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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:30

Les informations tardent sur le blog mais c’est que, comme prévu, le team prolonge son escale française avant de reprendre un vol Paris-Santiago-Puerto Montt fixé au 5 janvier.  Les nouvelles du bateau sont quant à elles excellentes : bichonné par Oscar et par Christophe (Vénus) au centre nautique de Reloncavi, il a reçu, comble du luxe,  la visite amicale de nos amis bretons Catherine et François en périple pédestre autour de la Patagonie.

Les préparatifs sont en cours : choix de cartes et guides nautiques, renouvellement d’accastillage et de pièces détachées, sélections destinées à la bibliothèque du bord…  A la suite de consultations croisées, les problèmes de trinquette semblent trouver leur solution grâce aux propositions habiles de USHIP Saint-Vaast la Hougue pour des travaux qui trouveront leur terme à Valparaiso.

En ce qui concerne le programme, la saison 4 débutera par une mise à l’eau du bateau le 10 janvier 2013 suivie d’une navigation prévue fin janvier en compagnie d’Arielle, mais aussi d’Elisabeth et de Jean François, dans le secteur de Puerto Montt :  île de Chiloé, golfes d’Ancud et de Corcovado…. Fin janvier le bateau remontera vers Valparaiso en compagnie de Jean-François (et de Valérie et Jérôme ?). S’ensuivront découverte de Valparaiso et Santiago (en compagnie de Bethou et Bernard ?), visite de l’île de Pâques par voie des airs pour ceux qui ne pourront lui rendre visite par voie de mer, exploration du désert d’Atacama mais aussi travaux de voilerie et autres bricolages, les traditionnels impératifs des nouveaux décollages.

Fin février, Arielle et Dominique rentreront sur Paris tandis que Christiane et Luc partiront pour un périple en Bolivie et au Pérou. Le 25 mars rendez-vous au bateau pour la première partie de la -transpacifique  en compagnie des fidèles Catherine et François qui se sont inscrits pour partager notre route vers les îles de Robinson Crusoé, de Pâques, des Gambier et de Tahiti… soit quelque 5000 milles entre ciel et mer. Le 15 mai, changement d’équipage : c’est Elisabeth qui viendra mettre pour un mois son sac à bord. Le retour est prévu pour l’équipage à la mi-juin en France pour une courte saison estivale normande.

Nos contacts avec l’école de Quettehou s’intensifient : rendez-vous est pris le 13 décembre prochain pour une rencontre avec les CM1 de Laurence qui vont s’initier à la grande navigation et les CM2 de Cédric et de Teddy désireux de poursuivre l’aventure. Bienvenue à bord à tous nos moussaillons !

Des nouvelles s’échangent entre les bateaux en escale sur la côte chilienne. La plus grande nouvelle est celle de la venue d’Antonia, petite sœur de Théo, née fin août à Ushuaia sur Polarwind qui prépare sa nouvelle saison australe. Une petite Enaelle est également née à bord de Nabucco dont nous sommes heureux de savoir qu’il a rejoint Ushuaia. Maryse et Gérard, les amoureux du froid et des mers difficiles, sont en route sur Hakea pour les Falklands et la Géorgie du Sud. Pégase tient compagnie à Alioth sur le terre-plein de Puerto Montt. Il devrait, ainsi que Resolute, nous donner le plaisir de retrouvailles en Polynésie. Vidéo à l’appui, nous avons découvert les exploits de Kim en Antarctique dans les années 80 menés par Daniel Gazanion (Ocean Respect) : les amateurs peuvent se procurer un magnifique ouvrage et un superbe film à partir du site www.kimenantarctique.com. A l’exception d’Arnaud dont le chemin n’a pas croisé la Normandie, nous avons eu le plaisir de retrouver à terre tous nos équipiers de la saison passée.  Un conseil : si vous avez besoin de nouvelle lunettes, rendez-vous chez « Hubert » à St Florent le Vieil :  47° 21' 41'' Nord  - 01° 00' 59'' Ouest. Qualité d’accueil et professionnalisme garantis !

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C’est avec grand regret, enfin, que nous avons dû nous désister d’un dîner patagon qui se tenait à Nantes à la mi-octobre  à l’initiative des  équipages de Huambo et Ocean Respect, que nous espérons eux aussi retrouver dans le sud Pacifique.

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année 2012, en attendant de vous retrouver, peut-être au Nautic 2012.  Bien amicalement à tous

Le team Alioth

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 17:32

Voici en quelques lignes, le récit d’un évènement plein d’humour littéraire et historique qui s’est déroulé au cours de l’été dernier dans notre pays reculé du Cotentin.

Il eut pour source les écrits de Jean Raspail, auteur d’un fameux ouvrage décrivant les ambitions et péripéties d’Orélie-Antoine de Tounens, petit dans sa profession d’avoué mais grand par son esprit d’aventure qui s’auto-proclama roi de Patagonie au milieu du XIXème siècle.   Poursuivant cette folle utopie,  Jean Raspail s’est à son tour déclaré  Consul Général de Patagonie pour s’engager dans la défense du territoire dont il s’attribuait la charge.

C’est ainsi que, pour contrer la confirmation, en 1982, de la présence britannique sur le territoire patagon des Malouines il a, en 1984, puis en 1998,  fait flotter le drapeau tricolore vert-blanc-bleu du royaume patagon sur les Minquiers, un archipel de la Manche appartenant à la couronne britannique. Celle-ci fut rebaptisée pour l'occasion « Patagonie Septentrionale », l’île Maîtresse prenant, quant à elle, le nom de « Port Tounens ».

Après avoir embarqué sur le canot SNSM de Barfleur en 2009 afin de prendre le contrôle maritime de nos côtes, puis débarqué avec succès sur les îles Saint Marcouf en 2011 en vue de disposer d’une base logistique à la hauteur de leurs espérances, les Patagons du Cotentin, désireux de s'assurer de la maîtrise aérienne du territoire, ont déroulé le drapeau vert-blanc-bleu au sommet du hangar à dirigeables d’Ecausseville  le mercredi 22 août 2012.

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Le team Alioth, la Patagonie encore bien chevillée au corps, porta un intérêt légitime à cette revendication. Décidé à préserver ses droits au retour en terre chilienne, les membres du team déclinent néanmoins toute responsabilité dans l’intention et l’organisation de cette manifestation, par ailleurs présidée par le très respectable Amiral Edouard Guillaud, Chef d’Etat Major des armées, et l’écrivain Didier Decoin. 

Nous vous laissons en découvrir toute la saveur (biographie d’Orélie-Antoine de Tounens, discours, photos et vidéo de l'évènement ) sur : http://www.aerobase.fr/2012/aout/patagon.html

En conclusion, le team Alioth remercie les organisateurs (bravo Alban !) de ce joyeux moment de fantaisie littéraire et historique enrichi des circonvolutions  d’un étonnant   autogire, d’une détonnante production d’hydrogène, des prestations d’un curieux aéroplume, le tout ponctué par les sonneries de cor du fameux ensemble du Val de Saire (bravo Jacques !).

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Il félicite tout particulièrement Mathieu, élagueur et alpiniste, qui a su porter les couleurs patagones au sommet du hangar, à 32m de hauteur, et Philippe Belin pour son accueil dans le hangar d’Ecausseville qui attend les  amateurs d’expériences aériennes inoubliables (www.aerobase.fr).

Nous espérons ne pas trop froisser, par ces quelques lignes, notre co-équipier Fred qui, de nationalité britannique, se refuse à céder la moindre once d'un humour dont il est pourtant généreusement doté, à la question des Falklands/Malouines. Nous devons une reconnaissance particulière  à son alter-ego, Gérard, qui a su nous informer dès le printemps dernier de l’annonce de mouvements patagons prévus en 2012 et à Gilles pour son beau reportage photographique dont nous donnons ici un aperçu.

Patagonement vôtres,

Le team Alioth

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 13:08

A Quettehou, en ce 4 septembre, les élèves de Laurence font leur entrée en CM2 et il est grand temps de relater la fin de l’aventure que le team Alioth a partagée avec ses jeunes amis  de CM1 au cours du premier semestre de l’année 2012.

Pour mémoire, l’histoire naquit un certain jour de novembre 2011 où le team Alioth reçut, à Buenos Aires, un message de Dominique de B., responsable de la section Jeunesse au Festival du livre de Saint Vaast la Hougue. Proposition est faite d’un partenariat avec  Laurence et sa classe de CM1 de l’école élémentaire de Quettehou. Peu à peu, le blog se fait le véhicule naturel de nos échanges et questions et réponses s’échangent des bords de la Manche aux rives de l’Atlantique et du Pacifique. Au fil des escales, nous apprenons à faire connaissance, nous évoquons notre navigation et notre mode de vie à bord tandis que nos jeunes amis, sous la houlette talentueuse de Laurence, nous écrivent poèmes sur la mer et rêves de voyage.

Alors que nous sommes dans le sud patagonien, une séance spéciale « Alioth » a lieu à l’école, en février, en présence de Dominique de B. qui nous réjouira d’une photo de toute la classe nous gratifiant  d’un très souriant bonjour.  A cette occasion, sous l’œil averti de Philippe de B. et de sa caméra, se profilent  les premières images d’un film destiné à retracer les charmes de notre histoire partagée.

100_0450.JPG                               Salut amical des CM1 reçu par le team Alioth à Puerto Natales (Chili) en février 2012

 

Au retour d’Amérique du sud et sous la direction de Laurence, une rencontre s’organise entre équipage et élèves : elle se fera le 14 juin dans la salle de classe. Dominique T. étant retenu à Paris à cette date, ce sont Christiane, Laurent (équipier de la saison 2012) et Luc qui retourneront pour  une matinée sur les bancs de l’école.

Petite mise en scène d’arrivée : nous ne sommes plus à Quettehou mais à Ushuaia. Trois bateaux Epsilon, Sirius et Véga, respectivement skippés par les trois protagonistes accompagnés chacun de neuf équipières et équipiers, partent le lendemain pour descendre virer le Cap Horn…

Les bateaux  préparent très activement leur départ. Chacune, chacun se doit de réfléchir à ses tout derniers préparatifs  mais aussi aux  qualités qu’elle ou il va apporter pour contribuer à la bonne ambiance du bord. Que de perplexité face à cette difficile question !

Et puis les équipages, carte et bulletin météo à l’appui, se confrontent à la navigation : tracé de la route à prendre, calcul des caps et des distances, contraintes liées aux prévisions de vent, abris  en cas de mauvais temps, sont étudiés avec minutie.

On évoque les notions  de mille nautique  et de nœud marin, on situe les points cardinaux, on s’intéresse aux formalités à effectuer entre Argentine et Chili sans oublier  l’importante question de l’approvisionnement du bord.

Après cet intense moment nautique, place est faite à la poésie. Nos navigateurs se font choristes et, dans une classe un peu bousculée par tant d’évènements, s’élève  « Heureux qui comme Ulysse » le beau poème de Joachim du Bellay joliment interprété par Ridan. Mais les chanteurs se font aussi conteurs et nous lisent à plusieurs voix l’histoire du morse et de l’explorateur : une jolie fable sur la suffisance de l’homme et sur son incapacité à comprendre le monde qui l'entoure. Sur le même registre, des poésies suivront, déclinées par les enfants à partir du savoureux poème de Madeleine Le Floch "Vert de mer" :

 

Un poisson connaissait par cœur

les noms de tous les autres poissons.

Il connaissait les algues, les courants,

les sédiments, les coquillages.

C’était un érudit.

Il exigeait d’ailleurs qu’on l’appelât

« maître » !

Il savait tout de la mer

Mais il ignorait tout de l’homme.

Et un jour il se laissa prendre au bout

d’un tout petit hameçon.

 

Nos jeunes amis acceptent avec enthousiasme de signer notre carnet de voyage et nous sommes touchés de l’affection et de la reconnaissance qui transparaissent dans leurs propos.

