Nous avons vécu à Falia, troisième lieu d’exercice de la mission en cours, des moments intenses et chaleureux qui entrent en résonnance avec les mots du Sérère Léopold Sedar Senghor - dont notre célèbre Mame-Mor serait le petit neveu- « écoutons battre le pouls profond de l’Afrique dans les villages perdus. ».
Tout petit village de 800 âmes situé en bordure de bôlon d’une île elle-même perdue dans l’espace sans fin du fleuve Saloum, Falia vit durement et très pauvrement de ses activités de pêche. La case de santé tenue par le sympathique Ibrahima est bien petite pour nous accueillir mais avec un peu d’imagination et l’aide très active de la population, les deux pièces de consultation sont prêtes à recevoir les cabinets de la sage-femme et du dentiste. Le petit bureau d’Ibrahima se transforme en pharmacie, l’espace extérieur de salle d’attente étant -un peu inconfortablement- dévolu aux opticiennes. Les patients attendront leur tour à l’ombre de l’arbre, pour l’occasion meublée de quelques bancs ; une maison voisine en attente d’une fin de construction improbable sera en un temps record débarrassée de ses gravats et de sa poussière pour se transformer en éphémère cabinet médical des bons docteurs François et Tincelin.
L’activité est très intense pour tous sur la première journée et soutenue sur les deux autres. Christiane et Dominique sont investis de la pharmacie « Sava bien » dont il faut, au cours de la première matinée, dresser l’inventaire avant de pouvoir délivrer les prescriptions. Christiane, aidée de la très efficace et amicale interprète Seynabou, poursuivra dans ce rôle en se débrouillant de ses comptes d’apothicaire tandis que Dominique poursuivra son assistance opticienne et s’investira d’une efficace fonction d’agent général dans cet espace un peu compliqué qui est le nôtre où il se fait tout à la fois agent de liaison, service d’ordre et office de renseignement.
Ayant jugé trop élevé le prix de 12000F CFA de la coupe de cheveux dakaroise, Dominique et Luc, les deux frères « même père, même mère », testent la coupe Falia au modique prix de 3000F CFA. Supportés par une bonne part de l’équipe durant le temps de la très atypique opération, les deux aventuriers s’en sortent avec quelques étonnants dégradés dont Dominique, en homme prudent car proche de son retour sur Paris, avise Arielle le soir même à des fins de préparation psychologique.
Le 8 mars marque les deux mois du départ de Cherbourg. Il est aussi l’emblématique journée de la femme et les hommes d’ordinaire déjà très « contributifs », se mettent galamment en quatre pour marquer l’évènement. C’est enfin le jour anniversaire de Fatou qui sera fêté au cours d’un dîner au « campement » que Max enrichira de ses délicieuses nougatines et Jean-François d’un savoureux récit dentaire en patois chti. A noter qu’humanitaire ne rime pas forcément avec austère : sans vouloir énumérer tous les bons plats qui ont marqué les dîners de cette mission, les montagnes de crevettes, les deux superbes puddings de JF -dégustés avec une pensée toute spéciale pour nos amis de Parsifal généreux donateurs des raisins- et la magnifique lotte superbement cuisinée par Christian et Dominique sont des faits qui méritent d’être salués.
Pour revenir à l’essentiel de notre mission, les trois journées se clôturent sur une réunion de bilan très satisfaisante. Les soins apportés, la qualité du climat de coopération et la valeur des fonds remis au comité de santé ont été extrêmement appréciés et nous quittons Falia très touchés par ces journées si riches de rencontres et d’utilité.
Pendant ce temps le projet d’extension du dispensaire de Niodior est en bonne voie : les autorités médicales de Foudjoune ainsi que le Président de la communauté rurale ont décidé de le soutenir et d’en assurer la maîtrise d’œuvre.
Retour obligé mercredi par Mare Lodj pour des raisons logistiques au cours d’une journée qui, a priori tranquille, s’entête à s’égrener de micro incidents réductibles à cinq concepts fondamentaux :
- Les antibiotiques c’est pratique mais pas systématique
- Panne d’essence en prame vaut galère sans rame
- Ne pas confondre vitesse et précipitation
- Le mieux est l’ennemi du bien
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point
Départ jeudi pour Dakar où s’effectuera le passage de la « mission D » à la « mission F » pour laquelle nous ferons, durant huit jours, à nouveau équipe avec Vao-Vao pour notre plus grand plaisir.
Depuis notre départ, la catastrophe d’Haïti, le séisme du Chili, les pluies diluviennes et glissements de terrain de Madère, jusqu’à la tempête qui a sévi en France le 28 février ne nous laissent pas indifférents et nous pensons à vous tous qui vivez toujours dans le froid hivernal en espérant que le proche printemps saura vous apporter un nécessaire réconfort.