Après un petit dîner au « Londres », restaurant très « local » où nous dégustons thon et espada, nous larguons les amarres de Funchal le vendredi 29 janvier pour un départ tout en douceur : nuit étoilée, lune pleine, air chaleureux. Les pêcheurs saluent amicalement Alioth du bout de la jetée d’où ils amorcent avec enthousiasme le début de leur week end. Sur le flanc de la montagne, les lumières de la ville donnent à Funchal des airs de Val d’Isère sur mer. Le vent se lève rapidement : la descente vers La Palma -quelque 250 milles nautiques- se fera au près dans une mer bien formée.
La nuit est un peu inconfortable et la journée du samedi se fait grise. Le vent ne décroche pas de ses 25 nœuds de secteur sud et nous nous faisons décidément au mode de navigation sous deux ris et ORC. L’après midi nous réserve un de ces petits ennuis techniques dont nous semblons avoir le secret. La girouette électronique, du haut de son mât de 20m, se fait la belle en notifiant très officiellement son absence sur l'écran de la NKE. Impressionnés de tant de civilité, nous nous faisons à l’idée de nous relayer à la barre jusqu’à La Palma mais les vents s’avèrent constants et nous permettent de poursuivre notre route sous pilote sur le mode compas.
Après une seconde nuit également un peu éprouvante, nous sommes heureux le dimanche matin de voir se dresser les hauteurs de La Palma. Nous parvenons à quai vers 13h sous une pluie tropicale dans le paysage peu séduisant d’une marina cernée de bâtiments en béton inachevés.
Mais peu importe le cadre portuaire ; la ville de La Palma, qui fut un des grands et riches ports de la grande Espagne et qui vit actuellement à 80% de la production de la banane, s’avère magnifique et l’île est encore à ce jour agréablement préservée du grand tourisme.
Lors de la première nuit à quai, un très fort coup de vent oblige au renforcement des amarres et au réajustement des défenses. Une des attaches du mât de l’éolienne cédera sous la force des vibrations ce qui implique quelques nouvelles heures de bricolage. Merci à notre ami François qui, venu pour quelque temps de vacances qu’il espérait ensoleillées, passe, avec sourire et humour, quelques bonnes paires d’heures sous une pluie diluvienne à oeuvrer aux réparations du bord.
L’après midi nous permet une escapade en voiture. Nous espérons nous approcher du spectaculaire cratère d’effondrement du centre de la montagne volcanique mais les conditions météorologiques exécrables de la veille en rendent l’accès impossible. Les ancestrales forêts de pins sont trop éloignées, la visibilité est médiocre ; nous n’aurons qu’entraperçu le charme et la beauté de l’île.
Pendant tout ce temps, Luc progresse spectaculairement en espagnol et parvient à faire des sudoku entiers dans la langue de Cervantes. L'erscale nous permet de faire connaissance avec les très sympathiques Sabine et Gilles qui, avec leurs enfants -Ewen13 ans et Maël 8ans-, effectuent sur Hédone un grand tour en Atlantique
Demain mercredi 3 février, nous partons dans l’après midi pour Dakar avec cette fois des vents portants : la rencontre avec les alizés sera un grand moment de bonheur pour nous tous. La distance est de 900 milles, le cap est plein sud et notre temps de route espéré est de cinq à six jours.
A bientôt en terre africaine !