La matinée d’échanges riches et chaleureux se clôture sur quelques photos et anecdotes du voyage dont une certaine histoire de condor si magnifiquement racontée par Laurent qu’elle lui vaut tous les suffrages. Nous sommes saisis par la qualité du travail fait par Laurence, par l’intérêt porté au sujet par les enfants, par le flot incessant de leurs questions. Le tout sous l’œil attentif de la caméra de Philippe déterminé à monter, à partir des séances de février et de juin, le film de notre rencontre.

Mais l’aventure ne s’arrête pas là : le 26 juin une soirée organisée dans la halle aux grains avec l’appui de Nicole, directrice de l’école de Quettehou, et de la Communauté de Communes permet d’accueillir les parents de nos vaillants marins. Pas de repos en cette fin d’année pour  Laurence qui dresse le fil conducteur d’une soirée où chaque enfant raconte une séquence de notre histoire commune.   Le film de Philippe B. s’invite en 2ème partie permettant aux parents de vivre en direct la vie scolaire de leurs enfants et de comprendre cette aventure maritime qui a si souvent  tinté à leurs oreilles. Le tout s’achève sur un buffet de gâteaux dont la richesse souligne le cœur mis par toutes et tous au succès de la soirée.

23-pochette-DVD-CM1-Alioth-bis.JPG      Montage réalisé par Ph. de B pour la pochette du film "Les CM1 de Quettehou au Cap Horn"

 

Le 5 juillet, jour de la sortie des classes, Dominique T., très attendu par les élèves,  vient rendre visite à la classe. Mais si la date officielle des vacances a sonné,  Laurence a encore un lourd travail à mener : celui de la présentation du travail de sa classe de CM1 au Festival du livre de Saint-Vaast la Hougue des 21 et 22 juillet 2012. Dominique L., son mari, fabriquera pour la circonstance un impressionnant support en bois qui permet de tourner les pages d’un grand livre expliquant comment des petits élèves de CM1 en sont venus à se frotter aux vents austères du détroit de Magellan.

Durant le festival, le journaliste Michel Leuvron orchestrera  une interview de Laurence accompagnée de Lucas et Enola, deux de ses élèves, et des membres du team Alioth. Ce moment marque la fin de l’aventure tandis que Philippe de B. présente son film « Les CM1 de Quettehou au Cap Horn » dans la salle de projection du festival.

 

Que dire de cette aventure singulière ?

Qu’elle fut une belle histoire d’amitié intergénérationnelle sur fond de mer, de rêve et de voyage.

Qu’Internet fut un support merveilleux qui nous a permis d’échanger et de nous instruire les uns des autres.

Qu’en voyage, les rencontres imprévues ne sont pas toujours celles qu’on imagine.

Que les professeur(e)s des écoles -et leurs conjoints !- ont une créativité, une énergie et une patience qui font notre admiration ; les organisateurs du Festival du livre de Saint-Vaast la Hougue aussi.

Que le sillage apporté par Alioth dans les têtes et dans les cœurs de nos jeunes amis y ouvrira peut-être quelques pistes insondables ; comme de notre côté, sans aucun doute.

Au printemps 2013, la classe de CM2 suivra les cours de voile scolaire sur le plan d'eau saint-vaastais : nous souhaitons bonne mer et bon vent à nos jeunes moussaillons et une bonne rentrée à toutes et tous. A bientôt et bien amicalement

Christiane, Dominique, Laurent et Luc

Et pour fêter avec humour (ou dérision...) ce jour de rentrée n'hésitez pas à consulter : 

http://www.dailymotion.com/video/xb29uf_isabeau-de-r-lecole_fun

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 17:08

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Le team Alioth vous invite aujourd'hui à une nouvelle aventure maritime sur  le blog spécialement créé par l’agence de communication W&Cie qui  "propulse fièrement" (et bénévolement) le projet de la sculptrice Cécile Raynal en résidence artistique sur le porte conteneurs Fort Saint Pierre de la compagnie CMA-CGM.

 

Cécile Raynal, sculptrice, a élu domicile en Normandie, à proximité du Havre et de la mer. Elle travaille dans son atelier mais aussi au gré de résidences artistiques qu'elle organise sur des lieux de vie communautaires : lycée, prison, maison de retraite, famille et maintenant cargo.

 

Après une longue gestation de deux années de son projet maritime, Cécile Raynal est partie du Havre le 6 avril sur le Fort Saint Pierre, pour deux rotations vers les Antilles durant lesquelles elle sculpte, en référence au poème de Baudelaire, "les Hommes d'équipage".

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Le 4 mai au petit matin, la sculptrice Cécile Raynal fera escale au Port du Havre à l’issue de la première des deux rotations de sa résidence artistique transatlantique.

 

L’autorité bienveillante du Commandant Guille et la connivence de l’équipage ont permis au travail de Cécile Raynal de se faire formes au rythme de la vie en mer et de l’organisation du bord. Entre cabine-atelier et passerelle, coursives et salles de machines, le huis clos du navire a donné tout son sens et toute sa singularité aux rencontres avec les ‘Hommes d’équipage’ -en l’occurrence des hommes et une femme-, tandis que, de l’autre côté de l’océan, pélicans et grands cormorans, annonciateurs de la terre prochaine, ont eux aussi su inspirer le travail de l’artiste.

 

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Le 4 mai au soir, à 22 heures, le navire de la compagnie CMA-CGM reprendra la mer en direction des Antilles et Cécile Raynal poursuivra à bord, durant quatre semaines, son travail de portraits sculptés des ‘Hommes d’équipage’ et d’oiseaux, tous témoins et acteurs de son atelier maritime.

 

Les photos ci-dessus ont été prises le jour du départ du Fort Saint Pierre du Havre, le 6 avril 2012.

 

Si vous souhaitez suivre l’actualité du projet de Cécile Raynal, rendez-vous sur :

http://blog.hommesdequipage.com/2012/04/ 

Vous y trouverez en ligne des interviews sur France-Inter, le journal de bord de l'artiste et, d'ici quelques jours, des photos rapportées de sa première "rotation".

 

 

 

 

 

 

 

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 23:14

Depuis notre arrivée à Puerto Montt le 12 mars, les journées se vivent au rythme des préparatifs de clôture de la saison : rangements et nettoyages, travaux d’entretien et de réparation (heureusement peu nombreux cette année), mise à sec ; le tout agrémenté de la compagnie d’une petite communauté internationale qui séjourne plus ou moins durablement dans le club nautique, charmant et placide, de Reloncavi. Le Club Nautico Reloncavi offre une belle plate-forme de services, un accueil de qualité et un stationnement à terre assez rare pour être souligné. Christophe, qui a décidé d’arrêter là son tour du monde, est un interlocuteur privilégié. Spécialisé dans la réfection de plans Baltic et Swann, il propose des croisières en Patagonie nord sur une Vénus de toute beauté (www.PATAGONIA-CHILOE-CRUISING.COM).

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A l’occasion de ce séjour, se poursuit notre découverte du Chili. Il semble qu’il y ait trois mondes au Chili : le nord désertique, l’épicentre Valparaiso-Santiago que nous découvrirons à notre retour et le sud. Ici, les chiliens sont serviables et agréables mais ils sont par nature réservés et l’austérité de la vie se lit sur les visages. Outre la rudesse climatique (on nous dit qu’il peut tomber ici plus de 2 mètres d’eau par an), les conditions sociales sont difficiles. Le SMIC est de 180 000 pesos chiliens par mois (ne rêvez pas, cela représente moins de 300€), la durée de travail hebdomadaire de 47h et les congés payés de 15 jours par an. Ne parlons pas de sécurité sociale ou de retraite : maladie et vieillesse sont deux grandes sources d’incertitude financière et nombreuses sont les personnes de plus de 70 ans encore en activité.

Depuis le 22 mars, Alioth séjourne à terre après quatre mois de navigation menés à bonne cadence. Il va pouvoir se reposer ici des infortunes de la caleta Horno et de Puerto Deseado, des coups de vent du détroit de Lemaire et du Cap Horn, des bords exigeants tirés dans les canaux, des dérapages sur fonds incertains…. Le team Alioth est fier de lui et lui adresse un grand satisfecit : vaillant, fiable et confortable, il a su mener à bien sa mission 2011-2012 et ce, malgré des ennuis de moteur qui auraient pu sérieusement compromettre la saison.

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Mais nous tenons surtout à féliciter nos co-équipiers de la saison :

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                                                                     Arnaud, contre mauvaise fortune, bon coeur

 

100 3211                                                                           Laurent, la sérénité en mer

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Ils ont :

-          accepté de nous rejoindre pour un programme un peu plus rude que de coutume,

-          manifesté une implication totale dans la vie du bord,

-          apporté un soutien sans faille dans les moments difficiles,

-          commandé et livré les pièces souvent si attendues et contribué habilement aux travaux d’entretien et de réparation,

-          accompagné la mise de leur sac à bord de leur humour et leur bonne humeur,

En bref, ils ont accru notre bonheur d'être en mer.et leur présence à tous restera intimement liée aux souvenirs de ces mois vécus de San Fernando  à Puerto Montt : le team Alioth leur adresse un merci très sincère et amical !

Nous marquons également notre reconnaissance :

-          aux belles rencontres de notre parcours et, entre autres, aux équipages du club de Barlovento avec lesquels nous aurons partagé des moments inoubliables et aux petits CM1 de Quettehou avec lesquels nous sommes liés d’amitié « en ligne »,

-          à la Patagonie, à ses montagnes sans fin, ses glaciers, ses forêts laminées par le vent ; aux baleines, aux loups marins, aux phoques et aux pingouins, ainsi qu’aux milliers d’oiseaux qui ont apporté un peu de vie à notre parcours solitaire,

-          à l’atlas hydrographique du Chili et au guide de la Patagonie qui, à l’heure du tout électronique, nous ont apporté, sur papier, des cartographies et informations essentielles,

-          à l’espagnol de Luc qui est, à l’Amérique du Sud, ce que l’anglais de Dominique est à bien d’autres contrées.

Mais nous avons aussi une pensée pour le grand oublié de la saison : l’Antarctique que nous n’étions sans doute pas totalement prêts à affronter. Il est l’Everest des plaisanciers : un univers de blancheur, de froideurs et de fureurs qui aurait pu s'inviter à notre saison. Nous l'atteindrons peut-être, une autre fois… à moins qu'il reste un rêve... de notre rêve de tour du monde…

En cadeau de fin de saison, quelques journées disponibles ont permis à Luc et Christiane une échappée vers Frutillar qui, sur les bords du lac Llinquihue et sous le regard du volcan Osorno nous en apprend beaucoup sur la « colonisation allemande » du Chili ; puis une expédition de quelques journées merveilleuses à Bariloche (Argentine), de l’autre côté des Andes : au milieu des lacs et des montagnes, l'extraordinaire beauté d'une Suisse à la puissance 10 !

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Petit évènement nautique : en cette dernière journée de notre séjour chilien, tandis que Groupama et Puma, concurrents de la Volvo Ocean Race, se bagarrent à moins de 1 mille d’écart dans leur remontée vers le Brésil, Camper, le bateau Néo-Zélandais de la course vient d'arriver à la tombée de la nuit à Puerto Montt pour réparer son étrave.

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Christiane et Luc seront tout juste revenus en France pour venir assister le 6 avril au départ en mer de Cécile Raynal, sculptrice, qui, accompagnée d’une tonne de terre, va  réaliser « Hommes d’équipage », un projet longuement mûri de sculpture de portraits de marins sur un porte-contteneurs : la CMA-CGM et plusieurs partenaires du Havre ont accepté de jouer le jeu et c’est sur le Fort Saint-Pierre que Cécile fera deux rotations sur les Antilles : ainsi commence pour elle sa vie de marin… Une aventure nautique et artistique à suivre…

De notre côté, c’est tout à la fois la nostalgie de classer notre « saison 3 » au registre des souvenirs et la grande joie du retour pour un séjour de neuf mois à terre. La saison prochaine débutera en effet en janvier 2013, la navigation polynésienne se pratiquant essentiellement en hiver, c’est à dire durant l’été de l’hémisphère nord. Quelques flâneries en Patagonie nord, une remontée vers Valparaiso où nous ferons effectuer quelques travaux de voilerie et une visite à la capitale Santiago s’annoncent en prélude d'un départ pour la traversée du Pacifique qui devrait nous mener, en novembre 2013, en Nouvelle Zélande.

