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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 15:22

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Nous partons de Nosy Be (Madagascar) le jeudi 16 octobre en début de soirée avec une pensée pour notre voisine de mouillage qui s’active sur le pont de Mantra. Helen, également sur le départ, est en effet atteinte de la superstition du vendredi et souhaite conjurer le sort en levant l’ancre le jour même avant minuit.

Espace maritime de légende qui sépare deux territoires autrefois solidaires, le Canal du Mozambique s’ouvre donc à nous pour une longue descente d’une dizaine de jours entre le 12ème et le 25ème degré de latitude sud.

 

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Une douzaine d’heures de moteur nous permettent d’attraper des vents du nord qui nous porteront durant 48h avant de tourner au sud et de nous obliger à progresser au près. Courants et vents se font un peu capricieux mais globalement nous parvenons à faire une route satisfaisante le long des côtes sableuses et énigmatiques du Mozambique.

Guillaume, arrivé le matin même du départ, reprend très vite ses marques à bord. Hubert fait ses premiers apprentissages dont celui des mouvements du bateau qui égratignent l’estomac. En quelques jours l’équipage fonctionne à plein régime. Hubert s’initie au grand largeen prenant le quart de 12h à 15h où il enregistre quelques belles performances. Nul ne saurait dire si le temps restant lui permettra de lire, d’ici l’arrivée, les 700 ouvrages qui peuplent sa tablette mais son coup d’œil photographique continue d’enrichir les albums photo du blog.

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Guillaume, en équipier confirmé, intègre le rythme complet des quarts sans oublier de nous faire profiter de ses compétences culinaires et informatiques. Tous deux portent par ailleurs une attention soutenue aux lignes de pêche qui font désormais partie intégrante de notre sillage.

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Nous croisons dauphins, bancs de baleines et poissons volants et guettons à chaque coucher de soleil, l’apparition du rayon vert. Un soir, une frégate fatiguée tournoie longuement autour de la mâture avant d’abandonner le projet trop risqué de s’y reposer. Au bilan halieutique, nous enregistrons la pêche d’un thon jaune et d’un thon rouge jointe à deux grandes déconvenues : l’habile échappée d’une splendide dorade coryphène qui tire sa révérence lors de sa remontée sur la jupe arrière et la gloutonnerie d’un poisson de grande taille qui arrache l’hameçon supposé le ramener à bord.

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                                                                     Le trio des pêcheurs

Notre projet d’arrêt à Durban s’effrite face à la vue des prévisions météo et à ses vents de nord-est de 35 nœuds que nous estimons propres à nous propulser rapidement vers Port Elisabeth. Nos équipiers acceptent l’idée de poursuivre la route même si après dix journées de confinement à bord, se dégourdir les jambes à Durban eut été le bienvenu. Pour le team, cette solution, permet de rejoindre rapidement Le Cap et d’y hiverner Alioth dans de bonnes conditions. Mais entre prévisions et réalités météorologiques, la marge -et la vague- se creusent parfois …

Une fois passé le canal du Mozambique, c’en est fini des douceurs climatiques de Nosy Be. Nous sommes bien de retour dans le Sud. Pantalons, cirés et même bonnets reprennent le grand air. Après avoir délaissé Durban à tribord, le rythme de notre navigation s’accélère et sur 48h, nous allons exploser tous nos records. Dans un premier temps, sous un régime d’anticyclone à 1025hp qui chute rapidement à 1010, le vent monte jusqu’à 50 nœuds dans une mer très forte. Le courant des Aiguilles apporte son écot et, grâce à ses quatre nœuds, nous filons à des allures exceptionnelles, témoins l’incroyable 19, 80 nœuds sur le fond atteint par Guillaume durant son quart de nuit du 27 octobre ou les 265 milles parcourus sur une durée de 24h. Fort heureusement, l’évolution du vent nous évite l’empannage de nuit et le seul virement de cette période agitée se fera de jour et vent debout.  Il faut s’y reprendre à trois fois tant la vague est forte mais nous y parvenons sans casse et nous ne pouvons que nous féliciter du comportement du bateau (et du pilote !) dans ces temps et mers difficiles.

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                                                         Concentration dans le virement de bord

La casse viendra malheureusement un peu plus tard. Sous l’effet d’une grosse déferlante, l’attache de la chaise de la table à cartes s’arrache et Guillaume se trouve très violemment projeté côté cuisine. Après une grosse crainte de fracture de vertèbres, nous sommes soulagés de voir que le Dr Luc conclut à des déchirures musculaires ou ligamentaires, un moindre mal, malgré tout douloureux et certainement un peu long à apaiser.  

Dans la journée du 27, le vent continue à progresser bien au-delà des prévisions annoncées et nous enregistrerons jusqu’à 59,9 nœuds de vent. Je vous passe l’enchaînement des réductions de voile qui, après des défaillances de couture de la grand voile et des attaches de mousquetons de l’ORC, nous amènent à naviguer toute l’après-midi -à 9 nœuds sur le fond- sous tourmentin seul. C’est la troisième sortie de notre petite voile d’avant qui semble avoir une empathie particulière pour les grands caps. La mer est déchaînée et le paysage absolument grandiose sous le soleil revenu.

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                                                               Changement de voile d'avant

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                                                                    Sous tourmentin seul

Le soir le vent tombe et nous faisons une arrivée au moteur le 28 octobre en fin de matinée à Port Elisabeth. Le temps est gris, les conditions d’amarrage dans le port sont un peu difficiles mais nous avons le plaisir de croiser l’équipage d’Eglantine rencontré il y a quelques semaines à La Réunion et qui repart pour Le Cap. Le ciel est gris, voire pluvieux, le cadre de Port Elisabeth est essentiellement portuaire (port à manganèse) et industriel mais nous avons un réel plaisir à déjeuner dans le yacht club so British qui nous semble bien chaleureux. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas…

Nous comptons passer trois jours dans notre première escale d’Afrique du Sud, le temps de procéder aux formalités d’entrée, d’effectuer quelques réparations et entretiens, de refaire le plein de vivres mais aussi de nous offrir une journée au parc des éléphants et une rencontre avec le township  de Port Elizabeth.

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                                                                      Travaux de haute couture

Nous avons apprécié la sérénité de Guillaume et Hubert dans le mauvais temps. Si l’un ne peut pas dire « même pas mal », l’autre peut affirmer « même pas peur » et c’est avec plaisir que nous les voyons poursuivre avec nous le voyage jusqu’au Cap dont le départ est prévu le 31 octobre au matin. 

PS : les photos sont sur l’album S6 - 12 : De Madagascar à l’Afrique du Sud

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commentaires

U
Heureux de vous savoir arrivés à bon port!
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