Trois jours de mer de Raiatea (PF) à Rarotonga (Iles Cook). Trois journées qui nous ont permis de renouer avec les grands airs du Pacifique, ses vents d’est de plus de 30 nœuds, sa grande houle de trois quart arrière, son ciel sombre et ses vagues qui déferlent dans une course poursuite infinie sur l’océan aux eaux violacées.
Du côté de la grande histoire, une fracture profonde s’est creusée entre les actuels archipels de la Polynésie française et ceux des îles Cook pourtant profondément liés par leur géographie volcanique et leur culture polynésienne. Les expéditions de Samuel Wallis (The Dolphin – 1767), de Louis-Antoine de Bougainville (La Boudeuse – 1768) puis de James Cook (L’Endeavour – 1769), les trois principaux émissaires d’une politique de découverte et de conquête très disputée entre grands états européens, ont en effet, à coup de dés, décidé du sort de ces petites îles éparpillées sur l’immense plateau de jeu géostratégique du Pacifique.
Les îles Cook constituées de 15 îles dispersées sur plus de 1 250 000km² d’océan sont organisées en deux groupes géographiques : les Cook du nord et celles du sud. L'ensemble forme dorénavant un état indépendant associé à la Nouvelle Zélande. La majorité des 20 000 habitants de ce petit état vit sur Rarotonga, l’île principale, située dans le groupe des îles du sud.
Nous parvenons le 21 septembre, jour de printemps, face à Avatiu, le port commercial qui jouxte la capitale des Cook, Avarua. Ce port miniature peut héberger à l’est quatre très petits cargos le long d’une plate-forme où repose une centaine de conteneurs. Une douzaine de bateaux de plaisance s’alignent perpendiculairement au quai sud et un très modeste bateau militaire complète l’ensemble portuaire sur sa façade ouest. Alioth s’immisce sans encombre au milieu de ses congénères en mouillant sur ancre et en frappant des lignes à l’arrière. Le site est assez peu protégé des vents qui restent soutenus avec des rafales à plus de 40 nœuds. Uhambo, amarré à nos côtés, dérape dans la matinée de lundi ce qui lui vaut plusieurs mauvais quarts d’heure à un moment où l’équipage d’Alioth a malheureusement mis pied à terre.
Alioth et Uhambo
Si l’urbanisme local est très décevant, les paysages de l’île sont splendides. Dimanche nous traversons l’île du nord au sud, une belle randonnée qui nous mène au pied du piton basaltique avant de redescendre vers le lagon où la bière locale permet aux hommes de l’équipage de se remettre de l’escapade. Ni bus, ni taxi en cette journée de repos dominical, il faut donc se résoudre à rentrer en auto-stop. Luc et moi, partis par la côte ouest, montons à l’arrière d’un pick-up équipé d’une dizaine d’enfants qui, après une journée de plage, dégustent chips et glaces avec force énergie et barbouillages de figures. Dominique, Fred et Gérard engagés sur la route de la côte est, montent dans le pick-up d’un surfer pour finir leur parcours dans la voiture d’une touriste croisée lors de notre promenade pédestre et que Fred avait mise au défi… de nous ramener en voiture.
Un peu d'altitude
Mardi, les uns vivent sur grand écran le suspens de la Coupe de l’America où Américains et Néo-Zélandais sont à égalité à la vielle de la manche de demain qui qualifiera le vainqueur ; les autres rejoignent lagon et plage de rêve pour un snorkelling agité précédé de la visite d’un jardin tropical enchanteur.
Nous larguons les amarres et levons l’ancre demain mercredi à la première heure pour l’île de Palmerston (280 M), précédés de Uhambo parti aujourd’hui en fin d'après-midi. A son bord le cinéaste Régis Michel va tourner pour Thalassa un reportage sur ce petit îlot de quelques dizaines d’habitants dont nous aurons plaisir à vous compter l’histoire dans notre prochain article.
PS : les photos correspondant à cet article figurent dans l’album S5 2 – Cook, Tonga, Fidji