Merci de nous avoir suivis et encouragés. A l’année prochaine… et joyeuses Pâques !

100 4106                                                               Bariloche, se déclare la capitale mondiale du chocolat

 

Le team Alioth

 

PS : les photos correspondant à cet article sont sur S3-7 Puerto Montt

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 23:59

En hommage à ce beau pays que nous avons quitté par son extrémité sud le 3 janvier 2012, mais que nous rejoignons de temps à autre via la chaîne des Andes, nous nous adressons à celles et ceux qui aiment l’histoire, ou plus exactement les petites histoires qui font la grande Histoire, en les invitant à découvrir quelques ancêtres d’amis dont nous avons appris, au cours de nos pérégrinations, qu’ils ont joué un rôle, parfois fort significatif, dans la construction de l’Argentine d’aujourd’hui.

 

A - A notre ami Damien, descendant de Jacques de Liniers, un héros argentin d’origine française (1)

Au printemps 2011, de retour en France, nous avions la chance de passer 24h chez nos amis Anne et Damien dans leur magnifique propriété des bords de mer cauchois. A cette occasion, Damien, par ailleurs grand navigateur, nous évoque l’histoire de son ancêtre, Jacques de Liniers, auteur du plus important exploit civique et militaire enregistré dans les annales coloniales espagnoles et levier déterminant de la naissance de l’Argentine entre 1788 et 1810.

Né en France le 26 juillet 1753 au sein d’une famille noble et d’extraction chevaleresque, Jacques-Antoine-Marie de Liniers est reçu chevalier de Malte dès l’âge très précoce de 12 ou 13 ans. Le cadet de famille qu’il est, est réduit à une très petite « légitime », c'est-à-dire à une petite part dans les successions de ses père et mère et choisit le Royal-Piémont, régiment de cavalerie français, pour faire carrière. Il y est considéré comme un cavalier « appliqué », simplement capable de devenir un bon officier. Il semble qu’il soit doté d’un caractère « turbulent ». Dettes de jeu ? Fautes ? Duel ? Les raisons restent obscures mais, Jacques de Liniers, en garnison à Carcassonne, démissionne de la cavalerie en 1774 et passe en 1775 au service de la Marine espagnole. En 1778, Liniers se vante d’être tôt promu enseigne de vaisseau après un raid sur les côtes barbaresques.

En 1782, Liniers se distingue lors de la tentative de reprise de Gibraltar aux Anglais. Le 1er juin 1783, à 30 ans, il épouse Jeanne-Ursule de Menvielle, de 9 ans sa cadette. Il en restera veuf dès le 23 mars 1790 et père d’un fils, Louis, né à Malaga.

Jacques de Liniers s’embarque le 3 septembre 1788 pour le Rio de la Plata, colonie espagnole, et avouera plus tard qu’il n’avait eu d’autre choix s’il ne voulait pas « périr de misère ». Capitaine de Vaisseau en 1792, commandant en 1796 la flottille de Buenos-Aires, il se remarie en 1797, à 44 ans, à une jeune fille de 19 ans. A nouveau veuf en 1805, chargé de huit autres enfants, Liniers est le prototype même du cadet de famille de bonne noblesse française, sans fortune, établi dans une colonie dans laquelle il se dévoue totalement à son Roi.

Or Jacques de Liniers, connu sous le nom de Santiago de Liniers de ce côté-ci de l’Atlantique, va devenir le vainqueur des deux batailles dites de La Plata de 1806 et 1807, qui ont fait l’histoire de l’Argentine et consommé le double fiasco des armées britanniques à Buenos Aires. Voici la formidable épopée qui le mena à cet exploit.

L’histoire commence par la reprise par l’armée britannique à la République batave de la colonie du Cap de Bonne Espérance en 1806. Le commodore Sir Home Riggs Popham, commandant l’escadre de l’expédition, juge alors le moment opportun de s’emparer d’une partie du vaste empire espagnol du Nouveau Monde. Peu de temps auparavant, la Royal Navy, sans déclaration de guerre préalable, avait affermi ses positions en se saisissant de quatre frégates espagnoles en provenance de Montevideo et chargées d’une cargaison de métaux précieux d’une valeur de près de 5 millions de piastres. La défaite franco-espagnole à Trafalgar le 21 octobre 1805 avait par ailleurs lourdement contribué à affirmer la supériorité maritime de la Royal Navy.

C’est dans ce contexte que Popham, homme assoiffé de gloire et de richesse, décide de faire route du Cap pour se saisir de Buenos-Aires et de Montevideo, l’autre grande ville du Rio de la Plata. Ses convictions sont forgées par les propos de Francisco de Miranda, officier créole originaire de Caracas, qui assure que les populations accueilleront les britanniques en libérateurs du joug espagnol.

Bénéficiant de l’appui logistique du général gouverneur Baird qui met à sa disposition un petit corps expéditionnaire, mais sans ordre de Londres, Popham annonce à l’Amirauté britannique qu’il part croiser au large des côtes sud-américaines pour y intercepter les convois ennemis. Il s’arrête à Sainte-Hélène pour renforcer ses troupes et dispose dès lors d’un effectif de 1635 hommes.

Popham arrive dans le Rio de la Plata où le milieu lui est plus hostile que prévu : le mauvais temps sévit et les grands tirants d’eau des vaisseaux sont inadaptés aux hauts fonds du Rio. De plus, lorsqu’il se présente, l’accès à Buenos-Aires est entravé par un navire marchand commandé par le capitaine de vaisseau Jacques de Liniers envoyé à la dernière minute par le Vice-roi de La Plata, le marquis Rafael de Sobremonte (1745-1827). Ce dernier, conscient depuis longtemps du danger d’invasion, n’a pas pu obtenir de Madrid l’envoi des renforts espérés. Pris au dépourvu par l’attaque britannique, il se sent incapable d’organiser la résistance et s’enfuit du côté de Cordoba avec un détachement de cavaliers, sa famille… et le trésor.

Le 5 juillet, Popham s’empare, sans coup férir, de la ville de Buenos-Aires et envoie, à la poursuite du Vice-roi, une compagnie britannique qui s’empare du trésor.

Mais l’improvisation des Britanniques se retourne contre eux. Les Porteňos (habitants de Buenos Aires) sont ulcérés par l’envoi de leur argent à Londres et indignés qu’une poignée de soldats ait pu s’emparer si facilement de la ville : l’armée britannique est vite considérée comme une armée d’occupation. C’est alors que Jacques de Liniers entre en scène et accomplit son destin de libertador.

La Reconquista (1806)

Le français de 52 ans, connu sous le nom hispanisé de Santiago de Liniers, est un obscur officier de marine, commandant la flotille affectée à la défense de Buenos Aires. En poste à Ensenada au moment de l’invasion, il n’est pas compris dans la capitulation. Libre de tout engagement, il obtient un sauf-conduit pour visiter sa famille et en profite pour espionner les lieux. Il découvre alors la faiblesse numérique de l’armée anglaise et prend la mesure de la colère de la population. Liniers part chercher un appui à Montevideo qu’il trouve sur le pied de guerre. Le gouverneur Pascal Ruiz Huidobro (1752-1813) a préparé un corps expéditionnaire de 1500 hommes et une escadrille pour reconquérir la capitale. Malgré une progression difficile, Jacques de Liniers déjoue les croiseurs britanniques. La marche sur Buenos-Aires est lente et pénible en raison des pluies diluviennes qui ont défoncé le terrain mais le 10 août à 10h du matin, Liniers adresse au général anglais une sommation de se rendre à l’ennemi. Le général Beresford refuse. A cette réponse, de Liniers passe à l’offensive dans le quartier de Retiro, situé au nord de la ville. La population accourt pour prêter main forte.

Le 12 août, de Liniers mène une attaque par trois des angles de la Plaza Mayor. Beresford donne le signal de la retraite. Les soldats et le peuple font irruption de tous côtés de la place. Le général britannique donne sa reddition : ainsi s’achève la Reconquista.

Les combats ont été meurtriers : les Anglais dénombrent 300 hommes tués ou blessés, Liniers 200 hommes, sans compter les volontaires ne figurant sur aucun rôle. L’occupation britannique n’a duré que 46 jours et la perte ou la capture de 1400 soldats britanniques est un échec d’une ampleur inédite dans une guerre coloniale. Liniers rentre vivant dans la légende. Mais la Reconquista ne signifie pas la fin de la menace d’invasion : l’escadre de Popham bloque toujours le Rio de la Plata et Liniers s’attend à plus ou moins brève échéance à une riposte anglaise destinée à « venger l’affront ».

La Defensa (1807)

Toujours investi du commandement militaire, Liniers décide ce que le Vice-roi s’était toujours refusé de faire par crainte d’une révolution, à savoir militariser la cité coloniale en armant le peuple. Le service militaire devient obligatoire pour les hommes de 15 à 50 ans. Liniers se révèle un véritable génie organisateur de cette armée improvisée où tout est à créer.

Pendant ce temps, Popham, désavoué par le commandement britannique, est relevé de ses fonctions et passe en conseil de discipline : le jugement final se limitera à une sévère réprimande.

De Cordoba, le Vice-roi a rejoint Montevideo accompagné de 2500 cavaliers mais le Cabildo(conseil municipal) lui interdit d’entrer dans la ville tant sa légitimité est contestée. Le 14 janvier, les Britanniques attaquent Montevideo. Après avoir demandé du renfort à la ville, le Vice-roi abandonne  Montevideo à son sort. La ville tombe avant que Liniers puisse intervenir. Le 5 février, Buenos Aires apprend la prise de Montevideo. La population est scandalisée par l’attitude du Vice-roi : Sobremonte est destitué. Le gouvernement civil est remis à l’Audiencia, tribunal suprême de la vice-royauté, et le commandement militaire confirmé à Liniers.

Le gouvernement britannique, dont l’orgueil est blessé, décide de la conquête du Rio de la Plata. Six généraux, deux amiraux, une armée d’environ 12000 soldats et une vingtaine de bâtiments de guerre sont prêts à fondre sur Buenos-Aires. Sous la pression de l’arrogant général Whitelocke, pressé d’en finir, la marche de l’armée britannique tourne au cauchemar en s’enlisant dans une traversée des marécages qui aurait pu être évitée et où se perd la majorité des vivres.

Liniers se prépare à donner la riposte. Les combattants sont mal entraînés et Liniers accumule les erreurs tactiques, notamment en s’aventurant en pleine campagne. Heureusement pour lui, les Anglais commettent un plus grand nombre d’impairs encore. Le soir du 2 juillet, Buenos-Aires ne doit son salut qu’à l’impéritie du commandant anglais et à l’énergie de l’alcade Martin Alzaga (1755-1812) qui, en centre ville, fait barricader portes et fenêtres, positionner des tirailleurs embusqués sur les terrasses munis de toutes sortes de munitions et illuminer la ville comme un jour de fête. Le 3 juillet au point du jour, Buenos Aires est en position de défense et Liniers rejoint le centre ville pour reprendre la direction des opérations qu’il ne devra plus quitter.

Les Anglais, dirigés par le général Whitelocke, attaquent avec l’idée de se rabattre sur la Plaza Mayor. Mais les envahisseurs affrontent un Buenos-Aires bien différent de celui qu’ils connaissaient et sont accueillis par une grêle de projectiles. Du haut des terrasses, notamment de l’actuelle rue Defensa dont le nom commémore la victoire, hommes et femmes, maîtres et esclaves, leur lancent des grenades, des briques, des pierres, de l’eau bouillante. Les défenseurs sont insaisissables. A seize heures, après deux sorties meurtrières, les soldats anglais sont obligés de se rendre. Un traité, signé le 7 juillet, stipule la restitution des prisonniers. Les troupes britanniques quittent Buenos Aires sur le champ et le 9 septembre abandonnent Montevideo. Whitelocke passe en conseil de guerre. Reconnu coupable, il est démis de ses fonctions et les Britanniques qui n’ont pas compris les leçons infligées par Liniers veulent préparer une nouvelle offensive.

