Il fait bon vivre en Calédonie et on comprend que certains, venus pour voir, s’y installent pour toujours.
La géographie et le climat y sont des plus séduisants : un des plus grands lagons du monde, un paysage de montagne cumulant à plus de 1600m et l’atmosphère tropicale qui offre aux paysages vallonnés un tapis de végétation d’une intensité exceptionnelle. Une sorte de Nouvelle-Zélande sous les tropiques.
Son histoire quant à elle, nous est très proche. Si l’île fut découverte par James Cook lors de son second voyage, ce fut Napoléon III qui l’annexa pour y créer des bagnes que les évènements ont eu vite fait de s’approprier pour y envoyer les Communards. Parmi eux, Louise Michel maintint, au service des natifs de l’île, l’exigence politique et sociale qui fut, en France, la cause même de son exil. La dualité culturelle Caldoches/Kanaks se cherche de nos jours un art de vivre ensemble traversé tant par des mouvements profondément séparatistes que des recherches de construction d’une communauté de destins. A quelques jours d’un scrutin majeur, la tension est perceptible : dimanche, les élections provinciales marqueront un pas significatif dans l’histoire du POM[1] de Nouvelle-Calédonie. Economiquement, l’île est un immense site industriel à ciel ouvert lié à l’extraction et l’exploitation du nickel, qui, si elle est une ressource précieuse pour le territoire, reste une cause de pollution et de détérioration de son paysage.
L'usine Eramet de Nouméa salue sa consoeur havraise
Nous avons dorénavant quitté les îles du triangle polynésien (Ile de Pâques, Hawaï, Nouvelle-Zélande) pour pénétrer en Mélanésie constituée de la Nouvelle-Calédonie, du Vanuatu, des îles Salomon et de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Ce sont les mélanésiens, peu à peu métissés d’Asiatiques, qui ont progressivement fait le peuplement de la Polynésie et on retrouve ici très naturellement les fondamentaux de la culture des îles du Pacifique : pirogues, tapas (tissus traditionnels faits à partir de l’écorce des mûriers), mythologies...
Durant notre séjour nous avons été les témoins de deux grands anniversaires : le dimanche 4 mai, en assistant, dans l’isolement des forêts du Nord-Est, en territoire des tribus Kanak, à un émouvant hommage célébré à l’occasion des 25 ans de la mort de Jean-Marie Tjibaou, assassiné le 4 mai 1989 ; le 9 mai au soir, en participant au musée maritime de Nouméa, à un spectacle donné à l'occasion des 150 ans de l’arrivée de l’Iphigénie (9 mai 1864), le tout premier bateau chargé de conduire les bagnards français en Nouvelle-Calédonie.
Réflexion sur une communauté de destins :
enfants kanaks et caldoches devant la tombe de JM. Tjibaou
Nous avons la grande chance d’avoir rencontré ici des amis de notre sœur et belle-sœur Elisabeth dont nous regrettons bien qu’elle ne soit pas des nôtres. En compagnie de leurs propres amis, Pierrette et Claude, mais aussi de -Jean-Jacques qui à 75 ans parcourt le Pacifique en solitaire sur son petit voilier de 10m70 : respect !- Edith et Marcel nous réservent un accueil des plus chaleureux. Dîners délicieux dans des appartements de rêve, découverte privilégiée de la ville et du pays, journée à la campagne dans une charmante propriété immergée dans la forêt tropicale, soirées spectacles… et discussions sur la vie ici, son histoire, ses enjeux… d’autant que les familles d’Edith et Marcel sont arrivées aux tout débuts de l’histoire Calédonienne française : l’aïeul d’Edith naviguait, avant même l’annexion de 1853, sur un bateau qui faisait du commerce entre les îles du Pacifique. Quant à l’ancêtre de Marcel, il arriva dès les premiers temps de la colonisation pour participer à l’encadrement du bagne. Petit détail amusant, la famille de Marcel fut la première à importer des voitures sur le "caillou" et la semaine prochaine, Marcel, en costume d’époque, pilotera, à la demande du musée de la ville, la première voiture importée en Nouvelle-Calédonie par son grand-père. La concession Ménard développée sur l’île et dédiée à la distribution des voitures Peugeot reste un grand acteur du commerce automobile calédonien même si Marcel et Edith ont, depuis quelques années, passé la main.
Côté mer
Côté campagne
Depuis quelques jours, le team Alioth est réduit à son trio fondateur. Pierre-André s’est en effet envolé dimanche soir de Nouméa après un week-end de visite du nord de l’île qui nous a fourni de beaux moments de découverte, d’intéressantes rencontres avec les Kanaks et des paysages superbes explorés malgré tout sous la menace d’une panne d’essence et l’austérité d’un temps médiocre. Son retour sur Air Calin s’est fait paraît-il tout en douceur… Il laisse un vide immense derrière lui puisque nous manquons désormais cruellement… de quatrième au bridge ! Une liberté que nous mettrons néanmoins à profit pour étudier d’ici notre retour les règles du Splinter, du Michael cue-Bid ou du Blackwood que Pierrette a eu la gentillesse de laisser à bord à son intention.
En cadeau de départ, Pierre-André nous a généreusement cédé les droits sur trois montages vidéos que nous avons le plaisir de mettre en ligne. Alors bienvenue à bord, en musique et sans crainte de mal de mer !
Pêche à bord d’Alioth : http://youtu.be/_5UKHdknvYs
Alioth Spi or not Spi : http://youtu.be/Tjp1mKNRrUI
Alioth vers l’Ile des Pins : http://youtu.be/NFBOkyzj4F8.
Un grand merci à lui pour tous ces bons temps de navigation et de découverte mais aussi à Anne-Sophie patiemment restée à terre et à Paris pour faire face à ses obligations familiales et professionnelles !
Le 15 mai, nos amis havrais Pierre-Yves et Moumoune arrivent à Nouméa et nous sommes bien tristes de les manquer de si peu. Nous avons malgré tout pris la précaution d’informer nos amis calédoniens de l’arrivée prochaine sur l’île d’un excellent gastro-entérologue… Et avec un peu de chance, peut-être pourrons nous organiser des retrouvailles havraises à bord d’Alioth dans les îles du Vanuatu ?
En conclusion, un peu d’humour étant toujours bon à prendre, je vous transmets la copie d’un dessin envoyé par notre ami Armel qui aime toujours me narguer sur mes accointances féministes. Je ne sais si vous aimerez, mais moi j’ai adoré !
Il est grand temps de vous quitter et, en langage calédonien et de la part du team Alioth, je dirai donc : « Banjour à tout le mande en Frônce. Ici il fait fin chaud et la vie est fin belle ! »
PS : Les photos correspondant à cet article sont sur l’album S6 2 – Nouvelle-Calédonie
[1] La Nouvelle-Calédonie est le seul territoire français à avoir le statut de Pays d’Outre-Mer (POM) et bénéficie à ce titre d’une plus large autonomie que les DOM ou les TOM.