pâques, des Gambier et de Tahiti… soit quelque 5000 milles entre ciel et mer. Le 15 mai, changement d’équipage : c’est Elisabeth qui viendra mettre pour un mois son sac à bord. Le retour est prévu pour l’équipage à la mi-juin en France pour une courte saison estivale normande.

Nos contacts avec l’école de Quettehou s’intensifient : rendez-vous est pris le 13 décembre prochain pour une rencontre avec les CM1 de Laurence qui vont s’initier à la grande navigation et les CM2 de Cédric et de Teddy désireux de poursuivre l’aventure. Bienvenue à bord à tous nos moussaillons !

Des nouvelles s’échangent entre les bateaux en escale sur la côte chilienne. La plus grande nouvelle est celle de la venue d’Antonia, petite sœur de Théo, née fin août à Ushuaia sur Polarwind qui prépare sa nouvelle saison australe. Une petite Enaelle est également née à bord de Nabucco dont nous sommes heureux de savoir qu’il a rejoint Ushuaia. Maryse et Gérard, les amoureux du froid et des mers difficiles, sont en route sur Hakea pour les Falklands et la Géorgie du Sud. Pégase tient compagnie à Alioth sur le terre-plein de Puerto Montt. Il devrait, ainsi que Resolute, nous donner le plaisir de retrouvailles en Polynésie. Vidéo à l’appui, nous avons découvert les exploits de Kim en Antarctique dans les années 80 menés par Daniel Gazanion (Ocean Respect) : les amateurs peuvent se procurer un magnifique ouvrage et un superbe film à partir du site www.kimenantarctique.com. A l’exception d’Arnaud dont le chemin n’a pas croisé la Normandie, nous avons eu le plaisir de retrouver à terre tous nos équipiers de la saison passée.  Un conseil : si vous avez besoin de nouvelle lunettes, rendez-vous chez « Hubert » à St Florent le Vieil :  47° 21' 41'' Nord  - 01° 00' 59'' Ouest. Qualité d’accueil et professionnalisme garantis !

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C’est avec grand regret, enfin, que nous avons dû nous désister d’un dîner patagon qui se tenait à Nantes à la mi-octobre  à l’initiative des  équipages de Huambo et Ocean Respect, que nous espérons eux aussi retrouver dans le sud Pacifique.

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année 2012, en attendant de vous retrouver, peut-être au Nautic 2012.  Bien amicalement à tous

Le team Alioth

 

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