En Espagne et dans toute l’Amérique espagnole, le retentissement de la Defensa dépasse celle de la Reconquista. Les noms de Liniers et de Buenos Aires sont célébrés à l’envi dans la presse, les esclaves qui se sont distingués sont libérés, une fête religieuse est instituée en commémoration de la délivrance de la ville. De nombreux Créoles et Espagnols demandent que Liniers soit proclamé comme leur Vice-roi. En réponse, Liniers écrit au ministre de Charles IV, Manuel de Godoy en lui précisant « qu’il n’a d’autre ambition que le bien de la patrie et les obligations sacrées de père d’une nombreuse progéniture ». Il y précise n’avoir ni les qualités, ni la tournure d’esprit requises pour l’exercice des responsabilités politiques. En d’autres termes, il sollicite qu’on ne le désignât point : malgré cela, le 3 décembre 1807, Charles IV signe sa nomination.

L’indépendance (1810)

Les deux victoires menées contre les Britanniques ont démontré aux criollos, les colons nés en Argentine, le piètre soutien qu’ils peuvent attendre de l’armée espagnole. En 1808, l’invasion de l’Espagne par les troupes napoléoniennes leur offre un prétexte idéal à la rupture des relations avec la métropole. Liniers, sollicité pour soutenir le mouvement d’indépendance, affirme sa loyauté vis-à-vis de la couronne espagnole. Alors que le peuple a une grande estime pour son héros libérateur, les intellectuels Bernadino Rivadavia, Manuel Belgrano et Mariano Moreno portent le flambeau de la révolution et chassent le Vice-roi. Le 25 mai 1810 un gouvernement autonome s’installe à Buenos Aires et ordonne l’exécution du héros patriote : il se dit qu’il fut difficile de trouver la main qui voulut bien abattre le héros de la Reconquista et de la Defensa.

 

B - A notre amie Alicia, descendante de Salvador Maria del Carril, premier Vice-président de la République argentine (2)

Nous avons passé en novembre 2011, un week-end exceptionnel chez Alicia, cousine d’Arielle, et son mari José-Luis dans la pampa humide à quelques kilomètres de la petite ville de Lobos. C’est là que nous avons appris, face aux deux imposants portraits qui habitent les lieux, qu’Alicia était la descendante de deux époux hors du commun : Salvador Maria del Carril et Tiburcia Dominguez.

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Salvador Maria del Carril, au début du XIXème siècle, se fit le propriétaire d’une estancia (propriété agricole) de 130 000ha dénommée La Porteňa. Il ne fallait pas moins de deux gares ferroviaires installées sur le territoire de la propriété pour écouler la production de l’exploitation. Autour de ces deux points logistiques, se construisirent deux villages porteurs des prénom et nom du propriétaire des lieux : Salvador Maria et Del Carril.

Salvador Maria del Carril fut un juriste de haut niveau, un érudit et un habile diplomate de la toute jeune Argentine indépendante. Gouverneur de la province de San Juan et ministre sous la présidence de Rivadavia, il se fit le rédacteur d’un projet de constitution laïque inspirée du modèle britannique. Il y introduisait les principes de liberté de culte, d’égalité et de prohibition de l’esclavage, mais jugée trop libérale, la proposition constitutionnelle entraîna sa chute.

Salvador Maria del Carril se fit le conseiller de Lavalle (1797-1841) et l’instigateur de l’assassinat de Dorrego, gouverneur de la province de Buenos Aires qui accusait Del Carril et Rivadavia d’avoir spéculé sur l’activité minière. En décembre 1828, Juan Lavalle après avoir organisé la révolution unitaire contre le parti fédéral, fit ainsi arrêter puis fusiller Manuel Dorrego pour prendre sa place. Il semble que Salvador Maria del Carril se soit ultérieurement repenti de son acte « dans un esprit de réconciliation avec son pays et avec son peuple ».

Le général Lavalle mourra en 1841en combattant les troupes fédérales de Juan Manuel de Rosas. Sous le régime dictatorial de Rosas, don Salvador Maria, dut s’exiler à Montevideo, en Uruguay. C’est là qu’il se maria avec Tiburcia, Dominguez Lopez Canelo qui lui donna sept enfants.

Son retour d’exil, consécutif à la révolution de 1852, lui permit de revenir à la politique argentine. En 1858, il est élu Vice-président aux côtés du Président Urquiza.

Au retour d’exil des deux époux, Tiburcia mena grand train de vie. Malgré l’importance de sa fortune, Salvador Maria del Carril se lassa des dépenses excessives d’une épouse apparemment indifférente à ses sommations, fit publier, dans la presse de Buenos Aires, un avis selon lequel il ne couvrirait plus les dépenses engagées par son épouse. Mortifiée par cette mesure dont elle n’avait pas été avisée, Tiburcia déclara qu’elle n’adresserait plus jamais la parole à son mari… et tint parole. A la mort de ce dernier, elle se vengea de manière posthume : riche héritière, elle se fit construire un très grand et luxueux château de style français dont on aperçoit les toits de la propriété d’Alicia. Elle avait 89 ans lors de la soirée inaugurale qui fut paraît-il d’un luxe sans limite. On dit que nombre d’approvisionnements et décorations furent livrées de Paris, tels les menus du dîner imprimés à l’or fin…

Tiburcia demanda qu’à son décès, sa statue tourne le dos à celle de son mari dans le mausolée qui leur est consacré dans le célèbre cimetière de la Recoleta de Buenos Aires et il est étonnant, quand on connaît l’histoire, de rendre visite aux deux époux engagés dans un dos à dos conclu pour l’éternité.

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Pour revenir vers l’époque actuelle, de génération en génération, le domaine de La Porteňa s’est trouvé fractionné au gré des héritages. Alicia et sa sœur restent les deux seules héritières d’une propriété qui s’est trouvée fractionnée au fil des générations. Alicia a fait reconstruire très récemment, et avec beaucoup de bonheur, une jolie maison dénommée La Tapera –i.e. La Masure- aux lieu et place de la maison de sa grand-mère qui accueillit les vacances de son enfance.

La sœur d’Alicia est ingénieure agronome. C’est elle qui gère l’exploitation et décide des cultures. Elle en confie l’exploitation à une entreprise sous-traitante du type de celle de José que nous rencontrerons à Mar del Plata et qui, avec ses associés, possède quelques monstres mécaniques chargés d’affronter dans les immenses étendues agricoles, semences et récoltes.

 

C - A notre ami argentin Pablo, ami de Sophie, cousine de Christiane. Pablo est le descendant d’Andreas Schäer et Barbara Pauli, mariés en 1850 et parents de deux fils lorsqu'ils s'expatriérent de Suisse (canton de Berne) en compagnie de frères d'Andreas et de deux amis, Samuel Hegi et Magdalena Suerch. Ils partirent en bateau du Havre en 1856 ou 1857 et s'arrêtèrent à Carmelo en Uruguay avant de rejoindre une famille amie et la colonie suisse installée à Barandero dans la province de Buenos Aires. Leur troisième fils naquit en Argentine. 

En 1870, ils déménagèrent pour fonder Bernstadt (aujourd'hui Roldan) près de la ville de Rosario (province de Santa Fé). Quand Barbara Pauli et Samuel Hegi moururent, Andreas et Magdalena se marièrent et élevèrent les cinq enfants d'un tout premier mariage de Samuel avec Anna Kohler, les huit enfants de Magdalena et Samuel et deux enfants qu'Andreas et Magdalena eurent ensemble : Juan Andres et Maria Schaer.

Juan Andres Schaer épousa une peite fille de Samuel Hegi et Anna Kohler. Entre les années 1930 et 1940, ils s'installèrent à Buenos Aires.Ils eurent deux fils (Juan José et Emilio) et quatre filles (Ana, Rosa, Elena et Amanda). Juan José est le grand-père de Pablo qui a lui-même deux enfants , Marcos (17 ans) et Victoria (14 ans). Pablo, installé à San Isidro, est un architecte de talent. Il est membre, depuis son enfance, du club de voile de Barlovento où Alioth a résidé durant plusieurs mois. Il a depuis peu, à proximité de Lobos dans la patrie des joueurs de polo, une résidence où notre jeune équipier Hubert, par ailleurs excellent cavalier, a eu le plaisir de passer un week-end. La maison de Pablo est située à deux maisons de la "Tapera" d'Alicia, c'est à dire, en géographie argentine à une vingtaine de minutes en voiture.

Pablo aimerait savoir par quel bateau ses ancêtres ont effectué la traversée du Havre à Buenos Aires en 1856 ou 1857 : toute piste qui pourrait nous aider dans cette recherche nous serait bien précieuse.

 

D - A notre ami Laurent, co-équipier d’Alioth en janvier 2012 et descendant de Henri Garretta, cerdan né à la Tour de Carol. Ingénieur des Ponts et Chaussées, il a participé à la construction du port de Buenos Aires dont la réalisation avait été confiée à une entreprise française et dont les travaux ont commencé en 1870.

 

(1) outre les informations qui nous ont été données par Damien, le résumé ci-dessus s'inspire des articles "Implications françaises au Rio de la Plata, de Louis X à Napoléon" de Philippe Bonnichon, Académie des Sciences d'Outre-Mer et  "Jacques de Liniers, une figure de marin à l'étonnant destin" de Michel Vergé-Franceschi, Professeur des Universités et ancien président de la Société française d'histoire maritime.

(2) outre les informations qui nous ont été données par Alicia, le résumé ci-dessus s'inspire d'articles publiés sur Wikipedia.

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 21:55

De Puerto Natales à Puerto Eden

Le vendredi 24 février est une date très attendue de l’agenda d’Alioth : Gérard et Fred, après un long voyage, font leur arrivée en soirée à Puerto Natales à bord d’un bus de la compagnie Fernandez. Un petit passage à l’Armada chilienne permet de valider le Zarpe[1], le document descriptif de notre dernière phase de navigation qui incite Fred à évoquer le vieux principe Shadok : « Pourquoi diable chercher à savoir où on va puisque, une fois arrivés, on aura bien le temps de savoir où on est ».

Le 25 au matin, pour la première fois, l’eau de condensation a gelé à l’intérieur des capots mais le temps est absolument magnifique dans la baie de Puerto Consuelo d’où nous partons enrichis de nombreux souvenirs. Quelques milles plus bas, nous laissons Puerto Natales à bâbord et nous engageons sous un vent agréable et portant dans le golfe Almirante Montt, puis dans le canal Kirke, franchi au moteur et à contre-courant, pour rejoindre la bahia Valdès sous de petits airs et mouiller en douceur à l’île Jaime.

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Si deux bouteilles de whisky ont fait les frais de la logistique d’arrivée à Puerto Natales, Fred, et surtout Gérard le responsable des commandes, n'ont rien oublié des pièces attendues  : pédale de pompe de calle, éléments de winch, pièce de moteur, coulisseau de chariot de grand voile… et complètent leur prestation de livreur de leurs savoir-faire techniques. Avec leur aide, le dessalinisateur reprend du service, les coups de mou du moteur s’éclipsent et le winch avant se refait un  profil.  

La navigation se poursuit sous un temps splendide : « Je savais que j’allais dans le Sud, s’exclame Fred, mais je ne pensais pas qu’il ferait aussi beau ! ». Le spi est de sortie à deux reprises et nous reprenons le rythme des remontées dans les canaux avec arrêt nocturne dans les caletas : canal Union, canal Sarmiento, canal Innocentes, canal Concepcion, canal Wide, canal Icy puis un crochet par le seno Eyre qui nous mène au glacier Pie XI (3,5km de façade sur 50m de hauteur), que nous admirons longuement dans une solitude totale.

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Un petit arrêt le 29 février à la caleta Lucrecia nous donnera l’occasion d’une promenade à terre un peu escarpée suivie d’un réveil matinal très orienté « chasse et pêche » : expulsion d’un gros castor en phase d’exploration du cockpit suivie de la prise d’un centolla dans le panier à crabes.

