Quelques nouvelles rapides à l’occasion de notre escale à Recife pour relater notre tentative de participation à la XXIIe Refeno, régate de Recife à Fernando de Noronha.
Arrivée de l’équipage – Anne-Sophie et Pierre-André, Arielle et Dominique, Christiane et Luc- le dimanche 19 septembre en fin d’après-midi à Salvador de Bahia, conclue par un vertigineux approvisionnement au Duty Free de 72 bouteilles de whisky destiné au mariage de la nièce de Marcello, notre indescriptible interlocuteur bahianais. Une chaleureuse poignée de main attribuée en sortie de caisse en dit long sur l’estime que le gérant du lieu a su porter à notre intéressant sextuor.
Heureuses retrouvailles avec Alioth qui ne prêtent pas à de longues effusions car les courses au supermarché s’invitent à meubler la soirée. Marché de Sao Joaquim le lundi matin, remise en route du bateau et travaux d’entretien, formalités administratives, déjeuner « au kilo » et petite visite rapide au Pelhourino, et nous nous déclarons prêts pour un départ le mardi matin à l’aube.
Mardi matin, au lever du jour, sous un beau soleil, la pantille bâbord prise dans le propulseur d’étrave interdit notre départ du ponton et seule une courageuse plongée de Luc dans les eaux douteuses de la marina parvient à nous libérer ; rapide passage à la station de carburant et notre remontée vers Recife peut débuter. Après une sortie de la baie vers le sud, nous remontons au cap 60° environ avec un vent d’est - sud-est qui nous amène au bon plein sous un vent de 15 à 20 nœuds et une mer un peu agitée.
Dans ces conditions, le mal de mer sévit rapidement à bord atteignant une bonne moitié de l’équipage. Anne-Sophie le joue avec humour et élégance dans sa mini-jupe blanche : nous dirions volontiers « chapeau ! » si celui-ci ne s’était pas dramatiquement envolé à l’eau… Pierre-André l’assume de front avec détermination. Quant à Arielle nous n’oserons pas plaisanter à son sujet tant sa longue et silencieuse immobilisation traduit l’intensité du mal qui l’a frappée. On n’oubliera pas, selon la réduction percutante qu’en fait Björn Larsson dans son excellent 'Cercle Celtique' que : le problème avec le mal de mer, c’est tout d’abord d’avoir peur d’en mourir, pour ensuite craindre... de ne pas en mourir.
Tel un enfant boudeur qui refuse de saluer ses parents à leur retour de vacances, Alioth nous impose une série de caprices : nouvelle fuite des ballastes générant de sympathiques récupérations d’eau dans les fonds, panne de pilote exigeant un relais permanent à la barre, puis à l’arrivée à Recife mise en échec du générateur interdisant toute remontée de la quille… Tous problèmes insolubles dans le peu de temps dont nous disposons. Quant au temps il se la joue un peu « pot au noir » et notre première nuit en mer alterne de manière cyclique vent sous grains, refusantes, et calmes plats.
La seconde nuit s’avère plus sereine et c’est sous un brillant soleil et sur une mer magnifique, salués par un festival d’oiseaux, de baleines et de dauphins que nous faisons notre entrée à Recife, jeudi en début d’après-midi, heureux d’apporter une fin au calvaire maritime d’Arielle.
Notre arrivée se fait un peu tardivement par rapport au règlement de la course et, piégés par nos problèmes de relèvement de quille, la Marine Nationale en charge des inspections de sécurité refuse dans un premier temps de s’occuper de notre voilier. A cette heure, vendredi 16h, le problème reste en cours mais en voie de résolution malgré tout : nous espérons ne pas avoir fait toute cette route pour nous voir refuser l’accès à la course…
Beaucoup de réflexion entre nous pour savoir quelle organisation mettre en œuvre pour éviter d’infliger à Arielle l’aller-retour par mer sur Fernando de Noronha. Mais les vols en avion sur l’île étant sur-bookés, Arielle se résout courageusement à poursuivre avec nous. Au retour, Anne-Sophie et Pierre- André, afin de reprendre leur avion pour Paris le lundi, et Arielle pour ne pas faire trop de route par voie de mer reprendront un avion Recife-Salvador alors que Dominique, Luc et Christiane redescendront le bateau sur Salvador. Quant à Marcello, notre équipier brésilien, il s’est désisté au dernier moment et notre équipage restera donc 100% français.
Nos rencontres avec brésiliens et argentins sont très chaleureuses, utiles et sympathiques. Nous devons notamment beaucoup à un certain Philippe, excellent francophone, qui nous a apporté son aide de traducteur à différents moments délicats. Car si la régate se veut internationale, l’anglais est quasiment inexistant et mieux vaut pour la pratiquer, posséder le brésilien.
En bref, depuis notre arrivée, tout est un peu compliqué et nous nous inquiétons du mode de « vacances » que nous imposons à Anne-Sophie et Pierre-André. La suite nous dira s’ils sauront nous pardonner… et si nous atteindrons un jour l’archipel mythique de Fernando de Noronha…
N.B. Le suivi de la course doit pouvoir se faire sur le site de la course Refeno cité dans le précédent article. Alioth porte le n°72 dans la catégorie « Jaune ».
Pour les photos, il faudra attendre notre retour sur Bahia car nous n’aurons pas le temps de la mise en ligne d’ici là.