La journée du 1er mars nous mène à Puerto Eden. L’arrivée se fait sous un soleil éclatant et nous retrouvons au mouillage Land Fall, un bateau américain avec les équipiers duquel nous partagerons une agréable soirée à bord. Le petit village de 150 habitants est très pauvre. Un cheminement en bois serpente le long du rivage, reliant les maisons disséminées sur le front du chenal. L’Armada, l’école, la poste et le terminal du ferry flambant neuf apportent un peu de prestance à un village aux conditions de vie difficiles où les chiliens tehuelches survivent de la pêche de proximité et de la vente d’objets touristiques à l'occasion du passage du ferry. Deux ou trois supermercados -en fait de toutes petites échoppes très peu achalandées, dont le supermercado Eden qui a nos faveurs-, nous permettent d'ajuster quelques approvisionnements. Les habitants accueillent avec beaucoup d’attention les équipages de passage et proposent leurs services : un pêcheur embarque Luc pour une relève des casiers qui nous vaudra un lot de délicieux centollas  ; sa voisine offre de nous fabriquer du pain et de laver du linge. Le 5 mars, Puerto Eden va s’ouvrir à un nouveau monde : en ce jour de rentrée des classes, le village sera relié à Internet.

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Le golfe des Peines

Le beau temps des premiers jours s’est évanoui et une succession de dépressions s’annonce pour la semaine. Nous décidons d’attendre l’amélioration des conditions à Puerto Eden avant d’entamer la phase finale de remontée des canaux (80 milles) et de nous mettre en poste d’attente à l’entrée du golfe des Peines -qui , comme son nom le laisse supposer-, ne s’aborde pas à la légère.

Nous levons l’ancre de Puerto Eden le 3 mars au matin. Le temps est exécrable et nous tirons des bords tout au long d’une longue journée de pluie battante. Nos deux écoutes de solent, un peu usées il est vrai, ne résistent pas aux mauvais traitements du parcours et une brusque claque de vent nous vaut un coup de gîte très violent aux conséquences heureusement mineures. Après un mouillage nocturne à la caleta Yvonne, le soleil est revenu et nous remontons le canal Messier dans des conditions plus agréables. A 35 milles de là, alors que le vent remonte à 40 nœuds, nous nous réfugions dans la caleta Point Lay où, fait exceptionnel, s’abritent trois bateaux : Steven, Land Fall et Alioth.

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Dès le lendemain matin, nous poursuivons -au moteur pour gagner du temps- la remontée du canal Messier et nous nous positionnons dans la belle caleta Lamento del Indio. 24h d’attente sont encore nécessaires avant d’aborder le Pacifique. Vécues sous une pluie diluvienne, elles remémorent à Fred les fondamentaux de la météo écossaise :« Rain becoming showers, showers becoming rain » et nous permettent d’entretenir plus que jamais l’ambiance tripot du bord. A l'addiction au shit head s’ajoutent les parties de domino grâce au jeu apporté à bon escient par Gérard... qui connaît les passions de Fred. Le team Alioth, faute d’une bonne maîtrise de la technique du jeu, connaît maintenant tout du vocabulaire spécialisé : « charge et décharge»,  «Goder » (le très cauchois 5/4), « boudé », « la touille » et « les petites blancheurs » …

Le 7 mars au matin, « nous y allons »  (dans le golfe des Peines) et saluons le phare de San Pedro sous un ciel plombé ponctuellement agrémenté d’averses. La bascule de vent de sud est prévue pour la fin d’après midi, et, dans un premier temps, le vent de secteur nord nous contraint à tirer un long bord plein ouest peu rapprochant. L’organisation du bord se fait en quarts glissants : chaque deux heures, un nouvel équipier prend le relais de celle ou celui qui a épuisé son temps de quatre heures de veille.

La fin de journée et la nuit se passent au moteur mais le 8 mars nous sommes récompensés : vent du sud, grand soleil et spi s’allient pour nous mener avec enthousiasme à la vitesse de 9-10 nœuds. Nous affalons avant la tombée du jour mais, par chance et comme annoncé, le vent se maintient à 20-25 nœuds toute la nuit nous permettant une progression moyenne de 8 à 9 nœuds sous solent. Après un envoi de spi dans la matinée, le vent faiblit rapidement et nous finirons notre route au moteur pour atteindre, Puerto Queilen, au sud de l’île de Chiloé, en début de nuit.

Chiloé et Puerto Montt

Dès le lendemain matin, nous remontons vers Castro, la capitale de l’île, sous un soleil confirmé. Face à un paysage verdoyant, nous naviguons -en T-shirts !- entre les îles. L’île de Chiloé s’est engouffrée dans le nouvel eldorado de l’élevage du saumon et les berges sont envahies de fermes marines dont les bâtiments flottants ponctuent le paysage. La pollution est à la hauteur de l’intensité de l’industrie et, retour à la civilisation oblige, nous regrettons déjà la pureté des eaux du grand sud.

Le Chili est le second producteur mondial de saumon après la Norvège. Il dédie essentiellement sa production au Japon qui n’achète que du poisson vivant. Pour ce faire, et avant de traverser le Pacifique, les poissons sont chargés dans des containers-viviers alimentés en oxygène que nous verrons transiter sur des barges vers Puerto Montt.

A Castro, nous mouillons devant les palafitos, les traditionnelles maisons sur pilotis du petit port et visitons la cathédrale de San Francisco, l’une des 16 églises en bois de Chiloé, véritables petites merveilles architecturales, classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Ici aussi la pauvreté domine alors que le tourisme naissant apporte son lot d’investissements malencontreux. Un dîner au restaurant El Sacho nous permet de goûter aux moules géantes patagoniennes face auxquelles nous jurons définitivement fidélité à leurs petites sœurs barfleuraises.

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Le 11 mars la journée est dédiée à Gérard qui franchit le cap de ses 64 ans, évènement fêté sur la petite île de Michuque où les palafitos ont un charme tout particulier. Le 12 mars, une dernière ligne presque droite nous permet de franchir les 60 derniers milles de la saison et de rallier Puerto Montt. Derniers bords, dernier affalage de grand voile avant de nous amarrer au ponton de la marina Oxxean. Un dîner au Fogon del Leňador nous régale de délicieuses sapaipillas (petits pains frits) et d’un filet de bœuf qui n’a rien à envier à la viande argentine et c’est dans le cadre semi-branché d’El balcon que nous clôturerons cette belle période de navigation pacifique, satisfaits d’avoir tenu dans les temps le pari d’un programme de mille milles (sur l’eau) qui n’était pas gagné d’avance.

A la veille de leur départ, Fred et Gérard, qui ont des doigts en or, consacrent leur après-midi à une méticuleuse réparation du dessalinisateur. Il fait beau et chaud et nous savourons à leur juste valeur ces cadeaux des derniers jours d’été. La question de l’hivernage est bouclée en un temps record : la marina voisine, le club Reloncavi, peut accueillir Alioth au sec dans d’excellentes conditions et c’est un soulagement pour le team qui se prépare à plier bagages après travaux. Dominique quitte le bord dans un premier temps pour cause d’assemblée générale de la FFV, suivi de Christiane et Luc qui rejoindront la France le 5 avril.

Pour le plaisir de conclure sur quelques bons mots dont il ne vous a pas échappé que Fred était friand, nous citerons deux de ses proverbes cauchois favoris :

  • « Il a une descente que j’aimerais pas remonter à vélo »
  • « L’ivrogne c’est un mec qui boit comme toi, mais qu’t’aimes pas ».

Avec une pensée toute particulière pour Catherine et Marie-France, sagement -on le suppose- restées au Havre pendant tous ces bons jours, nous vous disons à bientôt et au plaisir de vous retrouver en ligne pour les dernières nouvelles de la saison.

Le team Alioth

PS1 : sachez que si vous volez sur Air France mieux vaut respecter les consignes de bagages. Fred et Gérard ont appris à leurs dépens que l'honorable compagnie qui porte les couleurs de notre pays surtaxe de 100€ les malheureux voyageurs qui ont préféré deux sacs d'un total de 23kg  à l'unique sac réglementaire de 23kg. Houuhhh.... Air France !!!! La photo du départ de Puerto Montt avec sac unique a malheureusement échoué mais si vous voulez  des conseils en matière de packaging aérien, une seule adresse Fred & Gérard - Le Havre.

PS2 : les photos correspondant à cet article sont sur l'album S3-6 de Puerto Natales à Puerto Montt

PS3 : des photos envoyées par Laurent ont été ajoutées à l'album S3-5 de Puerto Williams à Puerto Natales



[1] Zarpar=appareiller


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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 18:53

Campagne : le règne des estancias

Nous aurons séjourné trois bonnes semaines à Puerto Consuelo (Port Consolation) dans la très jolie crique de l’estancia Eberhard au paysage serein et dépouillé. Le vent subi durant nos quinze premiers jours était froid et cinglant : venu du Pacifique, il se heurte aux Andes, dévale des glaciers et tombe en williwaws en faisant considérablement chuter la moyenne de 12° de la température estivale.

Les toutes dernières journées que nous venons d’y vivre y sont en revanche plus douces, sans doute parfois caniculaires pour les locaux, lorsque la température diurne s’élève  -exceptionnellement - à 15-18°C. LE VENT EST EN EFFET TOMBÉ depuis le 17 février ce qui est un évènement pour l’équipage et pour Alioth qui s’est encore offert un joli dérapage avant d’aller solidement s’amarrer au corps mort d’un pêcheur bien opportunément absent pour quelques semaines.

La personnalité du Capitaine Hermann Eberhard, le fondateur de l’exploitation, et la pérennisation due à ses descendants, font de l’estancia Eberhard (5 200ha de nos jours) une composante majeure de l’histoire de Puerto Natales et de son développement. Pour l’anecdote, c’est Hermann Eberhard qui découvrit, à 8km d’ici, les restes d’un animal qui vécut dans la région il y a quelque 12000 années, le Milodon, un grand herbivore devenu le symbole de la Ville de Natales et du district d’Ultima Esperanza.

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Les estancias sont la composante fondamentale de l’organisation paysagère, économique et sociale de la Patagonie, argentine ou chilienne. Celles qui se développèrent dans le secteur d’Ultima Esperanza[1] représentaient une surface totale d’environ 500 000ha avec une moyenne d’un ovin par hectare. Elles furent essentiellement créées par des allemands, des anglais, et des espagnols à la fin du XIXème et au début du XXème en vue de développer un élevage extensif des moutons dont les premières espèces furent importées des Malouines[2] puis de Nouvelle Zélande.

Les ressources en eau étaient un facteur déterminant dans le choix d’implantation des estancias. Un grand hangar construit sur pilotis destiné à la tonte et au traitement de la laine, la maison des maîtres, des équipements collectifs type cuisine, ateliers et logements pour les ouvriers agricoles, de grands enclos destinés à regrouper et sélectionner les moutons caractérisent ces exploitations faites de bois et de tôles galvanisées. L’élevage ovin argentin et chilien, donna naissance à Puerto Natales[3] à deux gros abattoirs et frigorifiques parmi les plus importants des deux pays. Le plus grand d’entre eux, FrigorÍfico Natales, détenu par les grands propriétaires terriens, abattait 300 000 bêtes par an à destination de la Grande Bretagne et ses bâtiments sont une des fiertés historiques de la ville.

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                                                                                A la estancia Eberhard

L’actuelle famille Eberhard, composée des frères Hermann et Rudi et de leur sœur Karin, mais aussi d’une jeune génération représentée par Erick et Carolina Eberhard et de leur petit garçon Rolph, accueille avec beaucoup de courtoisie les voiliers de passage : nous avons l’heureuse surprise de pouvoir faire de l’eau et même du gas-oil au minuscule ponton de l’estancia et de nous voir offrir du mouton grillé à la suite d’un asado généreusement pourvu .

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Reconverti dans l’agro-tourisme, Erick Eberhard restaure en effet les voyageurs tandis que sa femme Carolina, ingénieure agronome, travaille dans une entreprise frigorifique et développe, à quelques kilomètres de là, une exploitation de fraises et de groseilles sous serres sur une surface de 5ha.

C’est de cet univers que notre excellent compagnon et équipier Laurent nous a quittés le lundi 13 février, non sans avoir préalablement apporté sa contribution efficace à divers travaux d’entretien et de réparation et participé avec enthousiasme à un programme de découverte des beautés naturelles environnantes, argentines et chiliennes.

Montagne : les Andes argentines et chiliennes

Comptant sur des conditions climatiques plus clémentes, le quatuor Alioth dirige tout d’abord ses pas vers le parc des glaciers argentins. Les départs se font en bus de Puerto Natales, à la mode sud américaine où les petites compagnies de transport se répartissent les destinations et le marché des voyageurs. Après le passage de la frontière à Dorotea (le nom d’une des filles d’Hermann Eberhard), nous traversons les immensités de la pampa sèche, véritable steppe parsemée, sur fonds de montagnes, de quelques nandus (autruches), guanacos, flamants roses et moutons. Dans ce cadre immense et austère, les très rares estancias, tout comme la petite ville d’El Calafate située aux bords du lac Argentino, sont métamorphosées en oasis de verdure par l’irrigation.

Nous séjournons 48h à El Calafate et découvrons les splendeurs du Perito Moreno[4]. Long de 30km et large de 5km, le glacier est, en son épaisseur la plus importante, égal à deux fois et demie la hauteur de la Tour Eiffel. S’il n’est pas le plus grand du secteur, le Perito Moreno est un des très rares glaciers au monde à progresser encore et, au rythme d’une avancée de 2m par jour, le spectacle est garanti ! Lorsqu’en descendant des montagnes, l’énorme serpent gelé atteint la surface du lac Argentino, il se met à flotter. La remontée de la glace produit alors une rupture et un éclatement de la structure du glacier en de multiples arêtes et arcades d’un bleu intense. Sous la pression de la masse, les premiers rangs qui dominent le lac semblent vouloir résister à une chute pourtant irrémédiable en criant « ne poussez pas derrière », mais il est déjà trop tard : des craquements épars suivis d’un grondement sourd envahissent l’espace et dans un fracas invraisemblable des colonnes de 40 à 60m sombrent dans le lac. Epoustouflant !

100 3444                                                                                   Le Perito Moreno

Après cette fin de journée inoubliable, nous poursuivons notre périple vers le nord en ralliant le petit village d’El Chalten situé au pied du mont Fitz Roy. Un arrêt à La Leona, au beau milieu de la pampa, nous fait découvrir l’ambiance western d’une auberge historique qui vit passer, entre autres brigands de grand chemin, Butch Kassidy, en compagnie de Sundance Kid et de son épouse Ethel Place qui cherchèrent à se faire oublier là, mais sans succès, entre attaque de banque à Rio Gallegos (Argentine) et fuite espérée vers le Chili.

Deux journées à El Chalten doivent compléter notre séjour argentin. L’une nous mène à proximité du Fitz Roy : la marche est splendide et le paysage exceptionnel mais malgré le beau temps et le grand vent, le sommet ne se départit pas de son épais voile de nuages. Ce n’est qu’à notre redescente à El Chalten que nous l’apercevrons, magistral, en rejoignant le petit chalet  restaurant « la Tapera » que nous choisissons en souvenir des bons moments passés chez nos amis Alicia et José-Luis dont la maison porte le même nom.

Petite satisfaction apportée à nos egos français, le Fitz Roy[5] (3405m) est encadré d’un côté des monts Saint-Exupéry et Poincenot et de l’autre des monts Mermoz et Guillaumet. L’alpiniste Poincenot est mort noyé dans un torrent en participant en 1950 à une expédition française partie à l’assaut du Fitz Roy. Quant à l’aviateur Guillaumet, déjà cité par notre ami Armel dans un de ses commentaires, il fut un des meilleurs pilote de l’Aéropostale. En 1950, par suite du mauvais temps, il s’écrasa lors de sa 92ème traversée des Andes avec son Potez 25. Parti à pied et dépourvu d’équipement, il marcha 5 jours et 4 nuits avant d’atteindre un village, exploit que les habitants jugeaient impossible. C’est alors qu’il déclara à Saint Exupéry, venu le chercher : « Ce que j’ai fait, je te le jure, aucune bête ne l’aurait fait ». Son aventure surhumaine inspirera à Saint-Exupéry son roman  « Terre des hommes ».

Pour revenir à notre modeste expédition, le temps du lendemain s’avérant exécrable, nous renonçons à notre marche vers le mont Torre et retournons plus tôt que prévu vers El Calafate aux conditions météorologiques plus souriantes.

Après un bref retour sur Alioth pour vérifier le mouillage et prendre le temps de saluer Resolute qui lève l’ancre pour Valdivia, nous partons pour quelques jours, côté chilien, dans le parc national del Paine. Logés au refuge de las Torres, nous entamons sous un beau soleil une marche un peu éprouvante qui nous mènera tous les quatre, chacun à son rythme, face aux superbes Torres del Paine. Le lendemain est marqué par la diversité des conditions physiques de l’équipe : Dominique et Laurent partent pour trois jours, vers le refuge de los Cuernos, sur l’autre face des Torres del Paine, tandis que Christiane et Luc restent au premier refuge pour un programme plus modeste. Outre les beautés des paysages, les vents de plus de 100km/h et les pluies diluviennes qui accompagnèrent leur première nuit sous la tente resteront sans doute, pour nos deux grands marcheurs, un souvenir mémorable ainsi qu’une chute très solidaire dans un torrent qui les fera revenir dans un état d’humidité inattendu.

100 3477                                                                            Las Torres del Paine

 

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Dominique et Laurent sur le départ

Campagne : un week-end équestre

Notre dernier week-end à Puerto Consuelo est placé sous le signe de l’équitation avec des pensées toute particulières pour Hubert, notre récent équipier, par ailleurs cavalier émérite. Le cheval, introduit par les colons, fait intimement partie de la culture patagonienne et fut longtemps le seul « véhicule » à pouvoir parcourir l’immensité de la pampa. Le samedi 18, qui fut la plus belle journée de notre séjour, sera consacré à une promenade à cheval sur le domaine de l’estancia sous la houlette de Carolina et de Karin Eberhard : c’est une grande première pour le team et une belle chevauchée à dos des juments Sofia, Dorotea et Valerosa qui ont su se montrer dociles. Dominique, le spécialiste des réglages, a réussi à s’offrir un petit coup de gite à tribord : rien à voir avec l’arrivée d’un williwaw mais avec les rondeurs de Sofia, difficilement compatibles, semble-t-il, avec une bonne tenue de la selle.

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Dimanche, nous avons en compagnie de Dina, notre chauffeure attitrée, et de sa famille, assisté à un spectacle très étonnant de Jineteadas. Il s’agit, à une dizaine de kilomètres de là sur un terrain dédié et perdu dans l’infini de la pampa, de compétitions équestres qui, une fois par an, en février, réunissent des représentants de l’Argentine, du Brésil, du Chili et de l’Uruguay. Rien à voir avec le déroulement policé de notre tiercé hexagonal : chaque compétiteur se voit à tour de rôle attribuer un cheval. Celui-ci une fois attaché, la tête bloquée le long d’un poteau (ce qui peut prendre un certain temps), se voit monté par le cavalier désigné (les plus hardis montent à cru), et lorsque cavalier, préparateurs et jury (lui-même à cheval) sont prêts (ce qui peut prendre à nouveau un certain temps, certains se trouvant désarçonnés avant même le signal de départ) le coup d’envoi est donné : le cavalier cravache sévèrement sa monture d’une main tandis qu’il tente de rester en selle en tenant les rênes de l’autre. Un peu rude pour le cheval, mais éminemment spectaculaire et profondément ancré dans la culture de la pampa. Le spectacle est aussi autour du terrain : les silhouettes, les habits, les attitudes révèlent un univers muy tipico que nous sommes heureux d’avoir eu la chance de découvrir. 

100 0275  Ambiance gauchos aux Jineteadas

En ville

Le 23 février, après un long périple Le Havre-Paris-Santiago-Punta Arenas-Puerto Natales, arrivent nos amis Gérard et Fred avec lesquels nous nous réjouissons de poursuivre le voyage. Nous utilisons ce temps de transition pour effectuer quelques travaux, réparations et entretiens mais aussi pour profiter de l’environnement ambiant. Nous aimons Puerto Natales pour les services qu’elle nous procure mais aussi pour son ambiance de ville du bout du monde, ses maisons traditionnelles  et son adaptation touchante à un marché émergent du tourisme fait d’une clientèle motivée de voyageurs et de trekkeurs.

Comme à chaque escale, nous prenons rapidement nos habitudes : la bonne boulangerie, le point internet (bravo à l’hôtel Natales pour la qualité de sa connexion !), la laverie tenue par un couple d’écossais-canadiens, la petite hôtellerie qui nous donne accès à ses douches, le supermarché local loin d’être aussi dépourvu qu’annoncé etc. Dina, citée plus haut, assure nos aller et retours réguliers entre Puerto Deseado et Puerto Natales avec une ponctualité et une gentillesse sans limite. Une petite soirée sur Alioth réunissant Dina et son mari et des membres de la famille Eberhard permet d’écluser les dernières bouteilles de champagne du bord et d’entonner en chœur l’hymne chilien -plus poétique que notre chant guerrier- : un moment que Laurent aurait hautement apprécié de vivre ! Mercredi soir nous sommes invités à dîner chez Karin et son amie Ximene : ce sont toujours des moments très appréciables et enrichissants que ceux que nous pouvons partager avec les amis de rencontre.

Côté mer

Abrazo, le bateau américain de Richard, rencontré précédemment à Puerto Williams, a rejoint Puerto Consuelo. Ce matin nous sommes allés conforter son mouillage car c’était à son tour de déraper sur le fond. L’équipage de Richard et de Victor est le fruit d’une rencontre étonnante : Victor a perdu tous ses biens –maison, bateau et voiture- dans le tremblement de terre chilien de 2010 tandis qu’Abrazo était un des seuls bateaux rescapés de la marina qui faisait face à la maison de Victor. Associant l’infortune de l’un à la fortune de l’autre, ils sont tous deux partis à bord d’Abrazo pour faire un bout de route ensemble. 

Fin de saison

Notre départ pour Puerto Montt est prévu le vendredi 24 février au matin. La route est longue -900 milles dans les canaux- mais, bonne nouvelle, le vent s’annonce au sud pour les premiers jours. Pourvu que ça dure ! Notre risque majeur est de nous voir bloqués par des vents de nord à l’entrée du golfe des Peines ouvert sur le Pacifique (pas si fique que cela… mais bien mal nommé par Magellan qui découvrit l’océan un jour de grand beau temps). Il nous faut arriver à Puerto Montt pour le 13 mars compte tenu des dates de retour respectives vers la France de Frederick et Gérard (14 mars), puis de Dominique (16 mars) pour participation à l’assemblée générale de la FF Voile. Christiane et Luc projettent de leur côté un retour pour le début avril.

Tout ceci est un peu long mais il se passe tant de choses dans cet espace immobile… et tant de situations inédites :

100 0322 Dominique reviendra-t-il en France en compagnie du chien de Dina ?

Bien amicalement à tous avec une pensée toute particulière de Christiane et Luc pour Mony, leur amie chileno-havraise.

Le team Alioth

 

PS1 : Des photos sur le passage du Cap Horn ont été ajoutées à l’album S3 – 4 – Au sud du sud avec tous nos remerciements à Franck pour les photos qu’il a bien voulu prendre de Resolute. Et si certains ont envie de vivre une année au Cap Horn, ils peuvent suivre le lien qu’a eu la bonne idée de nous communiquer Nicolas du service des phares et balises du Cotentin :

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Cette-famille-a-garde-un-an-le-phare-du-Cap-Horn-_3639-2016722_actu.Htm 

PS2 – Les photos concernant le présent article se situent sur l’album S3-6 – Puerto Natales et une vidéo sur les Jineteadas a été mise en ligne sur Facebook (compte Tincelin-Alioth).

 



[1] Le district d’Ultima Esperanza fut ainsi dénommé par le capitaine espagnol Juan Ladrilleros, premier européen à accéder à cette zone (1558), dans ses recherches désespérées d’un accès au détroit de Magellan.

[2] Les Iles malouines, Islas Malvinas, font l’objet d’une guerre de communication : sur les cartes, aux postes frontière, elles sont délibérément affichées propriété argentine.

[3] Ainsi dénommée car la rivière Natales qui longe la ville fut découverte un 24 décembre.

[4] Perito Moreno est un grand explorateur et savant argentin très populaire dans son pays. Il consacra sa vie à la science et à l’éducation mais aussi à la pacification entre Argentine et Chili en proposant une frontière géographique raisonnée entre les deux pays.

 

[5] Fitz Roy, tout d’abord en qualité de second, puis de capitaine, navigua à bord de HMS Beagle (1826-1830), le bateau qui découvrit la célèbre voie maritime et qui porte son nom.

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 21:55

Laurence et ses élèves de CM1 nous font l’amitié de suivre le voyage d’Alioth depuis leur salle de classe de Quettehou (Manche). Ils nous ont posé par courrier électronique cinq questions auxquelles nous avons le plaisir de répondre dans les lignes qui suivent.

Question 1 – Comment se passe une journée à bord ?

Pour répondre à ce point, nous distinguerons trois cas de figure : les périodes de navigation hauturière, celles de navigation côtière et enfin les périodes où nous séjournons dans un port ou une marina.

1 – Si nous sommes en période de navigation hauturière (traversée de l’Atlantique, descente le long de l’Amérique du Sud…), c'est-à-dire loin des côtes et sur une grande distance, notre vie s’organise sur un rythme un peu particulier puisqu’il faut 24h/24 s’occuper activement de la vie du bateau. Nous nous succédons ainsi par « quarts » de trois heures : celle ou celui qui est de quart a la responsabilité de la navigation, du réglage des voiles et de la surveillance du plan d’eau, le tout avec l’appui éventuel du reste de l’équipage (manœuvres, changements de voile…) et sous la responsabilité du chef de bord qui alterne chaque semaine.

Tous les matins nous demandons un fichier météo par communication satellite pour savoir quelles sont les évolutions du vent et préparer notre navigation en conséquence. Il faut bien sûr s’occuper des changements de voile en fonction de la direction et de la force du vent, effectuer des petits travaux d’entretien du bateau, s’occuper des repas et même faire notre pain lorsque nous sommes partis depuis longtemps. Tenir le « livre de bord » est une obligation pour tous les bateaux, quelle que soit leur taille et nous y consignons le suivi de la navigation.

Quand les conditions sont bonnes, nous avons le temps de lire, d’écouter de la musique, de dessiner, de jouer aux cartes selon les goûts des uns et des autres. Nous nous reposons aussi un peu dans la journée car les quarts de nuit perturbent notre sommeil. Pour nous laver nous avons la chance de disposer de douches : nous pouvons produire de l’eau douce et la chauffer dans un cumulus mais il faut être vigilant à la consommation électrique (cf. votre question 3). En bateau à voile, on se doit d’être « écolo » !

2 – En période de navigation côtière (remontée des canaux de Patagonie par exemple), nous naviguons essentiellement dans la journée. Il n’est alors plus besoin d’organiser des quarts, mais de répartir entre nous les différentes tâches : poste de barre, manœuvres et navigation. Près des côtes, la navigation nécessite en effet une attention particulière car les « cailloux » -c’est ainsi que les plaisanciers nomment les récifs-, les courants et les variations de hauteurs d’eau présentent de nombreux risques. Le soir, une fois l’ancre mouillée, tout le monde peut dormir tranquille, ou presque, car certains incidents peuvent se produire quand le vent se lève (ancre qui dérape, amarrage qu’il faut renforcer si nous sommes à quai…). Lorsque nous sommes au mouillage, nous disposons d’un petit bateau pneumatique dit « annexe » qui peut fonctionner à la rame ou au moteur et qui nous permet de rejoindre le rivage pour aller nous promener à terre. Lorsque nous sommes dans des régions chaudes, nous avons le plaisir de nous baigner ce dont nous avons beaucoup profité au Brésil (avec nos petits-enfants notamment)… mais pas en Patagonie.

P1010348     Alioth et son annexe (ïle d'Herschel près du Cap Horn)

3 – Lorsque nous sommes amarrés à quai ou dans une marina pour plusieurs jours -c’était le cas à Ushuaia notamment-, la vie est presque celle que nous pourrions mener à terre, le bateau perdant alors sa fonction de moyen de transport pour garder simplement son rôle de « maison ». Il faut en profiter pour porter le linge à la laverie -car nous n’avons pas de machine à laver à bord-, faire des courses, consulter sa messagerie électronique, ou bien encore aller chez le coiffeur, procéder à des réparations ou faire le plein de gas-oil si nécessaire. Ces moments sont également agréables car nous pouvons communiquer avec d’autres équipages qui sont de nationalité différentes : partout il est important de savoir parler anglais, et l’espagnol est bien sûr essentiel en Argentine et au Chili (au Brésil on parle portugais). Echanger avec les autres bateaux nous permet d’apprendre beaucoup des expériences des autres et, comme à terre de se faire des amis, même si nous savons qu’un jour où l’autre nous devrons les quitter, sans doute pour toujours. Aller à terre, c’est aussi découvrir la culture du pays, son histoire, ses traditions, les habitudes de ses habitants, ce qui est passionnant.

2 – Comment supportez-vous de rester si longtemps loin de chez vous ?

Nous avons fait le choix d’avoir « des racines et des ailes ». Nos « racines » sont celles que nous avons à Paris ou en Normandie où, six mois par an, nous avons le bonheur de retrouver nos familles, nos amis et nos maisons. Le côté « ailes », nous le vivons sur l’autre moitié de l’année où nous partons à la découverte d’autres univers : autres pays, autres cultures, autres rencontres. Nous avons ainsi l’immense chance de vivre deux vies en une en assouvissant notre amour du voyage et de la navigation à la voile tout en conservant des liens forts avec ceux que nous aimons. Ce n’est ni mieux ni moins bien que ce que vivent d’autres personnes : c’est simplement ce que nous avons envie de vivre.

Partir c’est aussi sortir de la routine et donner du relief à ce que l’on vit : c’est sans doute une expérience que vous connaissez pour avoir passé un week-end ou des vacances chez des amis ou des cousins ; vous quittez votre maison et votre famille pour vivre autre chose chez d’autres gens qui ont d’autres habitudes. Vous rentrez chez vous avec le double plaisir d’avoir vécu un moment différent et de retrouver votre famille. Il en est ainsi pour nous et, paradoxalement, nous vivons sans doute avec plus d’intensité encore qu’auparavant nos relations affectives et amicales. Il faut ajouter qu’Internet est un précieux allié qui nous permet de maintenir les contacts lorsque nous sommes partis, notamment via le blog. Par ailleurs des habitants de Quettehou veillent avec beaucoup d’attention sur notre maison pendant notre absence et s’occupent de notre courrier.

3 – Comment obtenez-vous de l’électricité à bord ?

C’est une question effectivement essentielle car un voilier de voyage est une petite entité qui doit pouvoir vivre en toute indépendance, en eau et électricité notamment.

L’électricité est nécessaire au fonctionnement de nombreux équipements :

-          Moteur (les batteries doivent être bien chargées pour permettre son démarrage)

-          Outils de navigation (ordinateurs permettant de visualiser les cartes électroniques, GPS, baromètre…)

-          Moteur de quille (car la quille d’Alioth est relevable)

-          Pilote automatique (un outil très confortable et efficace qui se substitue au barreur)

-          Dessalinisateur (qui produit de l’eau douce à partir de l’eau de mer)

-          Guindeau (qui permet de remonter l’ancre sans effort)

-          Propulseur d’étrave (qui aide au pilotage du bateau dans les manœuvres de port)

-          Cuisinière (allumage électrique et fonctionnement au gas-oil), cumulus, frigidaire et chauffage

-          Pompes diverses (ballastes, calles, robinets…)

-          Eclairage interne et externe (feux de navigation et feu de pont)

Il faut donc tout à la fois bénéficier d’un dispositif de production suffisant et consommer l’électricité avec modération. Sur Alioth, nos « centrales électriques » sont les suivantes :

-          Un moteur auquel est associée une génératrice électrique

-          Une éolienne

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Eolienne du bateau (elle tourne très vite par grand vent  et produit beaucoup d'électricité)

-          Un hydrogénérateur qui fonctionne sur le même principe que l’éolienne mais, qui, au lieu d’être animée par le vent, tourne dans l’eau en fonction de la vitesse du bateau : nous l’utilisons essentiellement en navigation hauturière

P1000406.JPG L'hydrogénérateur

-          Un petit panneau solaire surtout utile aux longues périodes d’« hivernage » afin de maintenir un niveau de production d’électricité minimal

-          Un groupe électrogène qui permet de produire de l’électricité lorsque les autres systèmes sont défaillants : nous l’avons appelé Manfred en souvenir d’un ami rencontré au Brésil qui nous avait conseillé l’achat très judicieux de cet appareil qui fonctionne à l’essence.

A titre d’exemples :

-          une douche d’eau chaude suppose que nous ayons chauffé l’eau dans le cumulus mais aussi que nous ayons fabriqué de l’eau douce à partir de l’eau de mer : les deux opérations sont consommatrices d’électricité.

-          dans les canaux de Patagonie nous avons barré en permanence pour éviter l’usage du pilote automatique et économiser de l’énergie car nous ne pouvions installer l’hydrogénérateur en raison de la présence de l’annexe sur la jupe arrière du bateau.

En conclusion, il est nécessaire de surveiller très régulièrement le niveau des batteries du bateau, c'est à dire le niveau d'électricité stocké à bord. Lorsque nous sommes dans une marina (ce qui fut très rare au cours de cette saison) nous pouvons disposer d’électricité et d’eau à quai : dans la marina de Saint-Vaast, vous pouvez remarquer les plots de distribution d’eau et d’électricité qui sont régulièrement installés sur les pontons.

4 – A quoi sert le moteur si vous avez une voile ?

Nous sommes pleins d’admiration pour les grands voiliers qui, des 15ème aux 19ème siècles, ont fait des navigations si difficiles avec des voilures si compliquées à la découverte de toutes les régions du monde : ils ne disposaient ni de cartes (et encore moins de GPS), ni de prévisions météorologiques, ni de moteur…

A l’heure actuelle, les voiliers de grande croisière naviguent dans des conditions très confortables et le moteur est un outil essentiel à leur bon fonctionnement. Il permet en effet :

-          de manœuvrer dans les ports et les mouillages : il n’est pas impossible mais un peu difficile de rentrer à la voile dans la marina de Saint-Vaast ou de Cherbourg et c’est en principe interdit.

-          d’avancer lorsqu’on est en « panne » de vent surtout sur les petits parcours car en navigation hauturière il est préférable de patienter en attendant le retour du vent sous peine d'épuiser rapidement les réserves de gas-oil.

-           de garder le bateau manœuvrant : vous connaissez sans doute les courants très forts qui parcourent le raz Blanchard ou le ras de Barfleur. Si le vent tombe et que le bateau n’a plus de moteur, les courants risquent de faire dériver le bateau sur les cailloux. C’était autrefois une grande cause de naufrage.

-          de produire de l’électricité, comme nous l’avons vu précédemment, ce qui est très utile au bord.

Autrement dit le moteur participe très activement au confort et à la sécurité d’un voilier.

5 – Est-ce que vous rencontrez des animaux marins rares ou extraordinaires ?

Nous rencontrons des animaux inhabituels aux régions de la Manche ou de l’Atlantique : en ce sens ils sont pour nous rares et extraordinaires mais en revanche ils vivent dans leur milieu naturel et sont tout à fait communs pour les populations qui habitent dans le grand sud de l’Amérique du Sud.

Les dauphins que l’on rencontre sur toutes les mers du globe ont la particularité ici d’avoir le ventre blanc. Nous aimons beaucoup les phoques qui, comme les dauphins, aiment jouer aux alentours du bateau: ils ont le même corps fuselé et se déplacent de manière assez similaire. Les baleines sont assez fréquentes mais un peu frustrantes car elles se laissent assez peu apercevoir : un souffle, un arrondi du dos et, dans le meilleur des cas, un petit bout de queue et la bête a disparu. Les pingouins sont particuliers aussi à ces régions : ce sont surtout les petits pingouins dits de Magellan que nous avons rencontrés. Noir et blanc, ils vivent en colonies sur les îles ou nagent par petits groupes. Les lions de mer se prélassent sur les rochers : Ils sont gros, pas très beaux et assez apathiques. Ils sentent très mauvais et leur odeur nous parvient avant de les avoir aperçus, lorsque nous passons sous leur vent. Il est difficile de prendre ces animaux en photos : nous ne pouvons vous les montrer tous.

P1000630.JPG   Dauphins au ventre blanc (photo prise dans un musée !)

129.JPG Dauphin

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               Pingouin de Magellan

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      Colonie de pingouins de Magellan

100_3279.JPG Et Luc est très fier quand il réussit à pêcher de délicieux crabes appelés "centollas" très rares à cette saison.

 

A nous maintenant de vous poser quelques questions :

-          quelle est la composition de votre classe ?

-          que représente la mer pour vous ?

-          êtes-vous nombreux à avoir envie de voyager ? Pourquoi avez-vous envie ou non de voyager ?

-          faites-vous de la voile dans le cadre de votre école ? Si oui qu’avez-vous à nous raconter à ce sujet ?

Nous repartons le 23 février pour trois semaines de navigation où nous n’aurons pas de possibilité d’accès à Internet : nous remontrons la côte du Pacifique de Puerto Natales à Puerto Montt au Chili en passant essentiellement au milieu des îles. Nous serons de retour début mai en Normandie où nous serons heureux de vous rencontrer.

Bien amicalement, bonnes vacances de février et « hasta luego » (à bientôt en espagnol)

Le team Alioth,

Christiane, Luc et Dominique 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 21:40

Après une descente animée de Buenos Aires à Ushuaia, suivie de quelques semaines de navigation dans le canal de Beagle enfin conclues par une virée au Cap Horn, nous entamons le 9 janvier la troisième phase de notre navigation de la saison 2011-2012.

Arrivé le 1er janvier, Laurent -alias « Tu connais pas ça ? » (dixit Hubert)-, nous fait l’amitié de sa présence jusqu’à la mi-février et nous entamons à quatre, avec beaucoup d’enthousiasme, le chemin des canaux.

La route

Ce sont plus de 600 milles que nous devons parcourir de Puerto Williams à Puerto Natales dans un labyrinthe de mer, de glace et de roche. Il est difficile d’imaginer l’immensité de ce dédale maritime cloisonné de part et d’autre par d’innombrables chaînes de montagnes et parsemé d’îles et de cailloux en quantités infinies. Le balisage, efficace et discret est le seul témoignage de la main de l’homme dans ces paysages hors du commun. On y vit, en dehors du temps, un sentiment d’éternité et les appellations des lieux en disent long sur le ressenti des premiers explorateurs : île des Furies, baie de la Désillusion, baie Fatale, anse de l’Abandon, baie Désolée, Port Famine, fjord de la Tristesse, baie de la Dernière Espérance, crique des Disparus…

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La navigation

Notre navigation se fait généralement de jour -pas trop tôt le matin et pas trop tard le soir- sur une distance quotidienne moyenne d’environ 25 milles nautiques. Cette performance peut paraître faible pour Alioth familier des distances de 170 milles par 24h mais le contexte des vents et courants d’ouest dominants, l’étroitesse (relative) des canaux et notre réticence à mouiller de nuit dans les criques étroites et envahies de kelp, nous font apprécier ce rythme par ailleurs très adapté aux quatre semaines dont nous disposons pour rejoindre Puerto Natales.

Sur motivation initiale de Dominique,  nous avons grand plaisir à naviguer à la voile dans ces contrées réputées pour n’être parcourues qu’au moteur, ou presque. Des quelques rares voiliers croisés, dans le sens de la montée comme dans celui de la descente, tous semblaient en effet bouder les services d’Eole pourtant généreusement diffusés sur le secteur.  Nous aurons ainsi  effectué plus de la moitié de notre route et consacré les trois quarts de notre temps à border les écoutes car comme l’exprime le dicton : « Qui tire des bords, double sa route et triple sa peine ». Un à la barre, un à la navigation et deux aux manœuvres, vent dans le nez et nez dans le vent, nous enchaînons allègrement les virements dans une eau en général assez plate, quoique parfois sévèrement agitée d’un clapot sec levé par le vent d’ouest.

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Le vent et les voiles

Sauf période de calme plat, le vent souffle en moyenne à 15-25 nœuds avec des montées maximales à 35 nœuds. Alioth file bien sous ses tenues légères du grand sud : un ou deux ris dans la grand voile, ORC ou solent pour le triangle avant. Spinnaker et gennaker, assez inappropriés aux circonstances, ont été invités à prendre quelque congé tandis que la trinquette, déclarée momentanément inapte, manque un peu à notre garde-robe.

Le temps est souvent gris, voire pluvieux. La température doit parfois descendre aux alentours de 5 à 10° mais bien équipés nous ne souffrons pas du froid. Les apparitions du soleil donnent des moments de navigation exceptionnels, des soirées superbes ou des matins enchanteurs, selon..., mais sans cumul excessif…

Les caletas

Chaque soir nous nous arrêtons dans une petit crique, dite caleta, choisie selon les descriptions de notre excellent guide nautique italien. Elles sont nombreuses, variées et bien abritées des vents d’ouest au pied des montagnes. Soit on se contente d’y jeter l’ancre, soit, le plus souvent, on conforte le mouillage par deux amarres accrochées à terre pour contrer les effets des éventuels williwaws. Nous nous félicitons à ce sujet du logement de l’annexe sur la large jupe arrière d’Alioth qui permet une mise à l’eau rapide ainsi que du positionnement des trois rouleaux de bouts de 100m installés, deux sous les bancs de barre et un dans le balcon de mât.

Les caletas ont chacune leur charme depuis celle du Seno Pia qui nous permet un mouillage grandiose face au glacier Romanche, la Cinco estrellas qui n’en vaut pas tant mais qui nous offre, 100 3271sous une pluie battante, un décor touchant de désolation, la caleta Silva dont notre guide nautique avait oublié de préciser que la forêt y était sous-marine (près de 500kg de kelp accrochés à la chaîne relevée à 4h du matin pour cause d’ancrage défaillant), Beaubassin ainsi dénommée par Bougainville et dans laquelle nous avons le plaisir de croiser nos amis allemands de Resolute arrivés en pleine nuit alors que nous avons un peu envahi la place, Brecknock qui promet de belles balades autour de lacs dont nous ne verrons pas la couleur, le temps exécrable nous maintenant enfermés à bord pour 24h, Woods qui nous donnera l’occasion d’une de nos très rares rencontres humaines, celle d’une famille de pêcheurs accompagnée de ses cinq caniches et de beaucoup de bonne humeur et avec laquelle nous troquerons un peu de vin et des cigarettes contre un seau entier de délicieuses centollas et trois beaux poissons.

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Journée de mauvais temps

El Seňor Nanni

Notre moteur, vedette malencontreuse du début de saison, mérite bien un petit paragraphe spécifique. Pas de deux sans trois : après les problèmes d’inverseur, puis ceux d’arrivée d’air dans le circuit, el Seňor Nanni a refait des siennes sur un mode moins radical, un problème de tendeur usé au niveau de la courroie de transmission cause d’une panne un peu stressante au pied d’un glacier. Mais nos deux mécaniciens, Laurent et Luc, ont pris le contrôle de la situation en attendant l’arrivée de nos deux prochains équipiers Frederick et Gérard sollicités pour joindre à leurs bagages une pièce de rechange très attendue.

Hormis cet incident, nous devons saluer la performance du Seňor Nanni qui, bien heureusement, a su mener sa mission de janvier sans défaillance. Nous le devons sans aucun doute aux vœux que nombre d’entre vous avez bien voulu formuler à son égard et qui furent de la plus haute importance puisque, selon les préconisations de notre guide nautique : « même les meilleurs voileux ne doivent pas s’aventurer dans le parcours des canaux sans la certitude de disposer d’un moteur parfaitement fiable. » ..

Le trafic

Nous nous étonnons du très faible trafic maritime qui fréquente les lieux. Quelques voiliers et cargos, un paquebot, un groupe de kayakistes ( ! ?), une dizaine de bateaux de pêche complètent le tableau de nos rencontres. La VHF donne le plaisir de quelques échanges, utilitaires ou amicaux, dans cette grande solitude marine.

Les paysages, la faune et la flore

La photo sera le media le plus apte à décrire les paysages que nous rencontrons tout au long de notre route et qui font notre émerveillement quotidien. Les excursions à terre sont appréciées, ne serait-ce que pour se dégourdir les jambes, mais sont parfois interdites par l’opacité de la forêt qui borde la côte.

La végétation est étonnante, foisonnante et trapue, sculptée et desséchée par le vent. Le sol est couvert d’une mousse profonde qui rend la marche difficile. Les fuchsias, les fougères arborescentes, les marguerites mais aussi les hêtres et les houx nains caractérisent cette nature d’une incroyable densité.

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La faune est surtout aérienne et marine. Aux oiseaux de mer qui veillent fidèlement sur notre route se joignent sur le rivage les condors, oiseaux mythiques des pays d’Amérique du Sud, qui siègent à terre et dont un représentant, sans doute diverti par notre arrivée, se tord le cou sur la glace après un envol précipité : le malheureux animal, étourdi par le choc, y perdit pas mal de sa prestance... Les canards vapeurs qui semblent nager le crawl dans les caletas ainsi que les  baleines et les pingouins, les phoques et les dauphins qui s’ébattent dans les canaux font partie de notre environnement naturel.

Puerto Natales

A ce rythme, il nous aura fallu vingt jours pour joindre la petite ville de Puerto Natales face à laquelle nous mouillons sur le site de Puerto Laforest, qui contrairement à son homonyme française, brille par l’inexistence de ses installations nautiques. Il faut dire que nous ne sommes que trois bateaux à nous retrouver dans la baie dont Resolute qui a remonté les canaux à un rythme accéléré. L’ancrage y est réputé peu sûr et nous en ferons tristement l’expérience le lendemain de notre arrivée : le vent se lève subitement durant notre descente à terre, Alioth dérape et accroche son ancre dans le câble d’un élevage de saumons désaffecté. Laurent et Luc rejoignent rapidement le bateau en annexe pour prendre le contrôle de la situation, alors que Christiane et Dominique restent bloqués par le mauvais temps sur l’autre rive. Ce n’est qu’après trois heures de difficiles manœuvres orchestrées par les deux marins du bord et une nouvelle plongée de Luc, le spécialiste des opérations commando, que l’équipage parvient enfin à libérer l’ancre.

A la suite de cette rude expérience nous décidons de nous réfugier à 8 milles de là sur le site de Puerto Consuelo face à l’estancia Hermann Eberhardt qui nous donne l’opportunié d’un délicieux asado dégusté à trois équipages.

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Il s’agit maintenant de préparer une pause de quelques jours : le parc national chilien del Paine et les glacier argentins nous tendent les bras mais il nous reste  à trouver des hébergements durant cette période hautement touristique.

Dernière étape

Le 22 février arriveront Frederick et Gérard avec lesquels nous effectuerons, de Puerto Natales à Puerto Montt, les neuf cent milles de la quatrième et dernière étape de la saison. Outre le plaisir que nous aurons à naviguer ensemble, la double spécialité de Frederick (CAP de mécanique et gastro-entérologie) permettra de surveiller de conserve, et le Seňor Nanni, et les éventuels ulcères que ce dernier aurait pu occasionner à l’estomac de Luc dici la fin de la saison.

PS : les photos, pour une fois abondantes en raison d’une excellente connexion, figurent sur l’album S3- 5 de Puerto Williams à Puerto Natales.

 

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